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6 juillet 2015

Attention danger ! Le projet d’Union des marchés de capitaux de la Commission européenne doit être stoppé !

La Commission européenne a annoncé qu’une de ses priorités est la mise en place d’une « Union des marchés de capitaux » (UMC)
lenouveleconomiste.fr, Jonathan Hill

Ce projet, détaillé dans un livre vert publié en février 2015, représente une nouvelle étape de la dérégulation financière en Europe. L’objectif mis en avant est de développer les marchés financiers dans les 28 pays de l’Union européenne pour apporter de nouvelles sources de financement pour les infrastructures, ainsi que les petites et moyennes entreprises dont les investissements sont en berne depuis le début de la crise. Partant du constat que les crédits bancaires aux  entreprises ont reflué, la Commission souhaite développer des modalités de financement non bancaires dans l’économie européenne : financement participatif, crédit inter-entreprises (facilité par la loi Macron), placements privés – qui permettent aux marchés financiers d’investir directement dans les entreprises de taille intermédiaire. 

Ce projet d’UMC, porté par le Commissaire Jonathan Hill, ancien lobbyiste de la City de Londres, a pour ambition de modifier en profondeur le système financier européen en le faisant basculer du modèle actuel de financement principalement basé sur le crédit bancaire vers un nouveau modèle fondé sur la finance de marché, tel qu’il existe dans les pays anglo-saxons. Pour atteindre cet objectif, M. Hill propose d’accélérer la dérégulation des marchés de titres, de manière à rendre ces derniers plus « efficients ». La proposition phare de l’UMC est de relancer la titrisation des prêts bancaires. Avec cette technique, les banques peuvent revendre leurs crédits sous forme de titres financiers sur les marchés de capitaux, ce qui leur permet de prêter en se dégageant  de leurs risques, tout en empochant les frais bancaires. La titrisation ouvre aux banques et investisseurs de nouvelles opportunités de profit. Or la titrisation a largement contribué à la crise financière de 2008, en incitant les banques à adopter des comportements risqués dans l’octroi des crédits.  Elle a participé au développement d’un système financier parallèle non régulé (« shadow banking system ») qui favorise la création de bulles financières de crédit. Tout se passe comme si les responsables européens, dont la BCE elle-même qui est favorable au développement de la titrisation, n’avaient pas tiré toutes les leçons de la crise financière dont nous subissons encore les conséquences !

Outre le fait qu’il sous-estime les risques d’instabilité financière, ce projet d’UMC est fondé sur un mauvais diagnostic quant aux véritables raisons de la chute du crédit et des investissements des entreprises dans l’espace européen. Cette chute n’est pas due à l’insuffisance des financements à la disposition des entreprises, comme l’affirme le livre vert de la Commission. Cette atonie de l’activité et de l’investissement est liée en réalité à la faiblesse de la demande adressée aux entreprises, qui  provient en grande partie des politiques de rigueur salariale et budgétaire imposées à la plupart des pays de l’Union européenne.

L’autre erreur des apprentis sorciers de la Commission est de considérer qu’il est possible de transformer aisément et sans coût significatif les structures de financement de la majorité des pays de l’Union européenne dont les entreprises, particulièrement les petites et moyennes, dépendent dans une très large mesure des financements bancaires. La relation stable et de proximité des banques avec les entreprises est un des atouts du modèle de financement d’Europe continentale qui ne doit pas être abandonné. La création de l’UMC accentuerait, à n’en point douter, la dérive actuelle de nos banques « universelles », plus intéressées à spéculer sur les marchés qu’à financer l’économie réelle.

Il est dit que la mise en place de l’UMC serait une grande concession faite au Royaume-Uni par ses partenaires pour inciter celui-ci à rester dans l’Union européenne. Ne serait-ce pas là un prix exorbitant à payer ? Car cette réforme aurait pour effet d’accroître l’emprise des marchés financiers sur nos sociétés et de renforcer la menace de nouvelles catastrophes financières. 

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