La Bible, multiculturaliste ?

En appelant à faire "de toutes les nations des disciples", le Christ appelle les chrétiens à se tourner vers le monde non pour adopter les cultures ou les manières du monde mais plutôt pour influencer ces cultures ou les évangéliser.

Bernard Mitjavile

Traducteur interprète

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Dimanche dernier (21 juin), une déclaration sur les « migrants » écrite par trois évêques a été lue ou distribuée dans de nombreuses églises de France.
 
Cette déclaration répète comme un mantra la phrase « Souvenons-nous, vous avez été des exilés », se fondant sur le verset « Aimez donc l’immigré, car au pays d’Égypte vous étiez des immigrés »» (Dt 10, 19) comme si cela signifiait une approbation inconditionnelle par la Bible de l’immigration de masse.
 
Or, c’est loin d’être le cas. Si l’on regarde l’ensemble de la Bible et en particulier l’Ancien Testament, il y a de nombreuses citations engageant Josué et ses successeurs à éliminer jusqu’au dernier les premiers habitants de la terre promise. Le roi Salomon est puni par Dieu parce qu’il a des épouses étrangères dans son harem (filles de princes ou rois du Moyen-Orient) qui se mettent à adorer selon leur tradition religieuse des idoles dans le Temple de Jérusalem. On trouve aussi le commandement lors du retour d’exil fait aux juifs qui avaient épousé une épouse étrangère de soit la quitter, soit quitter Israël, Néhémie (13,30) parlant de « purifier » les juifs de tout étranger.
 
Le problème pour les prophètes et les chefs religieux juifs était de maintenir la pureté religieuse du peuple et d’éviter toute forme d’idolâtrie et, donc, d’influence des cultures étrangères. Cela mènera entre autres à une guerre sanglante contre les Grecs avec Judas Maccabée et sa famille.
 
En exigeant le respect de la loi et le rejet de toute forme d’idolâtrie, la Bible ne se montre pas tolérante au sens actuel du mot. On est très loin de l’accueil de la diversité ou de l’enrichissement par les autres cultures. En résumé, on trouvera tout dans la Bible sauf un appel à la diversité culturelle ou au multiculturalisme.

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Le Nouveau Testament n’est pas plus un appel au multiculturalisme que l’Ancien. Jésus nous dit qu’il est « le Chemin, la Vérité et la Vie », ce qui est une façon de rejeter les autres chemins. Quand il rappelle comment Dieu avait voulu le mariage à l’origine en créant l’homme et la femme, Jésus montre un modèle unique de couple basé sur l’amour et la fidélité entre un homme et une femme à l’exclusion des autres.

En appelant à faire « de toutes les nations des disciples », le Christ appelle les chrétiens à se tourner vers le monde non pour adopter les cultures ou les manières du monde mais plutôt pour influencer ces cultures ou les évangéliser, pour reprendre une expression de Jean-Paul II.
 
Placée dans cette lumière, l’acceptation de l’immigration comme une forme d’enrichissement automatique de notre culture ou un devoir pour tout chrétien, sans ajouter de sérieux bémols comme le rejet du relativisme moral et culturel mentionné par le pape Benoît XVI et la nécessité de respecter un héritage chrétien, apparaît comme non sérieusement fondé sur les textes bibliques et quelque peu démagogique.

Bernard Mitjavile

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