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Blog VOM : Géopolitique - Mondialisation - Société- Religions - Spiritualité - Actualité...
12 juin 2015

Articles (14)

 

 

 

http://heresie.hautetfort.com/archive/2008/08/28/apparition-des-dalai-lamas-au-tibet.html

Apparition des dalaï-lamas au Tibet

Le 26 août je reprenais le rapport du Sénat sur la démocratie tibétaine en exil pour exposer comment la religion tibétaine s'était constituée. Suite, aujourd'hui, avec l'apparition des dalaï-lamas...

C'est au sommet de l'État tibétain que l'emprise de la religion était la plus visible puisqu'il y a eu, à partir du XVIème siècle, un cumul des pouvoirs temporel et spirituel. En effet, les Dalaï-Lamas se sont appuyés sur les Mongols qui dominaient alors le Tibet pour faire triompher l'école Guélougpa, dont ils sont les hiérarques, et asseoir leur pouvoir politique sur l'ensemble du pays. Toutefois, les rivalités religieuses se sont apaisées au fil du temps. Les Dalaï-Lamas se sont faits les protecteurs de toutes les écoles, ainsi d'ailleurs que de la petite communauté musulmane et de la religion originelle des Tibétains, le Bön, qui a perduré par-delà l'implantation du bouddhisme.

Ayant fait voeu de célibat, les Dalaï-Lamas ne pouvaient pas se succéder de manière héréditaire comme des monarques classiques. Mais une continuité encore plus forte était assurée par le principe de réincarnation. Conformément aux croyances bouddhistes, chaque Dalaï-Lama après son décès renaissait dans le corps d'un nouveau né. La difficulté était alors d'identifier cet enfant pris dans la population, au hasard théoriquement, mais pratiquement le plus souvent parmi les grandes familles déjà liées au pouvoir. Une procédure complexe était prévue : indications données par le défunt Dalaï-Lama dans son testament, visions de l'oracle d'Etat, épreuves de reconnaissance par l'enfant pressenti d'objets ayant appartenu à son prédécesseur. Il y avait parfois plusieurs enfants « candidats » à départager.

Ce système impliquait une certaine vulnérabilité entre le moment où un titulaire décédait et celui où son successeur était identifié, puis éduqué jusqu'à sa majorité. En pratique, le pouvoir était alors exercé par des régents, qui en ont souvent abusé dans l'histoire tibétaine. Le régent Sangye Gyatso a ainsi pu garder secrète pendant quinze années la mort du Vème Dalaï-Lama, intervenue en 1682 mais déclarée officiellement en 1696 seulement.

Autre facteur de vulnérabilité, les Dalaï-Lamas étaient dépendants de leurs protecteurs étrangers, d'abord khans mongols, puis empereurs chinois. En effet, la dynastie mandchoue Qing installée au XVIIème siècle sur le trône de Chine intervint en 1720 au Tibet, où elle imposa par la force le VIIème Dalaï Lama face aux mongols Dzungar qui occupaient alors le pays. Ce fut le début de la tutelle chinoise sur le Tibet, concrétisée par la nomination de deux commissaires impériaux, ou amban, et le maintien d'une garnison chinoise à Lhassa. De cette époque date la prétention du gouvernement de Pékin sur les provinces orientales du Tibet, le Kham et l'Amdo, seules les provinces centrales, le U et le Tsang, étant reconnues comme relevant de l'autorité du Dalaï-Lama.

La tutelle chinoise, encore suffisamment forte à la fin du XVIIIème siècle pour repousser en 1791 une invasion du Tibet méridional par les Gourkhas venus du Népal, s'est diluée tout au long du XIXème siècle. Les garnisons furent réduites au rang d'escortes pour des amban qui n'exerçaient plus d'influence effective sur les affaires tibétaines. Au début du XXème siècle, après avoir assisté impuissante à l'expédition britannique de 1904, La Chine tenta de renforcer militairement son autorité sur le Tibet mais, à la chute de la dynastie Qing en 1911, le XIIIème Dalaï-Lama proclama officiellement l'indépendance de son pays.

 


 

Bataille pour l'âme du Tibet -
Asiaweek Octobre 2000.

Alors que les exilés tibétains se battent pour la véritable incarnation d'un grand lama, Pékin appose son sceau sur la procédure. Les Chinois choisiront-ils le prochain Dalaï-lama?

Par Julian GEARING, Lhassa et Dharamsala

Urgyen Trinley peut encore trouver le moyen de sourire, mais sa patience s'use. Le précédent tonitruant intérêt médiatique a fait place à l'ennui alors qu'il reste dans l’attente, les jours devenant des mois. Dans la cage dorée de sa captivité au monastère de Gyouto, au bas de la colline de la résidence du Dalaï-lama en exil à Dharamsala, le Karmapa Lama de 15 ans offre des audiences fugaces aux pèlerins bouddhistes, acceptant les écharpes de prière et distribuant des rubans rouges. Mystère : Urgyen Trinley est gardé par des soldats et empêché de donner des interviews. Son destin est en grande partie entre les mains des autorités indiennes qui doivent décider si elles prennent ou non le risque d’une colère chinoise en l'autorisant à assumer le trône en exil du Karmapa au monastère de Rumtek au Sikkim. Ils ont été surpris et embarrassés par sa soudaine arrivée sur le sol indien il y a neuf mois.

A ce moment-là, la communauté tibétaine en exil et les journalistes internationaux ont écouté avec enthousiasme l'histoire du grand, du beau Karmapa Lama bravant les cols des montagnes enneigées et les garde frontières pour fuir son pays natal sous contrôle chinois. La fuite du jeune Lama a fait écho à celle du Dalaï-lama lui-même en 1959. Beaucoup de personnes se sont demandées depuis: se pourrait-il que ce garçon charismatique succède au vieillissant 14e Dalaï-lama en tant que chef de la diaspora tibétaine? La question revêt une urgence supplémentaire du fait que les Tibétains à l'étranger sont de plus en plus troublés par les désaccords internes autant que par le manque de progrès dans les tentatives d'ouverture d’un dialogue avec Pékin sur l'avenir du Tibet.

Mais qui est Urgyen Trinley? Est-il même le véritable 17e Karmapa, troisième chef tibétain après le Dalaï-Lama et le Panchen Lama? Arraché à une tente de nomade à l'âge de sept ans, il a été installé - avec la bénédiction de Pékin - dans le monastère de Tsurphou au Tibet comme chef de l'école Karma Kagyu neuf fois centenaire, une des quatre écoles bouddhistes du pays. Cependant, de sérieuses allégations de fraude et de magouilles politiques de la part de ses supporters ont depuis plané sur sa reconnaissance, entraînant l'apparition d'un Karmapa rival en 1994. Depuis l'arrivée d'Urgyen Trinley à Dharamsala, siège du gouvernement tibétain en exil, la controverse s'est intensifiée. Sa sortie de Chine n'a pas seulement élargi les divisions internes de la lignée Karma Kagyu, mais elle a aussi fixé l'attention sur l'inimitié très légèrement dissimulée entre elle et l'école dominante Gelougpa du Dalaï-Lama.

Plus important, la controverse des Karmapa a mis en relief l'implication grandissante de Pékin dans la sélection des grands Lamas. Si les Chinois peuvent déterminer qui sera reconnu en tant que prochain Dalaï-Lama, Panchen ou Karmapa, leur contrôle sur le Tibet sera scellé du fait que les grands Lamas sont révérés par une population profondément pieuse. Pour les Tibétains en exil, c'est un cauchemar de plus en plus éclatant. Le Dalaï-Lama, largement considéré comme la seule figure possédant l'autorité pour maintenir uni le mouvement tibétain en exil, a maintenant 65 ans. "Quand il mourra, il y aura du danger par ici", dit Thupten Rikey, rédacteur du Tibet Journal basé à Dharamsala. La crainte d’une éventuelle mort du Dalaï-Lama s'est intensifiée depuis un récent accident de voiture. "S'il meurt et si Pékin peut influencer ou nommer sa prochaine réincarnation, les exilés auront des ennuis", dit un spécialiste du Tibet à Hong Kong. "Beaucoup de choses dépendront de la façon dont cette affaire de Karmapa se déroulera".

L'homme responsable de la reconnaissance d'Urgyen Trinley et de son intronisation est Taï Situ Rinpoché, 45 ans. Un des quatre régents en charge de la sauvegarde de la lignée Karma Kagyu qui force l'admiration tant des disciples tibétains qu'occidentaux. De Taipeh à New York, des centaines de milliers louent ses efforts de propagation du Dharma bouddhiste, ou des enseignements. Ils placent aussi leur foi en son jugement sur les questions clés, telle que la reconnaissance du Karmapa Lama.

Assis dans son spacieux et nouveau monastère de Shérabling, à deux heures de route du lieu où il est en fonction, Taï Situ est affable et parle avec douceur. Urgyen Trinley, il insiste, est la véritable incarnation du précédent et très vénéré 16e Karmapa. "Il n'y a rien à prouver, c'est déjà prouvé", dit le régent à Asiaweek. "Le Karmapa est le Karmapa, Bouddha est le Bouddha, le Dalaï-Lama est le Dalaï-Lama. Nous sommes des croyants. C'est ainsi".

Le petit moine à lunette a de l'influence, du pouvoir et certainement de l'argent. Alors qu'un groupe de disciples occidentaux attend patiemment une bénédiction, un artiste bhoutanais met la touche finale à une immense statue de Bouddha dans le temple principal de ce monastère moderne installé sur 47 âcres de collines boisées. Un des deux cents moines nettoie et fait briller la grande photo d'Urgyen Trinley placée sur le trône principal. Avec son accueil efficace, son restaurant à l'extérieur et ses 4x4 parquées devant, l'établissement n’a rien à voir avec les sombres chambres des monastères médiévaux tibétains infestés de rats. De la musique pop occidentale provient d’une chaîne stéréo portable dans un des lumineux quartiers d’habitation des moines. Seule le hall de prière caverneux rappelle le Tibet traditionnel.

La recherche du Karmapa, dit Taï Situ, "a été conduite en accord avec les instructions du Karmapa précédent", sous forme d'une lettre qui, dit-il, avait été écrite par le prédécesseur d'Urgyen Trinley. La secte Karma Kagyu a initié la pratique de la recherche des grands lamas réincarnés il y a neuf siècles. Les Tibétains croient que les lamas réalisés disposent de moyens tels que lettres, rêves, méditation et signes pour identifier les tulkous, ou être éveillés. Taï Situ est un tulkou.

Mais aux yeux de ses critiques, il y a une autre face du régent. Ils l'accusent de contrefaçon, de violence, d'intimidation, de tromper le Dalaï-Lama et de négocier avec Pékin, afin de s'assurer le contrôle des Karma Kagyu. Le gouvernement indien aussi s’intéresse à Taï Situ, lequel a reçu le mois précédent un avertissement de la Chine s’opposant à l'octroi de l'asile politique d'Urgyen Trinley au Sikkim. Le régent, interdit de séjour en Inde de 1994 à 1998 sous prétexte "d’activités anti-indiennes et criminelles ", n’est actuellement pas autorisé à pénétrer au Sikkim. Les indiens se préoccupent aussi de la loi et de l'ordre, suite aux rixes entre les moines de Taï Situ et les disciples du régent des Karma Kagyu rival, Shamarpa Rinpoché. Shamarpa a présenté un autre prétendant, Thayé Dordjé, au trône des Karmapas.

Alors qu'Urgyen Trinley est bloqué à Dharamsala, Thayé Dordjé âgé de 17 ans - sorti tranquillement et avec entrain du Tibet il y a six ans - est libre de parcourir le monde, donnant des enseignements. "Les gens peuvent se rassurer quant au fait qu'il est le Karmapa, ayant été reconnu conformément aux traditions Karma Kagyu", dit le cinglant Shamarpa à Asiaweek. Il y a six ans, il s'est basé sur un rêve, sur la méditation et des signes de bon augure pour trouver Thayé Dordjé, alors vivant dans le temple du Jokang à Lhassa. "Le 16e Karmapa a réaffirmé ma position en tant que Shamarpa, le deuxième plus haut rang de notre école", ajoute-t-il. "Le Shamarpa a historiquement été autorisé à identifier et à reconnaître les Karmapas".

Cette impasse signifie que les deux prétendants sont dans les limbes, attendant le couronnement officiel et la remise de la coiffe noire sacrée, une cérémonie supposée avoir lieu le vingt et unième anniversaire du Karmapa. Il n'y a jamais eu une telle crise dans l'histoire des successions spirituelles tibétaines. Des candidats en lisse, oui, mais avec un seul reconnu. Maintenant, il y a deux Karmapa reconnus.

Taï Situ rejette ses rivaux. "Nous sommes attristés qu’un telle chose soit arrivée", dit-il. "Il y a beaucoup de personnes qui ne connaissent pas le nom de Bouddha, qui interprètent mal le bouddhisme. Nous ne pouvons pas nous laisser perturber par ces choses". Assis sur un trône dans sa salle d'audience, Taï Situ ne semble pas perturbé. Il a la partie facile dans la guerre de propagande, pour une simple raison: le Dalaï-Lama appuie Urgyen Trinley. Ce qui signifie qu'il en est de même pour la plupart des Tibétains. Taï Situ a même été capable de surmonter le scepticisme habituel de la presse internationale. Urgyen Trinley est le Karmapa, les journalistes l'écrivent. Pas de questions.

Quand même, maintenant que la recherche des réincarnations des grands Lamas est sortie des remparts clos de l'Himalaya, davantage de questions sont posées. Devant l'attraction grandissante et internationale pour le bouddhisme tibétain - même des stars hollywoodiennes telles que Richard Gere et Pierce Brosnan sont des admirateurs - ce sujet draine plus d'attention que jamais. C'est le sujet d'investigations indépendantes, de livres et même de débats sur Internet. Ce système unique serait-il sujet aux abus? Ses gardiens s'en moqueraient-ils pour assurer leurs besoins personnels de pouvoir et de richesse?

La réponse se trouve dans les récentes vicissitudes d'une religion médiévale. À 18 mois, Taï Situ était reconnu comme la 12e réincarnation dans une lignée de maîtres spirituels qui ont continuellement collaborés avec le Karmapa Lama. Mais, il vivait dans un pays occupé. Quatre ans avant, l'armée chinoise avait parachevé sa "libération pacifique" du Tibet. L'acte était scellé par le plan en 17 points, signé entre Pékin et le représentant tibétain Ngabo Ngawang Jigmé (voir interview http://www.cnn.com/ASIANOW/asiaweek/magazine/2000/1020/is.tibet_ilb.html). Parmi les Tibétains, Ngabo est encore insulté de nos jours pour cette manœuvre.

Quand le 16e Karmapa a fui le Tibet à la veille de la révolte de 1959 contre Pékin, Taï Situ l'a suivi. Le Dalaï-Lama partit peu après. Les déprédations chinoises au Tibet atteignent leur apogée durant la révolution culturelle de 1966 à 1976, qui voit la dévastation de plus de 6000 monastères et le meurtre, l'emprisonnement et la dispersion de dizaines de milliers de moines et de nonnes. Quand Deng Xiaoping arrive au pouvoir à la fin des années 70, il essaye de réparer quelques dommages. Pékin autorise certains monastères à se reconstruire et à avoir une pratique religieuse limitée. Mais ayant failli dans l'écrasement de l'opposition tibétaine par la force, les autorités communistes recherchaient une chance d'influencer la sélection des grands lamas. L'opportunité ne tarda pas à se présenter.

Avec la mort du 16e Karmapa Lama en 1981, à l'âge de 56 ans, un défi intimidant se présenta à Taï Situ, Shamarpa, Gyaltsap Rinpoché et Jamgon Kongtrul Rinpoché, les jeunes régents chargés de la recherche de la réincarnation de leur maître. Le 16e Karmapa s'est révélé un chef brillant et charismatique. Depuis son siège en exil de Rumtek, il a construit un empire spirituel et temporel avec des millions de disciples et de vastes biens. Il a aussi été en désaccord avec le Dalaï Lama, son monastère du Sikkim étant une base de pouvoir alternatif au gouvernement en exil de Dharamsala.

Diriger la recherche du prochain Karmapa Lama était une tâche traditionnellement partagée en alternance par les incarnations contemporaines de Taï Situ et Shamarpa. Les Shamarpa ont été bannis pendant 200 ans par les Dalaï Lama précédents, mais ont été réinstallés par le 14e en 1963, dans l'intention d'unifier les Tibétains. Mais dans la hiérarchie féodale Karma Kagyu, la réhabilitation du Shamarpa en tant que numéro deux après le Karmapa a précipité Taï Situ et ses partisans à un échelon inférieur. La scène était prête pour les problèmes.

Le ressentiment présida à la recherche du 17e Karmapa. Dans le même temps, les régents ont vu une opportunité dans la perspective grandissante d’établir des centres du Dharma lucratifs et populaires en Asie et en Occident. Taï Situ commença des voyages d'enseignement à l'étranger qui se transformèrent en une tournée lucrative qui le fit surnommer "le dernier empereur" à Hong Kong à cause de son penchant pour les suites d'hôtels de luxe. En Ecosse, son ami et assistant Akong Tulkou Rinpoché, aida à la fondation du centre bouddhiste de Samyé Ling. C'est Akong qui vit l'opportunité offerte par la nouvelle politique d'ouverture de la Chine.

Dans une tentative de récupération de quelques Tibétains en exil, Pékin commença à autoriser des missions de "reconnaissance" du gouvernement en exil et des visites privées. À la suite de déplacements au Tibet et dans la capitale chinoise, Akong se lança dans une série de projets humanitaires sous l'égide de son association caritative Rokpa (Aide). Il devint aussi le représentant de Taï Situ auprès du gouvernement chinois. Le régent lui-même obtint l'autorisation pour une visite de quatre mois au Tibet, durant laquelle il proposa des initiatives en faveur de l'éducation et de la santé ainsi qu'en faveur de la préservation et de la propagation de la culture bouddhiste. "Du Dalaï Lama à chaque Tibétain en exil, nous essayons de travailler avec tout le monde au Tibet, tel est notre devoir", déclara Taï Situ. Comme d'autres lamas exilés, lui et Akong cherchaient apparemment à aider leur peuple et à reconstruire l'infrastructure religieuse endommagée. C'est pourquoi Pékin nomma Akong "Bouddha vivant".

Le retard dans la recherche du 17e Karmapa mena à des récriminations. Les supporters de Taï Situ ont commencé une campagne de diffusion de lettres et de fax condamnant Shamarpa. Ils ont déclenché - et perdu - un procès l'accusant d'avoir voulu voler les avoirs du Karmapa. Le 19 mars 1992, Taï Situ montra à ses trois camarades régents une lettre de format A4, soi-disant écrite par le 16e Karmapa, leur indiquant où ils pourraient retrouver sa réincarnation. Ce fut un choc pour Shamarpa. La lettre était manifestement fausse", dit-il. "Je l'ai examinée mot par mot, et j'ai réalisé que l'écriture manuscrite n'était pas celle du 16e Karmapa, mais semblait plutôt être celle de Taï Situ. Mais Taï Situ refusa résolument d'expertiser la lettre".

Taï Situ faxa ensuite une copie de la missive au Dalaï Lama et lui dit que tous les régents avaient accepté son authenticité (bien que Shamarpa ne l'ait pas fait). Sur cette base, le Dalaï Lama accepta la recherche. C'était un coup politique pour Taï Situ. Il avait orchestré l'intervention du Dalaï Lama dans l’affaire la plus importante d'une autre école bouddhiste. Shamarpa était consterné. "Ce n'était pas le rôle du Dalaï Lama d'être impliqué", dit-il. "Tous les Karmapa du passé ont été reconnu à l'intérieur de la lignée Karma Kagyu".

Urgyen Trinley est dit avoir été identifié à partir des instructions placées dans la lettre. Mais ceux qui critiquent Taï Situ déclarent que même avant de s'être assuré de la reconnaissance du Dalaï Lama, le régent était parti au Tibet, avait trouvé le Karmapa et clarifié son choix avec Pékin. En 1991, Taï Situ donna soi-disant une initiation bouddhiste à Urgyen Trinley au Tibet. La même année, dit une source gouvernementale chinoise, Pékin publia une directive interne autorisant les moines du monastère de Tsurphou à rechercher le nouveau Karmapa "sur la base des souhaits du 16e Karmapa". Une source tibétaine remarque: "Ceci indique que Taï Situ était probablement lié aux Chinois seulement depuis qu'il avait la lettre de prédiction". (La réponse du régent fait écho aux paroles de son ami Akong Rinpoché: "Nous essayons de travailler avec tout le monde à l'intérieur du Tibet. C'est notre devoir"). Au cours d'une somptueuse cérémonie qui eut lieu en 1992 et à laquelle assistèrent des milliers de personnes, Urgyen Trinley, surnommé "le Karmapa chinois", fut installé dans le monastère de Tsurphou au Tibet. Cet épisode marque la première participation des communistes chinois à la reconnaissance d'un grand lama tibétain.

Le conflit entre les écoles empira parmi les exilés tibétains. En 1993, les disciples de Taï Situ dépossédèrent violemment Shamarpa et ses supporters du monastère de Rumtek. L'année suivante, Urgyen Trinley a été invité sur la place Tienanmen et dans la grande Maison du Peuple de Pékin. Il a été félicité par le président chinois Jiang Zemin qui lui a demandé de travailler pour le bien de la mère patrie et du parti communiste.

Encouragés par leur intervention réussie dans l'installation du Karmapa Lama, les Chinois récidivèrent sans tarder. Le 10e Panchen Lama était mort en 1989 et aucune réincarnation n'avait été reconnue. Lors d'une réunion secrète en 1993 entre des supérieurs chinois et des officiels tibétains, un plan se tramait afin de ravir le contrôle sur les reconnaissances des chefs spirituels tibétains au Dalaï Lama. Quand le Dalaï Lama a annoncé en 1995 sa découverte de Gedhun Choekyi Nyima âgé de 5 ans comme étant le nouveau Panchen Lama, les Chinois ont arrêté le garçon. Ils ont fêté Gyaltsen Norbu âgé de 5 ans, fils d'un cadre communiste comme étant le 11e Panchen Lama. Cela a eu des conséquences affligeantes pour le Dalaï Lama. Lui-même et le Panchen dépendant de l'école Gelougpa, ce dernier peut reconnaître ses réincarnations. Et les Chinois ont en leurs mains les deux Panchen.

À l'intérieur de la communauté en exil, les ennuis du Dalaï Lama augmentent. Il a été critiqué pour avoir annoncé "prématurément" son acceptation de Gedhun Choekyi Nyima, qui entraîna l'arrestation du garçon. Sa décision de bannir en 1996 le culte de Shugden, déité traditionnelle de l'école Geloug, a créé plus de tensions encore. Un tel culte, explique le Dalaï Lama, "est nuisible au gouvernement tibétain et à la population". Cette interdiction enflamma contre lui les protestations de membres Geloug en Inde et en Occident. "Le Dalaï Lama nie notre pratique religieuse, nos droits humains", se plaint Geshe Kalsang Gyatso qui dirige le centre de culte britannique Manjushri. Le meurtre sanglant de Lobsang Gyatso, un associé respecté du Dalaï Lama, et de deux de ses étudiants en 1997 a fait craindre un attentat contre la vie du Dalaï Lama. Tout cela a alimenté la machine de propagande chinoise. Les Chinois étaient aussi connus pour financer des groupes anti-Dalaï Lama.

Les longues et difficiles relations entre les écoles Geloug et Karma Kagyu ont été encore renforcées par l'intervention du Dalaï Lama dans la reconnaissance du Karmapa Lama. Cela a ravivé les amers souvenirs des années 60 quand le frère du Dalaï Lama, Gyalo Thondup, a essayé de placer toutes les écoles tibétaines sous le contrôle des Geloug – par la force si nécessaire. Quand les quatorze camps de réfugiés se sont réunis pour lutter contre son plan, des troubles ont surgi à l'intérieur de la communauté. En mars 1977, le chef des camps Gungthang Tsultrim a été descendu à bout portant de plusieurs coups de feu. Le meurtrier dit avoir reçu 300'000 RpI du gouvernement tibétain en exil. Il déclare avoir reçu une offre encore plus importante pour tuer le 16e Karmapa Lama.

Quand le Dalaï Lama adopta Urgyen Trinley après son échappée du Tibet en janvier de cette année, des espoirs de réconciliation grandirent entre les Geloug et les Karma Kagyu. Le fait que le fugitif se rende à Dharamsala plutôt qu'au siège traditionnel des Karmapa à Rumtek suggérait qu'il se mettait sous la protection des Geloug. Cela cadrait avec les ambitions unificatrices de cette école, voulant placer sous une même bannière les lignées spirituelles en exil.

Cela aida aussi à la relance du moral des Geloug, étant donné l’accumulation d’inquiétudes. Avec le Dalaï Lama vieillissant et son incapacité à ouvrir un dialogue avec Pékin, des demandes se font de plus en plus fortes pour une approche plus radicale, éventuellement violente, de l’avenir du Tibet. Craignant le chaos et l’émergence d'une "forme plus agressive de nationalisme tibétain", Dharamsala a récemment pressé les Chinois de négocier avec le Dalaï Lama. Sans son "influence modératrice", dit le gouvernement en exil dans un rapport de 45 pages, "différentes factions pourraient prendre part à des actions différentes".

L'arrivée d'Urgyen Trinley a aussi aidé Taï Situ. Le régent a fait une erreur. Mettre le Karmapa dans les mains chinoises a tourné court. Dès que Pékin a eu son "Bouddha vivant", Taï Situ n'était plus nécessaire. Il regarda avec consternation l'installation de Thayé Dordjé comme un Karmapa rival. Lors de la cérémonie d'intronisation de 1994 à l'institut bouddhiste international Karmapa de Delhi, les partisans de Taï Situ lancèrent des pierres et des insultes, criant: "le Karmapa est un imposteur, un choix politique!" Des fenêtres furent brisées et il y eut des douzaines de blessés dans la mêlée qui dura une heure avant que la police indienne rétablisse l'ordre. Et alors qu'Urgyen Trinley se languissait au Tibet, son bienfaiteur se désespérait que Thayé Dordjé gagne des convertis et des donations sur le circuit international des enseignements. Un pratiquant Karma Kagyu à Munich dit: "Taï Situ a vu la foule que Thayé Dordjé attirait quand il est venu en Allemagne, et de même fut la réaction à Taiwan. Cela minait son influence. Il devait agir afin de faire sortir Urgyen Trinley du Tibet et d'entrer en compétition".

Comment les Karmapa rivaux se mesurent-ils? En août, Thayé Dordjé semblait dans son élément lorsqu'il donna des enseignements et des bénédictions à une assemblée forte de 1000 de ses disciples dans les collines de la Dordogne en France. Ses réponses à leurs questions théologiques montrent qu'il n'est pas un cancre. Il est versé non seulement dans les écritures bouddhistes, mais aussi dans des domaines plus terre à terre tel que le cricket, les ordinateurs, Internet et la musique des Spice Girls. Thayé Dordjé aime aussi la pizza hawaiienne, les jeux d’ordinateur et les vidéo de Star Wars. "Le temps dira comment cela (la controverse des Karmapas) se terminera", dit-il à Asiaweek. Et que penserait-il d’une rencontre avec Orgyen Trinlé? "Ce serait bien", dit Thayé Dordjé. "Ce serait intéressant".

Le vif Urgyen Trinley d'un mètre quatre-vingt est plus difficile à sonder. Asiaweek a eu une audience, mais la paranoïa qui entoure "l'oiseau en cage", comme l'a murmuré un assistant, est telle qu'il n'a pas pu l'interviewer. Les gardes indiens ont été doublés le mois dernier quand les services de renseignements ont pressenti une tentative d'évasion, probablement pour le monastère de Rumtek, le siège convoité des Karmapas. Le Dalaï Lama parle d'un poème exquis que le jeune lama est supposé avoir écrit pour lui. "Je vois un grand potentiel concernant sa spiritualité", dit-il. "Spectaculaire", c'est ainsi qu'un disciple occidental décrit Urgyen Trinley. Pourtant, d'autres parlent de tempérament colérique et de bas QI.

La politique décidera qui s'assoira finalement sur le trône du Karmapa. Au cours des deux derniers mois, les supporters d'Urgyen Trinley ont mis la pression sur l'Inde afin qu'elle l'autorise à prendre le siège des Karmapas au monastère de Rumtek. De partout dans le monde, des centaines d'entre eux sont descendus à Dharamsala en août pour prendre part à une conférence sur ce sujet. Leur e-mail spécule sur un statut d'asile politique imminent. Mais New Delhi est circonspect. "Le gouvernement indien, en effet, a donné sa reconnaissance à Thayé Dordjé en l'invitant à demeurer à Delhi", dit un membre occidental Karma Kagyu. "Et il a depuis longtemps reconnu Shamarpa comme le régent le plus important de notre lignée".

À tort ou à raison, New Delhi craint aussi que Pékin puisse jouer un double jeu. Il est peu probable que la Chine, comme le suggèrent quelques officiels indiens, ait manigancé la fuite d'Urgyen Trinley du Tibet (la plupart des sources croient que Dharamsala, et peut-être Taï Situ, ont eu un rôle). Mais les Chinois pourraient en bénéficier s'ils étaient capables, dans le futur, d'entretenir des négociations avec lui en tant que représentant de la communauté tibétaine en exil.

C'est pourquoi la question de savoir si Urgyen Trinley pourrait succéder au 14e Dalaï Lama en tant que chef de file des Tibétains est cruciale. Ce scénario n'est "pas possible", insiste Sonam Topgyal, président du cabinet du gouvernement en exil. "Le Karmapa sera comme tout autre lama, il donnera des enseignements". Mais d'autres ne sont pas d'accord, notant que bien que l'école Geloug soit dominante maintenant, d'autres factions - incluant les Karma Kagyu - ont gouverné dans le passé. "Beaucoup de personne sont rivés à l'idée que le Dalaï Lama gouverne, mais ce n'est pas une nécessité", dit Akong Rinpoché à Asiaweek. "Une autre école peut s'en mêler". Même Sonam reconnaît: "Il y a d'autres lamas [que le Dalaï Lama]. Les Tibétains pourraient même décider d'élire une personne non religieuse."

Pour sa part, Pékin attend que le Dalaï Lama meure. Il espère que cela marquera la fin de cinq décennies de "question tibétaine". Mais certains Tibétains estiment que cela pourrait être le début des réels ennuis de Pékin. "Quand le Dalaï Lama mourra, ce sera le chaos", dit Pema Lhundup, secrétaire général du congrès de la jeunesse tibétaine à Asiaweek en juillet. "Le sentiment d'impuissance à l'égard de l'occupation chinoise est à peine freiné par Sa Sainteté. Son décès pourrait être l'étincelle qui amorce un soulèvement". (Les mots de Lhundup pourraient se révéler terriblement justes. Le franc interprète politique est mort quelques semaines après l'interview en tombant d'un immeuble, ce que la police indienne dit être un accident). Un soulèvement ne ferait pas sortir les soldats chinois du Tibet et serait probablement violemment réprimé. Mais ce serait un mal de tête colossal pour Pékin qui s’efforce d'ouvrir plus largement son économie et d’améliorer son image internationale.

Même au Tibet, les autorités chinoises semblent se contracter. "Peut-être pour la première fois depuis la Révolution Culturelle, de simples actes de pratique religieuse font de quelqu’un un suspect, dit Ronald Schwartz, auteur de "Circle of Protest", un livre sur la politique tibétaine. "Cela va au-delà du Dalaï Lama et le bouddhisme tibétain est perçu lui-même comme une menace potentielle pour le pouvoir chinois. Ce n'est pas impossible qu'il puisse être traité comme le Falungong ou d'autres cultes qui défient le pouvoir du parti communiste".

Afin d'éviter les scénarios les plus violents, Pékin espère gagner la bataille du Tibet en contrôlant la réincarnation des grands lamas. La mort du Dalaï Lama donnera certainement lieu à la reconnaissance du successeur du Dalaï Lama par le Panchen Lama oint par les Chinois. Les Chinois ont annoncé l'année passée que le prochain Dalaï Lama renaîtra au Tibet - et donc, sous leur contrôle. Ils considèrent comme nulle l'assertion du Dalaï Lama comme quoi il renaîtra en exil, et se moquent disant que s'il fait cela, il reviendra avec les yeux bleus d'un occidental. La plupart des Tibétains n'accepteront pas le choix chinois, mais peu importera. Si le fait d'avoir deux Karmapa a déjà produit une telle agitation à l'intérieur de la diaspora tibétaine, le duel entre deux Dalaï Lama créera encore plus de tensions. "Les Chinois voient nos divisions religieuses et idéologiques et cherchent à les exploiter afin de détruire la communauté en exil", dit Sonam de Dharamsala.

C'est pourquoi la saga des Karmapa a été si destructrice pour les Tibétains. Cela a paralysé la puissante école des Karma Kagyu, et ouvert la porte à l'infiltration chinoise dans la politique tibétaine des réincarnations. Quel que soit celui qui l'emporte dans la course au trône du Karmapa Lama et pose la coiffe noire sacrée sur sa tête, il trouvera une lignée déchirée. Le vainqueur aura besoin de tenir très fermement son chapeau. Le perdant pourrait bien être le Tibet et le peuple tibétain.

 

Traduit par le bureau de presse du Gyalwa Karmapa Trinley Thayé Dordjé à Dhagpo Kagyu Ling.


 

 

Un jour à marquer d'une pierre blanche pour la cause de l'autonomie tibétaine, un jour maudit pour la Chine : ce 17 octobre 2007, à Washington, l'élite de la classe politique américaine applaudit debout un homme venu recevoir, en grande pompe, une prestigieuse décoration : la médaille d'or du Congrès. George Bush, présent pour remettre la breloque, n'est pas peu fier de son double coup : irriter les autorités chinoises et s'attirer la sympathie des organisations des droits de l'homme, d'ordinaire critiques à l'encontre de la Maison Blanche.

 

La relation entre le chef politico-religieux tibétain et les Etats-Unis est ancienne et complexe : durant la guerre froide, soutenir le mouvement autonomiste incarné par le Dalaï Lama était un moyen parmi d'autres pour s'opposer à la Chine communiste. En 1959, à la suite de son exil contraint en Inde, le leader spiritue allait naturellement bénéficier de l'aide américaine, y compris à travers la protection de la CIA, et susciter l'engouement des mouvements anti-communistes durant près d'un demi-siècle. La figure du l'opposant tibétain fut longtemps associé à celle d'un "agent honorable" des Etats-Unis, toujours disposé à dépeindre à l'Occident, en échange de son soutien diplomatique et matériel, une image cruelle de " l'occupant" chinois.

 

Buddha Barman

 

Dès lors, le geste de Bush, l'automne dernier, n'a rien d'exceptionnel : il s'inscrit dans la continuité de la tension larvée existant entre les deux super-puissances, l'une en déclin, l'autre en devenir. Une relation américano-tibétaine solide perdure en conséquence, malgré les critiques internationales endurées par l'administration Bush. A cet égard, le Dalaï Lama sait remarquablement cultiver sa différence : lors de son séjour en Amérique du nord pour recevoir sa décoration, des journalistes lui demandèrent son sentiment sur la politique étrangère des Etats-Unis à propos des guerres menées en Afghanistan et en Irak. Que répondit le souriant prix Nobel de la Paix et chantre de la non-violence?  "J'ai quelques réserves"....avant d'ajouter spontanément, "mais quant au président Bush, je lui ai déclaré directement : "en tant qu'individu, je vous adore! ". Good boy ! Voilà un acte politique audacieux : déclarer sa flamme au chef d'Etat le plus haï de la planète après un jugement laconique pour ses mensonges et ses agissements. Même Tony Blair n'était pas allé aussi loin dans la démonstration affective et servile.

 

Ceux qui, à Nantes ou ailleurs, se sont émerveillés de la "sagesse" du leader tibétain se doutent-ils que leur gourou débonnaire n'a eu ni réelle critique ni sévère réprobation envers l'apôtre de la guerre préventive? Evidemment pas : le karma de l'Irak échappe peut-être à leur horizon spirituel... Un autre prix Nobel de la paix, autrement plus cohérent, a su manifester avec véhémence son opposition radicale à la guerre, dès l'invasion de l'Irak : Nelson Mandela qui, il est vrai, était considéré dans sa jeunesse comme un terroriste. Pour l'équipe Bush, son avis ne doit pas trop compter. Tandis qu'en septembre 2003, interrogé par l'Associated Press, le moine relativiste du Tibet avait suggéré que la guerre en Irak pouvait être justifiée, la comparant à la seconde guerre mondiale, afin de "protéger le reste de la civilisation et la démocratie"...Près de cinq années plus tard, lors d'une lecture publique tenue à Philadelphie le 17 juillet dernier, le génie de la géopolitique surenchérit, avec une élévation d'esprit toute cosmique : "Les choses ne sont pas blanc ou noir. Quand nous jugeons une situation, nous devons observer tous les facteurs. Beaucoup de désastres, y compris la guerre en Irak, s'expliquent par l'absence de cette perception holistique. Vous ne pouvez regarder que dans une seule direction : dans le but de voir la réalité, il faut voir les choses en trois ou quatre ou sept dimensions"....Bon sang, mais c'est bien sûr ! La dévastation de l'Irak n'était pas une scandaleuse manoeuvre militaire à des fins géostratégiques : c'est -tout simplement- un problème métaphysique.

 

Finalement, deux hommes, ce vendredi en France, étaient sur la même longueur d'ondes, sans que cela ne soit trop évident : le Dalaï Lama et Bernard Kouchner partagent, outre d'excellentes aptitudes en communication humanitaire, la même indulgence pour le bellicisme de Bush. Pendant ce temps, au loin, à Bagdad, Kaboul ou Guantanamo, un nouveau Bouddha, un autre Eveillé, attend peut-être son heure.

 

 

Par Chamizam

 


 

Une photo inattendue de Mme Bruni-Sarkozy aux côtés du Dalaï-Lama

http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=44015

On savait que, pour échapper aux foudres des autorités chinoises qui avaient menacé, avec leur euphémisme coutumier, d’en tirer toutes les conséquences, le président Sarkozy avait dû renoncer à recevoir le Dalaï-Lama. De trop gros contrats commerciaux étaient en jeu. Il avait toutefois tenté de ruser en dépêchant, à défaut de lui-même, sa moitié auprès de « Sa Sainteté », à l’occasion de l’inauguration d’un temple bouddhiste à Roqueredonde dans l’Hérault, le 22 août dernier.

 

 

Une pantomime inédite

 

Mais une photo a pu échapper à l’attention en cette fin de vacances. Elle est si intéressante pourtant qu’elle mérite qu’on y revienne. La surprise ne vient pas d’abord du Dalaï-Lama qu’on retrouve dans sa traditionnelle posture favorite, mains jointes brandies devant un sempiternel sourire, empruntée à Bouddha, mais de Mme Bruni-Sarkozy, qui, à ses côtés, dans un soudain accès de religiosité, le mime avec application, les deux plats des mains réunis et dressés vers le ciel pour une prière ou un salut inattendu de la part de l’épouse d’un président d’une République laïque en représentation.

 

En outre, de toutes les postures auxquelles cette dernière s’est essayée et a habitué son public, celle de bonzesse tibétaine est bien la dernière qu’on attendait d’elle. Quelle plasticité merveilleuse ! Le métier de mannequin, il est vrai, rend si souple, si malléable et si docile entre les mains d’un metteur en scène. Hier, en tenue d’Ève, chaussée de bottes de cuir ou non, elle posait déjà ravie, dans toutes les positions, pour nourrir les magazines spécialisés. Un de ses nus, un peu nunuche, mis aux enchères, s’est même récemment arraché à prix d’or (1). Aujourd’hui, très sagement vêtue et même enveloppée de la « kata » qu’au Tibet on offre, paraît-il, au visiteur en signe de bienvenue, la voilà qui singe aussi naturellement qu’elle s’abandonnait autrefois sur les divans, la posture stéréotypée de son hôte.

 

Peut-être s’avance-t-on un peu, objectera-t-on ! Qui sait si la proximité du saint homme ne répand pas alentour une odeur de sainteté à laquelle même Mme Bruni-Sarkozy n’a pas pu résister ? Et puis - ne le concède-t-on pas ? - à tout pécheur miséricorde !

 

L’ironie, l’arme fatale des pacifiques ?

 

Il reste qu’on est bien obligé de s’interroger sur les motivations des uns et des autres qui ont autorisé la diffusion d’une scène aussi saugrenue que ridicule. Car, il s’agit d’une mise en scène où les deux acteurs se donnent volontairement en spectacle, sans même feindre d’avoir été surpris à leur insu. Cette photo est l’exemple même de « l’information donnée ». Pas plus que le Dalaï-Lama, en effet, le président Sarkozy ne laisse diffuser n’importe quelle image de lui ou de ses proches. On sait, du reste, qu’il avait veillé à ce que ce fût sa femme qui fût mise en avant et prié les ministres Kouchner et Yade de se montrer discrets.

 

Sans doute par nature le langage analogique des postures est-il ambigu. On s’en tiendra donc à des hypothèses.

 

-  S’est-il agi, du côté français, par cette imitation gestuelle ostentatoire du Dalaï-Lama, d’exprimer une identité de vues entre lui et le gouvernement français, en dépit de l’absence protocolaire du président ? Pourquoi pas ? L’ennui, c’est que Mme Bruni-Sarkozy est ici une actrice qui joue à contre-emploi. Il y a erreur de « casting ». On ne va pas chercher une star de revue légère pour jouer sainte Thérèse de Lisieux sous peine de décrédibiliser le personnage. Aurait-on vu Alain Cavalier choisir une Brigitte Bardot pour tenir le rôle dans son film Thérèse ?

 

-  C’est peut-être d’ailleurs la raison du sourire particulièrement appuyé du Dalaï-Lama qui n’ignore sûrement rien du palmarès de sa voisine. Sa courbette n’est-elle pas d’ailleurs plus prononcée qu’à l’ordinaire ? Ne cherche-t-il pas à contenir derrière ses mains jointes le spasme qui le secoue ? Ne faut-il pas dès lors relever, dans ce comportement qu’on devine plus expansif que d’habitude, les indices d’une ironie qui lui serait personnelle ? Pour tout dire, n’a-t-il pas l’air de se plier en deux et de murmurer : « Voyez comme je l’ai attifée la Carla avec ma kata. La voilà au moins habillée pour l’hiver ! » ?

 

Car, de son point de vue, il y a de quoi murmurer ! N’est-ce pas une façon élégante de dénoncer dans la pantalonnade de Mme Bruni-Sarkozy, si appliquée soit-elle à le singer, l’hypocrisie de la présidence française ? On a beau être l’ambassadeur itinérant de la paix céleste, trop c’est trop. On n’est pas dupe ! Heureusement qu’il y a l’ironie ! C’est l’arme la plus cruelle qui reste aux pacifiques pour clouer au pilori les imposteurs. Paul Villach

 

(1) Paul Villach « Nu de nunuche sur fond nu aux enchères et surenchère de mimétisme dans les médias », Agoravox, 27 mars 2008.


 

 

 

Le Dalaï-lama préfère les dollars des USA au marxisme

Wednesday, February 13, 2008/ Elisabeth Martens, " Histoire du Bouddhisme tibétain, la Compassion des Puissants ", L’Harmattan

La lecture du livre d’Elisabeth Martens, " Histoire du Bouddhisme tibétain ", permet de soulager les étagères de nombreux ouvrages de propagande tibétaine. Durant des décennies, l’Occident s’apitoyait sur le sort d’un peuple de prétendus anachorètes et de saints lamas détenteurs de l’antique sagesse qui permet de vivre dans le bonheur, la justice et la compassion. Le fils du philosophe Jean-François Revel, Matthieu Ricard, moine notoire du bouddhisme tibétain, n’hésitait pas à comparer les lamas tibétains à Saint François, le pauvre d’Assise. Quelle scandaleuse duperie !

 

" Accumulant biens en espèces et en genre humain, écrit Elisabeth Martens, les lamas ont pillé le Tibet pendant un millénaire. Il ne restait rien au 95% de la population composée des serfs, domestiques, moines de basse catégorie, paysans semi-nomades, vagabonds et femmes. La pression des monastères et des seigneurs était énorme sur une population exsangue, affamée, mutilée et endettée parfois sur plusieurs générations à venir. " Le peuple tibétain était taxé sur presque tout. " Quand les gens ne pouvaient pas payer, les monastères leur prêtaient de l’argent à un taux d’intérêt de 20 à 50% ", précise Edward Conze.

 

Au milieu du 20ème siècle, jusqu’à l’arrivée des communistes à Lhassa, le peuple tibétain était impitoyablement exploité par une caste de prélats lamaïstes avides et cruels.

 

" Tout bien réfléchi, et le 14ème Dalaï-lama l’a bien compris, les réformes proposées par Mao sur base du système marxiste entraient de plein pied dans l’éthique bouddhiste. Plus tard, en 1996, le Dalaï-lama l’a lui-même confirmé : " De toutes les théories économiques modernes, le système économique marxiste est fondé sur des principes moraux, tandis que le capitalisme n’est fondé que sur le gain et la rentabilité. Le marxisme est basé sur la distribution de la richesse à une base égale et sur l’utilisation équitable des moyens de production. Il est concerné par le destin des travailleurs, qui sont la majorité, aussi bien que par le destin de ceux qui sont défavorisés et dans le besoin. De plus, le marxisme se soucie des victimes exploitées par une minorité. Pour ces raisons, le système m’interpelle et il me semble juste… Je me considère moi-même comme semi-bouddhiste, semi-marxiste ". En effet, un bouddhiste " droit dans ses bottes " ne saurait échapper à l’analyse marxiste, de même d’ailleurs qu’un chrétien intègre. Le 14ème, qui avait une bonne connaissance du marxisme, est impardonnable d’avoir vendu son âme et son peuple aux USA qui, dans la logique de marché et de rentabilité, ne défendent que le gain de quelques privilégiés. Semi-bouddhiste, semi-marxiste… ne serait-il pas plus correct de dire que, dans la ligne tracée par son prédécesseur, il a choisi la voie du " ni chou ni chèvre " ? Est-ce à ce genre de compromis que mène la Voie du Milieu ? Le Bouddha sent un froid glacial lui monter le long des omoplates ; de honte et de misère, il s’en retourne tristement à son Nirvana.

 

D’après ce tableau, on pourrait croire que tout allait dans le sens d’un changement social acceptable et accepté unanimement par les autorités et la population tibétaines. Pourtant le cœur de Sa Sainteté restait partagé entre réformes et conservatisme. Si le Dalaï-lama signa l’accord qui le liait à la République Populaire de Chine, c’est parce qu’il n’avait pas d’autre choix : les Japonais avaient été mis hors jeu, et les anglais avaient perdu leurs colonies asiatiques. Il restait les Américains qui voyaient dans le Dalaï-lama un allié potentiel pour asseoir la Guerre Froide en Extrême-Orient, mais leurs propositions n’étaient pas suffisamment concrètes pour le 14ème Dalaï-lama. Mis sous pression par les hauts dignitaires du Bouddhisme tibétain qui voyaient leurs terres, leurs biens, leurs privilèges et leur autorité menacés par la jeune République chinoise, le 14ème se sentait dans " l’obligation morale " de trouver la meilleure solution pour protéger les privilégiés du Tibet. Sympathiser momentanément avec la République Populaire de Chine était un moyen astucieux de pousser les Etats-Unis à trouver rapidement comment satisfaire les exigences du gratin tibétain. "

 

Elisabeth Martens, " Histoire du Bouddhisme tibétain, la Compassion des Puissants ", L’Harmattan


 

Le Journal du mois

 

http://www.lejdd.fr/cmc/chroniques/200835/le-journal-du-mois_144338.html

Mardi 26 Août 2008

Par Philippe Sollers

Chine

Les Jeux olympiques de Pékin ne devaient pas avoir lieu. Il y aurait des attentats, une pollution asphyxiante, une désorganisation monstre, des manifestants tibétains ou musulmans, mais la menace la plus sérieuse était l'absence du président français pour la cérémonie d'ouverture. Sans la présence de Nicolas Sarkozy, les Chinois peuvent-ils exister? Grave question, qui a ému la planète entière. La France des droits de l'homme pouvait-elle accepter de reconnaître ce pays hitlérien? Berlin 1936, Pékin 2008, même chose. On attendait au moins une révolte des sportifs au grand coeur. Là-dessus, les Chinois nous offrent un spectacle monstre (ils savent faire), célébrant leur culture millénaire avec une arrogance infernale. Où était la France il y a deux mille ans? On se le demande. Et aujourd'hui? On ne sait plus très bien. Laure Manaudou fait naufrage, Alain Bernard sauve un peu l'honneur, seuls les sabreurs français m'ont arraché des larmes. C'est quand même bien peu face aux huit médailles d'or du phénomène Michael Phelps, et à la performance éblouissante des Jamaïquains, Usain Bolt au 100 mètres, et le triplé féminin, un vrai rêve. Les Jamaïquaines, voilà l'avenir. Au passage, il me semble nécessaire de rappeler que la Chine, aujourd'hui, compte 253 millions d'internautes. Ce n'est qu'un début, j'en ai peur. Une petite satisfaction quand même: le siège du Front national a été racheté par une université de Shanghai.

 

Dalaï-lama

Vais-je me convertir au bouddhisme tibétain? J'y pense. Paix intérieure, paix extérieure, écharpe blanche, bonne humeur, art de la communication impressionnant, quand on pense que le coeur de cette expérience de calme néantisant est le vide. Le dalaï-lama, en toute modestie humoristique, accepte sans broncher qu'on l'appelle "Océan de sagesse", "Sa Sainteté" et même "Joyau accompli". Ces termes, d'après moi, pourraient m'être aussi décernés s'il y avait une justice en ce monde. Mais enfin, la place est prise, il y a de plus en plus d'adeptes en France, de belles jeunes femmes prient en silence, on entend des clochettes, et voici Carla Bruni, pour l'inauguration d'un temple, qui montre la voie à la résignation par rapport au pouvoir d'achat. Ségolène Royal, qui estimait scandaleux d'avoir été photographiée agenouillée dans une église de Rome, éclate de joie et de sérénité quand le dalaï-lama la prend en écharpe. Manuel Valls, lui, saute en l'air. La gauche est donc au rendez-vous spirituel du siècle. Voilà ce que nous avons à dire, nous, aux méchants Chinois. Le dalaï-lama, désormais, écoute sans arrêt l'album de Carla. Il sera rendu obligatoire dans la formation monastique. Comment, espèce de libre-penseur, vous préférez entendre une messe de Mozart? Vous penchez pour le pape, malgré ses odieuses considérations sur la sexualité? Vous iriez plutôt à Notre-Dame de Paris que dans un temple tibétain de province? Plutôt Michel-Ange que les gros bouddhas peinturlurés assis dans leur éternel et souriant sommeil? Vous me décevez beaucoup, vous n'avez pas d'âme.

 

Russes

Parmi les obscénités de l'époque, on aura donc vu Poutine s'incliner avec des fleurs, devant le cercueil de Soljenitsyne. On préfère oublier la gêne extrême produite par l'arrivée de Soljenitsyne en France avec son Archipel du Goulag, lequel a été décisif pour toute une génération. Enfin, bon, cet homme exemplaire s'est voulu russe jusqu'au bout, c'était sa religion, là encore nous ne sommes pas à Rome. Après le cercueil de Soljenitsyne, Poutine, fou de jalousie par rapport aux Jeux olympiques chinois, a voulu rappeler son existence à poigne. Et hop, un tour de tanks en Géorgie, avec bras d'honneur aux Etats-Unis comme à l'Europe. Oléoducs, que de crimes sont commis en votre nom ! Ce qui serait beau, c'est une visite éclair du dalaï-lama à Moscou pour prêcher la paix au Kremlin. L'écharpe blanche irait très bien à Poutine. A qui ira-t-elle le mieux? A Obama, champion du spectacle, ou au vieux McCain, sauveur des petits Blancs apeurés? La France combat pour la paix contre le terrorisme: dix morts en Afghanistan, c'est quand même beaucoup. Océan de sagesse ou océan d'argent? Mon coeur balance. Quant à faire, mieux vaut être un oligarque comme Mikhaïl Prokhorov, 43 ans, qui vient d'acheter, pour 496 millions d'euros, la célèbre villa Leopolda à Villefranche-sur-Mer (un temple bouddhiste ne ferait pas mal dans les environs). Ce sympathique individu aura 50 jardiniers pour s'occuper de ses massifs, et voilà comment on fait fortune à l'ère de la flambée des matières premières. La Côte d'Azur est russe, le prochain Eldorado pour les tanks financiers devrait être le Maroc, et surtout Marrakech. Ah, la belle vie ! Et comment oublier que ce Prokhorov s'est vu inquiété, puis blanchi, après une fête à Courchevel à laquelle ont participé 25 prostituées...? Le grand style.

 

Antisémitisme

Sur l'antisémitisme qui, paraît-il, agite encore quelques crétins, Nietzsche a tout dit dans une lettre à sa soeur: "Je me fais un point d'honneur de me sentir absolument propre et sans ambiguïté par rapport à l'antisémitisme, c'est-à-dire opposé à lui, ainsi que je le suis dans mes écrits. J'ai récemment été persécuté par des lettres et des feuillets de Correspondance antisémite : pour parler aussi franchement que possible, ce parti (qui n'aimerait que trop utiliser mon nom!) m'inspire du dégoût... et le fait que je sois incapable de faire quoi que ce soit pour lutter contre, et que dans tout feuillet de correspondance antisémite on utilise le nom de Zarathoustra, m'a déjà rendu malade à plusieurs reprises." Nietzsche, en son temps, n'a eu aucun mal à diagnostiquer, dans le bouddhisme, une forme achevée de nihilisme. Au fait, y a-t-il un libre-penseur tibétain? Il faut que je pose la question à la soeur du dalaï-lama, qui, humblement, se fait appeler "vénérable". On m'assure pourtant que le dalaï-lama s'est mis à lire la Bible, mais je n'en crois rien.


 

Histoire du Bouddhisme tibétain

La Compassion des Puissants

 

 

 

Elisabeth Martens :

Depuis 1959 (c’est-à-dire depuis que le Dalaï-lama n’est plus au Tibet), les médias ont systématiquement noirci la Chine et mystifié le Tibet et le Dalaï-lama, de sorte que, actuellement, après 50 ans de matraquage médiatique, la très grande majorité (pour ne pas dire la quasi totalité) des intellectuels occidentaux choisissent pour le Tibet, donc contre la Chine.
Pour arriver à ce résultat mirobolant, les médias se sont servis de l’histoire pathétique du Dalaï-lama, une histoire émouvante et remuant nos archétypes les plus profonds : l’histoire d’un roi-dieu, un roi-père, destitué de son trône par des traîtres pervers, chassé de son territoire par des démons rouges à queue fourchue, et " exilé par la force des armes ", précisent les médias. Alors qu’on sait fort bien maintenant que cet exil a été choisi par le Dalaï-lama, en accord avec l’aristocratie tibétaine, les laïcs et le clergé réunis. On sait fort bien que sa fuite a été organisée, préparée et financée par les Etats-Unis. Plusieurs ouvrages ont été écrit à ce sujet, non pas des ouvrages chinois, mais des ouvrages rédigés aux Etats-Unis, au Canada, en Angleterre, entre autre par les ex-agents de la CIA qui ont commandité la fuite du Dalaï-lama, des grands lamas et de l’aristocratie tibétaine, ces mêmes agents présents au Sikkim pour organiser la résistance tibétaine. Ces livres rendent public les mensonges médiatiques à propos du Tibet, dont le plus tenace est le " 1,2 millions de morts tibétains à cause de l’occupation chinoise ", chiffre qui a été démenti parce que, statistiquement et démographiquement, il ne tient pas la route. Ces livres rendent aussi public le soutien des Etats-Unis au Dalaï-lama et au Tibet, dès avant ’59 : une dépêche du ministère des affaires étrangères des Etats-Unis note en 1956 que " le Tibet doit devenir le bastion de notre lutte contre le communisme en Asie ". Cette petite note exprime clairement que le Tibet et son représentant le plus célèbre ont été choisis pour servir de pions dans la guerre froide menée par les Etats-Unis, principalement contre le communisme en Chine. Une telle vision étasunienne, pragmatique et futuriste à la fois, explique la présence de le CIA au Sikkim dès le milieu des années ’50. Elle explique aussi le soutien financier dont ont joui les communautés tibétaines dès leur exil (1,7 million $/an pendant les années ’60) et le Dalaï-lama à la même époque (186.000 $/an), sans parler du soutien logistique octroyé aux mouvements pour l’indépendance du Tibet. On pourrait penser qu’avec le temps, ces financements se sont étiolés, mais il n’en est rien, ils se poursuivent de plus belle quoique sous l’auspice d’association aux noms plus ronflant que la " CIA ". C’est ainsi que les communautés tibétaines perçoivent aujourd’hui 2 millions $/an du " National Endowment for Democraty " (organisation étasunienne au-delà de tous soupçons !), à quoi il faut ajouter les nombreuses facilités dont jouissent les tibétains en exil, ainsi que les financements de la part de grands trusts internationaux.

 

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