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Blog VOM : Géopolitique - Mondialisation - Société- Religions - Spiritualité - Actualité...
13 juin 2015

Conception de la trinité (1)



Dieu a-t-il une forme humaine ?
Marcel Kahne
Les chrétiens traditionnels - faisant allusion aux Écritures modernes - reprochent souvent aux saints des derniers jours d'ajouter à la Bible, affirmant que tout y est contenu et que c'est suffisant. Certains vont jusqu'à proclamer l'inerrance de la Bible, ou en d'autres termes, qu'il n'y a pas d'erreur dans l'Écriture Sainte. Étant donné ces affirmations, il est curieux de constater que le monde chrétien rejette ce que dit la Bible quand il s'agit du point de doctrine le plus fondamental de la foi, la conception de Dieu, alors que Jésus dit, dans sa prière sacerdotale : « Or, la vie éternelle, c'est qu'ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ » (Jean 17:3). En effet, alors que la Bible présente Dieu comme une personne anthropomorphique (ayant une forme humaine), le monde chrétien le décrit unanimement comme un être immatériel, immuable, immobile, hors du temps, ayant tout créé de rien.
Cette contradiction s'explique par le fait que le christianisme post-apostolique est le produit de la rencontre de deux cultures diamétralement opposées : la culture hébraïque et la culture grecque. Comme le dit Daniel Peterson : « On a souvent observé que la pensée hébraïque se caractérise par le dynamisme et l'activité, tandis que la pensée grecque tend vers le statique et le contemplatif. » Les Juifs peuvent discuter à l'infini sur les finesses de l'interprétation et de l'application de la loi dans la vie de tous les jours, mais s'intéressent beaucoup moins à la théologie et à la doctrine. De même, l'enseignement du Christ est fondé sur les règles du comportement et non sur une quelconque  théologie. On ne trouve, dans le Nouveau Testament, aucune tentative de définir Dieu ou la relation entre le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Les Grecs, par contre, sont davantage axés sur les questions relatives à la nature et à l'origine des choses. De là leur passion pour la philosophie. Alors que le grand texte du christianisme primitif est le sermon sur la montagne, un discours sur la morale chrétienne, le grand texte fondateur du christianisme traditionnel, imprégné de philosophie grecque, est le credo de Nicée avec sa définition de Dieu et de la Sainte Trinité.
Lorsque, après avoir, dans un premier temps, prêché l'Évangile aux Juifs, la jeune Église de Jésus-Christ se tourne vers l'évangélisation des païens, elle va se trouver face à un monde dominé par les Académies qui enseignent la philosophie grecque, notamment la conception du Dieu immatériel de Platon, et qui forment, en outre, les élites intellectuelles à l'art de la rhétorique (« l'art de la persuasion » comme le dit Aristote). Comparé aux hautes sphères de la philosophie grecque dans lesquelles navigue l'élite intellectuelle païenne, l'enseignement des missionnaires chrétiens a l'air démodé et puéril par sa lecture littérale des Écritures, et l'Église chrétienne va être l'objet des moqueries et du mépris de ses ennemis païens.
« Les quelques premières pages des Reconnaissances de Clément, un texte chrétien datant sans doute de la première moitié du troisième siècle, nous donnent un aperçu d'un affrontement entre la culture philosophique hellénisée et un témoin chrétien qui n'avait pas encore succombé aux attraits de cette culture. Le narrateur, qui raconte l'épisode à la première personne, et qui se dit être Clément de Rome, parle des questions qu'il se pose dans sa jeunesse concernant l'immortalité de l'âme humaine et sa recherche désespérée pour en obtenir la preuve. Jeune homme talentueux, Clément fréquente les écoles philosophiques de sa ville natale, mais est déçu et déprimé de ne pas trouver d'argument véritablement convaincant et de voir que ses professeurs et ses condisciples s'intéressent plus à démontrer leur subtilité qu'à parvenir à la vérité...
« C'est à ce moment-là que des rumeurs commencent à parvenir à Rome concernant un grand faiseur de miracles dans la lointaine Palestine. Un jour, en se promenant en ville, Clément tombe sur un prédicateur occupé à prêcher aux passants.  Il s'agit d'un chrétien juif, appelé Barnabas, qui proclame la venue du Christ. Clément écrit : 'Quand j'entendis ces choses, je me mis, avec le reste de la foule, à le suivre et à écouter ce qu'il avait à dire. Je me rendis compte, en vérité, qu'il n'y avait aucun artifice dialectique [c'est-à-dire aucun argument du genre de ceux qu'on cultivait dans les académies de philosophie] chez cet homme, mais qu'il exposait avec simplicité et sans aucun artifice de langage les choses qu'il avait entendues de la bouche du Fils de Dieu, ou qu'il avait vues. Car il ne confirmait pas ses affirmations par la force des arguments, mais proposait, d'entre les personnes qui l'entouraient, beaucoup de témoins des paroles et des merveilles qu'il relatait.'
« Un certain nombre de personnes dans la foule furent impressionnées et commencèrent à accorder crédit à ce que Barnabas et les autres témoins racontaient. A ce moment-là, un groupe de badauds d'orientation philosophique, contesta les paroles deBarnabas. Ils 'commencèrent à se moquer de l'homme, à le traiter avec mépris et à lui jeter les grappins des syllogismes, comme des armes fortes.' Pourquoi les pucerons minuscules ont-ils six pattes et une paire d'ailes, alors que l'éléphant, qui est bien plus grand, n'a que quatre pattes et pas d'ailes du tout ? MaisBarnabas refusa d'entrer dans leurs objections ridicules. 'Nous sommes chargés, dit-il, de vous annoncer les paroles et les oeuvres merveilleuses de celui qui nous a envoyés et de confirmer la vérité de ce que nous disons, non par des arguments subtilement formulés, mais par des témoins venant du milieu de vous'. »
Au 3e siècle apparaît une nouvelle interprétation de la philosophie de Platon, le néo-platonisme. Son fondateur est Ammonios Saccas, qui ouvre une Académie à Alexandrie. Il affirme qu'il est impossible de connaître Dieu et qu'on doit donc le rechercher dans les ténèbres du mysticisme. Son successeur, l'Egyptien Plotin, qui ouvre à Rome une Académie où il rencontre un grand succès, semble d'ailleurs être parvenu à trois reprises, à force d'ascèse, à l'extase mystique, c'est-à-dire à une brève et fulgurante rencontre avec Dieu. « La philosophie néo-platonicienne constitue à la fois la clef de voûte dans la longue série des systèmes philosophiques de l'Antiquité et une pierre d'angle dans la culture du Moyen Age ».
L'historien anglais J. W. C. Wand, écrit : « Il est facile de voir quelle influence cette école de pensée [le néo-platonisme] a dû avoir sur les dirigeants chrétiens. C'est d'elle qu'ils apprirent ce que cela impliquait, dans un sens métaphysique, de dire que Dieu est un Esprit. Cela les aida aussi à se libérer de leur eschatologie primitive et de se débarrasser de cet anthropomorphisme grossier qui faisait que même Tertullien [160-220] croyait que Dieu avait un corps matériel. »
C'est aussi au 3e siècle que les chrétiens vont créer leurs propres Académies, dont la plus importante, et de loin, est le didascalée chrétien d'Alexandrie. HughNibley dit à son sujet qu'il était « la vraie patrie de la théologie chrétienne conventionnelle, dont les bases furent jetées par le célèbre Clément d'Alexandrie et son élève plus célèbre encore, Origène. Ces hommes sont tous deux des académiciens typiques, élevés dès leur tendre enfance entre les quatre murs d'une institution de l'autorité de laquelle ils ne pourront jamais se libérer. »
Nibley poursuit : « Le projet de Clément était de mettre la supériorité intellectuelle de la philosophie grecque à la disposition de l'Église… [il] offrait généreusement de rendre le christianisme intellectuellement respectable. Pour lui, dit Harnack, la philosophie religieuse grecque... était le moyen d'atteindre et d'expliquer pour la première fois le sens le plus élevé et le plus intime du christianisme. Il était tout dévoué à l'Église. Il allait la tirer d'embarras en la faisant bénéficier des avantages de sa formation et de son intelligence… Pareille attitude n'était possible, dit Harnack, que parce que Clément n'avait absolument rien compris à ce qu'était le christianisme, 'parce que pour lui l'héritage de l'Église dans sa totalité et dans tous ses détails… était quelque chose d'étranger.' Son monde, c'était l'université, et son offre d'aider l'Église s'accompagnait de conditions dangereuses... Il était prêt à embrasser les enseignements de l'Église, mais uniquement à ses conditions. Il prenait le christianisme littéral et le 'spiritualisait'… Il ne voyait pas pourquoi il n'irait pas jusqu'au bout pour donner au message chrétien une stature intellectuelle nouvelle qui le recommanderait aux gens instruits… Fermement convaincu que ce qu'il avait appris à l'école était la vérité et que toute connaissance est révélation (d'après Platon), il se mit en devoir de réviser l'Évangile pour en faire quelque chose de plus à son goût… 'On ne peut nier qu'il y ait eu une reformulation totale… de l'héritage chrétien en une philosophie religieuse hellénistique,' dit Harnack. Et qu'est-il resté du christianisme après cela ? demande-t-il. Il donne ensuite une réponse presque choquante : 'à part un peu de son attrait pratique et sentimental, 'Ein Phlegma', un sédiment, un rebut, que l'on ne peut en aucune circonstance qualifier de chrétien.' »
Comme le dit encore Peterson : « Ce sont les premiers Apologistes chrétiens, Minucius Félix, Justin Martyr et d'autres, avec leur désir de rendre le christianisme intellectuellement respectable, qui ont sans doute fait plus que n'importe quel autre groupe pour déformer la doctrine chrétienne primitive. Avec la meilleure volonté du monde, ils ont adopté et adapté les concepts philosophiques de leur époque pour exprimer les croyances chrétiennes et, ce faisant, les ont altérées subtilement mais incontestablement. »
Voilà donc les deux courants en présence :  
D'une part l'enseignement originel du christianisme, comme dans les Homélies de Clément, où Dieu est anthropomorphique. « Et Simon dit : 'J'aimerais savoir, Pierre, si tu crois vraiment que la forme de l'homme a été façonnée d'après la forme de Dieu.' Et Pierre dit : 'Je suis tout à fait certain, Simon, que c'est le cas... C'est la forme du Dieu juste.'  
D'autre part, le camp des intellectuels chrétiens gagnés à la philosophie grecque, qui vont façonner la doctrine du christianisme à l'image de l'idéal hellénistique, camp représenté entre autres par Origène, qui « rejeta l'anthropomorphisme, non parce que les Écritures ou la tradition chrétienne unanime le rejetaient, mais parce que les philosophes le méprisaient : 'Les Juifs, effectivement, mais aussi certains des nôtres, supposaient que Dieu devait être considéré comme un homme, doté de membres humains et d'une apparence humaine. Mais les philosophes méprisent ces histoires qu'ils considèrent comme des fables créées à l'image des inventions poétiques'. »
Les Grecs rendaient un culte à une foule de dieux ayant une apparence et des passions humaines, des dieux comploteurs, intrigants, avides de puissance, jaloux, etc. Telle n'était pas la conception de leurs philosophes, qui considéraient ces cultes comme de l'enfantillage. Platon, notamment, va élaborer une conception de Dieu basée sur le seul raisonnement. Comme dans l'histoire de l'œuf et de la poule, tout provient de quelque chose. Tout ce qui est a donc été produit et est donc « contingent », c'est-à-dire aurait pu ne pas exister. Platon considère donc que le monde matériel est une réalité inférieure. La véritable réalité est le monde des Idées ou des Formes, qui est parfait et immuable. Dieu est le moteur premier, celui qui est à l'origine de tout et qui existe parce qu'il est « nécessaire », c'est-à-dire qu'il n'aurait pas pu ne pas exister. Il doit donc être infini, parfait, immatériel (car un être matériel se compose de parties et est donc dépendant d'elles), sans forme, car rien ne peut le limiter (sinon d'autres êtres que lui pourraient exister et il cesserait d'être nécessaire) et parfaitement immobile, puisque tout mouvement impliquerait que la situation précédant le mouvement était imparfaite, et enfin, situé hors du temps, sinon il ne serait plus ce qu'il était hier et pas encore ce qu'il serait demain.
Le christianisme, considéré comme athée, parce qu'il rejetait les dieux auxquels les Romains rendaient un culte, connut des persécutions pendant plus de deux siècles. Mais il ne cessait de se répandre, tout en étant divisé. « A partir du 4ème siècle… les querelles théologiques - du moins en Orient - passionnent tout le monde ; elles quittent les réunions discrètes et quasi secrètes du clergé, pour envahir les rues, les places publiques, les amphithéâtres, la cour, les tribunaux ». Ces querelles publiques vont même jusqu'à la violence : « De là, rixes et émeutes, qui appelaient nécessairement les interventions des pouvoirs publics. »
Or l'empire romain s'étend sur de nombreux peuples qu'il n'a pas unifiés. Il a besoin d'un lien solide susceptible de réaliser cette unification.
« Constantin eut une idée géniale. Le lien mystique, seul capable de maintenir l'unité de l'empire, et que ni l'hellénisme ni le paganisme n'avaient pu procurer, pourquoi ne le demanderait-on pas à la religion chrétienne ? N'avait-elle pas triomphé des pires persécutions ? » Constantin va donc faire de l'Église catholique la religion de l'État, ce qui produira des « conversions » massives puisque c'est la chose politiquement correcte à faire.
« Mais l'unité de l'Église elle-même allait se révéler plus apparente que réelle. Des conflits très violents vont  la déchirer. Constantin fit tout pour les apaiser : comme empereur, plus encore que comme chrétien. Il n'éprouva aucun scrupule à intervenir dans des questions où il ne comprenait qu'une chose, qu'elles troublaient la tranquillité publique. Pour les trancher, il réunit le premier concile œcuménique. »
Constantin va alors prendre en mains le règlement des différends qui opposent les chrétiens entre eux. Donnant systématiquement raison à la majorité, il va imposer à l'Église l'unité de doctrine qui va faire d'elle la grande unificatrice de son empire. Il commencera par régler la grande controverse relative à la  Sainte Trinité en convoquant, en 325, à Nicée, le premier concile œcuménique, qui réunit quelque trois cents évêques venus de presque toutes les provinces de l'empire. « C'est l'empereur, en tant que tel, qui avait convoqué et présidé le concile. Un précédent est ainsi créé, qui admet, comme une chose toute naturelle, l'ingérence de l'État dans les affaires de l'Église. » Il convient aussi de remarquer que l'évêque de Rome, Silvestre, qui est censé être le pape, n'assistera même pas à ce concile où se décide le dogme le plus fondamental de l'Église catholique. Il se contentera d'y envoyer deux prêtres.
À ce concile, ce seront des évêques pétris de philosophie néo-platonicienne qui vont tenter de régler le grand problème de la définition d'une Divinité qui doit être une et trois en même temps, ainsi que la formulation des relations des trois personnes de cette Divinité entre elles. Les débats furent houleux, tandis que « l'empereur s'efforçait de calmer les esprits, à la manière d'un président d'assemblée ». Le concile de Nicée ne règlera pas le problème. Comme le dit Salles-Dabadie : « les diverses façons de concevoir la divinité de Jésus, puis l'union de cette divinité à son humanité, s'opposèrent très tôt en des conflits qui devaient durer plus de quatre siècles. Il fallut tout ce temps pour que l'esprit raisonneur des Grecs acceptât d'admettre que la personne de Jésus est un mystère insondable, que l'on peut circonscrire, mais non pénétrer. Les Occidentaux, moins métaphysiciens, avaient trouvé très vite des formules qui traçaient les contours du mystère, et dispensaient de chercher au-delà. » Il faudra longtemps encore avant que les débats des conciles successifs ne débouchent, vers 500, sur le Credo d'Athanase.
Le Credo d'Athanase
« Quiconque veut être sauvé doit, avant tout, tenir la foi catholique : s'il ne la garde pas entière et pure, il périra sans aucun doute pour l'éternité. Voici la foi catholique : nous vénérons un Dieu dans la Trinité et la Trinité dans l'Unité, sans confondre les Personnes ni diviser la substance : autre est en effet la Personne du Père, autre celle du Fils, autre celle du Saint-Esprit ; mais une est la divinité du Père, du Fils et du Saint-Esprit, égale la gloire, coéternelle la majesté. Comme est le Père, tel est le Fils, tel est aussi le Saint-Esprit : incréé est le Père, incréé le Fils, incréé le Saint-Esprit; infini est le Père, infini le Fils, infini le Saint-Esprit ; éternel est le Père, éternel le Fils, éternel le Saint-Esprit ; et cependant, ils ne sont pas trois éternels, mais un éternel ; tout comme ils ne sont pas trois incréés, ni trois infinis, mais un incréé et un infini. De même, tout-puissant est le Père, tout-puissant le Fils, tout-puissant le Saint-Esprit ; et cependant ils ne sont pas trois tout-puissants, mais un tout-puissant. Ainsi le Père est Dieu, le Fils est Dieu, le Saint-Esprit est Dieu ; et cependant ils ne sont pas trois Dieux, mais un Dieu. Ainsi le Père est Seigneur, le Fils est Seigneur, le Saint-Esprit est Seigneur ; et cependant ils ne sont pas trois Seigneurs, mais un Seigneur ; car, de même que la vérité chrétienne nous oblige à confesser que chacune des personnes en particulier est Dieu et Seigneur, de même la religion catholique nous interdit de dire qu'il y a trois Dieux ou trois Seigneurs. Le Père n'a été fait par personne et il n'est ni créé ni engendré ; le Fils n'est issu que du Père, il n'est ni fait, ni créé, mais engendré ; le Saint-Esprit vient du Père et du Fils, il n'est ni fait, ni créé, ni engendré, mais il procède. Il n'y a donc qu'un Père, non pas trois Pères ; un Fils, non pas trois Fils ; un Saint-Esprit, non pas trois Saints-Esprits. Et dans cette Trinité il n'est rien qui ne soit avant ou après, rien qui ne soit plus grand ou plus petit, mais les Personnes sont toutes trois également éternelles et semblablement égales. Si bien qu'en tout, comme on l'a déjà dit plus haut, on doit vénérer, et l'Unité dans la Trinité, et la Trinité dans l'Unité. Qui donc veut être sauvé, qu'il croie cela de la Trinité. Mais il est nécessaire au salut éternel de croire fidèlement aussi à l'incarnation de notre Seigneur Jésus-Christ. Voici la foi orthodoxe : nous croyons et nous confessons que notre Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, est Dieu et homme. Il est Dieu, de la substance du Père, engendré avant les siècles, et il est homme, de la substance de sa mère, né dans le temps ; Dieu parfait, homme parfait composé d'une âme raisonnable et de chair humaine, égal au Père selon la divinité, inférieur au Père selon l'humanité. Bien qu'il soit Dieu et homme, il n'y a pas cependant deux Christ, mais un Christ ; un, non parce que la divinité a été transformée en la chair, mais parce que l'humanité a été assumée en Dieu ; un absolument, non par un mélange de substance, mais par l'unité de la personne. Car, de même que l'âme raisonnable et le corps font un homme, de même Dieu et l'homme font un Christ. Il a souffert pour notre salut, il est descendu aux enfers, le troisième jour il est ressuscité des morts, il est monté aux cieux, il siège à la droite du Père, d'où il viendra juger les vivants et les morts. A sa venue, tous les hommes ressusciteront avec leurs corps et rendront compte de leurs propres actes : ceux qui ont bien agi iront dans la vie éternelle, ceux qui ont mal agi, au feu éternel. Telle est la foi catholique : si quelqu'un n'y croit pas fidèlement et fermement, il ne pourra être sauvé. Soli Deo Gloria. »
Nous sommes loin des paroles de Paul :
« Aussi est-il écrit : Je détruirai la sagesse des sages, et j'anéantirai l'intelligence des intelligents.
« Où est le sage ? où est le scribe ? où est le disputeur de ce siècle ? Dieu n'a-t-il pas convaincu de folie la sagesse du monde ?
« Car puisque le monde, avec sa sagesse, n'a point connu Dieu dans la sagesse de Dieu, il a plu à Dieu de sauver les croyants par la folie de la prédication. Les Juifs demandent des miracles et les Grecs cherchent la sagesse : nous, nous prêchons Christ crucifié ; scandale pour les Juifs et folie pour les païens, mais puissance de Dieu et sagesse de Dieu pour ceux qui sont appelés, tant Juifs que Grecs. Car la folie de Dieu est plus sage que les hommes, et la faiblesse de Dieu est plus forte que les hommes » (1 Corinthiens 1:19-25).
Saint Augustin
On ne saurait mieux résumer l'évolution de la pensée qui a conduit à la conception que se fait de Dieu le christianisme traditionnel qu'en retraçant le cheminement de celui qui allait devenir le plus grand théoricien du catholicisme, saint Augustin (354-430), tel qu'il apparaît dans les Confessions.
Augustin naît d'un père païen et d'une mère profondément croyante, qui vont lui faire faire les meilleures études qu'ils peuvent. Bon élève, il peut dire : « Je tenais déjà le premier rang dans les écoles de Rhétorique : ce qui… me rendait tout enflé d'orgueil » (III, 3, p. 93). Il mène une vie dissolue, mais il y a en lui une soif d'absolu qui va réorienter graduellement le cours de son existence.
À 19 ans, la lecture d'un livre de Cicéron suscite en lui un amour profond pour la sagesse : « Ce livre, qui… contient une exhortation à la Philosophie, me toucha de telle sorte qu'il changea mes affections… je brûlais d'un amour ardent et d'une passion incroyable d'acquérir cette sagesse immortelle, et j'avais déjà commencé à me lever afin de retourner à vous. » (III, 4, p. 94)
Mais comme tous les intellectuels de son époque, il méprise la religion chrétienne qu'il considère comme infantile :
« Je résolus de m'appliquer à lire l'Écriture sainte, pour connaître ce que c'était. Et je reconnus par expérience et non par lumière, que c'est un livre qui ne peut être pénétré par les superbes, ni entendu par les enfants : qui paraissant bas dans l'entrée, se trouve fort élevé dans la suite ; et dont la doctrine est voilée de mystères et de figures… elle me semblait indigne d'être comparée à la majesté du style de Cicéron. Mon orgueil méprisait sa simplicité, et mes yeux n'étaient pas assez clairs ni assez perçants pour découvrir ses beautés cachées. Il est vrai que paraissant basse pour s'accommoder aux  humbles et aux petits, elle croît avec eux… mais je dédaignais d'être petit : la vanité dont j'étais enflé me faisait croire que j'étais grand. » (III, 5, p. 96)
En 373, il adhère au Manichéisme, qui le séduit un certain temps. Mais au fil des années, la déception s'installe et il abandonnera définitivement le Manichéisme en 386. En 384, il est nommé professeur de rhétorique à Milan. C'est là qu'il entend prêcher un personnage d'une très grande réputation, l'évêque Ambroise. C'est cette prédication qui va tout changer pour lui. Ce qui l'a jusqu'alors empêché de devenir chrétien (catholique), ce sont les croyances qu'il attribue à l'Église, apparemment ce qu'il entend autour de lui et qu'il trouve inadmissible.
Par  exemple, il ne peut pas admettre que Dieu ait une forme humaine :
« Je ne savais pas que Dieu est un pur esprit qui n'a point de membres, qui n'a ni longueur ni largeur, ni cette étendue qui est propre au corps, parce qu'un corps est toujours moins grand dans sa partie que dans son tout ; et qu'encore qu'il fût infini il serait toujours moins grand dans un certain espace que dans toute son étendue infinie, ne pouvant jamais être tout entier en chaque lieu ; ce qui n'est propre qu'à Dieu… » (III, 7, p. 101).
« Il me semblait qu'il était honteux pour vous de croire que vous eussiez une figure humaine semblable à la nôtre, et que vous fussiez composé de membres et de parties qui eussent les mêmes traits et les mêmes linéaments qu'a notre corps, et qui fussent renfermés dans une aussi petite circonférence. Mais la principale chose et presque la seule qui m'entretenait dans l'erreur et me mettait dans une impossibilité d'en sortir, était que, lorsque je me voulais former une idée de Dieu, je me représentais toujours quelque chose de corporel et de sensible, m'imaginant que ce qui n'avait point de corps n'avait point d'être. » (V, 10, p. 171)
« …que vous fussiez borné et renfermé de tous côtés dans la circonférence si petite d'un corps humain, qui était l'opinion chimérique que les Manichéens faisaient passer pour la Foi de votre Église. » (V, 10, p. 172)
Mais les Manichéens n'étaient manifestement pas les seuls à enseigner que Dieu avait un corps. Les catholiques « les moins spirituels », sans doute le commun du peuple, le croyaient aussi, probablement parce que les croyances populaires sont plus conservatrices et préservent mieux les enseignements du passé : 
« Mais lorsque j'eus aussi appris, qu'encore que les plus spirituels d'entre vos enfants que vous avez, mon Dieu, engendrés dans votre grâce dans le sein de l'Église Catholique, qui est leur Mère, croient que vous avez formé l'homme à votre image, ils ne croient pas toutefois que vous soyez renfermé dans les limites d'une forme humaine et d'un corps humain… comme vous n'êtes point composé de parties dont les unes soient plus grandes ou plus petites que les autres, mais qu'étant tout entier en chaque lieu vous n'êtes néanmoins en aucun lieu, vous n'avez aussi nullement cette forme corporelle que je m'imaginais alors, quoique l'homme que vous avez créé à votre image soit compris entièrement dans un espace limité de toutes parts. » (VI, 3, p. 187)
Il semble que ni sa mère, ni le catéchisme, qu'Augustin avait suivi dans son enfance, ne lui aient enseigné que Dieu était immatériel. Mais la prédication d'Ambroise va mettre les pendules à l'heure pour Augustin en lui démontrant qu'il ne faut pas comprendre la Bible littéralement, mais au sens figuré :
« …En tirant les voiles mystiques il [Ambroise] découvrait les sens cachés des passages qui à les interpréter selon la lettre semblent enseigner une mauvaise doctrine… » (VI, 4, p. 189)
« Après lui avoir entendu expliquer souvent avec une merveilleuse clarté quelques passages des plus difficiles et des plus obscurs de l'Ancien Testament, qui faisaient mourir mon âme lorsque je les interprétais selon la lettre qui tue…
« C'est pourquoi, après lui avoir vu expliquer selon le sens spirituel et allégorique plusieurs endroits de la vieille Loi, je commençai à condamner cette fausse croyance que j'avais eue qu'il fût impossible de répondre à ceux qui font mille railleries, et vomissent mille blasphèmes contre la Loi et les Prophètes. » (V, 14, pp. 177-178)
Augustin respire :
« C'est déjà beaucoup que les passages de l'Écriture sainte ne me semblent plus absurdes et insoutenables, comme je les avais crus auparavant ; mais que je reconnaisse au contraire qu'on les peut fort bien soutenir, et d'une manière qui ne choque nullement la raison » (VI, 11, 206).
Et comment Augustin explique-t-il le fait que la Bible dit des choses « absurdes et insoutenables ? » C'est que « le peuple juif était si grossier et si charnel, que Moïse ne jugeait pas à propos de leur parler d'autres ouvrages de Dieu que de ceux qui sont visibles et corporels. » (XII, 17, p. 468)
« L'Église Catholique n'enseigne pas ce que je pensais : elle est très éloignée des erreurs dont je l'accusais si injustement ; ceux qui sont instruits dans sa doctrine condamnent comme un blasphème cette pensée, que Dieu soit renfermé dans la circonférence d'un corps humain. » (VI, 11, p. 206)
La voie est libre pour sa conversion au catholicisme. En 386, près d'un an avant son baptême, il est ébloui par la découverte de la pensée néo-platonicienne (Plotin, Porphyre VII, 9-10), qui lui font comprendre la divinité du Verbe éternel.
Augustin va dorénavant poursuivre l'œuvre de ses prédécesseurs d'helléniser le christianisme. On va retrouver dans ses enseignements la conception platonicienne de Dieu en tant que moteur premier, immatériel, immobile, hors de l'espace et hors du temps :
« Mais, mon Dieu… Comment avez-vous fait le ciel et la terre ? Certes, vous  n'avez pas créé le ciel et la terre, ni dans le ciel, ni dans la terre, ni dans l'air, ni dans les eaux, puisque toutes ces choses sont comprises dans le ciel et dans la terre. Vous n'avez pas non plus créé tout ce grand univers dans l'univers, parce qu'avant qu'il fût créé il n'y avait point de place dans laquelle on le pût créer pour lui donner l'être. Vous n'aviez  rien entre les mains dont vous pussiez former quelque chose, si auparavant vous ne l'aviez faite elle-même, puisque votre être est la cause de tous les êtres ? » (XI, 6, pp. 412-13)
« L'éternité… n'a rien en soi qui se passe, mais… tout y est présent ; ce qui ne se rencontre point dans le temps… puisque tout le passé est chassé par l'avenir, et que tout l'avenir succède au passé… cette éternité qui n'est ni passée ni future, forme tous les temps passés et futurs en demeurant toujours immobile. » (XI, 11, p. 418)
« Vous êtes seul éternel et immortel, parce que vous ne changez jamais ni par aucune nouvelle forme, ni par aucun mouvement, et que votre volonté n'est jamais diverse en divers temps. » (XII, 11, p. 457).
Pour ce qui est de la question : Que faisait Dieu avant la création du monde ? Il répond que le problème ne se pose pas puisque c'est Dieu qui a créé le temps :
« Puisque vous êtes l'auteur et le Créateur de tous les siècles, comment les siècles innombrables auraient-ils pu se passer si vous ne les aviez créés ? Ou quel temps aurait-il pu y avoir, s'il n'avait été formé par vous ?… et ainsi il ne se peut point faire qu'il se soit passé du temps avant que vous fissiez le temps… Vos années demeurent toutes ensemble dans une stabilité immuable, parce qu'elles sont stables et permanentes. » (XI, 13, pp. 420-21)
Comme il ne peut rien exister en dehors de Dieu, il a fatalement fallu qu'il crée l'univers à partir de rien :
« Car vous avez créé le ciel et la terre, non pas de votre substance, puisqu'ils auraient été égaux à votre Fils unique, et par conséquent à vous, et qu'il n'y aurait point d'apparence que ce qui n'est pas en vous fût égal à vous. Or il n'y avait nulle autre chose hors de vous, mon Dieu, unité suprême et ineffable Trinité, dont vous l'eussiez pu former, et partant vous avez fait de rien le ciel et la terre, c'est-à-dire quelque chose d'excellent, et quelque chose qui n'est presque rien. » (XII, 7, p. 453)
L'influence d'Augustin sera telle que plus personne ne contestera cette vision philosophique de Dieu et que le monde chrétien l'acceptera sans discussion et ceci d'autant plus que la culture occidentale est imprégnée de la pensée grecque et romaine.
Cela explique que quand les saints des derniers jours, forts de la Première Vision de Joseph Smith, enseignent que « le Père a un corps de chair et d'os aussi tangible que celui de l'homme, le Fils aussi ; mais le Saint-Esprit n'a pas de corps de chair et d'os, c'est un personnage d'esprit » (D&A 130:22), pour les chrétiens traditionnels, il s'agit là d'un retour à une conception rétrograde de Dieu, qu'ils assimilent à celle de la mythologie où les dieux avaient une forme humaine… et des défauts humains.
Une certitude reste : la conception chrétienne traditionnelle de Dieu n'est pas biblique. Elle n'est pas le produit de la révélation, mais d'un consensus péniblement atteint par des hommes utilisant leur seul raisonnement et qui débouche sur un tissu de contradictions que nous devons croire sans le comprendre, car c'est un « mystère ».
Les saints des derniers jours ont, eux, une autre certitude, celle de Joseph Smith, qui a vu Dieu le Père et son Fils, Jésus-Christ, confirmant par l'observation directe que l'on peut en toute confiance laisser la Bible dire ce qu'elle dit.
Ce que la Bible dit 
La ressemblance physique de l'homme avec Dieu
L'étude attentive des premiers chapitres de la Genèse nous apprend déjà l'essentiel : « Dieu dit : Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance…  Dieu créa l'homme à son image, il le créa à l'image de Dieu, il créa l'homme et la femme » (Genèse 1:26-27). 
« Lorsque Dieu créa l'homme, il le fit à la ressemblance de Dieu… Adam, âgé de cent trente ans, engendra un fils à sa ressemblance, selon son image, et il lui donna le nom de Seth » (Genèse 5:1, 3).
Le parallèle entre la ressemblance de Seth avec Adam et d'Adam avec Dieu est clairement délibéré : il s'agit bel et bien d'une ressemblance physique dans l'esprit de l'auteur sacré.
« L'Éternel Dieu dit : Voici l'homme est devenu comme l'un de nous, pour la connaissance du bien et du mal » (Genèse 3:22).
Le Père et le Fils
Qui était donc là avec Dieu ? La réponse incontestable découle du premier chapitre de l'évangile de Jean. Celui-ci a clairement voulu que le début de son évangile rappelle au lecteur le début de la Genèse. Les versets 1-5 contiennent les mêmes idées que Genèse 1-3 : le commencement, la création, la lumière, les ténèbres :
« Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. Elle était au commencement avec Dieu. Toutes choses ont été faites par elle, et rien de ce qui a été fait n'a été fait sans elle. En elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes. La lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont point reçue » (Jean 1:1-5).
Qui était la Parole ? Jean le précise de telle façon qu'on ne puisse s'y tromper :
« Et la Parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité ; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme la gloire du Fils unique venu du Père. Jean lui a rendu témoignage, et s'est écrié : C'est celui dont j'ai dit : Celui qui vient après moi m'a précédé, car il était avant moi » (Jean 1:14-15).
C'est-à-dire Jésus-Christ. Avec cette allusion volontaire à la Genèse, Jean a voulu que nous comprenions bien que c'était Jésus, qui « était avec Dieu et était Dieu ».
Dans l'épisode où Adam et Ève sont chassés du jardin d'Eden, Dieu est appelé « JHVH Élohim ». Élohim est un pluriel et on peut très bien imaginer que ce sont le Père et le Fils qui sont apparus à Adam et à Ève, même si le verbe hébreu est au singulier (il est au pluriel dans 1:26).
Apparitions de Dieu dans l'Ancien Testament
De nombreux passages parlent des apparitions de Dieu :
« L'Éternel apparut à Abram, et dit : Je donnerai ce pays à ta postérité. Et Abram bâtit là un autel à l'Éternel, qui lui était apparu » (Genèse 12:7).
« L'Éternel lui apparut, et dit : Ne descends pas en Égypte, demeure dans le pays que je te dirai » (Genèse 26:2).
« L'Éternel lui apparut dans la nuit, et dit : Je suis le Dieu d'Abraham, ton père ; ne crains point, car je suis avec toi ; je te bénirai, et je multiplierai ta postérité, à cause d'Abraham, mon serviteur » (Genèse 26:24).
« Dieu s'éleva au-dessus de lui, dans le lieu où il lui avait parlé » (Genèse 35:13)
« Jacob dit à Joseph : Le Dieu tout-puissant m'est apparu à Luz, dans le pays de Canaan, et il m'a béni » (Genèse 48:3)
« L'ange de l'Éternel lui apparut dans une flamme de feu, au milieu d'un buisson. Moïse regarda ; et voici, le buisson était tout en feu, et le buisson ne se consumait point. Moïse dit : Je veux me détourner pour voir quelle est cette grande vision, et pourquoi le buisson ne se consume point. L'Éternel vit qu'il se détournait pour voir ; et Dieu l'appela du milieu du buisson, et dit : Moïse ! Moïse ! Et il répondit : Me voici ! Dieu dit : N'approche pas d'ici, ôte tes souliers de tes pieds, car le lieu sur lequel tu te tiens est une terre sainte. Et il ajouta : Je suis le Dieu de ton père, le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob. Moïse se cacha le visage, car il craignait de regarder Dieu » (Exode 3:2-6).
« Dieu parla encore à Moïse, et lui dit : Je suis l'Éternel. Je suis apparu à Abraham, à Isaac et à Jacob, comme le Dieu tout-puissant ; mais je n'ai pas été connu d'eux sous mon nom, l'Éternel » (Exode 6:2-3).
« Ainsi l'Éternel descendit sur la montagne de Sinaï, sur le sommet de la montagne ; l'Éternel appela Moïse sur le sommet de la montagne. Et Moïse monta » (Exode 19:20).
« Moïse monta avec Aaron, Nadab et Abihu, et soixante-dix anciens d'Israël. Ils virent le Dieu d'Israël ; sous ses pieds, c'était comme un ouvrage de saphir transparent, comme le ciel lui-même dans sa pureté. Il n'étendit point sa main sur l'élite des enfants d'Israël. Ils virent Dieu, et ils mangèrent et burent » (Exode 24:9-11).
« L'Éternel parlait avec Moïse face à face, comme un homme parle à son ami » (Exode 33:11).
« L'Éternel dit : Tu ne pourras pas voir ma face, car l'homme ne peut me voir et vivre. L'Éternel dit : Voici un lieu près de moi ; tu te tiendras sur le rocher. Quand ma gloire passera, je te mettrai dans un creux du rocher, et je te couvrirai de ma main jusqu'à ce que j'aie passé. Et lorsque je retournerai ma main, tu me verras par derrière, mais ma face ne pourra pas être vue » (Exode 33:20-23).
« Il n'en est pas ainsi de mon serviteur Moïse. Il est fidèle dans toute ma maison. Je lui parle bouche à bouche, je me révèle à lui sans énigmes, et il voit une représentation de l'Éternel » (Nombres 12:7).
Dieu apparaît aussi à Salomon (1 Rois 3:5 ; 1 Rois 9:2 ; 1 Rois 11:9).
« Et Michée dit : ... J'ai vu l'Éternel assis sur son trône, et toute l'armée des cieux se tenant auprès de lui, à sa droite et à sa gauche » (1 Rois 22:19).
« L'année de la mort du roi Ozias [dit Ésaïe], je vis le Seigneur assis sur un trône très élevé, et les pans de sa robe remplissaient le temple... Alors je dis : Malheur à moi ! je suis perdu, car je suis un homme dont les lèvres sont impures, j'habite au milieu d'un peuple dont les lèvres sont impures, et mes yeux ont vu le Roi, l'Éternel des armées » (Ésaïe 6:1, 5).
Ézéchiel fait cette description saisissante :
« Au-dessus du ciel qui était sur leurs têtes, il y avait quelque chose de semblable à une pierre de saphir, en forme de trône ; et sur cette forme de trône apparaissait comme une figure d'homme placé dessus en haut. Je vis encore comme de l'airain poli, comme du feu, au dedans duquel était cet homme, et qui rayonnait tout autour ; depuis la forme de ses reins jusqu'en haut, et depuis la forme de ses reins jusqu'en bas, je vis comme du feu, et comme une lumière éclatante, dont il était environné. Tel l'aspect de l'arc qui est dans la nue en un jour de pluie, ainsi était l'aspect de cette lumière éclatante, qui l'entourait : c'était une image de la gloire de l'Éternel. A cette vue, je tombai sur ma face, et j'entendis la voix de quelqu'un qui parlait » (Ézéchiel 1:26-28).
Dans le Nouveau Testament
« Mais Etienne, rempli du Saint-Esprit, et fixant les regards vers le ciel, vit la gloire de Dieu et Jésus debout à la droite de Dieu. Et il dit : Voici, je vois les cieux ouverts, et le Fils de l'homme debout à la droite de Dieu » (Actes 7:55-56).
Paul s'adressant aux Athéniens sur l'Aréopage : « C'est ce qu'ont dit aussi quelques-uns de vos poètes : Nous sommes de sa race … Ainsi donc, étant la race de Dieu, nous ne devons pas croire que la divinité soit semblable à de l'or, à de l'argent, ou à de la pierre, sculptés par l'art et l'industrie de l'homme » (Actes 17:29).
« Bien-aimés, nous sommes maintenant enfants de Dieu, et ce que nous serons n'a pas encore été manifesté ; mais nous savons que, lorsque cela sera manifesté, nous serons semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu'il est » (1 Jean 3:2).
Jésus-Christ, révélation du Père
Nous disposons donc d'une série importante de témoignages dans laquelle l'anthropomorphisme de Dieu est clairement exprimé. Cela apparaît également dans les passages relatifs à Jésus :
« Philippe lui dit : Seigneur, montre-nous le Père, et cela nous suffit. Jésus lui dit : Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne m'as pas connu, Philippe ! Celui qui m'a vu a vu le Père ; comment dis-tu : Montre-nous le Père ? » (Jean 14:8-9).
« Il [Jésus-Christ] est l'image du Dieu invisible, le premier-né de toute la création » (Colossiens 1:15).
« Car en lui habite corporellement toute la plénitude de la divinité » (Colossiens 2:9).
« … et qui [Jésus-Christ], étant le reflet de sa gloire et l'empreinte de sa personne, et soutenant toutes choses par sa parole puissante, a fait la purification des péchés et s'est assis à la droite de la majesté divine dans les lieux très hauts… » (Hébreux 1:3).
Ce qui précède est on ne peut plus clair, même si certains objectent, en disant que c'est là une manière figurée de s'exprimer ou que Dieu emprunte la forme d'un corps pour se montrer. Cependant la Bible ne dit nulle part que Dieu est immatériel et sans forme et qu'il prend une forme corporelle pour se montrer. L'objection est donc basée sur une façon extra-biblique de concevoir Dieu.
Objections
Peut-on voir Dieu ?
En plus d'Exode 33:23, quatre autres passages d'Écriture, dont trois ont Jean pour auteur, semblent aller à l'encontre de ce qui précède :
« Personne n'a jamais vu Dieu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, est celui qui l'a fait connaître » (Jean 1:18).
« Personne n'a jamais vu Dieu ; si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et son amour est parfait en nous » (1 Jean 4:12).
« Ce n'est pas que personne ait vu le Père, sinon celui qui vient de Dieu ; celui-là a vu le Père » (Jean 6:46).
« … Jésus-Christ, que manifestera en son temps le bienheureux et seul souverain, le roi des rois, et le Seigneur des seigneurs, qui seul possède l'immortalité, qui habite une lumière inaccessible, que nul homme n'a vu ni ne peut voir, à qui appartiennent l'honneur et la puissance éternelle. Amen ! » (1Timothée 6:15-16).
Joseph Smith apporte les corrections suivantes dans la Traduction inspirée de la Bible :
Jean 1:18 : « Personne n'a jamais vu Dieu sans rendre témoignage du Fils ; car si ce n'est par son intermédiaire, nul ne peut être sauvé. »
1 Jean 4:12 : « Personne n'a jamais vu Dieu, si ce n'est ceux qui croient ; si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et son amour est parfait en nous. »
1 Timothée 6:15-16 : « …Jésus-Christ, que manifestera en son temps le bienheureux et seul souverain, le roi des rois, et le Seigneur des seigneurs, à qui soient l'honneur et la puissance éternels, que nul homme n'a vu ni ne peut voir, que nul ne peut approcher, si ce n'est celui en qui demeurent la lumière et l'espérance de l'immortalité. »
Indépendamment de ces corrections, il faut remarquer que ces passages ne concernent que le Père et n'affectent donc que les visions où Jésus est vu à la droite de son Père, c'est-à-dire celles d'Etienne et de Joseph Smith. Le Dieu de l'Ancien Testament étant Jésus-Christ.
Dieu est-il un esprit ?
On oppose parfois à l'idée que Dieu a un corps de chair et d'os, le dialogue entre Jésus et la Samaritaine ou Jésus semble dire que Dieu est un esprit :
« Seigneur, lui dit la femme, je vois que tu es prophète. Nos pères ont adoré sur cette montagne ; et vous dites, vous, que le lieu où il faut adorer est à Jérusalem. Femme, lui dit Jésus, crois-moi, l'heure vient où ce ne sera ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père. Vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs. Mais l'heure vient, et elle est déjà venue, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ; car ce sont là les adorateurs que le Père demande. Dieu est esprit, et il faut que ceux qui l'adorent l'adorent en esprit et en vérité » (Jean 4:19-24).
L'examen du texte grec montre que le propos de Jésus n'est pas d'affirmer la nature de Dieu, mais de jouer sur la préposition « ènn », qui veut dire « en » pour montrer comment il faut adorer Dieu. Traduit littéralement, le dialogue donne ceci :
« Seigneur, lui dit la femme, je vois que tu es prophète. Nos pères ont adoré en cette montagne ; et vous dites, vous, que le lieu où il faut adorer est en Jérusalem. Femme, lui dit Jésus, crois-moi, l'heure vient où ce ne sera ni en cette montagne ni en Jérusalem que vous adorerez le Père. Vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs. Mais l'heure vient, et elle est déjà venue, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ; car ce sont là les adorateurs que le Père demande. Dieu est esprit, et il faut que ceux qui l'adorent l'adorent en esprit et en vérité ». Autrement dit : le culte n'est pas une affaire de lieu, mais une affaire de communication d'esprit à esprit.
Conclusion
Pour la Bible et les premiers chrétiens Dieu a une forme humaine. Il est l'Homme parfait. Il aime, s'irrite, compatit, pardonne, châtie, est patient, etc. C'est un Dieu que nous n'avons aucun mal à considérer comme notre Père et à aimer comme tel. Le christianisme traditionnel en a fait un être qui est « le totalement Autre », n'ayant aucun point commun avec nous. Il est immatériel, immobile et impassible, et on peut se demander, dans ces conditions, comment il pourrait avoir une affinité quelconque avec nous. Peut-être est-ce pour cela qu'on a substitué à son culte celui de la vierge et des saints, plus proches des hommes.
En tout état de cause, ce Dieu est celui de la philosophie, le fruit des débats de plusieurs conciles, pas de la révélation. C'est donc un Dieu imaginé par les hommes. Quel crédit pouvons-nous accorder à cette façon de définir Dieu ? Comme le disait Joseph Smith, qui était bien placé pour savoir de quoi il parlait : « Si vous pouviez regarder cinq minutes dans le ciel, vous en sauriez plus que vous n'en sauriez en lisant tout ce qui a jamais été écrit sur le sujet. »



Dieu et la  Sainte Trinité
James E. Talmage (1862-1933)
Président de l'université d'Utah de 1894 à 1897
Membre du collège des Douze de 1911 à 1933
  
L'existence de Dieu
      Puisque la foi en Dieu constitue le fondement de la croyance et de la pratique religieuse et vu qu'il est essentiel de connaître les attributs et la nature de la Divinité pour manifester sa foi en elle d'une manière intelligente, ce sujet réclame la première place dans notre étude des doctrines de l'Église.

      L'existence de Dieu n'est guère matière à dispute rationnelle ; elle ne demande pas non plus de preuve par les faibles démonstrations de la logique de l'homme, car le fait est admis par la famille humaine, sans être pratiquement mis en doute, et la conscience d'une sujétion à un pouvoir suprême est un attribut inné de l'humanité. Les Écritures anciennes ne se consacrent pas à démontrer avant tout l'existence de Dieu ni à attaquer les sophismes de l'athéisme et de ce fait, nous pouvons déduire que les erreurs du doute se développèrent à une période plus tardive. L'assentiment universel de l'humanité au sujet de l'existence de Dieu le confirme du moins fortement. Il y a, dans la nature humaine, une passion filiale qui lance ses feux vers le ciel. Chaque nation, chaque tribu, chaque individu soupire après quelque objet d'adoration. Il est de la nature de l'homme d'adorer ; son âme n'est satisfaite que lorsqu'elle trouve une divinité. Lorsque les hommes, par la transgression, tombèrent dans les ténèbres au sujet du Dieu vrai et vivant, ils se donnèrent d'autres divinités et c'est ainsi que naquirent les abominations de l'idolâtrie. Et cependant, même les plus révoltantes de ces pratiques témoignent de l'existence d'un Dieu, en montrant la passion héréditaire de l'homme pour le culte.

      Les preuves sur lesquelles l'humanité base sa conviction de l'existence d'un Être suprême, peuvent être rangées, pour en faciliter l'étude, dans les trois catégories suivantes

1. Le témoignage de l'histoire de la tradition.

2. Le témoignage de l'exercice de la raison humaine.

3. Le témoignage concluant de la révélation directe de Dieu.

1. L'histoire et la tradition
      L'histoire écrite par l'homme et la tradition authentique transmise de génération en génération avant la date de tout écrit dont nous disposions actuellement, donnent des preuves que la Divinité existe réellement et qu'il y eut des rapports étroits et personnels entre Dieu et l'homme, aux premiers âges de l'existence humaine. Un des plus anciens écrits connus, la Sainte Bible, nomme Dieu comme Créateur de toutes choses (voir Genèse, chapitre 1 ; voir aussi Moïse, chapitre 2 et Abraham, chapitre 4, dans la Perle de Grand Prix) et, de plus, déclare qu'il s'est révélé personnellement à nos premiers parents terrestres et à beaucoup d'autres personnages saints dans les premiers temps du monde. Adam et Ève entendirent sa voix (voir Genèse 3:8 ; voir aussi Moïse 4:14) dans le Jardin et, même après leur transgression, ils continuèrent à prier Dieu et à lui offrir des sacrifices. Il est donc clair, qu'ils emportèrent, du Jardin, une connaissance personnelle de Dieu. Après leur expulsion, ils entendirent « la voix du Seigneur venant de la direction du Jardin d'Éden », mais ils ne le virent point ; et il leur donna des commandements auxquels ils obéirent. Alors, un ange se présenta devant Adam et le Saint-Esprit inspira l'homme et rendit témoignage du Père et du Fils (voir Moïse 5:6-9 dans la Perle de Grand Prix).

      Caïn et Abel apprirent à connaître Dieu, grâce aux enseignements de leurs parents aussi bien que par les manifestations qu'ils reçurent personnellement. Quand l'offrande d'Abel eut été acceptée et celle de Caïn rejetée, ce qui fut suivi du crime fratricide de Caïn, le Seigneur parla avec Caïn, et Caïn répondit au Seigneur (voir Genèse 4:9-16 ; voir aussi Moïse 5:22-26, 34-40). Caïn dut donc emporter, d'Éden, au pays où il alla vivre, une connaissance personnelle de Dieu (voir Genèse 4:16; voir aussi Moïse 5:41). Adam vécut neuf cent trente ans et beaucoup d'enfants lui naquirent. Il les instruisit dans la crainte de Dieu et beaucoup d'entre eux reçurent des manifestations directes. Des descendants d'Adam, Seth, Énoch, Kénan, Mahalaléel, Jéred, Hénoc, Métuschélah, et Lémec, le père de Noé, chacun représentant une génération distincte, vécurent tous du vivant d'Adam. Noé naquit cent vingt-six ans seulement après la mort d'Adam et, de plus, il vécut presque six cents ans avec son père Lémec, par lequel il fut, sans aucun doute, instruit dans les traditions relatives aux manifestations personnelles de Dieu, que Lémec avait apprises de la bouche d'Adam. Par Noé et sa famille, une connaissance de Dieu, par tradition directe, fut transmise après le déluge et de plus, Noé reçut des communications directes de Dieu (voir Genèse 6:13 ; 7:1-4 ; 8:15-17 ; 9:1-17) et vécut assez longtemps pour instruire dix générations de ses descendants. Ensuite vint Abraham qui jouit aussi d'une communion personnelle avec Dieu (voir Genèse chapitre 12 ; voir aussi Abraham 1:16-19 ; 2:6-11,19,22-24 ; 3 : 3-10,12-21,23) et, après lui, Isaac et Jacob ou Israël, parmi les descendants duquel le Seigneur accomplit de grands prodiges par l'intermédiaire de Moïse. Ainsi, n'y eût-il eu aucun récit écrit, la tradition aurait conservé et transmis la connaissance de Dieu.

      Mais même si les récits de la plus ancienne communion personnelle de l'homme avec Dieu s'étaient estompés avec le temps et s'étaient affaiblis dans leurs effets, ils n’auraient pu que faire place à d'autres traditions fondées sur des manifestations ultérieures de la personne divine. Le Seigneur se fit connaître à Moïse, non seulement derrière le rideau de feu et l'écran de nuages (voir Exode 3:4 ; 19:18 ; Nombres 12:5), mais par une communion face à face, grâce à laquelle l'homme vit même « la représentation » de son Dieu (Nombres 12:8 - La « Revised Version » anglaise dit : « la forme de l'Éternel », ndt ; voir aussi Moïse 1:1,2,11,31). Ce récit de communion directe entre Moïse et Dieu, à une partie de laquelle le peuple était autorisé à prendre part (voir Exode 19:9,11,17-20) dans la mesure où sa foi et sa pureté le permettaient, a été conservé par Israël à travers toutes les générations. Et d'Israël, les traditions de l'existence de Dieu se sont répandues dans le monde entier, de sorte que nous retrouvons des traces de cette ancienne connaissance même dans les mythologies perverties des nations païennes.


2. La raison humaine
      La raison humaine, se basant sur l'observation de la nature, déclare fortement l'existence de Dieu. L'esprit déjà imbu des vérités historiques de l'existence divine et de ses relations étroites avec l'homme, trouvera de tous côtés des preuves confirmatives dans la nature et même celui qui rejette le témoignage du passé et estime son propre jugement supérieur à la croyance commune des âges, ressent l'appel des preuves multiples de l'existence d'un but dans la nature. L'observateur est impressionné par l'ordre et le système manifeste de la création ; il note la succession régulière du jour et de la nuit, pourvoyant des périodes alternées de travail et de repos à l'homme, aux animaux et aux plantes ; la suite des saisons ayant, chacune, ses périodes plus longues d'activité et de récupération ; la dépendance mutuelle des animaux et des plantes ; le cycle de l'eau, de la mer aux nuages et, de nouveau, des nuages à la terre, avec ses effets bienfaisants. Quand l'homme se met en devoir d'examiner les choses de plus près, il découvre que, par l'étude et la recherche scientifique, ces preuves sont multipliées de nombreuses fois. Il peut apprendre les lois qui gouvernent la terre et les mondes qui lui sont associés dans leurs orbites, qui gardent les satellites subordonnés aux planètes et les planètes aux soleils ; il peut contempler les merveilles de l'anatomie des végétaux et des animaux ainsi que le mécanisme supérieur de son propre corps ; et comme ces appels à sa raison augmentent à chaque pas, sa perplexité concernant l'ordonnateur de tout cela fait place à l'adoration pour le Créateur dont la présence et le pouvoir sont ainsi proclamés avec tant de force ; et l'observateur devient un adorateur.

      Partout dans la nature, il y a évidence de la cause et de l'effet ; de tous côtés, il y a démonstration de moyens adaptés à une fin. Mais de telles adaptations, écrit un penseur, « indiquent une invention dans un but donné et l'invention est une preuve d'intelligence et l'intelligence est l'attribut de l'esprit, et l'esprit intelligent qui construisit cet univers prodigieux c'est Dieu ». Admettre l'existence d'un dessinateur par la preuve que constitue le dessin, dire qu'il doit y avoir un inventeur dans un monde d'inventions intelligentes, croire en un être qui adapte, quand la vie de l'homme dépend directement des adaptations les plus parfaites qu'on puisse concevoir, n'est qu'admettre des vérités qui vont de soi. Le soin de prouver la non-existence de Dieu doit être laissé à celui qui met en doute la vérité solennelle que Dieu vit. « Chaque maison est construite par quelqu'un ; mais celui qui a construit toutes choses, c'est Dieu » (Hébreux 3:4). Si claire que soit la vérité ainsi exprimée, il y en a, parmi les hommes, quelques-uns qui professent mettre en doute les preuves de la raison et nier l'auteur de leur propre existence. Étrange, n'est-ce pas, que ça et là, quelqu'un qui trouve dans l'ingéniosité dont fait preuve la fourmi qui bâtit sa maison, dans l'architecture de la ruche et dans les myriades d'exemples de l'existence d'un instinct de l'ordre parmi les moindres créatures vivantes, une preuve d'intelligence dont l'homme peut s'inspirer et tirer profit, mettra cependant en doute l'opération de l'intelligence dans la création des mondes et la constitution de l'univers ?

      La perception de l'homme lui parle de sa propre existence ; son observation lui prouve l'existence d'autres êtres de son espèce et d'ordres innombrables d'êtres organisés. Nous en concluons qu'il a toujours dû exister quelque chose, car s'il y avait eu un temps de non-existence, une période de néant, l'existence n'aurait jamais pu commencer, car rien ne peut provenir de rien. L'existence éternelle de quelque chose est donc un fait incontestable et la question qui demande réponse est : Quelle est cette chose éternelle - cette existence qui n'a ni commencement ni fin ? La manière et l'énergie sont des réalités éternelles ; mais la matière, d'elle-même, n'est ni vitale, ni active, ni la force, intelligente par elle-même ; cependant la vitalité et l'activité caractérisent les choses vivantes et les effets de l'intelligence sont universellement présents. La nature n'est pas Dieu ; et prendre l'un pour l'autre, c'est appeler l'édifice architecte, l'ouvrage inventeur, le marbre sculpteur et la chose le pouvoir qui la fit. Le système de la nature est la manifestation d'un ordre qui dénote une intelligence directrice ; et cette intelligence est de nature éternelle, du même âge que l'existence elle-même. La nature elle-même est la déclaration d'un être supérieur dont elle exhibe la volonté et le but, dans ses aspects variés. Au-delà et au-dessus de la nature il y a le Dieu de la nature.

      Bien que l'existence soit éternelle et que, par conséquent, il n'y ait jamais eu de commencement et qu'il n'y aura jamais de fin à l'être dans un sens relatif, chaque stade d'organisation doit avoir eu un commencement et, pour chaque phase de l'existence manifestée dans chacun des ordres innombrables de choses créées, il y a eu un premier comme il y aura un dernier ; quoique chaque fin ou consommation ne soit, dans la nature, qu'un autre commencement. Ainsi l'ingéniosité de l'homme a inventé des théories pour illustrer, sinon pour expliquer, une suite possible d'événements par lesquels la terre a été transformée d'un état de chaos à sa condition habitable actuelle ; mais, selon ces hypothèses, ce globe fut autrefois une sphère stérile, sur laquelle aucune des formes innombrables de la vie qui l'occupent maintenant n'aurait pu exister. Le théoricien doit donc admettre un commencement à la vie sur terre et un tel commencement n'est explicable que si l'on suppose un acte créateur, une génération spontanée ou un apport provenant du dehors de la terre. S'il admet que la vie a été introduite sur terre d'une autre sphère plus âgée, il ne fait que reculer les bornes de son enquête sur le commencement de la vie ; car expliquer l'origine d'un rosier qui se trouve dans notre jardin en disant qu'il fut transplanté sous forme de pousse provenant d'un rosier qui croissait ailleurs ne répond pas à la question de l'origine des roses. La science se trouve dans la nécessité d'attribuer un commencement aux phénomènes de la vie sur cette planète et admet que la terre a une durée limitée dans le cours de changement progressif actuel ; et il en va des corps célestes en général comme de la terre. L'éternité de l'existence n'indique donc pas plus positivement l'existence d'un souverain éternel que la suite sans fin de changements dont chaque phase a un commencement et une fin. La génération des choses créées, le commencement d'un univers organisé, sont absolument inexplicables, si on suppose que des changements spontanés se sont produits dans la matière ou qu'il y a eu des opérations fortuites ou accidentelles de ses propriétés.

      La raison humaine, si sujette à se tromper quand elle traite de questions de moindre importance, ne pourrait pas, d'elle-même, mener son possesseur à une connaissance convaincante de Dieu ; cependant l'exercice de la raison aidera l'homme dans sa recherche, fortifiant et confirmant l'instinct héréditaire qui le porte vers son Créateur. « L'insensé dit en son cœur : Il n'y a point de Dieu » (Psaumes 14:1). Dans ce passage, comme dans l'usage scriptural ailleurs, l'insensé (voir Psaumes 107:17 Proverbes 1:7 ; 10:21 ; 14:9) est un méchant qui a perdu sa sagesse en faisant le mal, jetant les ténèbres sur son esprit au lieu de la lumière et l'ignorance au lieu de la connaissance. Engagé dans une telle voie, l'esprit devient dépravé et incapable d'apprécier les arguments plus raffinés de la nature. Le pécheur volontaire devient sourd à la voix de l'intuition et de la raison dans les choses saintes, et perd le privilège de communier avec son Créateur, perdant ainsi les moyens les plus puissants de parvenir à une connaissance personnelle de Dieu.

 
3. La révélation
      La révélation donne à l'homme sa connaissance la plus sûre de Dieu. Les Écritures abondent en exemples où le Seigneur, plus particulièrement Jéhovah, s'est manifesté à ses prophètes dans les temps anciens comme dans les temps plus récents. Nous avons déjà noté que le fondement de nombreuses traditions qui se rapportent à l'existence et à la personnalité de Dieu est constituée par ses révélations de lui-même à Adam et à d'autres patriarches antédiluviens ; ensuite, à Noé, à Abraham, à Isaac, à Jacob et à Moïse. Un exemple brièvement mentionné dans la Genèse est celui d'Hénoc, le père de Métuschélah ; nous lisons de lui qu'il marcha avec Dieu (voir Genèse 5:18-24 ; voir aussi Hébreux 11:5 et Jude 14) et, de plus, que le Seigneur se manifesta, de façon particulièrement distincte, à ce juste prophète (voir Moïse chapitres 6 et 7), lui révélant le cours des événements jusqu'à l'époque du ministère prévu de Jésus dans la chair, le plan de salut par le sacrifice du Fils unique, et ce qui suivrait, jusqu'au jugement final.

      Quant à Moïse, nous lisons qu'il entendit la voix de Dieu, qui lui parla du milieu du buisson ardent sur le mont Horeb, disant : « Je suis le Dieu de ton Père, le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob. Moïse se cacha le visage, car il craignait de regarder Dieu » (Exode 3:6). Dieu apparut, dans une nuée, à Moïse et à Israël assemblés, accompagné du bruit terrifiant des tonnerres et des éclairs, sur le Sinaï : « Tu parleras ainsi aux enfants d'Israël : Vous avez vu que je vous ai parlé depuis les cieux » (Exode 20:18-22). Nous apprenons, au sujet d'une manifestation ultérieure : « Moïse monta avec Aaron, Nadab et Abihu, et soixante-dix anciens d'Israël. Ils virent le Dieu d'Israël ; sous ses pieds c'était comme un ouvrage de saphir transparent, comme le ciel lui-même dans sa pureté » (Exode 24:9,10).

      Au temps de Josué et des Juges et au cours du règne des Rois, le Seigneur manifesta sa présence et son pouvoir à Israël. Ésaïe vit le Seigneur sur son trône, au milieu d'une compagnie glorieuse, et il s'écria : « Malheur à moi ! Je suis perdu, car je suis un homme dont les lèvres sont impures, j'habite au milieu d'un peuple dont les lèvres sont impures, et mes yeux ont vu le roi, l'Éternel des Armées » (Ésaïe 6:1-5). À une période ultérieure, lorsque le Christ émergea des eaux du baptême, la voix du Père se fit entendre, déclarant : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toute mon affection » (Matthieu 3:16,17 ; Marc 1:11). Et à l'occasion de la transfiguration de notre Seigneur, la même voix répéta ces mêmes paroles glorieuses et solennelles (voir Matthieu 17:1-5 ; voir aussi Luc 9:35). Tandis qu'Étienne subissait le martyre que ses compatriotes, cruels et fanatiques, lui infligeaient, les cieux furent ouverts et il vit « la gloire de Dieu et Jésus debout à la droite de Dieu » (Actes 7:54-60).

      Le Livre de Mormon est rempli d'exemples de communications entre Dieu et son peuple, la plupart par des visions et par le ministère d'anges mais aussi par la manifestation directe de la présence divine. Ainsi, nous lisons qu'une colonie quitta la tour de Babel et se rendit sur le continent américain sous la conduite d'un homme, connu dans le récit sous le nom de frère de Jared. Au cours des préparatifs pour le voyage à travers l'océan, cet homme pria pour que le Seigneur touchât du doigt et rendît ainsi lumineuses certaines pierres pour que les voyageurs eussent de la lumière dans leurs vaisseaux. En réponse à cette requête, le Seigneur étendit la main et toucha les pierres, révélant son doigt qui, à la grande surprise de l'homme, ressemblait à un doigt humain. Alors le Seigneur, heureux de voir la foi de l'homme, se rendit visible et montra au frère de Jared que l'homme avait été littéralement formé à l'image de son Créateur (voir Éther, chapitre 3). Aux Néphites, qui habitaient le continent occidental, le Christ se révéla après sa résurrection et son ascension. À ces brebis du troupeau de l'ouest, il rendit témoignage du mandat qu'il avait reçu du Père, montra les blessures de ses mains, de ses pieds et de son côté, et servit de nombreuses façons les multitudes croyantes (voir 3 Néphi, chapitres 11 à 28).

      Dieu s'est révélé à son peuple au cours de la dispensation actuelle (ndlr : 
une dispensation de l'Évangile est une époque au cours de laquelle le Seigneur a au moins un serviteur autorisé sur la terre qui détient les clefs de la Sainte Prêtrise). Grâce à sa foi et à la sincérité de ses intentions, Joseph Smith, bien qu'encore tout jeune, obtint personnellement une manifestation de la présence de Dieu, et même le privilège de voir, ensemble, le Père éternel et Jésus-Christ, le Fils. Son témoignage de l'existence de Dieu ne dépend pas de la tradition ni de déductions étudiées ; il déclara au monde que Dieu le Père et Jésus-Christ, le Fils, sont tous deux vivants, car il avait vu leurs personnes et entendu leur voix. En plus de la manifestation citée, Joseph Smith et son compagnon de service, Sidney Rigdon, affirment que, le 16 février 1832, ils virent le Fils de Dieu et conversèrent avec lui dans une vision céleste. Décrivant cette manifestation, ils disent ceci : « Et tandis que nous méditions ces choses, le Seigneur toucha les yeux de notre intelligence et ils furent ouverts, et la gloire du Seigneur resplendit tout à l'entour. Et nous vîmes la gloire du Fils, à la droite du Père, et reçûmes de sa plénitude. Nous vîmes les saints anges et ceux qui sont sanctifiés devant son trône, adorant Dieu et l'Agneau, qu'ils adorent pour toujours et à jamais. Et maintenant, après les nombreux témoignages qui ont été rendus de lui, voici le témoignage, le dernier de tous, que nous rendons de lui : Qu'il vit ! Car nous le vîmes, et ce à la droite de Dieu ; et nous entendîmes la voix rendre témoignage qu'il est le Fils unique du Père - que par lui, à travers lui et en lui, les mondes sont et furent créés, et que les habitants en sont des fils et des filles engendrés pour Dieu » (D&A 76:19-24).

      De nouveau, le 3 avril 1836, dans le Temple de Kirtland, en Ohio, le Seigneur se manifesta à Joseph Smith et à Oliver Cowdery, qui décrivent l'événement comme suit : « Nous vîmes le Seigneur debout sur la balustrade de la chaire, devant nous ; sous ses pieds, il y avait un pavement d'or pur, d'une couleur semblable à l'ambre. Ses yeux étaient de flamme, ses cheveux étaient blancs comme la neige immaculée, son visage était plus brillant que l'éclat du soleil et sa voix était comme le bruit du déferlement des grandes eaux, savoir la voix de Jéhovah, disant : Je suis le premier et le dernier ; je suis celui qui vit, je suis celui qui a été immolé ; je suis votre avocat auprès du Père » (D&A 110:2-4).


La Divinité : La Trinité
      Trois personnages, composant le grand conseil président de l'univers, se sont révélés à l'homme : (1) Dieu, le Père éternel ; (2) son Fils Jésus-Christ et (3) le Saint-Esprit. Les récits acceptés des rapports divins avec l'homme démontrent que ces trois Êtres sont des individus séparés, physiquement distincts l'un de l'autre. À l'occasion du baptême du Sauveur, Jean reconnut le signe du Saint-Esprit ; il vit devant lui, dans un corps de chair, le Christ auquel il venait d'administrer la sainte ordonnance et il entendit la voix du Père (voir Matthieu 3:16,17 ; voir aussi Marc 1:9-11 ; Luc 3:21,22). Les trois personnages de la Divinité étaient présents, se manifestant chacun d'une façon différente et chacun distinct des autres. Plus tard, le Sauveur promit à ses disciples que le Consolateur (voir Jean 14:26 ; 15:26), qui est le Saint-Esprit, leur serait envoyé par son Père ; ici encore les trois membres de la Divinité sont définis séparément. Étienne, au moment de son martyre, fut béni du pouvoir de vision céleste et vit Jésus à la droite de Dieu (voir Actes 7:55, 56). Joseph Smith, alors qu'il invoquait le Seigneur en une ardente prière, vit le Père et le Fils debout au milieu d'une lumière qui dépassait en clarté celle du soleil et l'un d'eux déclara en montrant l'autre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé. Écoute-le ! » Chacun des membres de la Trinité est appelé Dieu (voir 1 Corinthiens 8:6 ; Jean 1:1-14 ; Matthieu 4:10 ; 1 Timothée 3:16 ; 1 Jean 5:7 Mosiah 15:1,2) ; ensemble, ils constituent la Divinité.


Unité de la Divinité
      La Divinité est un type d'unité dans les attributs, les pouvoirs et les buts de ses membres. Jésus, alors qu'il se trouvait sur terre (voir Jean 10:30,38 ; 17:11,22), se manifestant à ses serviteurs néphites (voir 3 Néphi 11:27,36 ; 28:10 ; voir aussi Alma 11:44 ; Mormon 7:7), a témoigné souvent de l'union qui existait entre le Père et lui et entre eux et le Saint-Esprit. Rationnellement, on ne peut pas interpréter cela comme signifiant que le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont un en substance et en personne ni que les noms représentent le même personnage sous différents aspects. Une seule référence suffira à prouver l'erreur de tout point de vue de ce genre. Immédiatement avant d'être trahi, le Christ pria pour ses disciples, les Douze et les autres convertis, pour qu'ils fussent préservés dans leur union (voir Jean 17:11-21) « afin qu'ils soient parfaitement un » comme le Père et le Fils sont un. Nous ne pouvons pas supposer que le Christ pria pour que ses disciples perdissent leur individualité et ne devinssent qu'une personne, même si un changement aussi directement opposé à la nature eût été possible. Le Christ désirait que tous fussent unis de cœur, ayant la même volonté et le même but, car telle est l'unité qui existe entre son Père et lui, et entre eux et le Saint-Esprit.

      Cette unité est un modèle de perfection ; la volonté de n'importe quel membre de la Trinité est la volonté des autres ; voyant, comme chacun d'eux le fait, avec l’œil de la perfection, ils voient et comprennent de la même façon. Dans n'importe quelle circonstance donnée, chacun agirait de la même manière, guidé par les mêmes principes de justice et d'équité infaillibles. L'unité de la Divinité dont les Écritures témoignent si abondamment, n'implique aucune union mystique de substance, ni aucune fusion contre nature et, par là, impossible de personnalités. Père, Fils et Saint-Esprit sont aussi distincts l'un de l'autre dans leur personne et leur individualité que trois personnages quelconques dans la mortalité. Cependant leur unité de but et d'action est telle que leurs décisions sont unanimes et leur volonté la volonté de Dieu. Le Père et le Fils sont semblables même en apparence physique, c'est pourquoi, alors que Philippe l'importunait pour qu'il lui montrât le Père, le Christ lui parla en ces termes : « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne m'as pas connu, Philippe ! Celui qui m'a vu a vu le Père ; comment dis-tu : Montre-nous le Père ? Ne crois-tu pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ? Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même, et le Père, qui demeure en moi, c'est lui qui fait les oeuvres. Croyez-moi, je suis dans le Père et le Père est en moi » (Jean 14:9-11 ; voir aussi Hébreux 1:3).


Personnalité de chaque membre de la Divinité
      Les preuves déjà présentées montrent clairement que le Père est un être personnel, possédant une forme définie, des parties corporelles et des passions spirituelles. Jésus-Christ, qui était avec le Père (voir Jean 17:5), en esprit, avant de venir habiter dans la chair et par qui les mondes furent créés (voir Jean 1:3 ; Hébreux 1:2 ; Éphésiens 3:9 ; Colossiens 1:16), vécut, homme parmi les hommes, avec toutes les caractéristiques physiques d'un être humain ; après sa résurrection, il apparut sous la même forme (voir Jean 20:14,15,19,20,26,27 ; 21:1-14 ; Matthieu 28:9 ; Luc 24:15-31, 36-44) ; c'est sous cette forme qu'il monta aux cieux (voir Actes 1:9-11) et c'est sous cette forme qu'il se manifesta aux Néphites et aux prophètes modernes. Nous sommes assurés que le Christ était à l'image expresse de son Père (voir Hébreux 1:3 ; Colossiens 1:15 ; 2 Corinthiens 4:4), à l'image duquel l'homme aussi a été créé (voir Genèse 1:26,27 ; Jaques 3:8,9). C'est pourquoi, nous savons que le Père et le Fils sont des hommes parfaits en forme et en stature : Chacun d'eux possède un corps tangible infiniment pur et parfait, revêtu d'une gloire transcendante, mais qui est néanmoins un corps de chair et d'os (voir D&A 130:22).

      Le Saint-Esprit, appelé aussi Esprit et Esprit du Seigneur (voir 1 Néphi 4:6 ; 11:1-12 ; Mosiah 13:5 ; Marc 1:10 ; Jean 1:32 ; Actes 2:4 ; 8:29 ; 10:19 ; Romains 8:10,26 ; 1 Thessaloniciens 5:19), Esprit de Dieu (voir Matthieu 3:16 ; 12:28 ; 1 Néphi 13:12,13), Consolateur (voir Jean 14:16,26 ; 16:7) et Esprit de Vérité (voir Jean 15:26 ; 16:13), n'est pas revêtu d'un corps de chair et d'os, mais est un personnage d'esprit (voir D&A 130:22). Nous savons cependant que l'Esprit s'est manifesté sous la forme d'un homme (voir 1 Néphi 11:11). C'est par le ministère de l'Esprit que le Père et le Fils opèrent dans leurs communications avec les hommes (voir Néhémie 9:30 ; Ésaïe 42:1 ; Actes 10:19 ; Alma 12:3 ; D&A 105:36 ; 97:1) ; c'est par lui que la connaissance est communiquée (voir Jean 16:13 ; 1 Néphi 10:19 ; D&A 35:13 ; 50:10), et c'est par lui que s'accomplissent les buts de la Divinité (voir Genèse1:2 ; Job 26:13 ; Psaumes 104:30 ; D&A 29:31). Le Saint-Esprit est le témoin du Père et du Fils (voir Jean 15:26 ; Actes 5:32 ; 20:23 ; 1 Corinthiens 2:11 ; 12:3 ; 3 Néphi 11:32), déclarant leurs attributs à l'homme et rendant témoignage des autres membres de la Divinité (voir Jean 16:26 ; Actes 5:32 ; 1 Corinthiens 2:11 ; 3 Néphi 11:32).


Quelques-uns des attributs divins
      Dieu est omniprésent - Il n'y a pas d'endroit de la création, si éloigné soit-il, dans lequel Dieu ne puisse pénétrer ; au moyen de l'Esprit, la Divinité est en communication directe avec toutes choses en tout temps. Il a été dit, pour cette raison, que Dieu est présent partout ; mais cela ne signifie pas que la personne même d'un membre quelconque de la Divinité puisse être physiquement présente en plus d'un lieu à la fois. Les sens de chaque membre de la Trinité sont doués d'une puissance infinie, leur esprit d'une capacité illimitée ; leur pouvoir de se transporter d'un lieu à l'autre sont infinis. Il est clair, cependant, que leur personne ne peut pas être en plus d'un endroit à la fois. Si nous admettons la personnalité de Dieu, nous sommes forcés d'accepter le fait qu'il est matériel ; en effet, un « être immatériel » - terme sans signification par lequel certains ont voulu désigner la condition de Dieu - ne peut pas exister, car l'expression elle-même est contradictoire en ses termes. Si Dieu possède une forme, cette forme est, nécessairement, de proportions déterminées et, par conséquent, de dimensions limitées dans l'espace. Il lui est donc impossible d'occuper, à la fois, plus d'un espace de mêmes dimensions et, pour cette raison, il n'est pas étonnant d'apprendre, par les Écritures, qu'il se meut d'un lieu à l'autre. C'est ainsi que nous lisons, en relation avec le récit de la Tour de Babel : « L'Éternel [c'est-à-dire Jéhovah, le Fils] descendit pour voir la ville et la tour » (Genèse 11:5). De plus, Dieu apparut à Abraham et ayant déclaré qu'il était « le Dieu Tout-Puissant », il parla avec le patriarche et établit une alliance avec lui. Nous lisons ensuite : « Lorsqu'il eut achevé de lui parler, Dieu s'éleva au-dessus d'Abraham » (Genèse 17:1,22).

      Dieu est omniscient - C'est par lui que la matière a été organisée et l'énergie dirigée. Il est donc le Créateur de tout ce qui a été créé, « le Seigneur, qui fait ces choses, et à qui elles sont connues de toute éternité » (Actes 15:18 ; voir Moïse 1:6,35,37 ; 1 Néphi 9:6). Son pouvoir et sa sagesse sont également incompréhensibles à l'homme, car ils sont infinis. Étant lui-même éternel et parfait, sa connaissance ne peut être autrement qu'infinie. Pour se comprendre lui-même, Être infini, il doit posséder une intelligence infinie. Par l'entremise des anges et de ses serviteurs, il est en communication permanente avec toutes les parties de la création et peut les visiter personnellement, selon sa volonté.

      Dieu est omnipotent - Il est, à juste titre, appelé le Tout-Puissant. L'homme peut discerner de toutes parts les preuves de l'omnipotence divine, dans les forces qui contrôlent les éléments de la terre et guident les sphères célestes dans leur course prescrite. Ce que sa sagesse indique qu'il est nécessaire de faire, Dieu peut le faire et le fera. Les moyens par lesquels il opère peuvent ne pas être d'une capacité infinie en eux-mêmes, mais ils sont dirigés par un pouvoir infini. Une conception rationnelle de son omnipotence serait : le pouvoir de faire tout ce qu'il peut vouloir faire.

      Dieu est bon, bienveillant et aimant - tendre, prévenant et indulgent, supportant patiemment les faiblesses de ses enfants. Il est juste et miséricordieux dans ses jugements (voir Deutéronome 4:31 ; 2 Chroniques 30:9 ; Exode 20:6 ; 34:6 ; Néhémie 9:17,31 ; Psaumes 116:5 ; 103:8 ; 86:15 ; Jérémie 32:18) ; cependant ces qualités plus douces sont combinées avec une grande fermeté à venger les torts (voir Exode 20:5 ; Deutéronome 7:21 ; 10:17 ; Psaumes 7:11). Il est jaloux (Exode 20:5 ; 34:14 ; Deutéronome 4:24 ; 6:14,15 ; Josué 24:19,20) de son propre pouvoir et du respect qu'on lui rend ; c'est-à-dire qu'il a le zèle des principes de vérité et de pureté, qui ne sont manifestés nulle part à un plus haut degré que dans ses attributs personnels. Cet Être est l'auteur de notre existence, c'est à lui qu'il nous est permis de nous adresser comme Père. Notre foi en lui augmentera avec la connaissance que nous acquérons de lui.


Idolâtrie et Athéisme
      D'après les preuves abondantes de l'existence de la Divinité dont l'idée est si généralement acceptée par la famille humaine, il semble qu'il y ait peu de raisons sur lesquelles l'homme puisse, rationnellement, appuyer et maintenir une incroyance en Dieu et, étant donné les preuves nombreuses de la nature bienveillante des attributs divins, il ne devrait y avoir que peu de tendance à se tourner vers de faux et indignes objets de culte. Cependant, l'histoire du genre humain montre que le théisme, qui est la doctrine de la croyance en Dieu et de l'acceptation de Dieu, se voit opposer de nombreuses variétés d'athéisme ; que l'homme est enclin à démentir ses prétentions à la raison et à offrir son culte dans des sanctuaires idolâtres. L'athéisme s'est probablement développé au cours d'époques plus récentes, tandis que l'idolâtrie se révèle être un des premiers pêchés du genre humain. Même au temps de l'exode d'Israël hors d'Égypte, Dieu jugea nécessaire de commander, par statut : « Tu n'auras pas d'autres dieux devant ma face » (Exode 20:3) ; cependant, alors même qu'il gravait ces paroles sur les tables de pierre, son peuple se souillait devant le veau d'or, façonné sur le modèle d'une idole égyptienne.

      L'homme possède l'instinct du culte ; il aspire à un objet d'adoration et en trouvera un. Lorsqu'il tomba dans les ténèbres d'une transgression persistante et oublia son Créateur et le Dieu de ses pères, il chercha d'autres divinités. Les uns en arrivèrent à considérer le soleil comme type du suprême et ils se prosternèrent devant ce luminaire, pour l'invoquer. Les autres choisirent des phénomènes terrestres pour objet de leur culte ; ils s'émerveillèrent devant le mystère du feu et adorèrent la flamme. D'autres virent ou crurent voir en l'eau l'emblème de la pureté et du bien et firent leurs dévotions près des cours d'eau. D'autres encore, frappés de crainte et de respect par la grandeur des montagnes gigantesques, se rendirent dans ces temples naturels et adorèrent l'autel au lieu de Celui par le pouvoir duquel il avait été élevé. Une autre classe, plus imbue de respect pour tout ce qui est emblème, chercha à se créer des objets artificiels d'adoration. Ils se firent des images en taillant des figurines grossières dans des troncs d'arbres et en ciselant des formes étranges dans la pierre et ils se prosternèrent devant cela.

      Les pratiques idolâtres, dans certains de leurs aspects, finirent par s'associer à des rites d'une cruauté horrible comme dans la coutume de sacrifier des enfants à Moloch et, parmi les Hindous, au Gange ; comme aussi dans le massacre d'êtres humains sous la tyrannie des druides. Les dieux que les hommes se sont donné sont sans cœur, sans pitié et cruels.

      L'athéisme est la négation de l'existence de Dieu ; sous une forme moins prononcée, il peut consister à ignorer la Divinité. Mais celui qui professe l'athéisme est sujet, comme ses frères mortels croyants, à la passion universelle de l'homme pour le culte. Quoiqu'il refuse de reconnaître le Dieu vrai et vivant, il déifie consciemment ou inconsciemment quelque loi, quelque principe, quelque attribut de l'âme humaine ou, à l'occasion, quelque création matérielle. Et il se tourne vers cela pour chercher un semblant du réconfort que le croyant trouve en abondance dans la prière qu'il adresse à son Père et son Dieu. Je doute qu'il existe un véritable athée, un athée qui, avec la sincérité d'une conviction bien établie, nie en son cœur, l'existence d'un pouvoir intelligent et suprême.

      L'idée de Dieu est une caractéristique inhérente de l'âme humaine. Le philosophe reconnaît la nécessité d'une telle idée dans ses théories de l'être. Il peut se refuser à reconnaître ouvertement l'existence d'un Dieu personnel, cependant il suppose l'existence d'un pou voir directeur, d'un grand inconnu, de l'inconnaissable, de l'illimitable, de l'inconscient. Ô homme savant quoique peu sage, pourquoi rejeter les privilèges qui te sont accordés par l'Être omnipotent et omniscient à qui tu dois la vie, et dont tu ne veux cependant pas reconnaître le nom ? Aucun mortel ne peut s'approcher de lui et contempler ses perfections et sa puissance sans éprouver de la crainte et du respect. Rien déjà qu'en le considérant comme Créateur et Dieu, nous sommes confondus lorsque nous pensons à lui. Mais il nous a donné le droit d'aller vers lui parce que nous sommes ses enfants, et de l'invoquer sous le nom de Père. Même l'athée éprouve, aux heures les plus solennelles de sa vie, un élan de l'âme vers un Père spirituel, aussi naturellement que ses affections humaines le tournent vers le père qui lui a donné la vie mortelle. L'athéisme d'aujourd'hui n'est, après tout, qu'une forme de paganisme.


Vues confessionnelles de la Divinité
      La doctrine cohérente, simple et authentique de la nature et des attributs de Dieu, telle qu'elle a été enseignée par le Christ et ses apôtres, dégénéra lorsque la révélation cessa et lorsque les ténèbres, résultant de l'absence d'autorité divine, se répandirent sur le monde, après que les apôtres et la prêtrise eurent été chassés de la terre. À la place de cette doctrine, apparurent de nombreux dogmes et théories, de facture humaine, dont beaucoup sont absolument incompréhensibles à cause de leur inconséquence et de leur mysticisme.

      En 325, le Concile de Nicée fut convoqué sur l'ordre de l'empereur Constantin, qui chercha à obtenir de cette assemblée une déclaration de foi chrétienne qui serait acceptée comme faisant autorité, et qui serait le moyen d'arrêter les dissensions sans cesse croissantes occasionnées par le désaccord qui régnait au sujet de la nature de la Divinité et d'autres sujets théologiques. Le Concile condamna certaines théories alors courantes, y compris celle d'Arius qui affirmait que le Fils avait été créé par le Père et, par conséquent, ne pouvait pas être co-éternel avec le Père. Le Concile promulgua ce qui est connu sous le nom de credo de Nicée ; et ce credo fut suivi, plus tard, par le credo d'Athanase, au sujet duquel des controverses se sont cependant élevées quant à son véritable auteur (voir La Grande Apostasie, du même auteur, chap. 7). Voici ce credo : « Nous adorons un seul Dieu dans la Trinité, et la Trinité en Unité, sans confondre les personnes ni diviser la substance, car il y a une personne pour le Père, une autre pour le Fils, et une autre pour le Saint-Esprit. Mais la Divinité du Père, du Fils et du Saint-Esprit est tout une ; la gloire égale, la majesté coéternelle. Tel que le Père est, tel est le Fils et tel est le Saint-Esprit. Le Père incréé, le Fils incréé et le Saint-Esprit incréé. Le Père incompréhensible, le Fils incompréhensible et le Saint-Esprit incompréhensible. Le Père éternel, le Fils éternel et le Saint-Esprit éternel, mais un seul éternel. Et il n'y a pas non plus, trois incompréhensibles ni trois incréés ; mais un seul incréé et un seul incompréhensible. De même, le Père est Tout-Puissant, le Fils Tout-Puissant et le Saint-Esprit Tout-Puissant ; et cependant il n'y a pas trois Tout-Puissants, mais un seul Tout-Puissant. De même, le Père est Dieu, le Fils est Dieu, et le Saint-Esprit est Dieu et cependant il n'y a pas trois Dieux, mais un seul Dieu. » Il serait difficile de concevoir un plus grand nombre d'incohérences et de contradictions exprimées en si peu de mots.

      L'Église anglicane enseigne actuellement comme orthodoxe la conception suivante de Dieu : « Il n'y a qu'un seul Dieu vrai et vivant, éternel, sans corps, sans parties ni passions ; d'une puissance, d'une sagesse et d'une bonté infinies ». L'immatérialité de Dieu, affirmée par ces déclarations confessionnelles, diffère totalement des Écritures et est absolument contredite par les révélations de la personne et des attributs de Dieu, comme le démontrent les citations déjà faites.

      Nous affirmons que nier la matérialité de la personne de Dieu est nier Dieu ; car une chose sans parties n'a pas de tout et un corps immatériel ne peut pas exister. L'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours s'élève contre la notion d'un Dieu incompréhensible, sans « corps, sans parties ni passions », affirmant qu'une telle chose ne peut pas exister, et proclame sa croyance et sa fidélité au Dieu vrai et vivant des Écritures et de la révélation.
 

 
Source : James E. Talmage, Articles of Faith, Salt Lake City, 1890




La personnalité du Père et de Fils
LeGrand Richards (1886-1983)
Évêque président de 1938 à 1952
Membre du collège des Douze de 1952 à 1983
  
L'homme est créé à l'image et à la ressemblance de Dieu

      Le récit tout simple que nous a fait le prophète Joseph Smith de son entrevue avec le Père et le Fils (voir Appel prophétique de Joseph Smith) nous aide à comprendre les enseignements de la Bible concernant ce point important. Il faut se souvenir toutefois que cette connaissance, le prophète ne l'a pas acquise par l'étude de la Bible. Nous ne prenons la Bible que pour prouver que cette histoire est pleinement en harmonie avec les enseignements bibliques, dont nous allons reprendre ici quelques extraits :

Puis Dieu dit : Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu'il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre, et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre.

Dieu créa l'homme à son image, il le créa à l'image de Dieu, il créa l'homme et la femme (Genèse 1:26, 27).

      On a tenté d'expliquer que cette création n'était qu'à l'image et à la ressemblance spirituelles de Dieu, mais après avoir lu le récit tout simple de Joseph Smith, on se demande comment un historien aurait pu relater plus clairement, de façon plus compréhensible, ce qui s'est effectivement passé lors de la création de l'homme, surtout quand on lit : Adam, âgé de cent trente ans, engendra un fils à sa ressemblance, selon son image, et il lui donna le nom de Seth (Genèse 5:3).

      Joseph Smith découvrit qu'il était à l'image et à la ressemblance de Dieu et de Jésus-Christ, aussi littéralement que Seth était à la ressemblance et à l'image de son père Adam.


Moïse témoigne que Dieu est une personne

      C'est aussi ce qui nous fait apparaître si raisonnable et si facile à comprendre l'événement vécu par Moïse, ses compagnons, et soixante-dix anciens d'Israël :

Moïse monta avec Aaron, Nadab et Abihu, et soixante-dix anciens d'Israël.

Ils virent le Dieu d'Israël ; sous ses pieds, c'était comme un ouvrage de saphir transparent, comme le ciel lui-même dans sa pureté (Exode 24:9, 10).

Et lorsque Moïse était entré dans la tente, la colonne de nuée descendait et s'arrêtait à l'entrée de la tente, et l'Éternel parlait avec Moïse. Tout le peuple voyait la colonne de nuée qui s'arrêtait à l'entrée de la tente, tout le peuple se levait et se prosternait à l'entrée de sa tente. L'Éternel parlait avec Moïse face à face, comme un homme parle à son ami (Exode 33:9-11).

      Pourrait-on demander à un historien de décrire cet événement avec plus de clarté qu'en disant que le Seigneur et Moïse se parlèrent « face à face comme un homme parle à son ami » ? Est-il besoin d'expliquer à quelqu'un comment un homme parle à son ami ? Le Père et le Fils parlèrent à Joseph Smith « face à face, comme un homme parle à son ami ». Il n'y a qu'une chose qui rende ceci possible : c'est le fait que Dieu a effectivement créé l'homme à son image et à sa ressemblance. Toute autre image ou ressemblance eût-elle été de loin aussi merveilleuse ?


Paul témoigne que Dieu est une personne

      Paul, l'apôtre, tenta d'expliquer quelle sorte de personnage était Dieu en nous disant que son Fils, Jésus-Christ, était « le reflet de sa gloire et l'empreinte de sa personne » et qu'il « s'est assis à la droite de la majesté divine dans les lieux très hauts » (voir Hébreux 1:3). Ceci, évidemment, n'était possible que si son Père avait une forme à la droite de laquelle il pût s'asseoir.


Étienne témoigne que Dieu est une personne

      La description de Paul donne leur pleine valeur aux paroles prononcées par Étienne alors qu'il était lapidé par ses ennemis :

Mais Étienne, rempli du Saint-Esprit, et fixant les regards vers le ciel, vit la gloire de Dieu et Jésus debout à la droite de Dieu.

Et il dit : Voici, je vois les cieux ouverts, et le Fils de l'homme debout à la droite de Dieu (Actes 7:55, 56).

      Il vit donc deux personnages séparés, distincts : l'un, le Fils, se tenait à la droite de l'autre, le Père.


Jean témoigne que Dieu est une personne

      Ceci s'accorde aussi avec le récit du baptême de Jésus par Jean :

Dès que Jésus eut été baptisé, il sortit de l'eau. Et voici, les cieux s'ouvrirent, et il vit l'Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui.

Et voici, une voix fit entendre des cieux ces paroles : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toute mon affection (Matthieu 3:16, 17).

      Ici, chacun des trois membres de la Divinité est mentionné distinctement et séparément : 1) Jésus sortant de l'eau ; 2) le Saint-Esprit descendant comme une colombe ; 3) la voix du Père venant du ciel, exprimant son affection et son approbation pour son fils bien-aimé. Comment serait-il possible de croire que ces trois personnes n'en sont qu'une, dépourvue de corps ou de forme ?


Le Seigneur ressuscité

      Nous devons considérer maintenant le Seigneur ressuscité. À moins qu'il ne possède maintenant le corps de chair et d'os qui fut déposé dans le tombeau, il doit être mort une seconde fois, car quand Marie-Madeleine et l'autre Marie vinrent au sépulcre pour voir le corps de Jésus, elles découvrirent qu'un ange du Seigneur était descendu du ciel et se trouvait assis sur la pierre qu'il avait retirée de l'entrée :

Son aspect était comme l'éclair, et son vêtement blanc comme la neige...

Mais l'ange prit la parole et dit aux femmes : Pour vous, ne craignez pas ; car je sais que vous cherchez Jésus qui a été crucifié.

Il n'est point ici : il est ressuscité, comme il l'avait dit. Venez, voyez le lieu où il était couché (Matthieu 28:3, 5, 6).

      Après sa résurrection, Jésus apparut à beaucoup de monde. Tandis que les onze apôtres étaient réunis à Jérusalem et discutaient de ce qui était arrivé :

...[Jésus] lui-même se présenta au milieu d'eux, et leur dit : La paix soit avec vous. Saisis de frayeur et d'épouvante, ils croyaient voir un esprit.

Mais il leur dit : Pourquoi êtes-vous troublés et pourquoi pareilles pensées s'élèvent-elles dans vos cœurs ?

Voyez mes mains et mes pieds, c'est bien moi ; touchez-moi et voyez : un esprit n'a ni chair ni os, comme vous voyez que j'ai (Luc 24:36-39).

      Pour mieux prouver qu'il avait son corps, il prit du poisson rôti et un rayon de miel et il mangea devant eux.

      Avec son corps ressuscité, il s'éleva au ciel en présence de cinq cents frères :

... Et il est apparu à plus de cinq cents frères à la fois . . . (1 Corinthiens 15:6).

      Ses apôtres le virent monter au ciel et les « deux hommes vêtus de blanc » qui se tenaient à leurs côtés affirmèrent ce fait :

comme il s avaient les regards fixés vers le ciel pendant qu'il s'en allait, voici, deux hommes vêtus de blanc leur apparurent, et dirent :

Hommes Galiléens, pourquoi vous arrêtez-vous à regarder au ciel? Ce Jésus, qui a été enlevé au ciel du milieu de vous, reviendra de la même manière que vous l'avez vu allant au ciel (Actes 1:10, 11).

      Si Jésus et son Père sont un seul en esprit, sans corps ni forme, si grand qu'il remplit l'univers et si petit qu'il habite dans notre cœur, comme tant de gens le croient et comme les Églises l'enseignent, quel est alors le sens de la résurrection que l'on commémore à Pâques dans les Églises chrétiennes, et qu'a fait Jésus de son corps après l'avoir montré aux apôtres et à d'autres personnes ?


Joseph Smith témoigne que Jésus est une personne

      Il fut donné à Joseph Smith de contempler ce même Jésus que l'on avait vu monter au ciel après sa résurrection. Voici le témoignage qu'en rendirent Joseph Smith et Sidney Rigdon après une vision qu'ils eurent à Hiram, en Ohio, le 16 février 1832 :

Et tandis que nous méditions là-dessus, le Seigneur toucha les yeux de notre intelligence, et ils furent ouverts, et la gloire du Seigneur resplendit tout alentour.

Et nous vîmes la gloire du Fils à la droite du Père et reçûmes de sa plénitude ;

Nous vîmes les saints anges et ceux qui sont sanctifiés devant son trône adorant Dieu et l'Agneau, qu'ils adorent pour toujours et à jamais.

Et maintenant après les nombreux témoignages qui ont été rendus de Lui, voici le nôtre, le dernier de tous : il vit!

Car nous le vîmes et ce, à la droite de Dieu ; et nous entendîmes la voix rendre témoignage qu'il est le Fils unique du Père ;

Que par lui, à travers lui et en lui, les mondes sont et furent créés, et que les habitants en sont des fils et des filles engendrés pour Dieu (D&A 76:19-24).

      Remarquez comme cette déclaration se rapproche de la première vision de Joseph Smith et du témoignage du Père au baptême de Jésus. Le Père parlait de son Fils - deux personnes séparées et distinctes. Le Père devait avoir une voix, sinon il n'aurait pu parler.

      Tel est donc le témoignage proclamé à tous ceux à qui il parviendra, jusqu'à ce que Jésus revienne pour régner en « Seigneur des seigneurs et Roi des rois » (voir Apocalypse 17:14).

      Comprendre qu'il existe et est une personne c'est se rendre compte de tout le sens de la promesse qui se trouve dans son Sermon sur la Montagne : « Heureux ceux qui ont le cœur pur : car ils verront Dieu » (Matthieu 5:8).


Les Écritures relatives à la personne de Dieu sont souvent mal comprises

      Il y a dans la Bible quelques passages que l'on a mal compris et qui ont entraîné une conception erronée de la personne et de la forme de Dieu et de son Fils Jésus-Christ. Nous pourrions en envisager brièvement quelques-uns.

Personne n'a jamais vu Dieu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, est celui qui l'a fait connaître (Jean 1:18).

Personne n'a jamais vu Dieu ; si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et son amour est parfait en nous (1 Jean 4:12).

      Dans sa Version Inspirée de la Bible, le prophète Joseph Smith nous donne ce qui suit :

Et personne n'a jamais vu Dieu sans rendre témoignage du Fils ; car personne ne peut être sauvé si ce n'est par lui (Jean 1:18).

Et il rend comme suit 1 Jean 4:12 :

Personne n'a jamais vu Dieu sauf ceux qui croient. Si nous nous aimons les uns les autres, Dieu habite en nous et son amour est parfait en nous.

      L'interprétation que le prophète Joseph Smith a donnée à ces Écritures était la vraie ; cela fut confirmé par une révélation qu'il reçut du Seigneur à Hiram, en Ohio, en novembre 1831 :

Car personne n'a jamais vu Dieu dans la chair s'il n'a été vivifié par l'Esprit de Dieu (D&A 67:11).

      Cette doctrine reçut un complément de lumière par les visions de Moïse révélées au prophète Joseph Smith :

Mais mes propres yeux ont vu Dieu, non pas mes yeux naturels, mais mes yeux spirituels, car mes yeux naturels n'auraient pu le voir, car je me serais desséché, et je serais mort en sa présence, mais sa gloire était sur moi, et j'ai vu sa face, car j'étais transfiguré devant lui (Moïse 1:11, dans la Perle de Grand Prix).

      Il est donc nettement établi que l'homme ne peut voir Dieu que s'il est « vivifié par l'Esprit de Dieu ». C'est, semble-t-il, l'idée que Jean avait à l'esprit quand il écrivit ceci :

Il est écrit dans les prophètes : Ils seront tous enseignés de Dieu. Ainsi quiconque a entendu le Père et a reçu son enseignement vient à moi.
Ce n'est pas que personne ait vu le Père, sinon celui qui est de Dieu ; celui-là a vu le Père (Jean 6:45, 46 selon la version du roi Jacques. Segond dit : « ... sinon celui qui vient de Dieu», ndt).


      Paul disait de Dieu que c'était un « Dieu invisible » :

En qui nous avons la rédemption, la rémission des péchés :

Il est l'image du Dieu invisible, le premier-né de toute la création (Colossiens 1:14, 15).

      Une étude plus poussée des enseignements de Paul révèle qu'il avait la même conception que Jean ; alors que Dieu est invisible aux hommes en général, il n'est pas invisible aux prophètes, car il rappelait que Moïse avait vu le Dieu invisible :

C'est par la foi qu'il quitta l'Égypte, sans être effrayé de la colère du roi ; car il se montra ferme comme voyant celui qui est invisible (Hébreux 11:27).

      Jean faisait aussi de Dieu un esprit, ce qui jette la confusion chez certains :

« Dieu est esprit : et il faut que ceux qui l'adorent l'adorent en esprit et en vérité » (Jean 4:24).

      Ceci ne doit pas être une source de confusion, puisque nous sommes tous des esprits revêtus d'un corps de chair et d'os. Jean dit que nous devons « l'adorer en esprit et en vérité ». Il ne veut cependant pas dire que notre esprit doit quitter notre corps pour pouvoir l'adorer « en esprit ».

      Paul a déclaré : «Mais celui qui s'attache au Seigneur est avec lui un seul esprit » (1 Corinthiens 6:17). Nous sommes des esprits dans le même sens que Jean avait en tête quand il disait « Dieu est esprit ».


L'unité du Père et du Fils

      On a souvent mal interprété cette affirmation souvent répétée que Jésus et son Père sont un. Lisez soigneusement le chapitre dix-sept de Jean et ce point sera entièrement éclairci. Au moment où Jésus allait être sacrifié, il adressa une prière à son Père et le remercia pour ses apôtres, lui demandant « qu'ils soient un comme nous » (voir Jean 17:11). Puis il ajouta :

Ce n'est pas pour eux seulement que je prie, mais encore pour ceux qui croiront en moi par leur parole, afin que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et comme je suis en toi, afin qu'eux aussi soient un en nous, pour que le monde croie que tu m'as envoyé (Jean 17:20, 21).

      Or, il est évident maintenant que Jésus ne parlait pas de l'unité de personne, mais de l'unité de but, car dans la suite de sa prière il demandait qu'ils fussent avec lui, ce qui n'eût pas été nécessaire si l'unité à laquelle il pensait avait été l'unité de personne et non de but :

Père, je veux que là où je suis ceux que tu m'as donnés soient aussi avec moi, afin qu'ils voient ma gloire, la gloire que tu m'as donnée, parce que tu m'as aimé avant la fondation du monde (Jean 17:24).

      Encore une fois, il est évident que l'unité à laquelle il fait allusion ne signifie pas unité de personne, car si Jésus et son Père étaient une seule personne, comme il serait absurde de penser que Jésus s'invoquait lui-même ou qu'il s'était aimé avant la fondation du monde. Il dit :

« Or, la vie éternelle, c'est qu'ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ » (Jean 17:3).

      Cette connaissance vraie de Dieu et de son Fils, Jésus-Christ, a été rendue au monde à notre époque, non par l'étude de la Bible, mais par l'apparition de personnages célestes au jeune Joseph Smith, ainsi qu'il en a si éloquemment témoigné.
Source : LeGrand Richards, A Marvelous Work and a Wonder, Salt Lake City, 1950





Le Saint-Esprit est-il une personne ?
Marcel Kahne
L’argumentation contre le Saint-Esprit est faible : il ne serait dit nulle part dans l'Ancien ou le Nouveau Testament que le Saint-Esprit est une personne. Il ne serait que l’émanation de la puissance divine.  
La meilleure réponse est encore de laisser l’Écriture parler d’elle-même. 
Jésus chargea ses apôtres de mission en ces termes : « Allez, faites de toutes les nations des disciples, baptisez-les au nom du Père, du Fils et duSaint-Esprit » Mat. 28:19. Dans ce passage, les trois personnes de la divinité apparaissent clairement. Si le Saint-Esprit n’était qu’une émanation, pourquoi alors le mentionner ? On ne fait pas quelque chose au nom d’une émanation. (La traduction du Nouveau Monde des Témoins de Jéhovah est bien obligée de mentionner ce passage embarrassant pour eux, mais essaie de l’atténuer en écrivant : « ...et de l’esprit saint ». Comme Saint-Esprit et Esprit Saint, c’est chou vert et vert chou, et que le texte grec ne permet pas de décider s’il faut ou non la majuscule, l’effort de camouflage est futile).
Les trois membres de la Divinité apparaissent de nouveau clairement lors du baptême de Jésus : « Tandis que tout le peuple se faisait baptiser, Jésus fut aussi baptisé ; et, pendant qu’il priait, le ciel s'ouvrit, et l’Esprit Saint descendit sur lui sous une forme corporelle, comme une colombe. Et il vint une voix du ciel : Tu es mon Fils bien aimé, objet de mon affection » Luc 3:21-22.
Le passage suivant mérite également réflexion :
C’est pourquoi je vous dis : Tout péché et tout blasphème sera pardonné aux hommes, mais le blasphème contre l’Esprit ne sera point pardonné. Quiconque parlera contre le Fils de l’Homme, il lui sera pardonné, mais quiconque parlera contre le Saint Esprit, il ne lui sera pardonné ni dans ce siècle, ni dans le siècle à venir. Mat. 12:31-32
En vertu de quelle logique serait-il pardonnable de parler contre le Sauveur de l’humanité, mais impardonnable de parler contre une/son émanation ?
Et peut-on mentir à une émanation ou à un souffle ? Pierre lui dit : Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point de mentir à l’Esprit Saint et de retenir une partie du prix du champ ? Actes 5:3
Enfin, les trois passages suivants font clairement du Saint Esprit une personne capable de décision et de sentiments :
Car il a paru bon au Saint Esprit et à nous de vous imposer d’autre charge que ce qui est indispensable... Actes 15:28
De même aussi, l’Esprit vient au secours de notre faiblesse, car nous ne savons pas ce qu’il convient de demander dans nos prières. Mais l’Esprit lui-même intercède par des soupirs inexprimables, et celui qui sonde les cœurs connaît quelle est l’intention de l’Esprit : c’est selon Dieu qu’il intercède en faveur des saints. Romains 8:26-27
N’attristez pas le Saint-Esprit de Dieu, par lequel vous avez été scellés pour le jour de la Rédemption. Éphésiens 4:30




Le seul vrai Dieu et celui qu’il a envoyé, Jésus-Christ
Jeffrey R. Holland
du Collège des douze apôtres
Nous déclarons qu’il est évident d’après les Écritures que le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont des personnages distincts, trois êtres divins.
Comme frère Ballard l’a déjà fait remarquer au cours de cette session, divers contre-courants de notre époque ont attiré une plus grande attention du public sur l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours. Le Seigneur a dit aux prophètes anciens que cette œuvre dans les derniers jours serait « une œuvre merveilleuse et un prodige1 », et elle l’est. Nous invitons tout un chacun à examiner de près l’aspect merveilleux de cette œuvre, mais il y a autre chose que nous voudrions aussi que tout le mondese demande : c’est si nous sommes ou non « chrétiens ».
Dans l’ensemble, les controverses à ce sujet tournent autour de deux points de doctrine : notre vision de la Divinité et notre croyance au principe de la révélation continue menant à un canon d’Écritures ouvert. En en parlant nous n’avons pas à nous excuser de notre foi, mais nous ne voudrions pas être mal compris. Aussi, est-ce avec le désir de faire mieux comprendre et de déclarer clairement que nous sommes chrétiens que je vais parler aujourd’hui du premier de ces deux points de doctrine.
Notre premier article de foi et le plus important de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours est : « Nous croyons en Dieu, le Père éternel, et en son Fils, Jésus-Christ, et au Saint-Esprit2. » Nous croyons que ces trois personnages divins constituant une seule Divinité sont unis pour ce qui est de leur but, de leur manière d’agir, de leur témoignage et de leur mission. Nous croyons qu’ils sont remplis du même sens divin de miséricorde et d’amour, de justice et de grâce, de patience, de pardon et de rédemption. Je crois qu’il est exact de dire que nous croyons qu’ils sont un pour tout aspect important et éternel imaginable, mais nous ne croyons pas qu’ils sont trois personnages réunis en une seule substance, notion trinitaire jamais énoncée dans les Écritures parce qu’elle n’est pas vraie.
En fait, la source réputée qu’est le Dictionnaire biblique de Harper dit que « la doctrine officielle de la Trinité telle qu’elle fût définie par les grands conciles ecclésiastiques des quatrième et cinquième siècles ne se trouve pas dans le [Nouveau Testament]3 ».
La critique selon laquelle l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours ne partage pas la vision chrétienne contemporaine de Dieu, de Jésus et du Saint-Esprit n’est pas un commentaire sur notre engagement envers le Christ, mais en fait la constatation (exacte, pourrais-je ajouter) que notre vision de la Divinité rompt avec ce qui s’est passé après le Nouveau Testament et revient à la doctrine enseignée par Jésus lui-même. Il pourrait être utile de rappeler brièvement ce qui s’est passé après la période du Nouveau Testament.
En 325, l’empereur romain Constantin a réuni le Concile de Nicée pour traiter, entre autres choses, de la question de plus en plus controversée de la prétendue « unité de la Trinité ». Ce qui a résulté des débats mouvementés entre hommes d’église, philosophes et dignitaires ecclésiastiques a pris (après encore 125 ans et trois grands conciles)4 le nom de Credo de Nicée, avec des reformulations ultérieures comme le Credo d’Athanase. Ces diverses évolutions et répétitions de credo, ainsi que d’autres au cours des siècles suivants, déclaraient que le Père, le Fils et le Saint-Esprit étaient des êtres abstraits, absolus, transcendants, imminents, consubstantiels, coéternels et impossibles à connaître, sans corps ni partie ni passion, demeurant en dehors de l’espace et du temps. Selon ces credo, les trois membres de la Divinité sont des personnes séparées mais sont un seul être ; c’est le si souvent mentionné « mystère de la Trinité ». Ils sont trois personnes distinctes mais un seul Dieu. Les trois personnes sont incompréhensibles mais sont un seul Dieu qui est incompréhensible.
Nous sommes d’accord avec nos détracteurs au moins sur ce point : cette formulation de la divinité est véritablement incompréhensible. Une définition aussi confuse de Dieu étant imposée à l’Église, il n’est pas surprenant qu’un moine du quatrième siècle se soit exclamé : « Pauvre de moi ! Ils m’ont pris mon Dieu… et je ne sais pas qui adorer ni à qui m’adresser5. » Comment pouvons-nous faire confiance à un être qui est incompréhensible et qu’on ne peut connaître, sans parler de l’aimer, de l’adorer et de nous efforcer d’être semblables à lui ? Qu’en est-il de la prière de Jésus à son Père céleste disant : « La vie éternelle, c’est qu’ils teconnaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ6. »
Nous n’avons pas pour objectif de rabaisser la croyance de qui que ce soit ni la doctrine de quelque religion que ce soit. Nous respectons la doctrine de chacun comme nous demandons qu’on respecte la nôtre. (C’est aussi l’un de nos articles de foi.) Si quelqu’un dit que nous ne sommes pas chrétiens parce que nous n’acceptons pas une vision de la Divinité établie au quatrième ou cinquième siècle, qu’en est-il des premiers saints, dont beaucoup avaient été témoins oculaires du Christ, qui n’avaient pas non plus cette vision?
Nous déclarons qu’il est évident d’après les Écritures que le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont des personnages distincts, trois êtres divins. Cela est illustré sans aucune équivoque par la prière du Sauveur que je viens de mentionner, par son baptême par Jean, par ce qui s’est passé sur le mont de la Transfiguration et au martyre d’Étienne, pour ne citer que quatre exemples.
Avec ces sources du Nouveau Testament8, et d’autres qui résonnent à nos oreilles, il peut être superflu de demander ce que Jésus voulait dire par : « Le Fils ne peut rien faire de lui-même, il ne fait que ce qu’il voit faire au Père9. » Une autre fois il a dit : « Je suis descendu du ciel pour faire, non ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé10. » Parlant de ses adversaires il a dit : « Ils ont haï et moi et mon Père11. » Et il y a, bien sûr, toujours cette humble soumission à son Père qui a fait dire à Jésus : « Pourquoi m’interroges-tu sur ce qui est bon ? Un seul est bon12. » « Le Père est plus grand que moi13. »
Qui Jésus a-t-il supplié avec tant de ferveur pendant toutes ces années, notamment quand il s’est écrié plein d’angoisse : « Mon Père, s’il est possible, que cette coupe s’éloigne de moi14 ! » et « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné15 ? » Reconnaître la preuve scripturaire que, tout en étant parfaitement unis, les membres de la Divinité sont néanmoins des êtres séparés et distincts n’est pas être coupable de polythéisme ; cela fait en fait partie de la grande révélation que Jésus est venu donner concernant la nature d’êtres divins. L’apôtre Paul l’a peut-être dit le mieux : « Jésus-Christ… existant en forme de Dieu, n’a point regardé comme une proie à arracher d’être égal avec Dieu16. »
Une autre raison pour laquelle l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers n’est pas considérée comme chrétienne par certains est que nous croyons, comme les anciens prophètes et apôtres, en un Dieu incarné mais certainement glorifié17. À ceux qui critiquent cette croyance basée sur les Écritures, je demande au moins pour la forme : Si l’idée d’un Dieu incarné vous répugne, pourquoi les éléments fondamentaux et les caractéristiques les plus distinctives de toute la chrétienté sont-ils l’Incarnation, l’Expiation et la Résurrection physique du Seigneur Jésus-Christ ? Si le fait d’avoir un corps n’est pas nécessaire ni désirable pour la Divinité, pourquoi le Rédempteur de l’humanité a-t-il racheté son corps, le libérant des liens de la mort et du tombeau, garantissant qu’il ne serait plus jamais séparé de son esprit dans le temps ni dans l’éternité18 Quiconque rejette le concept d’un Dieu incarné, rejette le Christ mortel et ressuscité. Personne proclamant être un vrai chrétien ne voudrait faire cela.
À tous ceux qui m’entendent et qui se sont demandé si nous étions chrétiens, je témoigne. Je témoigne que Jésus-Christ est littéralement le Fils vivant de notre Dieu vivant littéral. Ce Jésus est notre Sauveur et notre Rédempteur qui, sous la direction du Père, a créé les cieux, la terre et tout ce qui s’y trouve. Je témoigne qu’il est né d’une mère vierge, que durant sa vie il a accompli de grands miracles dont des légions de ses disciples ainsi que de ses ennemis ont été témoins. Je témoigne qu’il avait le pouvoir sur la mort parce qu’il était divin, mais qu’il s’est soumis volontairement à la mort pour notre bien parce que pendant une période il a aussi été mortel. Je déclare qu’en se soumettant volontairement à la mort il a pris sur lui les péchés du monde, payant un prix infini pour toutes les peines, les maladies, les chagrins et les malheurs depuis Adam jusqu’à la fin du monde. En faisant cela il a été vainqueur à la fois du tombeau physiquement et de l’enfer spirituellement, et il a libéré la famille humaine. Je témoigne qu’il est littéralement ressuscité du tombeau, qu’après être monté auprès de son Père pour terminer le processus de cette Résurrection, il est apparu, de nombreuses fois, à des centaines de disciples dans l’Ancien Monde et dans le Nouveau. Je sais qu’il est le Saint d’Israël, le Messie qui reviendra un jour en gloire, à la fin, pour régner sur la terre en tant que Seigneur des seigneurs et Roi des rois. Je sais qu’il n’y a pas d’autre nom donné sous les cieux par lequel l’homme puisse être sauvé et que ce n’est qu’en nous reposant totalement sur ses mérites, sa miséricorde et sa grâce infinie19 que nous pouvons obtenir la vie éternelle.
Mon témoignage supplémentaire concernant cette doctrine splendide est qu’en préparation à son règne millénaire dans les derniers jours, Jésus est déjà venu, plusieurs fois, dans son corps glorieux et majestueux. Au printemps de 1820, un garçon de quatorze ans, troublé par ces mêmes doctrines qui déconcertent une grande partie de la chrétienté, est allé prier dans un bosquet. En réponse à cette prière fervente faite à un si jeune âge, le Père et le Fils sont apparus au jeune prophète, Joseph Smith, comme deux être incarnés et glorifiés. Ce jour a marqué le début du retour du véritable Évangile du Nouveau Testament du Seigneur Jésus-Christ et du rétablissement d’autres vérités prophétiques révélées depuis Adam jusqu’à ce jour.
Je témoigne que ma connaissance de ces choses est vraie et que les cieux sont ouverts à tous ceux qui recherchent la même confirmation. Par le Saint-Esprit de Vérité, puissions-nous tousconnaître « le seul vrai Dieu, et celui [qu’il a] envoyé, Jésus-Christ20 ». Ensuite puissions-nous suivre leurs enseignements et être de véritables chrétiens en actions autant qu’en paroles. C’est là ma prière, au nom de Jésus-Christ. Amen.

Notes

1. Ésaïe 29:14.
2. 1er article de foi.
3. Paul F. Achtemeier, éd., 1985, p. 1099 ; italiques ajoutés.
4. Constantinople en 381, Éphèse en 431, Chalcédoine en 451.
5. Cité dans Owen Chadwick, Western Asceticism, 1958, p. 235.
6. Jean 17:3 ; italiques ajoutés.
7. Pour une explication approfondie de cette question, voir Stephen E. Robinson, Are Mormons Christian ?, p. 71-89 ; voir aussi Robert Millet, Getting at the Truth, 2004, p. 106-122.
8. Voir, par exemple, Jean 12:27-30 ; Jean 14:26 ; Romains 8:34 ; Hébreux 1:1-3.
9. Jean 5:19 ; voir aussi Jean 14:10.
10. Jean 6:38.
11. Jean 15:24.
12. Matthieu 19:17.
13. Jean 14:28.
14. Matthieu 26:39.
15. Matthieu 27:46.
16. Philippiens 2:5-6.
17. Voir David L. Paulsen, « Early Christian Belief in a Corporeal Deity: Origen and Augustine as Reluctant Witnesses », Harvard Theological Review, vol. 83, n° 2, 1990, 105-116 ; « The Doctrine of Divine Embodiment : Restoration, Judeo-Christian, and Philosophical Perspectives », BYU Studies, vol. 35, n° 4, 1996, p. 7-94 ; James L. Kugel, The God of Old : Inside the Lost World of the Bible, 2003, p. xi–xii, 5-6, 104-106, 134-135 ; Clark Pinnock, Most Moved Mover : A Theology of God’s Openness, 2001, p. 33-34.
18. Voir Romains 6:9 ; Alma 11:45.
19. Voir 1 Néphi 10:6 ; 2 Néphi 2:8 ; 31:19 ; Moroni 6:4 ; Traduction par Joseph Smith de Romains 3:24.
20. Jean 17:3.




Le Christ Vivant (Déclaration)

LE TEMOIGNAGE DES APOTRES
ÉGLISE DE JÉSUS-CHRIST DES SAINTS DES DERNIERS JOURS


Au moment où nous célébrons le deux millième anniversaire de la naissance de Jésus-Christ, nous témoignons de la réalité de sa vie sans pareille et du pouvoir infini de son grand sacrifice expiatoire. Personne n'a eu d'influence aussi profonde que lui sur tous les gens qui ont vécu ou qui vivront un jour sur la terre.

Il était le grand Jéhovah de l'Ancien Testament, le Messie du Nouveau Testament. Sous la direction de son Père, il a créé la terre. "Toutes choses ont été faites par [lui], et rien de ce qui a été fait n'a été fait sans [lui]" (Jean 1:3). Bien que sans péché, il s'est fait baptiser pour accomplir toute justice. Il "allait de lieu en lieu faisant du bien" (Actes 10:38), mais il était méprisé pour cela. Son Evangile était un message de paix et de bonne volonté. Il a demandé instamment à tous de suivre son exemple. Il a parcouru les routes de Palestine, guérissant les malades, rendant la vue aux aveugles et ressuscitant les morts. Il a enseigné les vérités de l'éternité, la réalité de notre existence prémortelle, le but de notre vie sur la terre et le potentiel des fils et des filles de Dieu dans la vie à venir.

Il a institué la Sainte-Cène comme rappel de son grand sacrifice expiatoire. Il a été arrêté et jugé sur de fausses accusations, déclaré coupable pour satisfaire la foule et condamné à mourir sur la croix du Calvaire. Il a fait don de sa vie pour expier les péchés de tout le genre humain. C'était là un don inestimable fait par procuration pour tous les gens qui vivraient sur la terre.
Nous témoignons solennellement que sa vie, qui est l'élément essentiel de toute l'histoire humaine, n'a pas commencé à Bethléhem et ne s'est pas achevée au Calvaire. Il était le Premier-né du Père, le Fils unique dans la chair, le Rédempteur du monde.

Il s'est levé du tombeau pour être "les prémices de ceux qui sont morts" (1 Corinthiens 15:20). En qualité de Seigneur ressuscité, il a rendu visite aux gens qu'il aimait lorsqu'il vivait sur la terre. Il a aussi rempli son ministère auprès de ses "autres brebis" (Jean 10: 16) dans l'Amérique ancienne. Dans les temps modernes, son Père et lui sont apparus au jeune Joseph Smith, ouvrant la dispensation de la plénitude des temps depuis longtemps promise.

Le prophète Joseph a écrit à propos du Christ vivant : Ses yeux étaient comme une flamme de feu, ses cheveux étaient blancs comme la neige immaculée, son visage était plus brillant que l'éclat du soleil et sa voix était comme le bruit du déferlement de grandes eaux, oui, la voix de Jéhovah, disant :

"Je suis le premier et le dernier; je suis celui qui vit, je suis celui qui fut immolé ; je suis votre avocat auprès du Père" (D&A 110:3-4).

Le prophète a aussi déclaré à son sujet : Et maintenant, après les nombreux témoignages qui ont été rendus de lui, voici le témoignage, le dernier de tous, que nous rendons de lui : qu'il vit ! "Car nous le vîmes, et ce, à la droite de Dieu ; et nous entendîmes la voix rendre témoignage qu'il est le Fils unique du Père ; Que par lui, à travers lui et en lui, les mondes sont et furent créés, et que les habitants en sont des fils et des filles engendrés pour Dieu" (D&A 76:22-24).

Nous déclarons solennellement que sa prêtrise et son Eglise ont été rétablies sur la terre, et que son Eglise est édifiée "sur le fondement des apôtres et des prophètes, Jésus-Christ lui-même étant la pierre angulaire" (Ephésiens 2:20).

Nous témoignons qu'il reviendra un jour sur la terre. "Alors la gloire de l'Eternel sera révélée, et au même instant toute chair la verra" (Esaïe 40:5). Il gouvernera en Roi des rois et régnera en Seigneur des seigneurs, et tout genou fléchira et toute langue confessera qu'il est le Christ. Nous comparaîtrons tous pour être jugés par lui selon nos oeuvres et les désirs de notre cœur.

Nous, ses apôtres dûment ordonnés, nous témoignons que Jésus est le Christ vivant, le Fils immortel de Dieu. Il est le grand roi Emmanuel qui se tient aujourd'hui à la droite de son Père. Il est la lumière, la vie et l'espoir du monde. Ses voies mènent au bonheur dans cette vie et à la vie éternelle dans le monde à venir. Dieu soit loué pour le don sans pareil de son Fils divin !

LA PREMIÈRE PRÉSIDENCE
LE COLLÈGE DES DOUZE APOTRES


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