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18 juin 2015

LES LANCEURS D’ALERTE


LES LANCEURS D’ALERTE

 LES LANCEURS D’ALERTELes lanceurs d’alerte ont le vent en poupe. Depuis l’affaire Edward Snowden, ils sont devenus les héros populaires des temps modernes, des sortes de Zorro ou de Robin des Bois, adulés du peuple et pourchassés par les autorités. A chaque époque ses  Sheriffs de Nottingham et ses sergents Garcia.  L’essentiel est que les héros s’insurgent contre l’ordre établi, le pouvoir contre lequel  le peuple éprouve généralement un sentiment d’impuissance.
Les nouveaux chevaliers s’appellent des lanceurs d’alerte, ou plus exactement des Whistleblowers. Notons tout d’abord que ces notions n’ont vraiment de réalité que dans les pays anglo-saxons, notamment aux Etats-Unis, où ils bénéficient d’un statut théoriquement protégé par la loi. En France, le statut le plus approchant serait celui d’objecteur de conscience, mais n’a pas la même signification, loin de là.
Dans les pays anglo-saxons, on pourrait définir, globalement, les lanceurs d’alerte comme des personnes qui, grâce à leur fonction ou position leur permettant d’accéder à certains secrets, alertent le public des actions illégales de l’Etat. On se place ici dans un cadre juridique : personne n’est au-dessus des lois, même pas l’état. Cela suppose que les lanceurs d’alerte sont fermement convaincus que l’individu, son bien-être et sa liberté sont protégés par la loi, et qu’il suffit d’y veiller pour que tout aille pour le mieux dans le meilleur des mondes. Si l’état dispose d’énormes moyens pour surveiller ses citoyens, non seulement l’inverse n’est pas vrai, mais il dispose également des moyens pour échapper à tout contrôle.
Qui sont les lanceurs d’alerte ? La liste est longue et concerne pratiquement tous les pays. Ils s’attaquent non seulement à l’état et à ses institutions, mais aussi aux grosses entreprises multinationales. Avec la mondialisation et le développement de l’internet, leur rôle est devenu de plus en plus important, d’autant plus important que ces deux facteurs obligent les états à renforcer leur contrôle sur des citoyens qui tendent à devenir hors contrôle. La mondialisation engendre également un phénomène nouveau. Les dénonciations d’un lanceur d’alerte ont automatiquement une portée mondiale. De Daniel Ellsberg, qui avait fourni en 1971 au New York Times 7 000 pages de documentation top-secrète concernant le processus décisionnel du gouvernement américain pendant la Guerre du Viêt Nam, à Edward Snowden, en passant par Bradley Manning ou le Docteur Irène Frachon, médecin au CHU de Brest, à l’origine de l’affaire du Mediator, l’importance mondiale des révélations a suivi une courbe ascendante. Du coup, les lanceurs d’alerte, animés en principe par une recherche désintéressée (et dangereuse) du bien commun, deviennent des icônes.
Ce Samedi 21 Décembre Tracks/ARTE a consacré une émission sur le sujet.  Outre Daniel Ellsberg, l’émission présentait d’autres lanceurs d’alerte ou qui se considèrent comme tels.  Dans ce reportage, la notion de lanceur d’alerte est élargie à certaines formes de contestation, de rébellion ou de dissidence. Malgré l’intérêt de l’émission, il me semble qu’il y a une confusion dans le concept qui risque d’affaiblir les portées des unes et des autres notions.
 LES LANCEURS D’ALERTEPrenons le cas des Pussy Riot. Je note au passage que l’émission a réussi à me les rendre plus sympathiques, plus humaines. Elles ne font pas que hurler  ou chercher à choquer, elles parlent aussi. Et quand elles parlent, on se retrouve devant des gamines, un peu dépassées par l’ampleur de leur phénomène, mais comme on en a vu tant et tant, presque à chaque génération. Révoltées, peut-être le sont-elles. Mais leur révolte n’est certainement pas la même que celle de ceux qui les managent, qui eux ont des visées d’adultes. A 20 ans la contestation et la révolte n’ont pas de cible précise à moins qu’elles ne soient canalisées. Depuis les années soixante, on a vu passer les blousons noirs, les beatniks, les hippies, les punks, les grunges, jusqu’à la contestation Rap. Tous ces mouvements, plus ou moins provocateurs, sont devenus des effets de mode, une fois le premier choc passé. Pour commencer à exister, ils se doivent d’être irrévérencieux, iconoclastes. On se souvient des Sex Pistols massacrant ‘’God Save The Queen’’. Ou encore de Jimmy Hendrix à Woodstock annonçant l’apocalypse avec l’hymne américain.
Rien de nouveau, ni dans le phénomène Pussy Riot, ni dans la gestion ou la récupération du phénomène. Ce qui est curieux, cependant, c’est cette tentative de vouloir coller à la notoriété des Whistleblowers, comme une soudaine envie de reconnaissance et de légitimité.  J’ai envie de dire : déjà ? Pourquoi vouloir transformer un mouvement que l’on pourrait qualifier de générationnel, en un quelque chose qu’il n’est pas ? C’est bien assez qu’il soit récupéré par les uns et les autres à des fins politiques, voire géopolitiques.
Elles veulent changer le monde ? Tant mieux. Il ne sera pas pire que ce qu’il est aujourd’hui. Mais paradoxalement, on a l’impression que c’est exactement l’opposé des buts des lanceurs d’alerte qui chercheraient plutôt à remettre le monde dans les bons rails en dénonçant toute déviation des lois déjà en place.  On ne peut pas, non plus, les assimiler aux militantes des droits de la Femmes qui ont une haute idée de la Femme et refusent justement d’être réduites à leurs corps, que les Pussy Riot utilisent allègrement comme outil. On peut encore moins les comparer à ces militants-résistants de l’internet, tel Julian Assange, lui-même lanceur d’alerte  ou John Perry Barlow, militant libertaire et auteur de la Déclaration de l’Indépendance du Cyberespace, présent également dans l’émission de Tracks/ARTE.
Je les verrai plutôt comme des rappeurs au féminin, avec des atouts féminins, jouant, à l’instar de leurs collègues masculins, sur la révolte, la dissidence, la provocation et l’irrévérence. Vu ainsi, on peut mieux comprendre le phénomène Pussy Riot, y compris même l’exploitation qui en est faite. Un jour peut-être, elles prendront conscience qu’elles ont été piégées au nom d’intérêts qui les dépassent. Peut-être sauront-elles aussi, qu’en allant pousser leur chansonnette dans une cathédrale, chose que, de toute évidence, l’Eglise russe en pleine renaissance n’aurait jamais laissé passer, les paroles contre Poutine qui y étaient glissées n’avaient pour but que de relier leur arrestation probable à une pseudo-dictature poutinienne.
Avic
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