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14 août 2015

Pour la première fois, l'ancien procureur général près la Cour de Cassation dénonce "le climat des affaires"et un "sentiment de

Jean-Louis Nadal, rpocureur général près la Cour de Cassation. (Jacques Graf pour le Nouvel Observateur)Jean-Louis Nadal, rpocureur général près la Cour de Cassation. (Jacques Graf pour le Nouvel Observateur)


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(Extraits de l'interview de Jean-Louis Nadal, publiée dans "le Nouvel Observateur" du 8 mars 2012)

Pourquoi parler aujourd’hui ?

J’ai été magistrat pendant quarante-quatre ans. J’ai vu, compris beaucoup de choses. Aujourd’hui, libéré de mon obligation de réserve, j’ai choisi de dire ma vérité. On nous avait promis la rupture ? Elle a bien eu lieu : on a rompu effrontément avec les principes fondateurs de notre justice républicaine. Désormais, la situation s’est tellement dégradée qu’il faut s’atteler à une restauration de l’Etat de droit. Le chantier est immense […] La justice se trouve dans une souffrance sans précédent. Cela n’a que trop duré […] Au cours de ce quinquennat, incontestablement, le climat des affaires donne un sentiment de corruption publique, d’impunité, où la justice est invitée à servir plutôt qu’à faire place à la vérité […] On assiste à une volonté de protéger les personnalités visées de toute investigation objective. Combien de fois a-t-on entendu d’importants personnages mis en cause déclarer : "?Le dossier est vide, je n’ai rien à me reprocher?", et être systématiquement confortés par le pouvoir ? C’est insoutenable.

Vous faites allusion à Eric Woerth et à Christine Lagarde ?

Pensez ce que vous voulez […] Mais jamais auparavant on n’a assisté à une telle instrumentalisation politique de la justice. A cet égard, le bilan de cequinquennat est affligeant et a trop souvent conduit certains à se préoccuper de ne pas déplaire plutôt que de faire leur travail […] Nicolas Sarkozy avait annoncé une République exemplaire. Où est-elle passée ? En dix ans de pouvoir quasi absolu, la majorité sortante s’est évertuée à saper les bases de notre contrat social. Pas besoin d’être un expert pour voir que certaines réformes désastreuses, certains comportements partisans, certaines nominations et certaines affaires scandaleuses défigurent la justice. Je pense en particulier à la situation difficile qui est faite aux magistrats en charge des différents volets de l’affaire Karachi. Ce qui s’est passé au tribunal de Nanterre me remplit aussi d’une gêne profonde.

Vous parlez du procureur Philippe Courroye.

Je le connais bien. Nous avons travaillé ensemble à Lyon. Il était alors un magistrat instructeur d’une exceptionnelle qualité. C’est dommage, vraiment. Pour lui, pour la juge Isabelle Prévost-Desprez, pour la juridiction tout entière. Cela donne une image de la justice qui ne peut pas rassurer le peuple. Je n’en dis pas plus, ces affaires sont en cours. Mais cette situation particulière de Nanterre intervient alors qu’on assiste plus généralement à une dégradation des principes. Alors que la justice doit être insoupçonnable, tout a été fait pour la réduire, la contourner, la dévaloriser […]

Vous dénoncez les atteintes à l’indépendance des juges.

Bien sûr. Quand certains s’élèvent contre "un gouvernement des juges", je m’insurge. Ce que je rejette, c’est un pouvoir qui gouverne les juges ! De même, il faudra bien, c’est le sens de l’histoire, que le parquet lui aussi soit indépendant. Cela passe par une réforme du Conseil supérieur de la Magistrature et de sa composition. Il n’est pas convenable que les nominations continuent à être dans la main des politiques […] Il faut rétablir un Etat impartial et ramener la sérénité dans une institution maltraitée comme jamais. Je le sais. Je l’ai vécu. Quant à la Cour de Justice de la République, chargée de juger les ministres pour les actes accomplis dans l’exercice de leurs fonctions, elle aussi il faudra la réformer. Laformation de jugement – des parlementaires – fonctionne comme un club. Ce n’est pas la peine de sortir des affaires lourdes et de les voir ainsi jugées. Le citoyen n’y croit pas. Il faudra réfléchir à revenir au droit commun. Il est indécent qu’il existe deux justices : une justice pour les petits que l’on enfonce et une justice pour les puissants que l’on protège.

Vous avez été membre du cabinet de Robert Badinter et avez, depuis, été catalogué à gauche.

[…] Oui, je suis un homme de gauche. Et alors ? Jamais la justice n’a été aussi meurtrie, et je souhaite que cela cesse. C’est le sens de mon engagement. Aujourd’hui, c’est François Hollande qui est le candidat et porte les couleurs de la gauche. Je souhaite qu’il gagne. Et qu’il rétablisse, dans le respect des institutions, un Etat fort. Un Etat fort : lui, il a la légitimité pour le dire.

(Lire l'intégralité de l'interview de Jean-Louis Nadal dans "le Nouvel Observateur" du 8 mars 2012

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