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Blog VOM : Géopolitique - Mondialisation - Société- Religions - Spiritualité - Actualité...
13 juin 2015

Conception de la Trinité (2)

 

Divinité prémortelle
du Christ
James E. Talmage (1862-1933)
Président de l'université d'Utah de 1894 à 1897
Membre du collège des Douze de 1911 à 1933
  
      Notre but sera de nous informer de la place et de la situation de Jésus, le Christ, dans le monde prémortel, depuis la période du conseil solennel dans les cieux, pendant lequel il fut choisi pour être le futur Sauveur et Rédempteur de l'humanité (voir Existence préterrestre et préordination du Christ), jusqu'au moment où il naquit dans la chair.
      Nous nous reposons sur l'autorité des Écritures lorsque nous affirmons que Jésus-Christ fut et est Dieu le Créateur, le Dieu qui se révéla à Adam, à Énoch, et à tous les patriarches et prophètes antédiluviens jusqu'à Noé, le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, le Dieu d'Israël lorsqu'il était un peuple uni, et le Dieu d'Éphraïm et de Juda après le démembrement de la nation hébraïque, le Dieu qui se révéla aux prophètes, de Moïse à Malachie, le Dieu de l'Ancien Testament et le Dieu des Néphites. Nous affirmons que Jésus-Christ était et est Jéhovah, l'Éternel.
      Les Écritures distinguent trois personnages dans la Divinité : (1) Dieu, le Père éternel, (2) son Fils, Jésus-Christ, et (3) le Saint-Esprit. Ils constituent la Sainte Trinité, qui comporte trois individus physiquement séparés et distincts, qui composent à eux trois le conseil président des cieux (voir Dieu et la Sainte Trinité). Deux d'entre eux, au moins, apparaissent comme participant à l’œuvre de la création ; ce fait est démontré par la pluralité exprimée dans la Genèse : « Dieu dit : Faisons l'homme à notre image selon notre ressemblance » ; et plus loin, au cours d'une consultation concernant la transgression d'Adam : « L’Éternel Dieu dit : Maintenant [. . .] l'homme est devenu comme l'un de nous » (Genèse 1:26 et 3:22). Les paroles de Moïse, révélées de nouveau dans la dispensation actuelle, nous instruisent d'une manière plus complète sur les Dieux qui s'occupaient activement de la création de cette terre : « Et moi, Dieu, je dis à mon Fils unique, qui était avec moi depuis le commencement : Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance ». Puis, plus loin, à propos de l'état d'Adam après la chute : « Et moi, le Seigneur Dieu, je dis à mon Fils unique : Voici, l'homme est devenu comme l'un de nous » (Moïse 2:26 et 4:28, dans la Perle de Grand Prix). Dans le récit de la création écrit par Abraham, « les Dieux » sont mentionnés de multiples fois (Abraham, chapitres 4 et 5, dans la Perle de Grand Prix).
      Comme nous l'avons montré jusqu'ici dans un autre ordre d'idées, le Père a agi dans l’œuvre de la création par l'intermédiaire du Fils, qui est devenu ainsi l'exécutif par l'intermédiaire duquel la volonté, le commandement ou la parole du Père étaient mis en vigueur. C'est donc avec beaucoup d'exactitude que l'apôtre Jean pouvait dire du Fils, Jésus-Christ, qu'il était la Parole ; c'est-à-dire, « la Parole de mon pouvoir » (Jean 1:1 et Moïse 1:32). Le rôle que Jésus-Christ joua dans la création, un rôle si important que c'est à juste titre que nous l'appelons le Créateur, est exposé dans un grand nombre d'Écritures. L'auteur de l'épître aux Hébreux fait ainsi une nette distinction entre le Père et le Fils, les traitant comme des êtres séparés bien qu'associés : « Après avoir autrefois, à plusieurs reprises et de plusieurs manières, parlé à nos pères par les prophètes, Dieu nous a parlé par le Fils en ces jours qui sont les derniers. Il l'a établi héritier de toutes choses, et c'est par lui qu'il a fait les mondes » (Hébreux 1:1,2 ; voir aussi 1 Corinthiens 8:6). Paul est encore plus explicite dans sa lettre aux Colossiens, où, parlant de Jésus, le Fils, il dit : « Car en lui tout a été créé dans les cieux et sur la terre, ce qui est visible et ce qui est invisible, trônes, souverainetés, principautés, pouvoirs. Tout a été créé par lui et pour lui. Il est avant toutes choses, et tout subsiste en lui » (Colossiens 1:16,17).  Et il convient d'ailleurs de répéter ici le témoignage de Jean, que toutes les choses ont été faites par la Parole qui était avec Dieu, et qui était Dieu dès le commencement ; « et rien de ce qui a été fait n'a été fait sans elle » (Jean 1:1-3).
      Le fait que le Christ qui devait venir était en réalité Dieu le Créateur fut clairement révélé aux prophètes du continent américain. Samuel, le Lamanite converti, prêchant aux Néphites incrédules, justifia son témoignage comme suit : « Et afin que vous soyez au courant de la venue de Jésus-Christ, le Fils de Dieu, le Père du ciel et de la terre, le Créateur de toutes choses depuis le commencement ; et afin que vous connaissiez les signes de sa venue pour que vous croyiez en son nom »(Hélaman 14:12, dans le Livre de Mormon ; voir aussi Mosiah 3:8 ; 4:2 ; Alma 11:39).
      À ces citations des Écritures anciennes, il convient tout particulièrement d'ajouter le témoignage personnel du Seigneur Jésus lorsqu'il fut devenu un être ressuscité. Dans sa visitation aux Néphites, il proclama : « Voici, je suis Jésus-Christ, le Fils de Dieu. J'ai créé les cieux et la terre, et toutes les choses qu'ils contiennent. J'étais avec le Père dès le commencement. Je suis dans le Père et le Père est en moi ; et en moi, le Père a glorifié son nom » (3 Néphi 9:15). Aux Néphites qui ne comprenaient pas le rapport entre l'Évangile que le Seigneur ressuscité leur annonçait et la loi mosaïque qu'ils considéraient par tradition être en vigueur, et qui s'étonnaient de ce qu'il disait que les choses anciennes étaient passées, il expliqua : « Voici, je vous dis que la loi qui fut donnée à Moïse est accomplie. Voici, c'est moi qui ai donné la loi et c'est moi qui ai fait alliance avec mon peuple, Israël ; c'est pourquoi, la loi est accomplie en moi, parce que je suis venu pour accomplir la loi ; c'est pourquoi, elle est finie »(3 Néphi 15:4,5).
      La voix de Jésus-Christ, Créateur du ciel et de la terre, s'est fait entendre de nouveau par la révélation dans la dispensation actuelle ou dernière : « Prête l'oreille, ô peuple de mon Église, à qui le royaume a été donné ; écoute et prête l'oreille à celui qui a posé les fondations de la terre, qui a fait les cieux et toutes leurs armées et par qui fut fait tout ce qui a la vie, le mouvement et l'être » (Doctrine & Alliances 45:1). Et encore : « Voici, je suis Jésus-Christ, le Fils du Dieu vivant, qui a créé les cieux et la terre ; une lumière qui ne peut être cachée dans les ténèbres » (D&A 14:9 ; voir aussi 29:1,31 ; 76:24).
      La divinité de Jésus-Christ est indiquée par les noms et les titres précis qui lui ont été appliqués par l'autorité. D'après le jugement de l'homme, on ne peut attacher de grande importance aux noms ; mais dans la nomenclature des Dieux, tout nom est un titre de puissance ou de position. Dieu a un zèle juste pour la sainteté de son nom(Exode 20:7 ; Lévitique 19:12 ; Deutéronome 5:11) et des noms donnés sur son ordre. Dans le cas des enfants de promesse, des noms ont été prescrits avant leur naissance ; cela est vrai de notre Seigneur Jésus et du Baptiste, Jean, qui fut envoyé préparer la voie au Christ. Des noms de personnes ont été changés sur commandement divin, lorsqu'ils ne constituaient pas des titres suffisamment définis pour dénoter les services particuliers auxquels leurs porteurs étaient appelés, ou les bénédictions particulières qui leur étaient conférées.
      Jésus est le nom personnel du Sauveur, et, tel qu'on l'écrit, vient du grec ; son équivalent hébreu était Yehoshua ou Yeshua ou, comme nous le rendons en français, Josué. Dans l'original on comprenait parfaitement bien que le nom voulait dire « auxiliaire de Jéhovah », ou « Sauveur ». Bien que le nom fût aussi courant que Jean, Henri ou Charles aujourd'hui, il fut, comme nous l'avons déjà dit, divinement prescrit. C'est ainsi que l'ange dit à Joseph, le fiancé de la vierge : « Et tu lui donneras le nom de Jésus, car c'est lui qui sauvera son peuple de ses péchés » (Matthieu 1:21 ; voir aussi versets 23, 25 ; Luc 1:31).
      Christ est un titre sacré, non pas une appellation ordinaire ou un nom quelconque ; il vient du grec et il a le même sens que son équivalent hébreu Messiah ou Messias, signifiant l'Oint (Jean 1:41 ; 4:25). On trouve dans les Écritures d'autres titres possédant chacun une signification précise, comme Emmanuel, Sauveur, Rédempteur, Fils unique, Seigneur, Fils de l’Homme ; mais la chose la plus importante pour nous actuellement est que ces divers titres expriment l'origine et la nature divine de notre Sauveur. Comme on le voit, les noms ou titres essentiels de Jésus, le Christ, furent communiqués avant sa naissance et furent révélés à des prophètes qui le précédèrent dans l'état mortel (Luc 1:31 ; 2:21 ; Matthieu 1:21,25 ; voir aussi verset 23 et cf. Ésaïe 7:14 ; Luc 2:11 ; voir en outre Moïse 6:51,57 ; 7:20 ; 8:24 ; 1 Néphi 10:4 ; 2 Néphi 10:3 ; Mosiah 3:8).
      Jéhovah est la forme anglicisée de l'hébreu Yahveh ou Jahveh, signifiant Celui qui existe par lui-même ou l'Éternel. La version anglaise de l'Ancien Testament traduit généralement ce nom par LORD (Seigneur)(Genèse 2:5 ; voir aussi Exode 6:2-4 et lire à titre de comparaison Genèse 17:1 ; 35:11). L'hébreu Ehyeh signifiant Je suis, a un sens apparenté au terme Yahveh ou Jéhovah dont il est dérivé ; voici en quoi réside la signification de ce nom sous lequel le Seigneur se révéla à Moïse quand ce dernier reçut la mission d'aller en Égypte délivrer les enfants d'Israël de l'esclavage : « Moïse dit à Dieu : J'irai donc vers les Israélites, et je leur dirai : le Dieu de vos pères m'a envoyé vers vous. Mais s'ils me demandent quel est son nom, que leur répondrai-je ? Dieu dit à Moïse : je suis celui qui suis. Et il ajouta : c'est ainsi que tu répondras aux Israélites : (Celui qui s'appelle) ‘Je suis’ m'a envoyé vers vous » (Exode 3:13,14 ; à propos de la durée éternelle exprimée par ce nom, voir Ésaïe 44:6 ; Jean 8:58 ; Colossiens 1:17 ; Hébreux 13:8 ; Apocalypse 1:4 ; voir aussi Moïse 1:3 et les références qui y sont données). Dans le verset suivant, le Seigneur déclare qu'il est « le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob ». Pendant que Moïse était en Égypte, le Seigneur se révéla encore davantage, disant : « Je suis l'Éternel [le SEIGNEUR dans la version anglaise, ndt]. Je suis apparu à Abraham, à Isaac et à Jacob, comme le Dieu Tout-Puissant ; mais je n'ai pas été reconnu par eux sous mon nom : l'Éternel [JEHOVAH dans la version anglaise, ndt] » (Exode 6:2,3). Le fait central indiqué par ce nom, le Suis, ou Jéhovah, les deux ayant essentiellement la même signification, c'est l'idée d'une existence ou d'une durée qui n'aura pas de fin, et qui, jugée suivant tous les critères de jugement humain, peut ne pas avoir eu de commencement ; ce nom est apparenté à d'autres titres tels que Alpha et Oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin(Apocalypse 1:11,17 ; 2:8 ; 22:13 ; cf. Ésaïe 41:4 ; 44:6 ; 48:12).
      Un jour, alors que certains Juifs, qui considéraient que, du fait qu'ils descendaient d'Abraham, ils étaient certains d'être préférés de Dieu, assaillaient Jésus de questions et de critiques, il répondit à leurs insultes par la déclaration : « En vérité, en vérité, je vous le dis, avant qu'Abraham fût, moi, je suis » (Jean 8:58). Le vrai sens de cette parole serait exprimé plus clairement si la phrase était tournée comme suit : « En vérité, en vérité, je vous le dis : Avant Abraham, était Je suis » (la version du roi Jacques dit : « Before Abraham was, I am » ; ici, l’auteur propose la phrase sans ponctuation : « Before Abraham was I am », ndt). C'est comme s'il avait dit : Avant Abraham, j'étais, moi, Jéhovah. Les juifs chicaneurs furent si grandement offensés de l'entendre utiliser un nom que, par une interprétation erronée d'une Écriture plus ancienne(Lévitique 24:16), ils considéraient ne pas devoir être prononcé sous peine de mort, qu'ils saisirent immédiatement des pierres dans l'intention de le tuer. Les juifs considéraient Jéhovah comme un nom ineffable, qui ne devait pas être prononcé ; ils l'avaient remplacé par le nom sacré bien que non interdit pour eux d'Adonaï, qui veut dire le Seigneur. L'original des termes Éternel et Dieu tels qu'ils apparaissent dans l'Ancien Testament était soit Yahveh soit Adonaï  ; et comme le montrent les Écritures citées, l'Être divin désigné par ces noms sacrés était Jésus, le Christ. Jean, évangéliste et apôtre, identifie formellement Jésus-Christ avec Adonaï, ou le Seigneur qui parla par la voix d'Ésaïe (Ésaïe 6:8-11 ; cf. Jean 12:40,41) et avec Jéhovah qui parla par Zacharie(Zacharie 12:10 ; cf. Jean 19:37).
      Le nom Élohim se rencontre fréquemment dans les textes hébreux de l’Ancien Testament, bien qu'on ne le trouve pas dans les versions anglaises. La forme du mot est celle d'un nom hébreu au pluriel (le singulier « Éloah » n'est employé qu'en poésie) ; mais il représente un pluriel de majesté ou d'intensité plutôt que la pluralité numérique. Il exprime l'exaltation et la puissance absolues. Élohim, tel qu'on le comprend et qu'on l'utilise dans l'Église rétablie de Jésus-Christ, est le nom titre de Dieu, le Père éternel, dont le Premier-né dans l'esprit est Jéhovah : le Fils unique dans la chair, Jésus-Christ.
      Jésus de Nazareth, qui en un témoignage solennel déclara être le Je suis ou Jéhovah, qui était Dieu avant qu’Abraham vécût sur la terre, était ce même Être qu'on proclame à maintes reprises comme le Dieu qui fit alliance avec Abraham, Isaac et Jacob, le Dieu qui fit sortir Israël de l'esclavage d'Égypte dans la liberté de la terre promise, le seul et unique Dieu que les prophètes hébreux en général connaissaient par la révélation directe.
      Les prophètes néphites savaient que Jésus-Christ était identique au Jéhovah des Israélites, et la véracité de leurs enseignements fut confirmée par le Seigneur ressuscité lorsqu'il se manifesta à eux peu après son ascension d'entre les apôtres à Jérusalem. Voici le passage : « Et le Seigneur leur parla, disant : Levez-vous et venez à moi afin de mettre les mains dans mon côté, et aussi toucher la marque des clous dans mes mains et mes pieds, afin que vous sachiez que je suis le Dieu d'Israël et le Dieu de toute la terre, et que j'ai été mis à mort pour les péchés du monde » (3 Néphi 11:13,14 ; 1 Néphi 17:40 également et notez qu'au verset 30 le Rédempteur est appelé le Dieu qui a racheté Israël ; voir en outre Mosiah 7:19).
      Il ne nous paraît pas nécessaire de présenter davantage de citations pour étayer notre affirmation que Jésus-Christ était Dieu avant même de prendre un corps de chair. Au cours de cette période prémortelle, il y avait une différence essentielle entre le Père et le Fils en ce que le premier avait déjà traversé les expériences de la vie mortelle, y compris la mort et la résurrection, et était de ce fait un être doté d'un corps parfait et immortalisé de chair et d'os, tandis que le Fils n'était pas encore incarné. Par sa mort et sa résurrection, Jésus, le Christ, est actuellement un être semblable au Père dans toutes les caractéristiques essentielles.
      Un examen général des données scripturaires nous amène à la conclusion que Dieu le Père éternel s'est manifesté en très peu d'occasions aux prophètes ou révélateurs terrestres, et quand il l'a fait, c'était surtout pour attester l'autorité divine de son Fils, Jésus-Christ. Comme nous l'avons montré précédemment, le Fils était l'exécuteur actif de l’œuvre de la création ; dans toutes les scènes de la création le Père apparaît surtout comme celui qui dirige ou que l'on consulte. Le Père se révéla à Adam, à Énoch, à Noé, à Abraham et à Moïse, attestant la divinité du Christ, et le fait que le Fils était le Sauveur élu de l'humanité (Moïse 1:6, 31-33 ; 2:1 ; 4:2,3 ; 6:57 ; cf. 7:35,39,47,53-59 ; 8:16,19,23,24 ; Abraham 3:22-28). Lors du baptême de Jésus, on entendit la voix du Père dire : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toute mon affection » (Matthieu 3:17 ainsi que Marc 1:11 et Luc 3:22) ; et lors de la transfiguration le Père donna un témoignage semblable (Matthieu 17:5 ; Luc 9:35). Plus tard encore, tandis que Jésus priait, l'âme pleine d'angoisse, se soumettant pour que les desseins du Père s'accomplissent et que le nom du Père soit glorifié, « une voix vint alors du ciel : je l'ai glorifié, et je le glorifierai de nouveau » (Jean 12:28). Le Père annonça le Christ ressuscité et glorifié aux Néphites sur le continent américain en ces termes : « Voici mon Fils bien-aimé, en qui je me complais, en qui j'ai glorifié mon nom - écoutez-le » (3 Néphi 11:7). À partir du dernier événement cité, la voix du Père ne s'est plus fait entendre parmi les hommes, du moins d'après les Écritures, jusqu'au printemps de 1820, date à laquelle le Père et le Fils apparurent au prophète Joseph Smith, le Père disant : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé. Écoute-le ! » (Joseph Smith 2:17, dans la Perle de Grand Prix). Tels sont les cas enregistrés où le Père éternel s'est manifesté à l'homme séparément du Fils, soit en s'exprimant personnellement, soit par une autre révélation. Dieu le Créateur, le Jéhovah d'Israël, le Sauveur et Rédempteur de toutes les nations, tribus et langues, ne font qu'une seule personne, qui est Jésus, le Christ.
Source : James E. Talmage, Jesus the Christ, Salt Lake City, 1915 

 

Enseigner, prêcher, guérir

Jeffrey R. Holland
du Collège des douze apôtres
       Nous voyons tout naturellement dans le Christ un instructeur. Le plus grand Maître qui ait jamais vécu ou qui vivra jamais. Le Nouveau Testament est rempli de ses enseignements, de ses paroles, de ses sermons, de ses paraboles. D’une manière ou d’une autre, il enseigne dans toutes les pages de ce livre. Mais alors même qu’il enseignait, il faisait délibérément quelque chose de plus que cela, quelque chose qui donnait du relief à son enseignement.
      Après l’appel des tout premiers disciples (pas encore apôtres), l’oeuvre commence. Voici ce que Matthieu dit : « Jésus parcourait toute la Galilée, enseignant dans les synagogues, prêchant la bonne nouvelle du royaume, et guérissant toute maladie et toute infirmité parmi le peuple » (Matthieu 4:23).
      L’enseignement et la prédication, nous les connaissons et nous nous y attendons. Par contre nous ne sommes peut être pas prêts à considérer la guérison sous le même angle. Et pourtant, c’est à partir de ce tout début, de la première heure, que la guérison est mentionnée comme si elle était synonyme d’enseignement et de prédication. La relation esttout du moins évidente entre les trois. En fait, le passage cité continue à parler davantage de guérison que d’enseignement et de prédication.
      Matthieu continue : « Sa renommée se répandit dans toute la Syrie, et on lui amenait tous ceux qui souffraient de maladies et de douleurs de divers genres, des démoniaques, des lunatiques, des paralytiques ; et il les guérissait » (v. 24).
      Vient maintenant le magistral sermon sur la montagne, qui compte six pages et demie. Pour l’enseigner convenablement, il faudrait, je suppose, six ans et demi. Mais dès la fin de ce sermon, le Sauveur descend de la montagne, et le voilà qui guérit de nouveau. Il guérit successivement un lépreux, le serviteur du centenier, la belle-mère de Pierre, puis un groupe décrit simplement comme « plusieurs démoniaques » (Matthieu 8:16). En résumé, dit le texte, il « guérit tous les malades » (v. 16).
      Obligé de traverser la mer de Galilée à cause de la foule qui se presse maintenant autour de lui, il chasse les démons de deux personnes qui vivent dans les sépulcres desGadaréniens et remonte ensuite dans la barque pour retourner « dans sa ville » (Matthieu 9:1) où il guérit un homme cloué au lit par la paralysie, et une femme qui souffre depuis douze ans d’une perte de sang (dans ce que je considère comme un des moments les plus beaux et les plus remarquables de tout le Nouveau Testament), et ressuscite ensuite la fille de Jaïrus.
      Ensuite il rend la vue à deux aveugles, après quoi il chasse un démon qui avait rendu un homme muet. Voilà le bref résumé des six premiers chapitres du Nouveau Testament consacrés au ministère du Christ. Voyez si le verset suivant éveille en vous un écho. « Jésus parcourait toutes les villes et les villages, enseignant dans les synagogues, prêchant la bonne nouvelle du royaume, et guérissant toute maladie et toute infirmité » (Matthieu 9:35).
      À l’exception de quelques mots, nous avons ici exactement le verset que nous avons lu cinq chapitres plus tôt. Vient ensuite ceci :
      « Voyant la foule, il fut ému de compassion pour elle, parce qu’elle était languissante et abattue, comme des brebis qui n’ont point de berger.
      « Alors il dit à ses disciples : La moisson est grande, mais il y a peu d’ouvriers.
      « Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers dans sa moisson » (v. 36-38).
      Là-dessus, il appelle les Douze et leur donne ce commandement : « Allez, dit-il, vers les brebis perdues de la maison d’Israël.
      « Allez, prêchez, et dites : Le royaume des cieux est proche.
      « Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, chassez les démons. Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement » (Matthieu 10:6-8).
      Nous connaissons le Sauveur comme le Maître pédagogue. C’est ce qu’il est et davantage. Et quand il dit que le gros de la moisson nous attend encore et qu’il y a beaucoup trop peu d’ouvriers, nous pensons immédiatement aux missionnaires et à d’autres personnes qui doivent enseigner. Mais l’appel est destiné à une certaine sorte d’instructeur, à un instructeur qui, tout en enseignant, guérit.
      Je tiens à être parfaitement clair. Quand je parle de « guérir », comme je l’ai fait, ce n’est pas de l’utilisation officielle de la prêtrise, de l’imposition des mains aux malades ni de rien de tel que je parle. Là n’est pas le rôle de ceux qui sont appelés comme instructeurs dans les organisations de l’Église.
      Mais je crois que notre enseignement mène à une guérison de nature spirituelle. Je ne peux pas croire qu’une si grande partie des écrits de Matthieu ait pu se concentrer à un tel point sur le contexte du ministère du Sauveur auprès de personnes dans la détresse, de personnes perturbées, de personnes dans le désarroi, s’il n’y avait pas une raison à cela. Comme c’est le cas du Maître, ne serait-il pas merveilleux de mesurer le succès de notre enseignement à la guérison qui se produit dans la vie des autres ?
      Laissez-moi préciser un peu. Plutôt que simplement faire une leçon, essayez un peu plus d’aider le champion de basket-ball aveugle à réellement voir, ou la « reine d’un jour » sourde à réellement entendre, ou le président du corps estudiantin spirituellement paralysé à réellement marcher. Pourrions-nous essayer un peu plus de fortifier les autres avec tant de puissance que, quelles que soient les tentations que les démons de l’enfer leur lancent, ils puissent résister et ainsi être véritablement, à ce moment là, à l’abri du mal ? Pourrions-nous essayer un peu plus fort d’enseigner avec une puissance et une spiritualité suffisantes pour aider la personne qui avance seule, qui vit seule, qui pleure au fond de la nuit ?
« Et maintenant ? »
      Peut-être qu’une leçon tirée de la vie quotidienne du Collège des Douze m’aidera à exprimer ce que je voudrais dire à ce sujet et à éviter toute confusion de votre part. BoydK. Packer, président suppléant du Collège des douze apôtres, lui-même pédagogue de premier ordre, a une question qu’il pose souvent quand nous, les Douze, avons fait un exposé ou que nous nous sommes exhortés d’une manière ou d’une autre. Il lève les yeux comme pour dire : « Avez-vous fini ? » et ensuite il dit à l’orateur (et implicitement au reste du groupe) : « Et maintenant ? »
      « Et maintenant ? » Je pense que c’est à cela que le Sauveur répondait jour après jour et c’était un élément indissociable de son enseignement et de sa prédication. Ses sermons et ses exhortations n’auraient servi à rien si la vie de ses disciples n’avait pas réellement changé.
      « Et maintenant ? » Nous savons, vous et moi, que trop de personnes n’ont pas fait le lien entre ce qu’elles disent croire et la façon dont elles mènent leur vie.
      Priez pour que votre enseignement apporte un changement. Priez pour que, comme le disent les parolesd’une chanson maintenant oubliée, vos leçons incitent littéralement quelqu’un « à se tenir droit et à bien voler » (Nat King Cole, « Straighten Up and Fly Right », 1943). Nous voulons que les gens se tiennent droit et nous voulons qu’ils soient bien. Nous les voulons heureux, heureux dans cette vie et sauvés dans le monde à venir.
Dieu est aux commandes
      Le livre des Actes, qui introduit la partie post-résurrection du Nouveau Testament, s’appelle techniquement « Actes des Apôtres ». C’est une idée ecclésiastique importante dans le livre, à savoir que les apôtres étaient les représentants ordonnés du Seigneur Jésus-Christ et étaient ainsi autorisés à continuer à diriger l’Église en son nom.
      Mais pensez à ce qu’ils devaient affronter. Réfléchissez à la situation critique, à la crainte, à la confusion, à la détresse des membres de la nouvelle petite Église chrétienne après la crucifixion du Christ. Ils comprenaient sans doute un peu ce qui se passait, mais ils ne pouvaient pas avoir tout compris. Le peuple a dû être très effrayé et se trouver dans une grande confusion, et les frères avaient fort à faire pour le diriger.
      Nous ne devons pas nous étonner que, dès le départ (du moins dès le premier verset du livre des Actes), il ait été déclaré que l’Église continuerait à être dirigée de manière divine, non par des mortels. Et il était important que le peuple l’entende en cette heure de confusion et de crainte terribles. En fait, si l’on voulait donner un titre plus complet au livre des Actes, on pourrait l’appeler à bon escient : « Actes du Christ ressuscité agissant par le Saint-Esprit dans la vie et le ministère de ses apôtres ordonnés ». Cela dit, vous pouvez comprendre pourquoi on a dû voter pour un titre plus court – mais le titre que je propose est plus précis ! Écoutez les premières lignes de Luc :
      « Théophile, j’ai parlé dans mon premier livre de tout ce que Jésus a commencé de faire et d’enseigner dès le commencement
      « jusqu’au jour où il fut enlevé au ciel, après avoir donné ses ordres, par le Saint-Esprit, aux apôtres qu’il avait choisis » (Actes 1:1-2).
      La direction de l’Église était la même. L’endroit où se trouvait le Sauveur avait changé, mais la direction de l’Église était exactement la même. Cela ayant été précisé d’entrée de jeu, nous avons à chaque instant des manifestations de la puissance du Seigneur par l’intermédiaire du Saint-Esprit. Le premier enseignement donné aux Douze par le Christ ressuscité dans le livre des Actes est celui-ci : « Vous, dans peu de jours, vous serez baptisés du Saint-Esprit » (Actes 1:5) et « vous recevrez une puissance, le Saint-Esprit survenant sur vous » (v. 8).
      Une fois le Christ monté au ciel sous leurs yeux, Pierre va rassembler les membres de l’Église – ils sont cent vingt (vous rendez-vous compte de l’effet que ces problèmes et cette opposition avaient eu sur leur nombre ?) Cent vingt personnes se rassemblent, et Pierre leur dit : « Hommes frères, il fallait que s’accomplît ce que le Saint-Esprit, dans les Écritures, a annoncé d’avance, par la bouche de David, au sujet de Judas » (v. 16). Quand ils remplissent la place laissée vacante par Judas parmi les apôtres, ceux-ci prient exactement comme le font aujourd’hui le Collège des Douze et la Première Présidence : « Seigneur, toi qui connais les coeurs de tous, désigne lequel… tu as choisi » (v. 24). Et c’est Matthias qui est appelé.
      Mais ce premier chapitre, qui les fait tous se tourner vers le ciel, et qui marque si clairement la direction divine qui va continuer à guider l’Église, ne sert qu’à nous mettre en condition pour le chapitre 2. Dans ces passages, le nom même de la Pentecôte entre dans le vocabulaire chrétien comme synonyme de manifestations spirituelles stupéfiantes et de déversement divin du Saint-Esprit sur le peuple. La révélation descendit du ciel avec « un bruit comme celui d’un vent impétueux, et il remplit toute la maison » (Actes 2:2) et remplit les frères. « Des langues, semblables à des langues de feu, leur apparurent... Et ils furent tous remplis du Saint-Esprit, et se mirent à parler… selon que l’Esprit leur donnait de s’exprimer » (v. 3-4).
      Pierre, principal apôtre et président de l’Église, se lève et prend acte de ce déversement. Il cite Joël, où il est dit : « Dans les derniers jours, je répandrai de mon Esprit sur toute chair ; vos fils et vos filles prophétiseront, vos jeunes gens auront des visions, et vos vieillards auront des songes.
      « Oui, sur mes serviteurs et sur mes servantes je répandrai de mon Esprit ; et ils prophétiseront » (v. 17-18).
      Pierre poursuit : « Hommes israélites [il s’adresse ici à l’ensemble de l’auditoire], écoutez ces paroles ! Jésus de Nazareth, cet homme à qui Dieu a rendu témoignage devant vous... c’est ce Jésus que Dieu a ressuscité... Élevé par la droite de Dieu, il a reçu du Père le Saint-Esprit qui avait été promis, et il l’a répandu, comme vous le voyez et l’entendez » (v. 22, 32-33).
      C’est là un passage splendide. Ceux qui ne sont pas encore baptisés ce jour-là, touchés par cet Esprit, demandent ce qu’ils doivent faire. Pierre leur dit de se faire baptiser pour la rémission des péchés et de recevoir le don du Saint-Esprit (v. 38), et c’est ce que vont faire trois mille d’entre eux. Plus tard, quand la santé est rendue au boiteux sur les marches du temple et que la foule pense que Pierre et Jean ont fait quelque chose de merveilleux, Pierre la réprimande et lui dit que ce n’est pas leur pouvoir en tant que mortels ni la sainteté des disciples qui ont fait que l’homme a marché, mais le pouvoir et la sainteté de Jésus, que la foule avait « livré » et « fait mourir » (Actes 3:13, 15). Il témoigne ensuite que Jésus dirige toujours l’Église par l’intermédiaire du Saint-Esprit et continuera à la diriger jusqu’à ce qu’il revienne « aux temps du rétablissement de toutes choses » (v. 21).
      Les pharisiens et les sadducéens locaux sont médusés quand ils voient que cinq mille autres personnes entrent dans l’Église. Ils exigent qu’on leur explique comment tout cela se fait. Pierre fait la réponse classique que vous devez toujours donner aux autres. « Rempli du Saint-Esprit », il déclare que cela se fait dans et « par le nom de Jésus-Christ de Nazareth » (Actes 4:8, 10). Le Christ ne dirige pas seulement les actions de ses apôtres par l’intermédiaire duSaint-Esprit, il parle aussi par eux grâce au même Esprit. C’est une leçon sur la façon dont est gouvernée l’Église de Jésus-Christ, tant ancienne que moderne.
      Le Père et le Fils dirigent toujours cette oeuvre, marquant de leur empreinte les dirigeants de l’Église, les instructeurs et les personnes par l’intermédiaire du Saint-Esprit. Et c’est par ce même moyen que nous devons marquer de notre empreinte ceux que nous instruisons.
Enseignez par l’Esprit
      Enseignez par le Saint-Esprit. Si nous n’enseignons pas comme cela, alors, par la définition qu’en donnent les Écritures, nous enseignons « d’une autre façon » (D&A 50:17). Et si c’est d’une autre façon, « ce n’est pas de Dieu » (v. 20). Donnez accès de toutes les manières possibles à une expérience spirituelle à vos élèves. C’est ce que le Nouveau Testament essaye de faire pour vous. C’est le message des évangiles. C’est le message du livre des Actes. C’est le message de toute l’Écriture. Ce sont les expériences spirituelles provenant de ces écrits sacrés qui garderont les gens sur la voie et dans l’Église à notre époque, tout comme cela s’est fait pour ces membres à l’époque du Nouveau Testament.
      Les Écritures disent : « L’Esprit vous sera donné par la prière de la foi ; et si vous ne recevez pas l’Esprit, vous n’enseignerez pas » (D&A 42:14). Ce n’est pas simplement que vous n’enseignerez pas ou que vous ne pouvez pas enseigner ou que ce sera un enseignement de médiocre qualité. Non, c’est plus fort que cela. C’est la forme impérative du verbe. « Vous n’enseignerez pas. » Mettez un « tu » à la place du « vous » et vous aurez le langage du mont Sinaï. C’est un commandement. Ce sont les élèves de Dieu, pas les vôtres, tout comme c’est l’Église de Dieu, pas celle de Pierre, de Paul, de Joseph ou de Brigham.
      Prenez courage. Que l’Esprit agisse en vous d’une façon que vous n’aurez peut-être pas la chance de voir ou même de reconnaître. Il se passera plus de choses que vous ne le pensez, si vous êtes profondément honnêtes et si vous essayez de vivre de la manière la plus pure possible. Lorsque vous arrivez à ces moments suprêmes et presque impossibles à enseigner que sont Gethsémané, le Calvaire et l’Ascension, je vous demande de vous souvenir, entre autres nombreuses choses, des deux applications suivantes que vous pourriez en faire.
Le Christ est resté fidèle
      Premièrement, dans cette souffrance indiciblement atroce et inhumaine, le Christ est resté fidèle.
      Matthieu dit qu’il « commença à éprouver de la tristesse et des angoisses » et qu’il était « triste jusqu’à la mort » (Matthieu 26:37-38). Il s’en alla seul dans le jardin, laissant intentionnellement les frères attendre à l’extérieur. Il fallait qu’il fasse cela tout seul. Il tomba à genoux et ensuite, dit l’apôtre, il « se jeta sur sa face » (v. 39). Luc dit qu’il était « en agonie » et qu’il priait avec tant de ferveur que « sa sueur devint comme des grumeaux de sang, qui tombaient à terre » (Luc 22:44). Marc dit qu’il se jeta contre terre et s’écria : «Abba, Père. » Nous ne sommes pas ici dans de la théologie abstraite. Nous avons ici affaire à un Fils qui supplie son Père. « Toutes choses te sont possibles, éloigne de moi cette coupe ! » (Marc 14:36)
      Qui pourrait résister à cela venant d’un enfant quel qu’il soit, et surtout de l’Enfant parfait ? « Tu peux tout faire. Je sais que tu peux tout faire. Éloigne de moi cette coupe ».
      Comme le note Marc, la teneur de cette prière était que si c’était possible, cette heure soit supprimée du plan. Ce qu’il dit, c’est en fait : « S’il y a un autre chemin, c’est celui-là que je préférerais suivre. S’il y a une autre manière – quelle qu’elle soit – je serais heureux de l’adopter. » « Que cette coupe s’éloigne de moi ! », note Matthieu (Matthieu 26:39). « Éloigne de moi cette coupe », écrit Luc (Luc 22:42). Mais en fin de compte la coupe ne s’éloignera pas.
      Jésus finit par se soumettre à la volonté de son Père et dit : « Que ma volonté ne se fasse pas, mais la tienne » (v. 42). C’est pratiquement le dernier moment de conversation divine entre le Père et le Fils dans le ministère de Jésus sur la terre. Désormais les dés sont jetés. Il ira jusqu’au bout, quoi qu’il arrive.
      Et à partir de cette dernière déclaration dans l’ancien monde, nous obtenons cette première déclaration dans le nouveau. Il dira aux Néphites rassemblés au temple : « Voici, je suis Jésus-Christ... la lumière et la vie du monde ; et j’ai bu à cette coupe amère que le Père m’a donnée, et... j’ai souffert la volonté du Père en tout depuis le commencement » (3 Néphi 11:10-11). Voilà comment il se présente, voilà la déclaration qui, selon lui, dira le mieux à ces gens qui il est.
      Si vous pouvez laisser à vos élèves ne serait-ce qu’un domaine d’engagement en réponse au sacrifice incomparable du Sauveur pour eux, au fait qu’il a payé pour leurs transgressions, à sa tristesse pour leurs péchés, essayez de leur faire voir la nécessité d’obéir – de s’abandonner, dans leurs difficultés et leurs heures de décision, à « la volonté du Père » (v. 11), quoi qu’il en coûte. Ils ne le feront pas toujours, pas plus que vous et moin’avons été capables de le faire, mais cela devrait être leur but, cela devrait être leur objectif. Ce que le Christ semble le plus vivement désireux de souligner en parlant de sa mission – au-delà des vertus personnelles et au-delà des sermons merveilleux et même de la guérison – c’est qu’il soumettait sa volonté à la volonté du Père.
      Nous sommes tous des gens obstinés, peut-être même trop souvent. C’est pourquoi, le message que le Sauveur a pour chacun de nous est que notre offrande, à la similitude de la sienne, est un coeur brisé et un esprit contrit (voir 3Néphi 9:20 ; D&A 59:8). Nous devons sortir de notre moi mesquin et pleurer sur nos péchés et sur les péchés du monde. Nous devons supplier les autres de se soumettre au Père, de se soumettre au Fils, de se soumettre au Saint-Esprit. Il n’y a pas d’autre moyen. Sans nous comparer à lui, parce que ce serait un sacrilège, sachez néanmoins que la coupe qui ne peut s’éloigner est une coupe qui entre dans notre vie comme dans la sienne. Nous l’y retrouvons d’une manière bien moindre et avec une intensité bien plus faible, mais elle apparaît assez souvent pour nous enseigner que nous devons obéir quoi qu’il nous en coûte.
Le Christ connaît le chemin
      La deuxième leçon de l’Expiation que je vous demande de vous rappeler est liée à la première. Si ceux que vous instruisez ont le sentiment qu’ils n’ont déjà fait que trop d’erreurs, s’ils ont le sentiment qu’ils agissent et vivent à un niveau trop bas pour que la lumière du Christ puisse les atteindre, enseignez-leur que Dieu « est enclin à pardonner », que le Christ « est miséricordieux et plein de grâce, lent à la colère, longanime et plein de bonté » (Lectures on Faith, 1985, p. 42). La miséricorde, et les vertus liées que sont le repentir et le pardon, sont au coeur même de l’expiation de Jésus-Christ. Tout dans l’Évangile nous enseigne que nous pouvons changer si nous le voulons réellement, que nous pouvons avoir de l’aide si nous la demandons vraiment, que nous pouvons être guéris, quels que soient les problèmes du passé.
      En dépit des tribulations de la vie, il y a de l’aide pour nous tous au cours de ce voyage. Quand le Christ nous demande de nous soumettre, d’obéir au Père, il sait comment nous y aider. Il est passé par là, et il nous demande de faire ce qu’il a fait, mais il nous a rendu le voyage beaucoup plus aisé. Il sait où se trouvent les cailloux pointus et les pierres d’achoppement et où les ronces et les épines sont les plus denses. Il sait où le chemin est dangereux et il sait de quel côté il faut aller à la croisée des chemins à la nuit tombante. Il le sait parce qu’il a connu « des souffrances, et des afflictions, et des tentations de toute espèce... afin qu’il sache... comment secourir son peuple selon ses infirmités » (Alma 7:11-12). Secourir signifie « courir vers ». Je témoigne que le Christ courra vers nous, qu’il court déjà maintenant ; nous n’avons qu’à vouloir accepter le bras qu’il nous tend dans sa miséricorde.
      Quand nous chancelons ou que nous trébuchons, il est là pour nous remettre sur nos pieds et nous fortifier. En fin de compte, il est là pour nous sauver et pour tout cela il a donné sa vie. Quelque sombres que nous paraissent nos jours, ils ont été beaucoup plus sombres pour le Sauveur du monde. Pour nous rappeler ces jours, Jésus a choisi, même dans un corps ressuscité et à d’autres égards rendu parfait, de conserver pour le profit de ses disciples les plaies de ses mains, de ses pieds et de son côté – le signe, en quelque sorte, que des choses douloureuses arrivent même à ceux qui sont purs et parfaits, le signe que la souffrance dans ce monde n’est pas la preuve que Dieu ne vous aime pas, le signe que les problèmes passent et que nous pouvons connaître le bonheur. Rappelons-nous que c’est le Christ blessé qui est le capitaine de notre âme, lui qui porte encore les cicatrices de son pardon, les lésions de son amour et de son humilité, la chair déchirée de son obéissance et de son sacrifice.
      Ces blessures sont le signe principal auquel nous le reconnaîtrons quand il viendra. Il peut nous inviter à nous avancer, comme il l’a fait avec d’autres, pour voir et sentir ces marques. Si ce n’est pas avant, alors sûrement à ce moment-là, nous nous rappellerons avec Ésaïe que c’est pour nous que Dieu a été « méprisé et abandonné... homme de douleur et habitué à la souffrance », qu’il a été « blessé pour nos péchés, brisé pour nos iniquités » ; que « le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui, et [que] c’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris » (Ésaïe 53:3, 5).
      J’aime cette oeuvre. Chérissez l’occasion qui vous est donnée de vous plonger cette année dans le majestueux Nouveau Testament et dans la vie de celui dont il est témoin. Nous sommes son Église et nous sommes engagés dans une grande œuvre avec la merveilleuse bénédiction d’aimer les Écritures, d’en tirer les leçons et de nous témoigner les uns aux autres qu’elles sont vraies.
Adapté d’un discours prononcé le 8 août 2000 à l’université BrighamYoung, lors d’une conférence du Département d’Éducation de l’Église pour les instructeurs de religion. 
Source : Le Liahona, janvier 2003, pp. 13-22

 

Existence préterrestre
et préordination
du Christ
James E. Talmage (1862-1933)
Président de l'université d'Utah de 1894 à 1897
Membre du collège des Douze de 1911 à 1933
      Nous affirmons, en vertu des Saintes Écritures, que l'être qui est connu parmi les hommes sous le nom de Jésus de Nazareth, et par tous ceux qui reconnaissent sa divinité comme Jésus-Christ, existait avec le Père avant sa naissance dans la chair; et que dans l'état prémortel il fut choisi et ordonné pour être le seul et unique Sauveur et Rédempteur du genre humain. Pour qu'il y ait préordination, la condition essentielle est qu'il y ait préexistence ; c'est pourquoi les Écritures qui se rapportent à l'une se rapportent également à l'autre ; en conséquence, dans notre présentation nous n'essayerons pas de séparer les preuves qui s'appliquent à l'existence préterrestre du Christ ou à sa préordination.
      Jean, le Révélateur, contempla en vision certaines des scènes qui s'étaient produites dans le monde spirituel avant le commencement de l'histoire humaine. Il vit des luttes et des querelles entre la loyauté et la révolte, les armées qui défendaient la première, conduites par Michel, l'archange, et les forces rebelles gouvernées par Satan, que l'on appelle également le diable, le serpent et le dragon. Nous lisons : «  Il y eut une guerre dans le ciel. Michel et ses anges combattirent le dragon. Le dragon combattit, lui et ses anges  » (Apocalypse 12:7, voir aussi les versets 8 et 9).
      Dans ce combat entre armées non incarnées, les forces étaient inégalement réparties ; Satan n'attira sous sa bannière que le tiers des enfants de Dieu, qui sont symbolisés par le titre les «  étoiles du ciel  » (Apocalypse 12:4, voir aussi Doctrine & Alliances 29:36-38 et 76:25-27) ; la majorité combattit avec Michel, ou du moins s'abstint de toute opposition active, accomplissant ainsi l'objectif de leur «  premier état  » ; tandis que les anges qui se rangeaient aux côtés de Satan «  ne gardèrent pas leur premier état  » (Jude 6 dans la version du roi Jacques) et se disqualifièrent ainsi pour obtenir des possibilités glorieuses d'un état avancé ou «  second état  » (Abraham 3:26, dans la Perle de Grand Prix). La victoire sourit à Michel et à ses anges ; et Satan ou Lucifer, qui était jusqu'alors un «  fils du matin  », fut chassé du ciel, oui, «  il fut précipité sur la terre, et ses anges furent précipités avec lui  » (Apocalypse 12:9).Le prophète Ésaïe, à qui ces événements capitaux avaient été révélés quelque huit siècles avant l'époque des écrits de Jean, se lamente en une douleur inspirée sur la chute d'un être si grand et indique que la cause en fut l'ambition égoïste : «  Te voilà tombé du ciel, Astre brillant, fils de l'aurore ! Tu es abattu à terre, toi le vainqueur des nations ! Tu disais en ton cœur : je monterai au ciel, j'élèverai mon trône au-dessus des étoiles de Dieu, je siégerai sur la montagne de l'assemblée, à l'extrémité du septentrion ; je monterai sur le sommet des nues, je serai semblable au Très-Haut. Mais tu as été précipité dans le séjour des morts, dans les profondeurs de la fosse  » (Ésaïe 14:12-15, comparer avec D&A 29:36-38 et 76:23-27).  
      On verra pourquoi nous citons ces Écritures dans le cadre de notre présente étude, si l'on examine la cause de cette grande lutte : la situation qui amena cette guerre dans les cieux. D'après les paroles d'Ésaïe, il est clair que Lucifer, qui possédait déjà un rang exalté, chercha à s'agrandir sans tenir compte des droits et de la liberté des autres. Le problème est présenté, en des termes sur lesquels nul ne peut se méprendre, dans une révélation donnée à Moïse et répétée par l'intermédiaire du premier prophète de la dispensation actuelle : «  Et moi, le Seigneur Dieu, je parlai à Moïse, disant : Ce Satan que tu as commandé au nom de mon Fils unique, est celui-là même qui était dès le commencement, et il vint devant moi disant : Me voici, envoie-moi, je serai ton fils et je rachèterai toute l'humanité, de sorte que pas une âme ne sera perdue, et je le ferai certainement; c'est pourquoi donne-moi ton honneur. Mais, voici, mon Fils bien-aimé, qui était mon Bien-aimé et mon Élu depuis le commencement, me dit : Père, que ta volonté soit faite, et que la gloire t'appartienne à jamais. C'est pourquoi, parce que Satan s'était révolté contre moi, qu'il avait cherché à détruire le libre arbitre de l'homme, que moi, le Seigneur Dieu, je lui avais donné, et aussi parce qu'il voulait que je lui donne mon pouvoir, par le pouvoir de mon Fils unique, je le fis précipiter du ciel ; et il devint Satan, oui, à savoir le diable, le père de tous les mensonges, pour tromper et aveugler les hommes, et mener captifs à sa volonté tous ceux qui ne voudraient pas écouter ma voix  » (Moïse 4:1-4, dans la Perle de Grand Prix ; voir aussi Abraham 3:27,28).
      Nous voyons ainsi qu'avant que l'homme ne soit placé sur la terre, combien de temps avant, nous ne le savons pas, le Christ et Satan, en même temps que les armées des enfants spirituels de Dieu, existaient en tant qu'individus intelligents (on trouvera une étude plus approfondie de la préexistence des esprits dans L'autorité dans le ministère,de l'auteur, au chapitre « La préordination et l'existence préterrestre »), possédant la faculté et le pouvoir de choisir la voie qu'ils poursuivraient et les dirigeants qu'ils se donneraient et auxquels ils obéiraient. Il ne fait pas de doute que, dans cette grande assemblée d'intelligences spirituelles, on discuta du plan du Père selon lequel ses enfants devaient être avancés à leur deuxième état. La possibilité qui fut ainsi placée à la portée des esprits qui devaient avoir l'avantage de prendre un corps sur la terre était si transcendantalement glorieuse que ces multitudes célestes éclatèrent en chants d'allégresse et poussèrent des cris de joie (Job 38:7, version du roi Jacques).
      Le plan dictatorial de Satan, aux termes duquel tous seraient amenés sains et saufs à travers la vallée de la mortalité, privés de la liberté d'agir et du libre arbitre de choisir, tellement limités qu'ils seraient obligés de faire le bien - de sorte qu'aucune âme ne serait perdue - fut rejeté ; et l'humble offre de Jésus, le Premier-né, d'assumer la mortalité et de vivre parmi les hommes pour être leur Exemple et leur Maître, respectant la sainteté du libre arbitre de l'homme mais enseignant aux hommes à utiliser correctement cet héritage divin, fut accepté. Cette décision amena la guerre, qui eut pour résultat la défaite de Satan et de ses anges, lesquels furent chassés et privés des avantages sans limites afférents à l'état mortel ou deuxième état.
      L’être qui naquit plus tard dans la chair, Fils de Marie, Jésus, joua un rôle important dans cet auguste conseil des anges et des Dieux, et c'est là qu'il fut ordonné par le Père pour être le Sauveur de l'humanité. Du point de vue du temps, le terme étant utilisé dans le sens de toute la durée du passé, c'est la première mention que nous ayons de la présence du Premier-né parmi les fils de Dieu ; pour nous qui lisons, cela marque le début de l'histoire écrite de Jésus le Christ.
      Bien que les Écritures de l’Ancien Testament abondent en promesses que le Christ viendra réellement dans la chair, elles sont moins claires au sujet de son existence prémortelle. Vivant encore sous la loi et n'étant pas encore prêts à recevoir l'Évangile, les enfants d'Israël considéraient le Messie comme quelqu'un qui naîtrait dans le lignage d'Abraham et de David, ayant le pouvoir de les libérer de leurs fardeaux personnels et nationaux et de vaincre leurs ennemis. En général le peuple ne se rendait que très vaguement compte, à supposer qu'il pût même le concevoir, que le Messie était bel et bien le Fils élu de Dieu, qui était avec le Père depuis le commencement. Un Être déjà revêtu de puissance et de gloire dans son existence prémortelle ; et bien que la grande vérité fût révélée (Psaumes 25:14 ; Amos 3:7) à des prophètes spécialement commissionnés dans les responsabilités et les droits de la sainte prêtrise, ceux-ci la transmettaient au peuple plutôt dans le langage de l'image et de la parabole qu'en des paroles claires et directes. Néanmoins les témoignages des évangélistes et des apôtres, l'attestation du Christ lui-même tandis qu'il était dans la chair et les révélations données dans la dispensation actuelle nous fournissent des preuves scripturaires en suffisance.
      Dans les lignes introductrices de l'Évangile de Jean, l'apôtre, nous lisons : « Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. Elle était au commencement avec Dieu. Tout a été fait par elle, et rien de ce qui a été fait n'a été fait sans elle... La Parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme celle du Fils unique venu du Père » (Jean 1:1-3,14 ; voir aussi 1 Jean 1:1, 5:7 ; Apocalypse 19:13 ; cf. D&A 93:1-17,21).
      Ce passage est simple, précis et sans équivoque. Nous pouvons raisonnablement donner à l'expression « Au commencement » la même signification qui y est attachée dans la première ligne de la Genèse ; et pareil sens doit indiquer une époque antérieure aux stades les plus reculés de l'existence humaine sur la terre. Le passage affirme clairement que la Parole est Jésus-Christ, qui était avec le Père dans ce commencement et qui était revêtu lui-même du pouvoir et du rang de la Divinité, qu'il vint dans le monde et demeura parmi les hommes. Ces déclarations sont confirmées par une révélation donnée à Moïse dans laquelle il lui fut permis de voir un grand nombre d'entre les créations de Dieu et d'entendre la voix de Dieu commenter les choses qui avaient été faites : « Et je les ai créées par la parole de mon pouvoir, qui est mon Fils unique, lequel est plein de grâce et de vérité » (Moïse 1:32,33 ; voir aussi 2:5).
      Jean l'apôtre affirme à plusieurs reprises l'existence préterrestre du Christ et son autorité et sa puissance dans l'état prémortel (1 Jean 1:1-3 ; 2:13,14 ; 4:9 ; Apocalypse 3:14). Le témoignage de Paul (2 Timothée 1:9,10 ; Romains 16:25 ; Éphésiens 1:4 ; 3:9,11 ; Tite 1:2 ; voir surtout Romains 3:25) et celui de Pierre sont formulés dans le même sens. Instruisant les saints du fondement de leur foi, le dernier apôtre nommé souligna qu'ils n'assureraient pas leur rédemption par des choses corruptibles ni par l'observance extérieure de rites prescrits par la tradition, « mais par le sang précieux de Christ, comme d'un agneau sans défaut et sans tache ; il a été désigné d'avance, avant la fondation du monde, et manifesté à la fin des temps, à cause de vous » (1 Pierre 1:19,20).
      Il y a quelque chose de plus impressionnant et d'encore plus concluant : les témoignages personnels du Sauveur sur sa vie prémortelle et la mission dont il avait été chargé parmi les hommes. Nul ne peut accepter que Jésus est le Messie et rejeter logiquement ces preuves de sa nature éternelle. Un jour que les Juifs se disputaient entre eux dans la synagogue et murmuraient parce qu'ils ne parvenaient pas à comprendre correctement ce qu'il disait sur lui-même, et en particulier ce qui touchait sa parenté avec le Père, Jésus leur dit : « car je suis descendu du ciel pour faire, non ma volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé ». Poursuivant ensuite la leçon qu'il tirait de la différence entre la manne avec laquelle leurs pères avaient été nourris dans le désert et le pain de vie qu'il avait à offrir, il ajouta : « Moi, je suis le pain vivant descendu du ciel », et il déclara encore : « Le Père qui est vivant m'a envoyé ». Un grand nombre de ses disciples furent incapables de comprendre ses enseignements, et leurs plaintes lui arrachèrent ces paroles : « Cela vous scandalise ? Et si vous voyiez le Fils de l'homme monter où il était auparavant ? » (Jean 6:38,51,57,61,62).
      À certains Juifs corrompus, enveloppés du manteau de l'orgueil racial, qui se vantaient de descendre d’Abraham et qui cherchaient à excuser leurs péchés en se servant mal à propos du nom du grand patriarche, notre Seigneur proclama ainsi sa propre prééminence : « En vérité, en vérité, je vous le dis, avant qu'Abraham fût, moi, je suis » (Jean 8:58 ; voir aussi 17:5,24 et comparer avec Exode 3:14). Nous traiterons plus loin du sens profond de cette remarque. Qu'il nous suffise pour les besoins présents de considérer que cette Écriture est une affirmation claire et nette de l'antériorité et de la suprématie du Seigneur par rapport à Abraham. Mais comme la naissance d’Abraham avait précédé celle du Christ de plus de dix-neuf siècles, cette antériorité devait se rapporter à un état d'existence précédant celui de la mortalité.
      Lorsque le moment approcha où il devait être trahi, dans le dernier entretien qu'il eut avec les apôtres avant son expérience déchirante de Gethsémané, Jésus les consola en disant : « Car le Père lui-même vous aime, parce que vous m'avez aimé, et que vous avez cru que je suis sorti d'auprès de Dieu. Je suis sorti du Père et je suis venu dans le monde ; maintenant, je quitte le monde et je vais vers le Père » (Jean 16:27,28 ; voir aussi 13:3). En outre, lorsqu'il déversa son cœur en prières pour ceux qui avaient été fidèles à leur témoignage de sa mission messianique, il fit au Père une invocation solennelle : « Or, la vie éternelle, c'est qu'ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ. Je t'ai glorifié sur la terre ; j'ai achevé l’œuvre que tu m'as donnée à faire. Et maintenant, toi, Père, glorifie-moi auprès de toi-même de la gloire que j'avais auprès de toi, avant que le monde fût » (Jean 17:3-5 ; voir aussi versets 24,25).  
      Les Écritures du Livre de Mormon prouvent en termes tout aussi clairs que le Christ eut une existence prémortelle et qu'il fut préordonné à sa mission. Nous ne citerons ici qu'une des nombreuses preuves que l'on y trouve. Un ancien prophète, que le document appelle le frère de Jared, implora un jour le Seigneur en une supplication ardente. « Et le Seigneur lui dit : Crois-tu aux paroles que je dirai ? Et il répondit : Oui, Seigneur, je sais que tu dis la vérité, car tu es un Dieu de vérité, et tu ne peux mentir. Et quand il eut dit ces mots, voici, le Seigneur se montra à lui et dit : Parce que tu sais ces choses, tu es racheté de la chute ; c'est pourquoi tu es ramené en ma présence ; c'est pourquoi, je me montre à toi. Voici, je suis celui qui fut préparé depuis la fondation du monde pour racheter mon peuple. Voici, je suis Jésus-Christ. Je suis le Père et le Fils. En moi, toute l'humanité aura la lumière, et cela éternellement, même ceux qui croiront en mon nom ; et ils deviendront mes fils et mes filles. Et je ne me suis jamais montré à l'homme que j'ai créé, car jamais l'homme n'a cru en moi comme toi. Vois-tu que tu es créé à mon image ? Oui, même tous les hommes furent créés au commencement à ma propre image. Voici, ce corps, que tu vois maintenant, est le corps de mon esprit ; et j'ai créé l'homme selon le corps de mon esprit; et j'apparaîtrai à mon peuple dans la chair exactement comme je t'apparais dans l'esprit » (Éther 3:11-16 ; voir aussi 1 Néphi 17:30, 19:7 ; 2 Néphi 9:5 ; 11:7 ; 25:12 ; 26:12 ; Mosiah 3:5 ; 4:2 ; 7:27 ; 13:34 ; 15:1 ; AIma 11:40 ; HéIaman 14:12 ; 3 Néphi 9:15). Les faits principaux que cette Écriture atteste et qui portent directement sur notre sujet actuel sont que le Christ se manifesta tandis qu'il se trouvait encore dans son état prémortel et qu'il déclara avoir été choisi pour être le Rédempteur, avant la fondation du monde.
      La révélation qui nous a été transmise par les prophètes de Dieu dans la dispensation actuelle abonde en passages prouvant que le Christ fut désigné et ordonné dans le monde originel ; et le contenu tout entier de Doctrine et Alliances peut être cité comme témoin. Les exemples suivants sont particulièrement opportuns. Dans une révélation qu'il fit à Joseph Smith, le prophète, en mai 1833, le Seigneur déclara qu'il était celui qui était venu précédemment dans le monde venant du Père, et dont Jean avait témoigné qu'il était la Parole ; et il répète la vérité solennelle que lui, Jésus-Christ, « était au commencement, avant que le monde fût », et en outre qu'il était le Rédempteur qui était « venu dans le monde, parce que le monde avait été fait par lui », et qu'en lui étaient la vie et la lumière des hommes. On l'appelle encore le « Fils unique du Père, plein de grâce et de vérité, à savoir l'Esprit de vérité qui vint demeurer dans la chair ». Au cours de la même révélation, le Seigneur dit : « Et maintenant, en vérité, je vous le dis, j'étais au commencement avec le Père et je suis le Premier-né » (D&A 93:1-17,21). Selon ce qu'atteste le prophète moderne, lors d'une précédente occasion, l'un de ses compagnons et lui furent éclairés par l'Esprit de telle sorte qu'ils furent à même de voir et de comprendre les choses de Dieu. Il précise : « À savoir ce qui était dès le commencement avant que le monde fût, qui fut institué par le Père, par l'intermédiaire de son Fils unique, qui était dès le commencement dans le sein du Père, de qui nous rendons témoignage ; et le témoignage que nous rendons est la plénitude de l'Évangile de Jésus-Christ, qui est le Fils, que nous avons vu et avec qui nous avons conversé dans la vision céleste » (D&A 76:13,14).
      Le témoignage des Écritures composées dans les deux hémisphères, celui des documents anciens et modernes, les paroles inspirées de prophètes et d'apôtres et les paroles du Seigneur lui-même proclament d'une seule voix l'existence préterrestre du Christ et son ordination comme Sauveur et Rédempteur de l'humanité choisi au commencement, oui, avant même la fondation du monde.
Source : James E. Talmage, Jesus the Christ, Salt Lake City, 1915 

 

La grandeur de Dieu

  
 Jeffrey R. Holland
du Collège des douze apôtres
      Parmi les nombreux objectifs magnifiques accomplis dans la vie et le ministère du Seigneur Jésus-Christ, il est un grand côté de sa mission qui n'est pas souvent reconnu. Ses disciples ne le comprenaient pas complètement à son époque, et beaucoup, dans la chrétienté actuelle, ne le saisissent toujours pas, mais le Sauveur en personne en a parlé à maintes reprises et l'a mis en lumière. Il s'agit de la grande vérité que, dans tout ce que Jésus est venu dire et faire, y compris et surtout dans sa souffrance et son sacrifice expiatoires, il nous montrait qui est Dieu, notre Père éternel, à quel point il est complètement dévoué à ses enfants, quels que soient leur époque et leur pays. En parole et en action, Jésus essayait de nous révéler et de nous faire connaître personnellement la véritable nature de son Père, notre Père céleste.
      Il l'a fait au moins en partie parce qu'à cette époque comme à la nôtre, nous devons tous mieux connaître Dieu pour l'aimer plus profondément et lui obéir plus complètement. L'Ancien et le Nouveau Testament déclarent : « Le premier de tous les commandements [est :] Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme, de toute ta pensée, et de toute ta force. C'est le premier et le plus grand commandement » (Marc 12:29-30 ; voir aussi Matthieu 22:3738 ; Deutéronome 6:5).
      Il n'est alors pas étonnant que Joseph Smith, le prophète, ait enseigné : « C'est le premier principe de l'Évangile de connaître avec certitude la personnalité de Dieu... Je veux que vous le connaissiez tous, et que vous le connaissiez bien » (History of the Church, 6:305). Nous devons « avoir une idée correcte de ses... perfections et de ses attributs... [de l'admiration pour] l'excellence de [sa] personnalité » (Lectures on Faith, 1985, p. 38, 42). La première expression de notre déclaration de foi est « nous croyons en Dieu, le Père éternel » (Premier article de foi). C'est ce que Jésus a fait au plus haut point. Même quand il énonçait son rôle unique dans le plan divin, le Sauveur a insisté néanmoins sur ce préambule sous forme de prière : « Or, la vie éternelle, c'est qu'ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu. » (Jean 17:3)
      Après que les prophètes ont essayé pendant des siècles d'enseigner la volonté et la voie du Père à la famille humaine, généralement avec peu de succès, Dieu a envoyé sur terre, dans un suprême effort pour que nous le connaissions, son Fils unique et parfait, créé à sa propre ressemblance et à sa propre image, pour vivre et mourir parmi les mortels dans les difficultés quotidiennes de la vie.
      Venir sur terre avec une telle responsabilité, se tenir à la place d'Élohim, parler, juger, servir, aimer, avertir, interdire et pardonner comme il le ferait, c'est un devoir si grand et si écrasant que vous et moi nous ne pouvons le comprendre. Mais par une loyauté et une détermination qui sont caractéristiques d'un enfant de Dieu, Jésus pouvait le comprendre et l'a compris. Puis, quand la louange et l'honneur ont commencé à lui revenir, il a humblement rendu gloire au Père.
      Il a dit gravement : « Le Père... fait les oeuvres. Le Fils ne peut rien faire de lui-même, il ne fait que ce qu'il voit faire au Père ; et tout ce que le Père fait, le Fils aussi le fait pareillement. » (Jean 14:10 ; 5:19-20). Il a dit à une autre occasion : « Je dis ce que j'ai vu chez mon Père... Je ne fais rien de moi-même, mais... je parle selon ce que le Père m'a enseigné... Je suis descendu du ciel pour faire, non pas ma volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé. » (Jean 8:38, 28 ; 5:30 ; 6:38)
      Je fais ma propre déclaration sincère sur Dieu, notre Père éternel, ce matin parce que certaines personnes de notre époque sont dans la détresse du fait de la mauvaise compréhension qu'ils ont de lui. Il y a, entre autres, chez elles la tendance à se sentir loin du Père et même à le sentir étranger, si tant est qu'elles croient en lui. Et si les gens croient en lui, nombreux sont ceux qui disent actuellement qu'ils se sentiraient bien dans les bras de Jésus, mais ils sont mal à l'aise rien que d'envisager de rencontrer le Père qu'ils jugent sévère (Voir William Barclay, The Mind of Jesus, 1961, surtout le chapitre « Looking at the Cross » pour avoir un commentaire de cette tendance moderne). Par mauvaise analyse (et sûrement parfois par mauvaise traduction) de la Bible, ces personnes considèrent que Dieu le Père et Jésus-Christ opèrent très différemment, bien que dans l'Ancien comme dans le Nouveau Testament, le Fils de Dieu fasse un avec le Père, agissant, comme il le fait toujours, sous la direction du Père qui est le même « hier, aujourd'hui et à jamais » (Par exemple, 1 Néphi 10:18 ; 2 Néphi 27:23 ; Moroni 10:19 ; D&A 20:12).
      Si nous réfléchissons à ces malentendus, nous comprenons que l'une des merveilleuses contributions du Livre de Mormon est sa conception uniforme, parfaitement cohérente de la nature divine tout au long de ce livre majestueux. On n'y trouve pas de fossé entre Malachie et Matthieu, il n'y a aucune pause nécessaire pour faire la transition d'une conception dogmatique à une autre, pas d'erreur de lecture sur Dieu qui, à chaque page de ces annales, de leur début dans l'Ancien testament jusqu'à leur fin dans le Nouveau Testament, agit sans retard, avec amour et avec fidélité. Oui, dans un effort pour rendre au monde sa Bible et, du même coup, une vision correcte de la Divinité, le Livre de Mormon donne une vision uniforme de Dieu dans toute sa gloire et sa bonté, dans toute sa richesse et sa complexité, notamment démontrée par une apparition en personne de son Fils unique, Jésus-Christ.
      Nous sommes très reconnaissants de toutes les Écritures, en particulier de celles du Rétablissement, qui nous enseignent la majesté de chaque membre de la Divinité. Combien nous serions heureux, par exemple, si le monde entier avait connaissance du Père et l'acceptait tel qu'il est décrit avec tant d'émotion dans la Perle de Grand Prix !
      Lors d'une grande vision du genre humain et des cieux, Hénoc, voyant les bénédictions et les difficultés de la condition mortelle, tourne les regards vers le Père et est stupéfait de le voir pleurer. Abasourdi et émerveillé devant l'être le plus puissant de l'univers, il dit : « Comment se fait-il que tu peux pleurer... Tu es juste...miséricordieux et bon à jamais ; la paix... est la demeure de ton trône ; la miséricorde ira devant ta face et n'aura pas de fin ; comment se fait-il que tu peux pleurer ? »
      Contemplant les événements de presque chaque jour, Dieu répond : « Regarde ceux-ci qui sont tes frères; ils sont l'oeuvre de mes mains... je leur ai aussi donné le commandement de s'aimer les uns les autres et de me choisir, moi, leur Père ; mais voici, ils sont sans affection et ils haïssent leur propre sang... c'est pourquoi, les cieux ne pleureraient-ils pas en voyant que ceux-ci vont souffrir ? » (Moïse 7:29-33, 37)
      Cette scène simple et poignante réussit mieux à enseigner la vraie nature de Dieu que tous les traités philosophiques. Elle nous aide aussi à bien mieux comprendre l'épisode vivant de l'allégorie de l'olivier dans le Livre de Mormon où, après avoir creusé, mis de l'engrais, arrosé, désherbé, taillé, transplanté et greffé, le grand Seigneur de la vigne jette sa bêche et son sécateur et pleure en s'écriant à qui veut bien l'entendre : « Qu'aurais-je pu faire de plus pour ma vigne ? » (Jacob 5:41 ; voir aussi les versets 47, 49)
      Quelle image indélébile de l'engagement de Dieu dans notre vie ! Quelle angoisse pour un Père de voir ses enfants ne pas le choisir et ne pas choisir « l'Évangile de Dieu » (Romains 1:1) qu'il a envoyé ! Comme c'est facile d'aimer quelqu'un qui nous aime d'un amour aussi unique !
      Bien sûr, l'abandon au fil des siècles d'une foi en un Père aussi parfait et aimant a été aggravé par les dogmes faits par les hommes de générations qui se trompaient et décrivaient Dieu comme inconnu et impossible à connaître, sans parties ni passion, intangible, immatériel, simultanément partout et nulle part. Cela ne décrit certainement pas l'Être que nous contemplons par les yeux de ces prophètes. Et cela ne correspond pas non plus au Jésus de Nazareth, doté du souffle de la vie, incarné, qui était et est « le reflet de [son Père] » (Hébreux 1:3 ; voir aussi 2 Corinthiens 4:4 ; Colossiens 1:15).
      En ce sens, Jésus est venu moins pour améliorer l'image que Dieu a des hommes que pour améliorer la vision que les hommes ont de Dieu, et pour les supplier d'aimer leur Père céleste comme il les a toujours aimés et les aimera toujours. Ils ont eu l'occasion de comprendre le plan de Dieu, la puissance de Dieu, la Sainteté de Dieu, et même la colère et le jugement de Dieu. Mais l'amour de Dieu, l'insondable profondeur de son dévouement à ses enfants, ils ne l'ont pas connu pleinement... avant la venue du Christ.
      En nourrissant les affamés, en guérissant les malades, en réprimandant l'hypocrisie, en prêchant en faveur de la foi, le Christ nous montre la nature du Père, qui « est miséricordieux, plein de grâce, lent à la colère, longanime et plein de bonté » (Lectures on Faith, p. 42). Dans sa vie et surtout par sa mort, le Christ déclarait : « C'est la compassion de Dieu que je vous montre, ainsi que la mienne. » Dans la manifestation de la sollicitude du Père parfait par son Fils parfait, dans leur souffrance mutuelle et leur chagrin commun pour nos péchés et nos douleurs, nous voyons le sens suprême de la déclaration suivante : « Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle. Dieu, en effet, n'a pas envoyé son Fils dans le monde pour qu'il juge le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. » (Jean 3:16-17)
      Je rends personnellement témoignage aujourd'hui que Dieu est un personnage distinct, vivant, qui connaît notre nom, entend nos prières et y répond, et nous chérit éternellement comme ses enfants d'esprit. Je témoigne que, au milieu des tâches merveilleusement complexes de l'univers, il recherche notre bonheur et notre sécurité avant toutes ses autres préoccupations divines. Nous sommes créés à son image et à sa ressemblance (Genèse 1:26-27 ; Moïse 2:26-27), et Jésus de Nazareth, son Fils unique dans la chair, est venu ici-bas et est la parfaite manifestation terrestre de sa grandeur. Outre le témoignage des anciens, nous avons également le miracle moderne de Palmyra, l'apparition de Dieu le Père et de son Fils bien-aimé, le Sauveur du monde, au jeune prophète, Joseph Smith. Je témoigne de cette apparition et je reprends les paroles du prophète pour dire, moi aussi : « Notre Père céleste est plus libéral dans ses vues et plus illimité dans sa miséricorde et ses bénédictions que nous ne sommes disposés à le croire ou à l'apprendre... Dieu ne considère pas le péché avec indulgence, mais... plus nous nous rapprochons de notre Père céleste, plus nous sommes disposés à éprouver de la compassion pour les âmes qui périssent, à les prendre sur nos épaules et à jeter leurs péchés derrière notre dos. » (Enseignements du prophète Joseph Smith, p. 207, 194)
      Je témoigne que Dieu est de cette nature. Et dans l'esprit du saint apostolat, je dis comme l'a dit l'un des hommes qui détenaient cet office jadis : « Et cet amour consiste, non point en ce que nous avons aimé Dieu, mais en ce qu'il nous a ainsi aimés et a envoyé son Fils comme victime expiatoire pour nos péchés. Bien-aimés, si Dieu nous a ainsi aimés, nous devons aussi nous aimer les uns les autres » (1 Jean 4:10-11) et aimer Dieu à jamais. Je prie pour cela. Au nom sacré de Jésus-Christ. Amen.
Discours prononcé au Centre de conférence de Salt Lake City le 5 octobre 2003, au cours de la conférence générale de l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours

 


 

Jésus-Christ est-il Dieu ?
Marcel Kahne
Depuis le début de son histoire, le christianisme est mal à l'aise avec la divinité que lui a imposé le Nouveau Testament avec un Père, un Fils et un Saint-Esprit. On ne pouvait en faire trois Dieux sous peine de se faire conspuer par les Juifs fidèles à l'enseignement du Dieu unique de l'Ancien Testament :
« Écoute Israël ! L'Éternel, notre Dieu, est le seul Éternel » (Deutéronome 6:4).
« Je suis l'Éternel et il n'y en a point d'autre, hors moi, il n'y a point de Dieu. » (Ésaïe 45:5,6)
L'Église catholique a tenté de résoudre le problème en donnant à la Divinité une définition philosophique selon laquelle le Père, le Fils et le Saint Esprit seraient trois Dieux tout en n'étant qu'un seul Dieu. Une manière de concilier l'Ancien et le Nouveau Testament dans laquelle le bon sens ne trouve pas son compte. D'autres ont trouvé une solution bien plus simple qui consiste à affirmer que le Saint Esprit n'est pas un personnage distinct de Dieu, mais est simplement une émanation du Père, et que Jésus-Christ n'est pas un personnage divin. Mais ce sont là des modèles dans lesquels la Bible refuse tout simplement de s'insérer.
La Bible annonce la couleur dès le début de la Genèse : « Au commencement, Dieu (Élohim : les Dieux dans le texte en hébreu) créa les cieux et la terre... Dieu (Élohim : les Dieux) dit : Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance... Vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal... L'Éternel Dieu dit : Voici, l'homme est devenu comme l'un de nous... » Genèse 1:1,26 ; 3:5,22
Le commentateur de Genèse 1:26 de la Bible de Jérusalem propose cette explication du pluriel Élohim : « Ce pluriel peut indiquer une délibération de Dieu avec sa cour céleste... ou bien ce pluriel exprime la majesté et la richesse intérieure de Dieu, dont le nom commun en hébreu est de forme plurielle. » Il y a cependant une explication bien plus évidente que la Bible fournit elle-même :
« Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. Elle était au commencement avec Dieu. Tout a été fait par elle, et rien de ce qui a été fait n'a été fait sans elle... le monde a été fait par elle... » Jean 1:1-3,10
      Le sens très clair de ce texte est contesté sous prétexte que, dans la première mention, le grec dit : « le Dieu », tandis que dans la deuxième, l'article manque (...et la Parole était avec le Dieu, et la Parole était Dieu...). Mais cet argument est sans valeur, car la suite du texte montre que le grec utilise indifféremment « theos » avec ou sans article. Ainsi : verset 2 : « ton theos » ; verset 6 : « theou » sans article ; verset 12 : « theou » sans article ; verset 13 : « theou » sans article ; verset 18 : « theou » sans article ; versets 29, 34, 36, 50, 52 : « tou theou » avec article.
Mais il y a plus. Jean était un hébreu et, comme tel, il connaissait bien la pratique d'attribuer une valeur numérique aux mots (les lettres de l'alphabet on valeur de chiffre en hébreu) soulignant ainsi le message direct avec un message en filigrane. La valeur numérique de YHVH est 10+5+6+5 = 26. Parole se dit « dabar » et sa valeur numérique est 4+2+20=26. La parole est donc Dieu.Dabar YHVH (parole de Dieu) a pour valeur 26+26= 52, et « Ben » (le Fils) a également 52 comme valeur (2+50). Le Fils est par conséquent Dieu, lui aussi. Cette technique appelée gématrie, se remarque dans divers endroits de la Bible, et ne doit pas être balayée d'un haussement d'épaules. Il ne faut pas oublier que nous ne pouvons pas lire un texte vieux de 2000 ans écrit par un oriental selon les conceptions littéraires de l'époque, comme si c'était un texte moderne écrit par un occidental, rempli de nos conceptions modernes.
« ...Dieu nous a parlé par le Fils... Il l'a établi héritier de toutes choses, et c'est par lui qu'il a fait les mondes... » (Hébreux 1:2)
« Mais au Fils il dit : ...Toi, Seigneur, tu as au commencement fondé la terre, et les cieux sont l'ouvrage de tes mains » (Hébreux 1:8-10).
« Car en lui [le Fils de son amour, v. 16] tout a été créé dans les cieux et sur la terre ... Tout a été créé par lui et pour lui. » (Colossiens 1:16)
C'est parfaitement clair : le pluriel Élohim de la Genèse désigne au moins deux Dieux, le Père et le Fils, qui étaient ensemble au moment de la création, le Père étant à l'origine de l'acte créateur et le Fils en étant l'exécutant, comme l'exprime très correctement l'apôtre Paul :
« ... Pour nous il n'y a qu'un seul Dieu, le Père, de qui viennent toutes choses, et pour qui nous sommes, et un seul Seigneur, Jésus-Christ, par qui sont toutes choseset par qui nous sommes. » (1 Corinthiens 8:6)
La Bible est donc formelle pour affirmer que Jésus-Christ est le Créateur. Mais elle va plus loin : de nombreux passages attestent que Jésus-Christ est l'Éternel [YHVY, Yahvé, Yahweh, Jéhovah] de l'Ancien Testament.
Exode 3:14 Dieu dit à Moïse : Je suis celui qui suis. Et il ajouta : c'est ainsi que tu répondras aux Israélites : Celui qui s'appelle « Je Suis » m'a envoyé vers vous.  
Jean 8:58 Jésus leur dit : En vérité, en vérité, je vous le dis, avant qu'Abraham fût, moi, je suis. Là -dessus ils prirent des pierres pour les lui jeter.
Zacharie 14:2-4 Je regrouperai toutes les nations à Jérusalem pour le combat... L'Éternel sortira... ses pieds se placeront en ce jour-là sur le mont des Oliviers...  
Actes 1:9-12 ...Il fut élevé pendant qu'ils le regardaient... Vous Galiléens, pourquoi vous arrêtez-vous à regarder au ciel ? Ce Jésus, qui a été enlevé au ciel du milieu de vous, reviendra de la même manière dont vous l'avez vu aller au ciel. Alors ils retournèrent à Jérusalem, depuis le mont appelé des Oliviers...  
Zacharie 12:10 Alors je [l'Éternel, 12:4] répandrai sur la maison de David et sur les habitants de Jérusalem un esprit de grâce et de supplication, et ils tourneront les regards vers moi, celui qu'ils ont transpercé. Ils porteront son deuil comme on porte le deuil d'un fils unique, ils pleureront amèrement sur lui, aussi amèrement qu'unpremier né 
Jean 19:37, Apocalypse 1:7 Et ailleurs l'Écriture dit encore : ils regarderont à celui qu'ils ont transpercé.
Voici qu'il vient avec les nuées. Tout homme le verra, même ceux qui l'ont percé, et toutes les tribus de la terre se lamenteront à son sujet.
Ésaïe 43:10,12 ; 44:8 C'est vous qui êtes mes témoins, - Oracle de l'Éternel –  
Actes 1:8 Vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre. 
Psaumes 91:2,4 ...l'Éternel... te couvrira de ses plumes, tu te réfugieras sous ses ailes...  
Matthieu 23:37 Jérusalem, Jérusalem... combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes...  
Psaumes 45:7 Ton trône, ô Dieu, subsiste à toujours et à perpétuité ; le sceptre de ton règne est un sceptre de droiture.  
Luc 1:33 [Gabriel parlant du futur Jésus à Marie] Il régnera sur la maison de Jacob éternellement et son règne n'aura pas de fin.
Ésaïe 44:6; 48:12 Ainsi parle l'Éternel, le roi d'Israël, celui qui le rachète, l'Éternel des armées : je suis le premier et je suis le dernier.  
Apocalypse 1:8,18 ;2:8 ; 22:12-13 Je [Jésus-Christ, 1:1; 22:16] suis l'Alpha et l'Oméga, dit le Seigneur Dieu, celui qui est, qui était, et qui vient, le Tout-Puissant...
Moi je suis le premier et le dernier, le vivant. J'étais mort, et me voici vivant aux siècles des siècles...
Voici ce que dit le premier et le dernier, celui qui est mort et qui est revenu à la vie...
Voici : je viens bientôt... Je suis l'Alpha et l'Oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin.  
Ésaïe 43:11 C'est moi, moi qui suis l'Éternel, et hors de moi, il n'y a point de sauveur.  
Jean 11:25 ; 14:6-9 ; Actes 4:12 Jésus lui dit : Moi je suis la résurrection et la vie... Moi je suis le chemin, la vérité et la vie...
celui qui m'a vu, a vu le Père... Le salut ne se trouve en aucun autre, car il n'y a sous le ciel aucun autre nom donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés.  
Il va sans dire que ces parallèles entre l'Ancien et le Nouveau Testament ne sont pas un simple hasard, mais sont voulus. Ceux qui ont écrit le Nouveau Testament connaissaient parfaitement les implications des passages en question et l'on peut en déduire que pour eux, Jésus-Christ et l'Éternel (YHVH, Yahvé, Jéhovah) ne faisait qu'un. Mais ce n'est pas tout : Jésus-Christ se proclama Dieu de manière absolument formelle.
Jésus leur dit : En vérité, en vérité, je vous le dis, avant qu'Abraham fût, moi je suis (grec : ego eimi : indicatif présent. La Traduction du monde nouveau, des Témoins de Jéhovah, falsifie ce texte en mettant : « j'étais »). Là dessus, ils prirent des pierres pour les lui jeter... Les Juifs ne s'y sont pas trompés : ils ont reconnu l'allusion à Exode 3:14 : « Je suis qui je suis », rendu par les LXX « eimi to on », je suis l'Être, Moi et le Père, nous sommes un. Les Juifs ramassèrent à nouveau des pierres pour le lapider. Jésus reprit et leur dit : Je vous ai fait voir beaucoup d'œuvres bonnes venant du Père. Pour laquelle de ces œuvres me lapidez-vous ? Les Juifs lui répondirent : Ce n'est point pour une œuvre bonne que nous te lapidons, mais pour un blasphème, et parce que toi, qui es un homme, tu te fais Dieu. (Jean 10:30-36)
Mais Jésus leur répondit : Mon Père travaille jusqu'à présent. Moi aussi je travaille. A cause de cela, les Juifs cherchaient encore plus à le faire mourir, non seulement parce qu'il violait le sabbat, mais parce qu'il disait que Dieu était son propre Père, se faisant ainsi lui-même égal à Dieu. (Jean 5:18)
D'autres passages sont tout aussi éloquents quant à l'identité véritable de Jésus-Christ :
Lorsque les gens lui amenèrent un paralytique, Jésus, avant de le guérir, lui dit : « Tes péchés te sont pardonnés. Les scribes et les pharisiens se mirent à raisonner et à dire : Qui est celui-ci qui profère des blasphèmes ? Qui peut pardonner les péchés si ce n'est Dieu seul ? » (Luc 5:20-21)
Une autre façon dont Jésus-Christ s'identifie à l'Éternel, c'est sa façon de dire de lui-même qu'il est l'Époux : « Les amis de l'Époux peuvent-ils mener deuil tant que l'Époux est avec eux ? Les jours viendront où l'Époux leur sera enlevé, et alors ils jeûneront » (Matthieu 9:15 ; Marc 2:19, voir aussi la parabole des dix vierges). Cela ne peut que faire penser à la pratique de l'Éternel de l'Ancien Testament de se considérer comme l'Époux et Israël comme l'épouse (infidèle). Voir par exemple, Ézéchiel 16, notamment : « Tu as été la femme adultère, qui reçoit des étrangers au lieu de son mari. » (v.32)
Enfin au moment de quitter les onze, il leur dit : « Tout pouvoir m'a été donné dans le ciel et sur la terre » (Matthieu 28:18). Il est donc tout-puissant.
La prétention de Jésus-Christ à être Dieu ne fait donc aucun doute. Ce qui est clair aussi, c'est que d'autres l'ont considéré comme tel :
« Car un enfant nous est né, un fils nous est donné, et la souveraineté reposera sur son épaule ; on l'appellera Admirable, Conseiller, Dieu puissant, Père éternel, Prince de la paix » (Ésaïe 9:5).
« Une voix [celle de Jean-Baptiste] crie dans le désert : ouvrez le chemin de l'Éternel, nivelez dans la steppe une route pour notre Dieu... Dis aux villes de Juda : Voici votre Dieu ! Voici mon Seigneur, l'Éternel, il vient avec puissance... Comme un berger, il fera paître son troupeau [Je suis le bon berger dit le Christ de lui-même], de son bras, il rassemblera des agneaux, et les portera dans son sein ; il conduira les brebis qui allaitent » (Ésaïe 40:3, 9-11).
« Voici les jours viennent, -Oracle de l'Éternel-, où je susciterai à David un germe juste ; il régnera en roi et prospérera, il pratiquera le droit et la justice dans le pays... Et voici le nom dont on l'appellera : l'Éternel notre justice » (Jérémie 23:5-6; 33:15-16). 
« C'est pourquoi, le Seigneur lui-même vous donnera un signe, voici que la jeune fille est enceinte, elle enfantera un fils et lui donnera le nom d'Emmanuel » (Ésaïe 7:14).
Matthieu cite ce passage dans Matthieu 1:23, ajoutant l'explication : « ce qui se traduit : Dieu avec nous ». Et d'une manière significative, il termine son Évangile en mettant dans la bouche du Christ les paroles suivantes : « Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde » (Matthieu 28:20).
Lorsque l'incrédule Thomas est enfin obligé de constater que Jésus est bel et bien ressuscité, il n'hésite pas à s'exclamer : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » (Jean 20:28), ce qui montre que c'est bien ce que Jésus lui avait enseigné avant sa mort et qui se confirme pour lui maintenant d'une manière qu'il ne peut plus réfuter.
Enfin, ceux qui prétendent qu'en étant homme, Jésus ne pouvait pas être Dieu, devront expliquer Colossiens 2:9 : « Car en lui habite corporellement toute la plénitude de la divinité », et ceux qui prétendent que Jésus n'existait pas avant sa naissance, devront expliquer, outre Jean 8:58, Jean 17:5 : « Et maintenant, toi, Père, glorifie-moi auprès de toi-même de la gloire que j'avais auprès de toi, avant que le monde fût. »

 

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