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16 août 2015

Nicolas Sarkozy et la tentation démagogique

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Selon M. Sarkozy, il suffirait "de trouver les mots qui permettront aux Français de dire : celui-là pose enfin le bon diagnostic […] il est donc capable d'apporter les réponses".

C’est au cœur de l’insouciant mois d’août que le lecteur, tant soit peu sur ses gardes, découvre que son hebdomadaire Valeurs actuelleschange de propriétaire, pour passer aux mains d’Iskandar Safa, pendant que le président du comité éditorial, François d’Orcival, recule au poste de deuxième vice-président, et cesse même d’être président du groupe de presse.

Or, voilà que, dans un esprit très Paris Match, le premier numéro de ce changement exhibe en couverture le visage en gros plan de Nicolas Sarkozy, pas rasé, sous-titré d’un curieux : « La confession, entretien exclusif. » Les photos sont choisies : people au cap Nègre, populaire au bord du Tour de France ; mais aussi en chef politique, dominant un Juppé tassé à ses côtés.

Des sondages très négatifs sur son avenir présidentiel, il ne sera rien dit. Et M. Sarkozy est taisant (ne s’agit-il pas, pourtant, d’une confession ?) sur deux fautes parmi les plus graves de son quinquennat. La catastrophique opération militaire en Libye (après avoir accueilli Kadhafi au camping) dont l’absence de suite stratégique a mis le feu à l’Afrique ; mais il ne craint pas de s’exposer en critiquant la stratégie militaire menée en Syrie contre Daech !

Et, surtout, cette insupportable atteinte à la démocratie dont découle durablement l’abaissement français : la ratification du traité de Lisbonne, ersatz de la « Constitution » européenne, par le honteux congrès de février 2008, soufflet au visage du peuple français (qui avait voté contre en 2005) et de son histoire.

Pour le reste, l’interview atteint vite les limites du personnage : des formules si générales qu’elles finissent par ne plus rien dire. Car comment plaire à la fois aux déçus, aux centristes, aux électeurs du Front national, aux jeunes et aux anciens, au bon peuple et à la bourgeoisie ? La recette, plus que décevante : la confiance…« Faites-moi confiance, et c’est tout. » Quel est son degré de conscience quand il évoque « le fossé qui s’est creusé entre le peuple et les élites » ? Or, quelques lignes plus haut, le journaliste, lyrique (s’est-il relu ?) : « Il nous accueille en bras de chemise et lunettes de soleil, sur la terrasse de la propriété de la famille de Carla Bruni, au cap Nègre. Un vent léger flotte sous les tentures, et sous ses yeux, une vue de la Méditerranée s’offre sur 250 degrés… » Etc. Qui ne le voit, ce fossé ?

Puis l’ex-Président défait (par Hollande, c’est dire !) parle beaucoup de lui et de ses prouesses. Comme s’il essayait tant de se rassurer que de nous inspirer confiance. Nous apprenons que pour le juger, il faut comparer son mandat non pas avec ce qu’il aurait promis, dû faire (ou ne pas faire) ou réussir, mais (horreur) « avec le bilan de son successeur »… Pas une fois il ne parle de la France, du malheur, de l’espoir attendu, de l’avenir, du pays qui s’effondre, de la Russie, de l’armée, du traité transatlantique, etc. Des exagérations et contre-vérités aussi, sur ses succès supposés : l’autonomie de l’université (?), la sécurité (sic), l’immigration (re-sic). Beaucoup de slogans creux et faciles, de plates généralités (« Le monde d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec ce qu’il était il y a cinquante ans »), de promesses, encore, et la tentation démagogique : « J’ai réfléchi à l’insatisfaction des Français et je peux la comprendre. » Bravo ! Des erreurs aussi : l’ex-Président pointe des questions qui pourraient lui être reprochées : l’école, le chômage, la conformation au « modèle » mondial, la compétitivité (vue depuis le cap Nègre), l’immigration, la « lutte contre le FN ».

Mais il a une martingale infaillible : lui faire confiance ! C’est tout. Le mot confiance revient dix fois : une incantation plus qu’une exhortation. Et il termine par une inquiétante erreur de raisonnement : selon M. Sarkozy, il suffirait « de trouver les mots qui permettront aux Français de dire : celui-là pose enfin le bon diagnostic […] il est donc capable d’apporter les réponses ».

Non, ça ne marchera pas une seconde fois. Passer du bon diagnostic à la bonne thérapeutique ? Les Français ont déjà eu cinq ans pour comprendre que le lien n’était pas garanti. Et que le prix, astronomique, à payer avait été Hollande. Aujourd’hui, ils sont entre 70 et 75 % à ne plus vouloir ni ce médecin avec son diagnostic ni l’artisan en scooter avec sa boîte à outils. Ils veulent un vrai Président rassembleur, digne, respectueux, lucide, courageux, pour aimer leur pays et le sauver.

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