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Blog VOM : Géopolitique - Mondialisation - Société- Religions - Spiritualité - Actualité...
13 juin 2015

CORAN/POUR (2)

 

LE CORAN

(Extraits du Dictionnaire élémentaire de l'Islam par Tahar Gaïd)
Il serait prétentieux de parler du Coran en quelques lignes. D'ailleurs, tout ce dictionnaire traite de la question sans jamais épuiser le sujet. Des indications supplémentaires sont néanmoins susceptibles de compléter quelque peu les différents chapitres étudiés.
Le Coran n'est pas une oeuvre créée de toute pièce par un poète (châ'ir) si génial, soit-il, ni celle d'un devin (kâhin) aux puissances occultes. C'est une Révélation communiquée par Dieu à Son Prophète : " c'est là, en vérité, la parole d'un noble Prophète ; ce n'est pas la parole d'un poète ; -votre foi est hésitante - ce n'est pas la parole d'un devin ; comme vous réfléchissez peu ! - c'est une Révélation du Seigneur des mondes ! " (S. LXIX, 40 à 43), "Oui, le Coran est une Révélation du Seigneur des mondes " (S. XXVI, 192).
Le Coran n'étant pas le produit de sa propre réflexion, le Prophète, au moment de la " descente " (tanzîl) des versets, les répétait afin d'en retenir le sens et les expressions. Dieu lui ordonna de s'abstenir d'user de ce procédé car Il lui appartenait de réunir la récitation et de la faire comprendre à Ses créatures : " Ne remue pas ta langue en lisant le Coran comme si tu voulais hâter la révélation. Il nous appartient de le rassembler et de le lire. Suis sa récitation lorsque nous le récitons ; c'est à nous qu'il appartient, ensuite, de le faire comprendre " (S. LXXV, 16 à 19).
Le Messager de Dieu recevait la Parole divine par l'intermédiaire de l'ange Gabriel, nommé " l'"Esprit fidèle " par le Coran. Le Prophète, en sa qualité d'avertisseur, la transmettait à son tour aux hommes : " L'Esprit fidèle est descendu avec lui sur ton coeur pour que tu sois au nombre des avertisseurs " (S. XXVI, 194, 195).
La Révélation se produisait ainsi : illettré, donc incapable de lire les livres sacrés encore moins en araméen ou en hébreux, l'Envoyé de Dieu recevait le message d'une façon auditive. Il percevait un fort tintement de cloche. Il était saisi d'une fièvre si intense qu'une sueur abondante coulait de son front y compris pendant les périodes de grand froid. Il pâlissait et rougissait et tous ses membres tremblaient. Son corps s'alourdissait d'une manière telle qu'un jour son chameau ploya sous son poids.
Le Coran fut révélé graduellement durant plus de vingt ans, selon les circonstances politiques et religieuses. Ceci explique sa composition fragmentaire de sorte que les thèmes ne sont pas regroupés par chapitres.
Le Livre sacré n'a pas été recensé selon l'ordre chronologique de la Révélation mais selon la longueur des sourates. Il en renferme cent quatorze de longueurs inégales. La plus courte comprend trois versets et la plus longue en englobe deux cent quatre-vingt-six. Certaines, révélées à La Mekke, d'autres à Médine, ont reçu un titre ; la vachela fourmila caverneles fractions, etc. Postérieurement au Prophète, le Coran fut divisé en soixante parties (hizb) et aussi en deux cents parties appelées " rubû' ". Chaque sourate se compose de plusieurs versets(âyât)Le Coran en comprend six mille deux cent dix-neuf qui sont autant de signes et de miracles. Le mot âyâ est souvent accompagné d'un adjectif comme clair, évident... car son objet consiste à convaincre les hommes.
Du temps du Prophète, les versets coraniques étaient mis par écrit sur des os plats, des pierres, des peaux, des feuilles de palmiers... et aussi appris par coeur intégralement ou en partie par les croyants. Abu Bakr rassembla tous ces fragments sur le conseil d'Omar et les réunit en un seul opuscule. Un comité se chargea de ce travail. Cette décision fut prise à la suite de la mort de plusieurs lecteurs du Coran lors de la guerre engagée contre le faux prophète Musaïlima. Il était à craindre la disparition à la longue du texte sacré. La recension officielle de ce dernier se réalisa définitivement sous le khalife Othmane qui mit ainsi fin à la diffusion d'autres écrits légèrement incorrects.
Différentes expressions désignent le Coran dont le style varie suivant les époques de la Révélation. Outre le mot qur'ân qui dérive de la racine qara'a(réciter, lire), les quelques autres termes qui s'y appliquent sont çuhuf (feuilles),Kitâb (livre) ; deux appellations qui se réfèrent également aux Livres antérieurs à la prédication du Prophète, Furqân qui définit aussi l'Écriture confiée à Moïse, et aussi la " Mère du Livre " : " Dieu efface ou confirme ce qu'il veut. La Mère du Livre se trouve auprès de lui " (S. XIII, 39). Si les mêmes vocables sont parfois attribués aux Écritures, c'est parce que celles-ci proviennent toutes de la même source céleste.
Le mot qur'ân revient fréquemment dans le Livre, accompagné de différents qualificatifs : karîm (noble), hakîm (plein de sagesse), madjîd (glorieux), 'azîm(très grand), etc. En outre, Dieu compare le Coran à une lumière destinée à montrer aux hommes la seule voie à suivre : "O vous les hommes ! une preuve décisive vous est parvenue de la part de votre Seigneur : nous avons fait descendre sur vous une lumière éclatante " (S. IV, 174). Cette lumière avait été répandue sur l'humanité, et continue à se répandre, par une lampe, en l'occurrence, le Prophète : " O toi, le Prophète ! Nous t'avons envoyé comme témoin, comme annonciateur de bonnes nouvelles, comme avertisseur, comme celui qui invoque Dieu -avec sa permission- et comme un brillant luminaire " (S. XXXIII, 45, 46).
Le Coran a été révélé en arabe pour être compris, à l'origine, par un peuple arabe : "c'est une Révélation en langue arabe claire " (S. XXVI, 195), "Oui, nous avons fait un Coran en arabe ! -Peut-être comprendrez-vous " (S. XLIII, 3). Il est considéré comme éternel et incréé. Le texte que nous possédons est une copie dont le prototype " Umm al-Kitâb " (la Mère du Livre) est conservé au ciel sur une Table (lawh) bien gardée : " Ceci est, au contraire, un Coran glorieux écrit sur une Table gardée ! " (S. LXXXV, 1, 22). Il est du point de vue phonétique, graphique et linguistique identique à l'original céleste. Sa reproduction est inimitable (i'djâz) : " Dis : si les hommes et les Djinns s'unissaient pour produire quelque chose de semblable à ce Coran, ils ne produiront rien qui lui ressemble, même s'ils s'aidaient mutuellement " (S. XVII, 88).
Il est recommandé de lire et de relire le Coran, de le réciter à haute voix, tel est le conseil donné par Dieu au Prophète et à tous les musulmans : " Tiens-toi debout, en prière, une partie de la nuit, la moitié ou un peu moins ou davantage et récite avec soin le Coran" (S. LXXIII, 2, 3, 4), " Récitez donc à haute voix ce qui est possible du Coran " (S. LXXIV, 20). Beaucoup de Musulmans l'apprennent par coeur dès le jeune âge.
Le Tout-Puissant incite les hommes à se pencher d'une manière clairvoyante sur les données du Coran et à prendre comme base de réflexion les prescriptions temporelles et spirituelles ainsi que les exemples historiques qui y sont contenus et qui définissent la conduite à adopter dans la vie : "Nous avons exposé tout ceci dans ce Coran pour que les hommes réfléchissent" (S. XVII, 41), " Ceci est, pour les hommes, un appel à la clairvoyance, une Direction et une Miséricorde en faveur d'un peuple qui croit fermement " (S. XLV, 20).
Cette Direction est universelle car le Coran ne révèle pas une religion destinée à une seule race, à une catégorie déterminée d'hommes. L'essence de son enseignement était déjà contenu dans les Livres anciens : "Ceci se trouvait déjà dans les Livres des Anciens " (S. XXVI, 196). Le Livre saint est en effet un rappel des " feuillets " d'Abraham, de la Loi de Moïse, des Psaumes de David, de l'Évangile de Jésus... Dieu revient sur cette affirmation quatre fois en employant la même formulation et dans la même sourate : " Oui, nous avons facilité la compréhension du Coran en vue du rappel. Y a-t-il quelqu'un pour s'en souvenir ? " (S. LIV, 17, 22, 32, 40).
Le Coran a inspiré des oeuvres littéraires, juridiques, historiques, artistiques, scientifiques, etc. La création étant continue, grâce à l'aide de Dieu, de nouvelles théories politiques, économiques, sociales, de nouvelles inventions scientifiques peuvent être conçues en tenant compte de la marche de l'histoire qui est impitoyable à l'égard des traînards. Tous les problèmes de la vie sont contenus dans le Coran. Ils n'existent certes pas sous forme de recettes de cuisine mais bien potentiellement. Il s'agit de confronter, chacun dans son domaine et sa spécialité, la Réalité au Livre sacré et d'y découvrir les moyens de résoudre ces problèmes.

 

Le CoranAspects théologiques

Le mot arabe Qur'ân vient de la racine arabe qr', prise ici dans son sens primitif de "réciter" ou de "prêcher". Le mot signifie donc La Prédication par excellence.
Techniquement, c'est le texte de la prédication deMohammed, reçue par lui dans les moments de Révélation (il transpirait, entrait en transe&), qui pour l'islam est parole de Dieu, alors que les hadîths (ou "dits") de la Sunna représentent, eux, les paroles que le Prophète a pu prononcer dans la vie courante en dehors des instants de Révélation.
C'est, pour l'islam, la parole même de Dieu.
Toute citation écrite ou orale du Coran est introduite dans les livres islamiques par la formule qâla Llâhu ta'alä ("Dieu le Très-Haut a dit"). Quand il s'agit d'un message oral, à la radio ou à la télévision par exemple, le présentateur change de ton, prend une voix caverneuse et grave pour indiquer que c'est la Transcendance qui va parler, pour distinguer le flux de la parole sacrée de la parole profane. La citation orale se termine toujours par la phrase sadaqa Llâhu l-'azîm ("Dieu l'immense a dit vrai")
C'est, d'après le Coran lui-même, la parole de Dieu révélé enlangue arabe claire (26.195), c'est-à-dire dans une koinè supra-dialectale.
Le Coran a été révélé à Mohammed par l'ange Gabrielpar fragments Coran 17.106). Ces fragments sont considérés comme des extraits du Livre céleste, dont sont issus aussi la Tora et l'Evangile, fragments identiques point pour point aux passages correspondant du Livre céleste, alors que la Tora et l'Evangile ont été mal transmis (doctrine du tahrîf). A part ces altérations, le Coran est identique aux révélations antérieures.
Selon l'expression qui en vint à exprimer l'opinion majoritaire des théologiens musulmans, le Coran est considéré comme "parole [éternelle et incréée de Dieu ". Dieu étant un "parlant", le Livre céleste dont est issu le Coran est présent de manière latente en Lui. Sous cet aspect-là, il est éternel et incréé. Il s'actualise cependant lors du phénomène de la Révélation. Il devient alors mots et versets. Sous cet aspect là, il est temporel. Il est hikâya, représentation.
Le Coran est considéré comme tellement parfait (car oeuvre divine) qu'il est considéré comme absolument inimitable. C'est le dogme de l'inimitabilité du Coran (i'djâz al-Qur'ân).
Dans les mosquéesle Coran n'est pas lu de façon profane, mais psalmodié. C'est le tadjwîd. Cette psalmodie est faite avec un soin extrême. Elle nécessite des dizaines d'années d'entraînement. Toutes les désinence casuelles sont respectées, toutes les assimilations phonétiques sont réalisées. Les consonnes "r" et "dâd" sont prononcées avec leur valeur primitive, c-à-d un "r" anglais pour le "r" et un "d" emphatique (prononcé avec la langue recourbée vers le haut du palais) pour le dâd.
La liturgie de la prière est composée de versets coraniques ou de sourates entières comme la sourate 1 dite Al-Fâtiha.Le Coran étant parole de Dieu, l'orant ne fait que restituer à Dieu Sa propre parole ].
Histoire de la formation du Coran
Mohammed ne savait ni lire ni écrire (7.157). Il n'a donc pas mis par écrit lui-même les révélations qu'il a reçues. Il avait confié cette besogne à des scribes (secrétaires). Selon la tradition, dès qu'une révélation était transmise à Mohammed, les scribes la notaient sur des morceaux de cuir, des tessons de poterie, des nervures médianes de palmes, des omoplates et des côtes de chameau. La tradition nous montre encore le Prophète dictant à des scribes des fragments révélés à l'instant même. On pense cependant que cette procédure ne fut pas appliquée dès le début. Au début, personne ne songea sur le moment à les retenir autrement qu'en sa mémoire.
Du vivant même du Prophète se sont constitués des petits recueils de sourate rangées par ordre de longueur décroissante. Ces recueils ont aujourd'hui disparu. Ce qui est sûr c'est que ces textes utilisaient une orthographe capricieuse et défective une seule graphie pour "b", "t", "th", "n", "y", les points diacritiques n'existant pas encore à cette époque pour l'écriture arabe. Seule la récitation à haute voix permettait d'aboutir à un déchiffrement sûr.
Il semble que du vivant du Prophète, il y ait eu plusieurs compagnons du Prophète sachant le Coran par coeur, puisque la tradition parle de certains compagnons du Prophète venant trouver le prophète pour l'interroger sur la façon dont il convenait de réciter tel ou tel passage duCoran.
Mohammed n'a pas donné de version définitive ne varieturde la Révélation.
Mohammed meurt en 632. A cette date, comment se présentait le Coran ? Quelques très rares fidèles le savaient à peu près par coeur en entier. La plupart se bornaient à n'en retenir que des fragments plus ou moins longs. Les plus tièdes se contentent de quelques versets. Il y avait aussi des recueils de quelques sourates.
A la bataille de 'Aqrabâ livrée contre le faux prophète Musaylima (début 633), nombre de fidèles connaissant par coeur le Coran avaient trouvé la mort. Le futur calife 'Umar aurait alors compris qu'on risquait de voir retourner au néant à la fois les fragments non fixés par l'écriture et la caution que ces fidèles représentaient quant à la rectitude de la récitation du texte noté.
Le calife Abû Bakr demanda alors à un médinois d'une vingtaine d'années Zayd ben Thâbit de mettre le Coran par écrit. Zayd aurait donc recueilli, au prix de longs efforts, puis transcrit sur des feuilles, peut-être sur du parchemin, tous les textes déjà notés sur des pierres plates, des tessons, des omoplates de mouton ou de chameau. A ces textes, il a ajouté des fragments de la Révélation que seule la mémoire de certains fidèles possédait encore. Malheureusement, il ne reste plus aucune trace de ces feuillets (suhuf).
Ces feuillets constituaient la propriété personnelle d'Abû Bakr et de 'Umar, et non celle du calife, chef de la communauté. Dans l'esprit d'Abû Bakr et de 'Umar, il ne s'agissait pas d'imposer une Vulgate à l'ensemble des fidèles. Il semblait tout simplement normal que le chef de la communauté ne soit pas en état d'infériorité par rapport à quelques compagnons du Prophète qui avaient un Coran entier chez eux.
Il y avait d'autres recensions, notamment le corpus d'ibn Mas'ûd (m. vers 30/650). Il réussit même à faire prévaloir son corpus dans la ville de Kûfa en Irak. Les derniers exemplaires attestés disparaissent au 10ème s.
Les divergences entre les recensions portaient sur l'ordre et le nombre des sourates, et le détail du texte.
La recension othmanienne
Le calife 'Uthmân (ou Othman, 644-655) forma une commission de quatre personnes qui travailla sur la base de la recension d'Abû Bakr. A ce noyau primitif vinrent s'ajouter tous les fragments épars qu'il fut possible de trouver. Puis 'Uthmân ordonna la destruction de tous les autres témoins, y compris les omoplates etc& datant de l'époque du Prophète. C'est la seule recension en usage aujourd'hui, et depuis des siècles, puisque la recension d'Ibn Mas'ûd disparut au 10ème s.
L'émir al-Hajjâj (vers 694) adopta la scriptio plena. Pour le Coran se réalisa donc la même réforme qui au - 6ème s. avait introduit en hébreu les matres lectionis (waw et yod), qui par la suite devait aboutir au système plus nuancé des rabbins de Tibériade.
Cette réforme se fit en deux étapes d'abord introduction des points voyelles, qui par la suite devinrent des traits voyelles (fathakasra et damma), puis introduction des consonnes diacritées. La vocalisation était écrite en rouge, et le squelette consonnantique en noir. Mais la scriptio plena se heurta à une vive résistance et ne triompha définitivement qu'au milieu du 9ème s. A partir de ce moment, le texte coranique était fixé ne varietur.
Le premier Coran imprimé vit le jour à Venise en 1530, maisfut détruit immédiatement sur l'ordre des autoritésecclésiastiques. La première édition imprimée faite par un musulman est celle de Mulay Usman, St Pétersbourg, 1787. Actuellement, le Coran le plus largement utilisé est celui de l'édition du Caire, 1923, lecture de Hafs.
Le contenu du Coran
Le Coran comporte 114 sourates (chapitres), soit 6235 ou 6234 versets.
D'un point de vue historique, on distingue les sourates des trois périodes mecquoises (610-622) et celles de la période médinoise.
I. Périodes mecquoises
1. Première période mecquoise (610-616) 48 sourates, 1219 versets, 9% du Coran.
Les sourates de cette époque sont courtes et fougueuses.leur langage est solennel, les images hardies, les versets brefs, leurs enseignements pleins de force, et parfois introduits par des adjurations emphatiques.
On trouve dans ces sourates des prédictionseschatologiques, des exhortations à se préparer au Jugement Dernier, les descriptions des signes de la fin la terre s'ouvre, les montagnes chancellent, les étoilent tombent sur terre.
Le dogme de l'unicité divine apparaît au milieu de cette période.
2. Deuxième période mecquoise (617-618) 21 sourates, 1898 versets, soit 23 % du Coran.
La fougue initiale commence à se refroidir au contact des désillusions de la réalité et des nécessités pratiques de la communauté naissante. On y trouve de longues tirades sur les prophètes antérieurs à Mohammed.
3. Troisième période mecquoise (619-622) 21 sourates, 1656 versets, soit 33 % du texte.
On y trouve encore de longs récits sur les Prophètes.
Il s'agit de convertir les hommes à la foi dans le Dieu unique, créateur et résurrecteur des morts, au jugement dernier, à l'enfer et au paradis.
Le Coran de cette période s'étend longuement sur les louanges de Dieu. Il Le voit intervenant dans les phénomènes de la nature et dans les vicissitudes de l'histoire, et par contraste, parle avec sarcasme de la faiblesse des faux dieux.
Longues descriptions de la béatitude des bienheureux (au paradis) et des tourments infinis des damnés (en enfer)
II. Période médinoise (622-632) 24 sourates, 1462 versets, soit 35 % du texte.
Le Prophète est à présent chef d'Etat.
On y trouve l'écho des luttes soutenues par Mohammedcontre les tribus juives de Médine, contre les Hypocrites, contre les polythéistes de La Mecque, enfin contre les tribus bédouines ralliées à l'islam triomphant moins par conviction que par intérêt
On rencontre dans les sourates médinoises des textes d'une très haute portée pour l'élaboration future de la Loi islamique. Certains concernent le rapport de la nouvelle religion avec les autres religions monothéistes.
D'autres forment les éléments organiques du droit civil ( mariage, répudiation, héritage, transactions commerciales) , ou pénal ( répression des crimes et délits).
La traduction du Coran
C'est en latin que le Coran fut traduit pour la première fois sous l'impulsion de l'abbé de Cluny, Pierre le Vénérable(1092-1156).
A la faveur d'un voyage en Espagne entre 1141 et 1143, Pierre le Vénérable, créa avec le concours de l'archevêque Raymond de Tolède une équipe dirigée par un Anglais, Robert de Rétines, assisté d'un Dalmate nommé Herrman. ces deux clercs semblent s'être bornés à donner leur avis sur les passages d'interprétation délicate et le véritable traducteur est un certain Pierre de Tolède, probablement un converti à qui la langue latine n'était pas aussi familière que l'arabe, ce qui amena Pierre le Vénérable à lui adjoindre un coadjuteur appelé aussi Pierre, de l'ordre de Cluny, chargé de revoir le style de la traduction.
Ce travail ne précède que de quatre ans la deuxièmecroisade (1147-1149). Il était destiné à la propagande contre l'islam. Pierre écrivit à St Bernard " Mitto vobis, carissime, novam translationem contra pessimum nequam Machumet haeresim disputandem."
Ce n'est pas une traduction. Le texte arabe est simplement un résumé. Durant cinq siècles, la chrétienté l'utilisera dans ses controverses contre l'islam. La Renaissance s'en est montrée satisfaite. C'est cette version que publiera l'humaniste et théologien suisse Theodor Buchmann ouTheodorus Bibliander en 1543 à Bâle, sous le titre deMachumetis, Saracenorum principis ejusque successorum vitae et doctrina, ipseque Alcoran, quae Petrus abbas cluniacensis....ex arabica in latinam transferri curavit (cote BNUS R10732 pour l'édition de 1543, et D 25803 pour l'éd. de 1550).
C'était un acte d'audace pour l'époque, car les Turcs étaient devant Vienne depuis 1529. On traduisait le livre de l'ennemi, un ouvrage donc hautement subversif, et, pour digérer ce venin, Bibliander l'a fait précéder de trois préfaces, l'une de Philippe Mélanchthon, la deuxième de lui-même, la troisième du traducteur Robert qui démontre la fausseté du Coran. Il est suivi d'un plus grand nombre encore de réfutations de l'islam.
Au 17ème s., Du Ryer (1580-1660), qui fut longtemps consul de France en Egypte et à Constantinople, entreprit de vulgariser le livre sacré de l'islam en Europe et publie en 1647 l'Alcoran de Mahomet. Cette traduction fut immédiatement accueillie avec une grande faveur, due à ce que le public lettré de l'époque s'intéressait au monde islamique beaucoup plus que nous ne le croyons actuellement. En cinq ans, il y eut cinq éditions. Elle a été elle-même traduite en anglais, néerlandais et en allemand.
En 1698, paraît la traduction de Marracci à Padoue, avec une réfutation de l'islam. Elle est de bien meilleure facture que celle Du Ryer. Elle comporte une très abondante annotation, mais l'esprit est encore polémique.
En 1734 paraît la traduction de George SaleThe Koran commonly called the Alcoran of Mohammedavec une exergue "nulla falsa doctrina est quae non aliquid veri permisceat" ("Il n y a nulle fausse doctrine d'où ne transpire quelque chose de vrai") avec un Preliminary Discourse, qui est un exposé relativement objectif de l'islam. Nous sommes au Siècle des Lumières. C'est à cette traduction que la bonne société française, notamment Voltaire, doivent ce qu'ils connaissent de l'islam et du Coran.
En 1782-83, paraît la traduction de Claude Savary. Savary connaissait bien le dialectal, mais insuffisamment la langue écrite (elle est encore publiée aux Ed. Garnier). c'est une traduction imparfaite et pleine d'erreurs.
Actuellement, on trouve sur le marché de très nombreuses traductions du Coran, notamment celles de Hamidullah (bilingue arabe français, préférer la deuxième édition, indique les parallèles bibliques !), Tidjani et Pesle, Si Hamza Boubakeur (la seule en français avec un commentaire fort érudit), de Montet (à éviter), de Kazimirski (dépassée), de R. Blachère (excellente, préférer l'édition reclassant les sourates par ordre chronologique, hélas seulement disponible en bibliothèques), Denise Masson (excellente), de Jacques Berque (excellente), de Chouraqui, de Khawwam etc... En allemand, les meilleures sont les traductions de Rudi Paret (préférer l'édition avec commentaire et concordance) et de Max Henning. En anglais, la meilleure est celle de Kenneth Craig.

 

Le Coran

Le Coran est pour les musulmans la parole de Dieu révélée par fragments au Prophète Muhammad par l'intermédiaire del'ange Gabriel pendant les vingt-trois années de sa mission. En ce sens donc, le Coran représente pour eux une parole d'absolu qui donne et prend sens au-delà des événements et des contingences de l'histoire et ce parce qu'elle est, pour les fidèles de l'islam, le dernier message révélé aux hommes par Dieu qui, auparavant, avait envoyé d'innombrables prophètes et messagers dont Noé, Abraham, Moïse et Jésus.
Le texte coranique est, avant toute chose, un rappel aux hommes pour qu'ils reviennent à la foi originelle en Dieu et qu'ils aient de fait le comportement moral qui convient. Plus d'un tiers du Coran est constitué par l'expression du "tawhîd" la foi en l'unicité du Créateur qui n'engendre pas et n'a pas été engendré. On trouve également évoquées les histoires des Prophètes dont la narration traduit le fait de l'essence unique des messages et de leur continuité. Tous ces passages sont propres à donner naissance à la spiritualitéqui doit accompagner le croyant leur dimension absolue est en soi logique, et légitime.
De nombreux versets du Coran parlent de la création, de l'univers et d'autres insistent sur les modes de relations que les hommes doivent entretenir entre eux ou avec la nature. La Révélation traite en effet de toutes les sphères de l'activité humaine de l'ordre économique, du projet social, de la représentativité politique. C'est cette spécificité qui, à première vue, fait problème, car si la parole de Dieu est absolue, une et définitive, cela revient à dire que ce qui a été écrit et recensé au VIIème siècle comme "parole de Dieu" est à appliquer tel quel à toutes les époques ultérieures. L'islam serait donc, par essence, fondamentaliste au sens où l'on comprend cette notion dans l'histoire du christianisme.
Pourtant, ni le Prophète, ni ses compagnons, ni les premiers juristes ne l'ont entendu ainsi. Le Coran est descendu par fragments et les versets révélés étaient le plus souvent des réponses à des situations spécifiques auxquelles devait faire face la communauté des fidèles autour du Prophète. C'est une réponse relative à l'événement historiquement datél'absolu révélé n'est pas dans la littéralité de la formulation, mais dans le principe général qui se dégage de ladite réponse. C'est ce qu'ont traduit les premiers juristes, après Abou Hanîfa et al-Shâfi'i, avec la notion de "maqâsed alsharî'a" les objectifs, les principes d'orientation de la législation islamique.
Il s'agit là de la conceptualisation, après coup, de ce queMuhammad et ses compagnons comprenaient et appliquaient naturellement. Quand 'Omar, alors qu'il avait succédé à Abou Bakr à la tête de la communauté musulmane, décida, durant l'année dite de la famine, de suspendre l'application de la peine de la main coupée aux voleurs, il suivait très exactement le principe énoncé ci-dessus maintenir l'application de cette peine aurait signifié une trahison de l'objectif de la Révélation qui seule est absolue (même si cela pouvait apparaître comme un manquement à la lettre duCoran)
Il se trouve dans le Coran à peu près 228 versets (sur 6 238) qui traitent de la législation générale (droit constitutionnel, code civil et pénal, relations internationales, ordre économique, etc.). Il est impossible, avec ce qui ne représente que 3% du Coran, de répondre aux besoins d'une quelconque société - cette insuffisance était apparue du temps même du Prophète - et les juristes ont très vite cherché à dégager les principes généraux, et absolus, qui se cachaient derrière les réponses spécifiques données aux habitants de la péninsule arabique au VIIème siècle.
Le Coran offre donc des principes directeurs, des principes d'orientation. Ces derniers sont, par essence, absolus puisque, pour le musulman, ils proviennent du Créateur qui indique à l'homme la voie (la sharî'a) à suivre pour respecter Ses injonctions. Ces principes sont la référence des juristes qui ont la responsabilité, en tout lieu et à toute époque, d'apporter des réponses en prise avec leur environnement sans trahir l'orientation première. Ainsi, il ne s'agit pas de refuser l'évolution des sociétés, le changement des modes et des mentalités, ou les diversités culturelles bien au contraire, le musulman est mis en demeure de respecter l'ordre divin (qui a voulu le temps, l'histoire et la diversité) :
"Dieu fait sortir le vivant du mort ; Il fait sortir le mort du vivant. Il rend la vie à la terre quand elle est morte ainsi vous fera-t-Il surgir de nouveau.
Parmi Ses signes Il vous a créés de poussière, puis vous voici des hommes dispersés sur la terre.
Parmi Ses signes Il a créé pour vous, tirées de vous, des épouses afin que vous reposiez auprès d'elles, et Il a établi l'amour et la bonté entre vous. Il y a vraiment là des signes pour un peuple qui réfléchit.
Parmi Ses signes la création des cieux et de la terre ; la diversité de vos langues et de vos couleurs. Il y a là vraiment des signes pour ceux qui savent."
Coran 30/19-22
Les étapes de la création - des cieux, de la terre et des êtres humains - et la diversité des idiomes et des couleurs sont autant de signes tant de la Présence que de la volonté divines qu'il faut donc respecter. L'interpellation à l'ensemble des êtres humains va dans le même sens
"ô vous les gens ! Nous vous avons créés d'un homme et d'une femme et Nous avons fait de vous des peuples et des tribus pour que vous vous entreconnaissiez..."
Coran 49/13
Ainsi l'homme, porteur de la foi, doit admettre, à l'instant même où il s'occupe des affaires humaines, les données de l'évolution historique, de la diversité cultuelle et culturelle. Faire face à ses responsabilités de croyant, c'est appréhender l'horizon de cette complexité et, d'emblée, s'activer à chercher, pour son époque et son pays, la meilleure façon d'établir une harmonie entre les principes absolus et la vie quotidienne.
La Sunna du Prophète, seconde source du droit islamique, permet de s'approcher des objectifs de la Révélation. En effet, en analysant ce que Muhammad a pu dire en telle ou telle circonstance, ou comment il a agi, ou encore ce qu'il a approuvé, nous sommes à même de mieux comprendre le sens et la portée des injonctions divines. De la même façon, les juristes se sont efforcés de dégager à partir des dires, des faits et des décisions de Muhammad, les principes qui devaient permettre aux musulmans de vivre avec leur temps ou leur environnement tout en restant fidèles à son enseignement.
A première vue, la référence constante au Coran et au Prophète peut apparaître comme un obstacle au changement, comme sa négation manifestée par la volonté de voir appliquée aujourd'hui une législation vieille de quatorze siècles. Ce que nous venons de dire est la démonstration que cette compréhension est bien réductrice et qu'elle ne correspond ni à l'enseignement de Muhammadni à l'attitude des ulémas (savants) de la première. La détermination des principes généraux est un fait avéré dans les modalités de lectures juridiques du Coran et des traditions et que confirment, s'il en était besoin, l'exigence de "l'effort de réflexion personnelle" (ijtihâd) dans des situations dont ne parlent ni le Coran ni la Sunna.
Le Coran vivant
Les premiers musulmans avaient vécu plus de deux décennies en contact avec la Révélation continuée. Elle les avait menés du mode de vie le plus fruste à l'exigence de la méditation, de la délicatesse et de que vivifiait en eux le Coran
"Ne détourne pas ton visage des hommes, ne marche pas sur la terre avec arrogance. Dieu n'aime pas l'insolent plein de gloriole. Sois modeste dans ta démarche ; modère ta voix..."
Coran 31/18-19
Ils s'approchaient enfin de l'essence du message coranique, dans sa dimension et sa profondeur. Ils s'approchaient enfin du modèle
"Il y a certes dans le Prophète de Dieu un bel exemple pour celui qui espère en Dieu et (dans la rétribution) du Jour dernier..."
Coran 33/21
Et quand on a demandé à son épouse Aïsha quel était le caractère de Muhammad elle répondit "Son caractère étaitle Coran." Il en était la personnification, le premier et le meilleur interprète. Or jamais le Prophète n'a levé la main sur l'une de ses épouses. Tous les témoignages le montrent attentif, attentionné et respectueux de la personne et de la personnalité des femmes qui l'entouraient. A la même Aïsha, on demanda un jour ce que le Prophète faisait à la maison (en guise de tâche ménagère) ; elle répondit qu' "il était au service de sa famille, et de plus cousait ses vêtements et réparait ses chaussures."
Pédagogue avec ses compagnons, il leur enseignait l'islam par l'exemple. Sans brusquer les coutumes mais avec le souci, toujours, de parvenir à communiquer l'essence de l'islam. Un jour, il fut invité à manger ; il demanda à son interlocuteur "avec elle ?" en montrant son épouse Aïsha ; l'autre répondit "Non" alors Muhammad s'excusa de ne pouvoir accepter. La même situation se renouvela et, une fois encore, l'invitation fut refusée. Lors de la troisième rencontre, l'homme comprit enfin et répondit par l'affirmative à la présence de Aïsha. Le Prophète accepta de se rendre au repas accompagné de son épouse.
La mission prophétique touchait à sa fin. La descente du verset "Aujourd'hui, J'ai parachevé pour vous votre religion..." (Coran 5/3) était un signe et une indication désormais tout était donné du sens et de l'esprit du Message. Aussi le Prophète, lors du "pèlerinage d'Adieu" n'omettra de rappeler aux hommes les principes fondamentaux de l'islam. Aux cent quarante mille fidèles présents et à quelques semaines de sa mort, il exhorta sa communauté "Ô gens ! Vos femmes ont un droit sur vous et vous avez aussi un droit sur elles." Puis, après avoir répété le propos coranique susmentionné, il ajouta "Traitez les femmes avec douceur !... Soyez donc pieux envers Dieu en ce qui concerne les femmes et veillez à leur vouloir du bien." Se tournant vers Dieu, il invoqua "Ai-je fait parvenir le Message ?" ; les fidèles répondirent "oui", et le Prophète de ponctuer "Ô Dieu, sois témoin !". Ce furent ses derniers propos publics concernant les femmes qui répondaient au sens du dernier verset révélé concernant la vie du couple
"Parmi ses Signes il a créé pour vous, tirées de vous, des épouses afin que vous reposiez auprès d'elles, et Il a établi l'amour et la bonté entre vous. Il y a vraiment là des Signes pour un peuple qui réfléchit."
Coran 30/21
Ainsi, par le Coran et l'exemple du Messager, qui sont les deux sources de références de l'islam, se dessine le vrai statut de la femme musulmane dans sa relation avec l'homme.
Lire le Coran ?
Pour qui est de confession musulmane, la lecture du Coranest édifiante. Il est un Rappel de la Présence divine, et le Texte d'initiation à vivre pour épouser les horizons de la Création. Il est le Signe, le Sens et la Voie. - Ce "lecteur" (Coran veut dire littéralement "Lecture") sait pourtant (ou devrait savoir) que sa façon de s'ouvrir au Texte, d'entrer dans l'intimité de sa révélation est d'emblée de l'ordre de la reconnaissance, proprement de l'adoration (ta'abod) du Créateur. De la même façon, il sait - à cause de la nature même de sa lecture - qu'il ne peut tirer, par la seule formulation d'un ou de plusieurs versets lus à tel endroit du texte, des enseignements ou des règles d'ordre juridique, social ou politique. Il sait, enfin, qu'une compréhension de l'esprit de la Révélation en matière de droits et de devoirs, d'organisation sociale, politique ou économique exige une lecture, une approche, différente. Il s'agit alors de se rappeler que le Coran a été révélé sur vingt-trois années, qu'il y eut la période mecquoise et la période médinoise, que certains versets répondent à des événements circonstanciés, que tel verset précède tel autre, que certaines interdictions ont été révélées par étapes (le vin, al-ribâ par exemple), qu'enfin, l'absolu du message révélé est sujet à une interprétation tenant compte du moment historique - et donc relatif - qui lui donne sens.
Bref, on le voit, l'approche du Coran n'est pas simple pour qui veut comprendre le sens du message. Sur le plan du droit, une bonne lecture exige de nombreuses connaissances qui sont le fait, en islam, des spécialistes, des savants ('ulamâ') qui seuls, et sans exercer de sacerdoce ou une fonction cléricale, sont à même d'émettre des avis juridiques.
Aussi ne suffit-il pas de citer un passage du Coran pour avoir tout démontré, définitivement. Encore faut-il savoir comment le texte en question s'insère dans la Révélation et dans son histoire. C'est la voie nécessaire qu'il faut prendre pour en comprendre le sens et c'est ce que nous devons rappeler, souvent, aux lecteurs non-musulmans quand ils stigmatisent une formulation qui les choque par son apparente brutalité... Certains lecteurs musulmans, de la même façon d'ailleurs, quand ils s'appuient sur un verset pour justifier un comportement ou un propos aux contours quelque peu troubles.
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