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15 juin 2015

EXTRAITS : « Candide et son pote George W. Bush »

 EXTRAITS : « Candide et son pote George W. Bush » 

Le religieux

La nouvelle naissance en Jésus

Depuis que j’avais promis à Jimmy Allison d’être sobre, j’avais sacrément ralenti sur le whisky pendant toute la durée de la campagne qui dura près d’un an. Après ma première rencontre avec Laura et notre mariage, j’avais continué à réduire les soirées festives et ce ralentissement se poursuivit avec la naissance des jumelles. Laura satisfaite, toujours calme, optimiste et ravie déclarait : – Chaque étape correspondait à un nouvel exercice de discipline. Il aime ça. Ça lui fait du bien de renoncer à ses mauvaises habitudes. Enfin, j’avais, comme dit un ami, commencé ma « longue route tortueuse vers la maturité ». Bien que je me modérais, il n’empêche que ma route fut tellement longue, large et tortueuse qu’il m’aurait fallu peut-être une éternité pour la rendre droite. Heureusement, Dieu m’envoya le Révérend Billy Graham, célèbre télévangéliste très écouté de plusieurs présidents américains, dont mon père qui lui demandait souvent conseil, avant, pendant et après son accession au poste suprême. Il se prit d’affection pour moi, parce que d’abord c’était un ami de ma famille et ensuite parce que son fils Graham connut lui aussi de graves problèmes avec la boisson avant de reprendre le chemin étroit et resserré qui ramène à Jésus. En 1986, lors d’une soirée passée dans la propriété du Maine de ma famille, nous nous promenions sur la plage. Il me demanda : – Es-tu en règle avec Dieu ? – Eh bien ! Durant les cinq années passées moi et ma famille nous sommes allés régulièrement à l’office de l’église méthodiste de Midland. J’ai même enseigné à plusieurs le catéchisme. Le Révérend n’était pas né de la dernière pluie, il connaissait et pratiquait les gens de toutes sortes et il ne fut pas dupe de ma réponse. Il posa sa main sur mon épaule. Puis d’un ton sévère me rétorqua : – Tu n’as pas répondu à ma question, fils. Possèdes-tu la paix et la compréhension avec Dieu qui ne peut s’obtenir que par notre Seigneur Jésus-Christ ? Je ne pouvais pas continuer à lui raconter des sornettes et je retirais mon masque : – Non, je n’ai pas toujours suivi le droit chemin. Après mes échecs, au lieu de me tourner vers Dieu pour m’en sortir, j’ai sombré davantage dans la boisson pour les oublier. – Vivre sans Dieu à ses côtés dans ce monde, c’est être terriblement seul. S’il y a une seule chose que je veux que tu n’oublies pas en entrant au Texas, c’est que Dieu t’aime, George, et que Dieu s’intéresse à toi. Pour confier de nouveau ta vie à Jésus-Christ, tu dois renoncer à ce dernier démon avant de devenir un autre homme. Confie-le à Dieu, George, il se chargera du fardeau et te délivrera. Ce soir-là, je devins un disciple de Billy qui planta en moi un véritable esprit de repentance comme une graine de moutarde qu’on aurait semée. Mais il lui fallait du temps pour pousser et j’ai changé peu à peu. Il me fallut quelques mois pour que je règle définitivement mes comptes avec mon démon. Ce fut, lors d’une soirée entre amis en mars 1986. Ce fut une nouba mémorable. Le lendemain de la fête, je me réveillais dans la chambre de l’hôtel. Comme un zombie, je me dirigeais vers la salle de bain. Devant la glace, je découvris un homme en pleine décrépitude : les cheveux en bataille, avec du vomi séché partout, les yeux injectés de sang qui coulait. Je tombais à genoux. Je sanglotais sans pouvoir m’arrêter en demandant à Dieu de me sauver avant que la boisson ne me tue. Je jurai que je ne toucherais plus jamais à une goutte d’alcool. Au petit déjeuner, je n’ai rien dit à Laura de ma décision irrévocable ni à personne d’autre. C’est facile de dire : « J’arrête ! », mais cette fois-ci, j’en avais vraiment l’intention. Ce n’est que le soir, à notre retour à Midland que je lui ai annoncé la nouvelle. Elle raconte : – Il a simplement dit « Je vais arrêter », et il l’a fait. Et voilà. Nous en avons par la suite plaisanté, disant que c’était la note salée du bar qui l’avait poussé à arrêter. Le Christ a fait une différence énorme dans ma vie. Je suis convaincu du pouvoir de la prière d’intercessionIl était temps, car l’alcool commençait à rivaliser avec mes énergies. Je n’arrivais plus à me concentrer. Bien que je ne me rappelle pas avoir passé un jour sans boire, je ne me suis jamais considéré comme cliniquement alcoolique. Même mon père, qui était au courant de mon problème de boisson, depuis des années proclamait en public : Il n’a jamais été alcoolique. Il sait simplement qu’il ne tient pas l’alcool. Tout comme Laura, qui m’a tellement supplié durant des années d’arrêter et refusait de reconnaître mon alcoolisme. – George n’a jamais appartenu à ces buveurs qui boivent pendant la journée. Jamais. Il n’a jamais pris de[1]Bloody Mary au déjeuner. Pas une seule fois. Moi aussi, j’essayais d’atténuer, aux yeux de tous, mon alcoolisme. Lors d’une interview, j’ai déclaré à un journaliste :– Un beau jour, j’ai arrêté net et cette décision reste comme une des plus intelligentes que j’ai prises dans ma vie. Évidemment, je n’étais pas cliniquement parlant un alcoolique, mais j’avais tout de même pris des habitudes au point que je manquais d’énergie et que mes plaisanteries devenaient parfois vaseuses. Surtout vis-à-vis de ma femme. J’ai donc tout stoppé et j’en suis très content. 

Un soir de méditation

Un soir de ma mi-juin 1986, j’étais devant ma télévision vidant une dernière bière sans alcool, alors que Laura depuis plus de deux heures pionçait à poings fermés. Je ne voyais pas les images qui défilaient, je n’entendais pas le son. Je réfléchissais à ce que j’allais faire de ma vie. Je me souvins que trois mois avant la soirée de notre 40e anniversaire, j’avais croisé Al Hunt du Wall Street Journal. Il dînait avec sa femme et son fils âgé de 4 ans. Il avait publié quelques jours avant un article désobligeant envers mon père. J’étais bien chargé et je l’ai traité de tous les noms devant sa femme et son fils. – Espèce de salaud, j’ai vu ce que tu as écrit. On n’est pas près de l’oublier. Quand j’avais bu, je n’étais pas de bonne compagnie […] Je n’étais pas très marrant quand je buvais. Il vous suffit de demander à ma femme. […] Si vous êtes d’un tempérament bagarreur de toute façon, vous n’avez pas besoin d’un motif pour l’être encore plus. J’avais le vin mauvais. Quand j’avais bu, plus le temps passait et plus je devenais horrible, violent, mauvais, hargneux, vindicatif. « IN VINO VERITAS » ; dans le vin, la vérité. Ce proverbe est bien connu pour dire que l’homme déballe dans l’ivresse la vérité qu’il dissimule à jeun. En partie, c’était vrai pour moi. Mais cela allait beaucoup plus loin et j’en prenais de plus en plus conscience. Comme je l’ai dit, je n’ai jamais été doué pour me psychanalyser et je me suis toujours méfié des psys. Ne dit-on pas qu’il n’y a pas plus fou qu’eux ? L’alcool fut mon psychanalyste, le révélateur de ma double et complexe personnalité. Il me révéla le Dr Jekyll et Mr Hyde qui cohabitaient en moi. Je me rendais compte après mes cuites et lors des moments de lucidité que toute ma vie j’avais navigué entre ces deux personnages. Je me souviens que lors de la mort de Robin, je m’étais montré exemplaire vis-à-vis de maman et de mes frères Jeb et Marvin. Lorsqu’en 1972, je fus arrêté pour consommation de cocaïne et que j’ai dû travailler comme moniteur social pour me racheter, de tout mon cœur, j’ai vraiment aidé des jeunes en difficulté et jamais je ne me suis senti aussi heureux et en paix avec moi-même. Pourtant, tout petit, j’éprouvais une joie sadique à tirer à la carabine les grenouilles, à leur enfiler des pétards dans la gueule, à les balancer en l’air et à me marrer lorsqu’elles explosaient en mille morceaux. Il en était de même, lorsque j’étais président de DKE à Yale et que j’appliquai un fer « rouge brûlant » au creux des reins de nouveaux postulants. Je n’avais pas conscience du mal que je leur faisais. J’en éprouvais presque une joie sadique et je me disais pour me justifier que c’était un passage obligé pour être membre du DKE et qu’après tout, ce n’était pas grand-chose, comparé aux universités du Texas où on utilisait un aiguillon pour marquer les vaches. Dans mes rares moments d’introspection, je me faisais peur. Pourtant aussitôt je me trouvais mille excuses. Pour les grenouilles, je me racontais que lorsqu’on est enfant on est souvent cruels sans s’en rendre compte et qu’après tout je n’étais pas le seul à me marrer en les voyant s’éclater en l’air. Pour le coup du fer rouge brûlant, c’était parce qu’à l’époque, j’étais jeune et irresponsable. Lorsque je buvais et je cherchais la bagarre au premier qui semblait me regarder de travers, c'était pour la même raison « à l'époque, j'étais jeune et donc irresponsable » ! Le problème est que ma jeunesse irresponsable dura jusqu’à ma quarantième année. C’est un peu long ! Oui, il était temps que je m’arrête pour moi, ma femme, mes filles et ma famille, mais aussi parce que lorsque je me saoulais, je pouvais devenir dangereux. Je l’ai échappé belle ! Quand je rentrais en moi-même, systématiquement mon père devenait mon principal sujet. J’ai toujours adoré ma mère. En ce qui concerne mon père, autant je l’ai adoré et autant je l’ai détesté. Autant je l’ai admiré, autant il m’a exaspéré ! Je réalisais, peut-être parce que c'était mon destin que je me suis toujours trouvé en compétition avec lui et que ce dernier à ce jour m’a battu à plate couture. Il était toujours premier à Andover ; moi j’étais médiocre. Il sortit major à Yale ; moi j’obtins, de justesse, un minable diplôme en histoire qui ne menait nulle part. Il devint pilote par patriotisme ; je devins pilote pour me planquer. Il fit fortune dans le pétrole ; je collectionnais les faillites. Je réalisais parfaitement que si, après le fiasco d’Arbusto, j’avais obtenu des postes mirobolants, c’était grâce au nom que je portais. Par conséquent à lui et à son poste de vice-président après tous ceux qu’il avait occupés auparavant. Ceux qui investirent dans mes entreprises espéraient tôt ou tard une forte plus-value de leurs investissements. J’enrageais, car je voulais lui montrer de quoi j’étais capable ! Qu’il puisse un jour me dire en toute sincérité : – Fils, je suis fier de toi ! Et non comme jusqu’à présent : – Junior, tu m’as déçu… très déçu ! Combien je détestais cette putain de phrase ! Pourtant, je ne pouvais pas supporter qu’on me le critique et j’aurais « massacré » à coup de poing ou par les coups les plus tordus quiconque lui aurait fait le moindre mal. Tous ceux qui m’étaient liés par le sang, il ne fallait pas y toucher. Ensuite, mes amis faisaient partie des intouchables. Mais encore fallait-il qu’ils me soient fidèles taillables et corvéables à merci. Surtout, qu’ils ne fassent pas un enfant dans le dos, car dans ce cas je m’arrangeais pour leur réserver un chien de ma chienne en leur rappelant le vase de Soissons. À part ces deux cercles, il n’y avait plus de cercle. C’était le vide. Je réalisais que je n’éprouvais pas de vrais sentiments pour mon prochain comme le préconise la Bible. Je me rendais compte que devant la souffrance d’une personne se trouvant hors de ma sphère, je ne pouvais pas ressentir de l’empathie qui est cette faculté de se mettre de tout cœur à la place pour compatir et aider. De plus, je n’en éprouvais aucune honte, aucun regret, aucune culpabilité. Par contre, je pouvais jouer tous ces bons sentiments et ça marchait à la perfection tant je peux être bon comédien quand je veux obtenir quelque chose. Je me disais en guise d’excuses que si j’avais le cœur si sec, c’était dû à ma stricte éducation, à ma douloureuse expérience avec la mort tragique de Robin, à l’écrasante personnalité de mon père. Pourtant, si le premier commandement est : « Tu aimeras ton Dieu, de tout ton cœur, de toutes tes forces de tout esprit », le second n’est-il pas : « … et ton prochain comme toi-même. » Le premier commandement me semblait naturel tandis que le second m'apparaissait utopique ou alors envisageable uniquement après cette vie. Pourtant, l’Écriture dit bien qu’ils sont semblables et accomplissent la Loi et les Prophètes. Je ne voulais pas approfondir cette contradiction qui cohabitait en moi et je revins à ma question d’avant mon auto-psychanalyse : – Alors que vas-tu faire de ta vie ? Tu veux réaliser à tout prix ton rêve américain : pognon, pouvoir, gloire. Ça y est, nous y revoilà : comme ton père ! Pour une fois, laisse tomber ton vieux et cesse de penser à lui. OK ! Tu veux richesse, pouvoir et gloire. Ce n’est pas en restant comme consultant en « relations avec les investisseurs et les placements de capitaux » à Harken Energy Corp. Ce n’est pas non plus en te lançant dans la création d’une nouvelle société. Là-dedans, tu as suffisamment donné ! Alors ? Que faire ?... Soudain, je vis défiler devant moi toute ma campagne pour briguer le poste de député. Mon premier round avec Jim Reese, pour l’investiture républicaine et mon second avec Kent Hance, mon adversaire démocrate. Je me remémorais tous les coups tordus de mes adversaires et je réalisais que j’avais livré une bataille trop timorée parce que j’avais peur qu’ils révèlent encore plus de détails troubles de ma vie. J’avais boxé à distance, alors que j’aurais dû monter sur le ring avec « l’œil du tigre », en leur rentrant d’emblée dans le râble, en les travaillant au corps, jusqu’à les envoyer au tapis pour le compte. Je ne m’étais pas battu à ma manière ; en n’écoutant que mes tripes. Je savais profondément qu’en politique j’avais l’instinct du tueur et que j’aurais dû massacrer mes deux adversaires ! Papa et ses conseillers en avaient eu conscience bien avant moi de cette disposition naturelle à la bagarre et ils l’avaient utilisé dans ses campagnes pour que je descende ses adversaires. Ce qui lui évitait de le faire et par conséquent se salir. Pendant cette campagne, j’avais éprouvé beaucoup de satisfaction à voir toutes ses mains ferventes tendues vers moi, je savais les serrer chaleureusement, leur dire un mot gentil, leur sourire, leur sortir un bon mot. Tout simplement les embobiner ! Ouais, je savais mettre les gens dans ma poche. Dans cette campagne, j’ai appris et pris plaisir à manipuler les foules, à me faire désirer comme une rock star. Il y a une véritable jouissance quand plus d’un millier de personnes scandent votre nom. C’est tellement plus excitant que d’être populaire au collège ou à Yale. Cette soirée de méditation fut révélatrice. Premièrement, en politique, je savais que j’avais l’instinct du tueur. Deuxièmement, je n’avais pas mon pareil pour collecter des fonds avec mon bagou pour embobiner. Troisièmement, j‘avais fini par admettre que j’avais hérité d’un nom qui me facilitait la tâche. Quatrièmement, j’étais déterminé à m’en servir et par tous les moyens faire mieux que mon père. Je pensais très fort à la maxime du Skuld & Bones : « La force fait le droit ». Je me rendis compte au cours de cette soirée que, comme l’alcool, la politique faisait ressortir mon côté Mister Hyde. J’avais vaincu le démon ALCOOL, mais le diable POLITIQUE s’apprêtait à le remplacer et Billy Graham, mon grand exorciste, ne l’avait pas décelé. Pourtant, ayant côtoyé de nombreux présidents des États-Unis, ainsi que de hauts responsables gouvernementaux et politiques, il devait le connaître sous toutes ses formes. Comment ce grand prédicateur n'a-t-il pas reconnu ce LUCIFER qui s'était glissé en moi ? Ou alors, jugeait-il ce diable politiquement correct ? 



[1] Le bloody Mary est un cocktail contenant de la vodka, du jus de tomate, et généralement d'autres épices telles que la sauce Tabasco, du sel au céleri, de la sauce Worcestershire et du jus de citron
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