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13 juin 2015

Grandeur et décadence d'une religion ou l'Andalousie est une belle région



http://reflexionsetautresidees.blogs.courrierinternational.com/archive/2008/08/28/loundja-et-dalila.html

Jeudi, 28 août 2008

Grandeur et décadence d'une religion ou l'Andalousie est une belle région

A Dalila,
Ma lecture des livres sur l'histoire de l'Andalousie, m'a montré le fossé qui existe entre l'islam à ses débuts et celui du vingtième siècle. Au début de l'Islam, les sciences et la philosophie prenaient une grande place chez les savants arabo-musulmans.
La déchéance des musulmans et des intellectuels musulmans d'aujourd'hui, me rend assez convaincu que ce qu'on appelle les musulmans orthodoxes (salafistes ou non, wahabites ou non et tous les ignorants) vivent et veulent vivre comme les arabes d'el Jahilia (période pré-islamique). ElJahilia veut dire tout simplement l'ignorance, l'ignorance de tout et surtout de l'essentiel, à savoir la libre pensée, la philosophie et l'amour des sciences de la vie.
Cette note est dédiée à Dalila. Elle m'avait offert un disque de musique arabo-andalouse(artistes espagnols et marocains). Dalila a quitté son Algérie natale il y a cinq ou six ans de cela, pour pouvoir vivre normalement, respirer, lire, travailler (elle est médecin) et surtout oublier cette vie ou non-vie qu'elle menait sous pression permanente, la vie dans un pays se proclamant arabophone, que certains veulent remettre à l'époque d'elJahilia.
J'ai "puisé"  dans une étude sur le bilinguisme en Andalousie l'essentiel de cette note. Je cherchais à comprendre la décadence de la civilisation arabo-musulmane.
Tout a commencé avec le repli des musulmans sur eux mêmes. C'était l'arrivée au pouvoir des dynasties fortes au royaume de Fès(Maroc), les Almoravides et les Almohades  mais leur force n'était que matérielle et donc, éphémère. Le déclin des arabes a commencé quelques siècles avant 1492(fin de la présence musulmane en Espagne), le temps de passer le flambeau du savoir.
Déclin des arabes ou passage du flambeau
Dans l'Europe du Moyen Age, des Chrétiens, des Musulmans et des Juifs ont traduit presque tous les ouvrages de la philosophie arabe et de l'histoire des Musulmans ainsi que des œuvres littéraires de l'arabe aux langues latines.
Le mouvement de la traduction des œuvres de la culture arabo-islamique, a connu son apogée en Europe pendant le 12e et le 13e siècle, époque du règne des Almoravides et des Almohades. A cette époque, les savants arabes de l'Andalousie ont été chassés par ces dynasties connues pour leur orthodoxie religieuse. Ces philosophes et hommes de science se réfugièrent au Nord de l'Espagne et en Provence où ils s'adonnaient à la traduction au profit des "Chrétiens".

Dès l’établissement des Arabes en Andalousie, presque tous les Chrétiens et les Musulmans s’entendaient en langue arabe, langue officielle du pays. Les Mozarabes ont été séduits par l’éclat des lettres arabes et ont vite abandonné la culture romano-latine, dont les tendances sont souvent cléricales.
Un prêtre espagnol Alvaro de Cordoue a manifesté sa crainte à l’égard de la langue latine et son sort à l’intérieur de l’église : « Mes coreligionnaires, dit-il, aiment à lire les poèmes et les romans des Arabes, ils étudient les écrits des théologiens et les philosophes musulmans, non pour les réfuter, mais pour se former une diction arabe correcte et plus élégante... ».
Au Moyen Age, la langue arabe ne se bornait pas uniquement aux régions andalouses sous domination musulmane, mais elle s’étendait un peu plus loin, en Castille, à León et à Navarre. Après la reconquête de Tolède par le roi Alphonse VI, la langue arabe demeura encore pour plusieurs siècles, à transcrire les actes de la vie quotidienne.
Plusieurs personnalités espagnoles et franques, qui fréquentaient à l’époque, les cours chrétiennes, parlaient la langue arabe. Le bilinguisme en Andalousie a joué un rôle très important dans la transmission de la culture arabe en Espagne et en Provence.
Selon Gibb, les Morisques auraient accompli le rôle d’intermédiaire dans la diffusion des sciences arabo-islamiques dans les royaumes chrétiens. L'Andalousie était le centre de culture le plus important dans toute l’Europe.
Les villes andalouses comptaient des milliers de bibliothèques célèbres par la quantité fameuse de livres, sans égales dans le reste du monde occidental. La littérature se diffusait au Moyen Age avec une rapidité inexplicable. Les livres latins demeuraient inhumés dans les abbayes, à la seule disposition des religieux ; par contre, les livres arabes se répandaient dans les fastueux palais des émirs, dans les bibliothèques des juristes et hommes de foi et même chez de simples citoyens de la classe populaire.
Al Hakam II, fils de Abderrahmane III, hérita de son père trois bibliothèques, contenant chacune quatre cent milles volumes. Cordoue avait, à elle seule, soixante dix bibliothèques. Selon Ibn Rushd, Cordoue, au XIIe siècle, était la seule ville dans le monde entier à posséder autant de livres et de bibliothèques.
Les rois de Navarre et de Barcelone ne se dirigeaient que vers Cordoue lorsqu’ils avaient besoin de livres. Grâce à la liberté des religions prononcée par les émirs andalous au profit des Gens du Livre, de nombreux étudiants espagnols, francs, anglais et italiens fréquentaient les écoles de Cordoue dans le but d’acquérir les sciences et les cultures arabo-islamiques.
D’après Farmer, la musique était introduite au programme d’études, et les étudiants apprenaient les sciences arabes directement, sans recourir à des traducteurs en latin. C’est ainsi que  Les Mozarabes étaient chargés de diffuser la culture arabe en Europe.
Dès leur rencontre avec les Arabes, les Chrétiens d'Europe ont compris l'importance de la traduction des sciences arabo-islamiques. Les Musulmans avaient traduit la science grecque et lui avaient emprunté toute la philosophie que les Européens, pendant le Moyen Age, ignoraient presque complètement.
Les poètes occitans ne connaissent Platon que d’après une seule source : les traductions d’ouvrages arabes par les Juifs espagnols. Ces traductions ont eu un grand écho dans le Nord de l’Espagne, et même dans les seigneuries du Midi, qui les ont encouragées.
Les ouvrages arabes passèrent en Occident chrétien, surtout pendant la prise de Tolède par Alphonse VI, en 1085. Pendant le règne d’Alphonse VI, la ville de Tolède fut le centre le plus important d’où s’est propagée la plupart des sciences arabo-islamiques vers l’Europe.
Après avoir créé l’un des brillants centres de traduction, le “Colegio de traductores toledanos”, le monarque espagnol a fait appel à d’éminentes personnalités juives et mozarabes dans le but de vivifier la traduction et la transcription.
Le Collège de Tolède a connu de véritables traducteurs venus des pays lointains, tels que les anglais Robert de Kelton et Adelard de Bath, l’italien Gerardo de Cremona et le célébre traducteur juif Abraham ben Azra. Les Anglais, les Espagnols et les Italiens, quant à eux, s’étaient consacrés aussi à la traduction de l’Arabe aux langues romanes ou au Latin.
Gerbert d’Aurillac, Companus de Navarre, Morlay et Alphonse le Sage étaient les plus remarquables de ceux qui s’attachaient à la traduction arabe. Grâce à eux, les sciences et les lettres arabes ont pu être transmises en Europe. Le mérite des traductions arabo-islamiques aux langues latines revient à Don Raimondo, évêque de Tolède (m. 1150), qui, à l’époque, était conseiller du roi de Castille, il fut chargé de diriger l’association des traducteurs de Tolède sous le patronage du roi Alphonse VII. Il attachait une importance particulière aux traductions de cette école espagnole et insistait à transmettre à ses coreligionnaires et au monde latin, tout ce qui est arabe ou islamique.
Le roi Alphonse X, quant à lui, créa à Murcie le “Collège d’études islamiques”, avec la collaboration d’un philosophe arabe. Quelques années après sa fondation, le Collège fut transféré à Séville et fut fréquenté par de nombreux lettrés juifs et musulmans venant de l’Andalousie. Alphonse le Sage avait confié la traduction du Saint Coran à ses traducteurs.
Le pape Gerbert d’Aurillac (m. 1003) s’est rendu en Andalousie pour s’initier aux études islamiques, et lorsqu’il a voulu diffuser en Europe ce qu’il a appris des savants arabes, ses coreligionnaires l’ont accusé d’avoir vendu son âme au diable. Gerbert d’Aurillac (le pape Sylvestre II), se rendit aussi à Tolède. Il séjourna trois ans en terre d’Espagne afin de pouvoir compléter son instruction.
Brunetto Latini, le maître de Dante Alighieri, a voyagé en Espagne en qualité d’ambassadeur auprès du roi Alphonse le Sage, le brillant protecteur des traducteurs.
L’ambassadeur italien a visité les écoles de Séville et de Tolède, qui à l’époque, étaient préoccupées par la traduction au latin, des différentes sciences islamiques. C’est grâce à Brunetto Latini que Dante s’est inspiré des lettres et sciences arabo-islamiques. Au XIe siècle, à Saint-Vanne de Verdun, écrit Bezzola, Siméon enseignait l’arabe, le copte et le syriaque; à Narbonne, les frères juifs Ibn Azra se mirent à enseigner et à traduire les livres de science et de philosophie arabes; et à Montpellier, les médecins arabes et juifs d’Espagne, transmettaient aux étudiants chrétiens, dans les hôpitaux de la ville et à l’université, les leçons de la médecine arabe. De toutes les parties du monde, les étudiants affluent en Andalousie pour s’adonner aux sciences arabes dont Cordoue était le noble foyer.
Si les Francs ne connaissaient que peu de choses de l’art romain, ils ne savaient absolument rien de celui des Grecs. Par ailleurs, les Arabes avaient traduit presque tous les ouvrages de la philosophie grecque. C’est pourquoi les Européens n’ont pas hésité à fréquenter l’Andalousie et à y puiser, à la fois, les sciences arabes et la philosophie grecque.
La poésie lyrique et l’érotisme platonique arabe ont engendré en Provence l’amour chevaleresque. Cet amour ne doit être, en aucun cas, relié aux authentiques théories amoureuses de Platon ni aux purs idéaux chrétiens, ni aux écrits d’Ovide ou aux fragments de Fortunat. Le circuit d’Aristote, pensée grecque traduite en arabe, passa de l’Orient vers l’Espagne et les centres juifs du Languedoc pour atteindre au XIIIe siècle la Sorbonne.
Il importe de souligner que l’époque des Almoravides et des Almohades a été marquée par la domination des fuqaha (juristes et hommes de foi) dans les palais des émirs. Abu Yûsuf al Mansûr (m. 1199), a été l’homme le plus hostile à la philosophie. Il est connu par son alliance avec les religieux. Il a expulsé un grand nombre de philosophes et savants de l’Andalousie, notamment Ibn Rushd qui quitta sa ville natale avec beaucoup d’autres. La plupart étaient des hommes de lettres, pour se diriger vers les royaumes voisins et vers le nord jusqu’en France. Certains d’entre eux établirent à Montpellier une école de médecine qui fut un centre de diffusion de la science arabe.
Grâce aux traducteurs musulmans, chrétiens et juifs, l’Espagne, la Sicile et le Sud de la France, étaient au Moyen Age, les principales rives par où les influences arabo-musulmanes ont pénétré en Occident.
Malheureusement, après l’anéantissement du rationalisme, le retour des fuqaha obscurantistes (les talibans et salafistes de l'époque), le monde arabo-musulman a connu une longue décadence depuis le XVe siècle, et la civilisation passa, dès lors, du Sud au Nord.
Source: publications universitaires.
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