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12 juin 2015

CONTRE/Linceul (1)


Arguments sceptiques - Suaire de Turin/Steven D. Schafersman

 
http://www.sceptiques.qc.ca/dictionnaire/shroud.html
Suaire de Turin
«À partir des données empiriques et de la simple logique, n'importe quelle personne rationnelle et objective en arrivera à la conclusion définitive que le Suaire de Turin est un faux, produit par un artiste du quatorzième siècle.» Steven D. Schafersman
Face of Jesus?
Pièce de tissu en lin de 4,30 mètres sur 1,10 mètre portant l'image d'un homme. En fait, il s'agit plutôt de deux images, l'une ventrale et l'autre dorsale, dont les têtes se touchent au sommet. Un critique anonyme fait remarquer que si le suaire avait réellement enveloppé un corps, il devrait y avoir un espace là où les deux têtes se rejoignent. Ce même critique dit également que la tête présente un volume de 5 % supérieur à la normale par rapport au corps, que le nez est disproportionné et que les bras sont trop longs. Néanmoins, nombreux sont ceux qui croient qu'il s'agit là d'une image en négatif du Christ après sa crucifixion, et que le suaire a servi à son inhumation. La plupart des sceptiques, quant à eux, voient dans cette image un faux de nature religieuse. Le suaire est conservé dans la cathédrale de Turin, en Italie.
Apparemment, le première mention historique de la présence du suaire à Turin date de la fin du seizième siècle, lorsqu'il y a été installé. On l'aurait cependant découvert en Turquie, lors d'une des «saintes» croisades du Moyen-Âge. En 1988, le Vatican a donné la permission à trois institutions indépendantes (l'université d'Oxford, l'université de Tucson, en Arizona, et l'Institut fédéral de technologie de Zurich) d'effectuer une datation du suaire. Chacune a obtenu des résultats indiquant qu'il remontait au Moyen-Âge, autour de 1350. Au début du seizième siècle, il semble que le suaire ait échappé de justesse aux flammes, lors d'un incendie. D'après ceux qui croient en son authenticité, c'est ce qui explique le fait que la datation au carbone 14 ne va pas au-delà de 650 ans. Aux yeux de ceux qui préfèrent douter, on dirait bien là une hypothèse ad hoc. Selon le professeur Walter McCrone,
l'idée que l'incendie de Chambéry en 1532 ait pu modifier la datation du suaire est absurde. Les échantillons prélevés pour la datation au carbone 14 sont réduits en CO2 par combustion dans le cadre d'un processus de purification soigneusement contrôlé. De même, l'idée que des contaminants biologiques modernes aient pu modifier la date est tout aussi ridicule. Un poids de carbone du vingtième siècle équivalant pratiquement au double du poids en carbone du suaire aurait été nécessaire pour faire passer la date du premier siècle au quatorzième (voir graphique du carbone 14). D'ailleurs, les échantillons de tissu ont été soigneusement nettoyés avant que les laboratoires n'effectuent leurs analyses.*
 
Les sceptiques seront intéressés d'apprendre qu'un grand nombre de croyants avancent des preuves scientifiques de l'authenticité du suaire. Bien entendu, ces preuves se limitent presque exclusivement à des faits qui seraient vrais si le suaire était bel et bien authentique. Par exemple, on prétend que le suaire montre l'image en négatif d'un crucifié. On dit qu'il s'agit de l'image d'un homme ayant subi des tortures identiques à celles qu'aurait subies Jésus. On prétend également qu'il ne s'agit pas d'une peinture, mais d'une image transposée miraculeusement. Les sceptiques, quant à eux, affirment que le suaire est bel et bien une peinture et, par conséquent, un faux.
 
Le commerce des reliques
 
Selon ceux qui doutent du caractère véridique du suaire de Turin, il ne s'agit de rien d'autre qu'une relique créée de toutes pièces pour soutirer de l'argent aux crédules ou impressionner les infidèles. (Dans le même style, une image de Notre Dame de la Guadeloupe, censée s'être imprimée par miracle sur un tissu, est apparue au Mexique au seizième siècle.) Dans Inquest On The Shroud Of Turin, écrit en collaboration avec un groupe d'experts scientifiques et techniques, Joe Nickell s'exprime sans embages au sujet de cette entreprise. L'auteur affirme que les données historiques, iconographiques, pathologiques, physiques et chimiques montrent toutes le caractère frauduleux du tissu. Le suaire est une peinture du quatorzième siècle, et non une image du Christ vieille de 2000 ans.
 
Parmi ceux qui partagent cet avis, on retrouve Walter McCrone, microchimiste. Il explique sa position dans Judgment Day for the Shroud of Turin (mars 1999). Selon lui, «on a enduit de pigment un modèle masculin, qu'on a ensuite enveloppé dans un tissu pour créer une image floue du Christ*». On a employé de l'ocre, «pigment présent dans la terre et largement utilisé en Italie au Moyen-Âge. On a pressé le tissu contre le front et les pommettes du modèle, ainsi que le reste de sa tête et de son corps afin d'obtenir l'image qui est parvenue jusqu'à nous. Du vermillon, fait à partir de sulfure de mercure, a ensuite été appliqué sur les poignets, les pieds et le corps de l'image pour représenter le sang». Pour son travail sur le suaire, l'American Chemical Society a décerné à McCrone son prix de chimie analytique.
 
 
Les preuves d'authenticité
 
Le suaire possède toutefois ses défenseurs, qui croient avoir démontré que le tissu n'est pas un faux, qu'il date du temps du Christ, qu'il est d'origine miraculeuse, et ainsi de suite. Ils disent, par exemple, qu'on retrouve des traces de sang de groupe AB sur le suaire, ce que les sceptiques nient. En effet, on n'a pas trouvé de traces de sang directement sur le tissu, mais bien sur le ruban gommé qui a servi au prélèvement de fibrilles du suaire. Les taches de sang anciennes sont noires; celles du suaire sont rouges. Une analyse chimique de ces taches a montré qu'elles se composaient d'ocre rouge et de détrempe de vermillon. D'autres tests, effectués par Adler et Heller, ont cependant montré qu'il s'agissait bien de sang*. Si c'est véritablement le cas, ce pourrait être du sang d'une personne du quatorzième siècle. Ce pourrait être celui du modèle qu'on a enveloppé dans le tissu, ou celui du créateur du faux, ou encore de toute personne ayant manipulé le suaire ou le ruban gommé ayant servi aux prélèvements. Autrement dit, la présence de sang sur le tissu n'indique rien du tout à propos de son âge véritable ni de son authenticité.
 
On a dit que du pollen [format PDF] et des images de plantes qui ne poussent que dans la région de la mer Morte ont été retrouvés sur le suaire. Avinoam Danin, de l'université hébraïque de Jérusalem, a identifié du pollen de l'amarantacée Gundelia tournefortii, de même que d'une espèce de câpre. D'après lui, une telle combinaison ne se retrouve que dans les environs de Jérusalem. Certains croyants pensent même que la couronne d'épines était faite des branches de l'amarantacée. Il convient avant tout de noter que Danin n'a jamais examiné le suaire lui-même. Ses échantillons de grains de pollen lui sont venus de Max Frei, qui les a prélevés sur le suaire à l'aide d'un ruban gommé. L'intervention de Frei même a été marquée du sceau de la controverse dès le départ. Frei, qui a déjà déclaré que les faux «Cahiers d'Hitler» étaient authentiques, a probablement introduit les grains de pollen lui-même, ou s'est fait duper par des fraudeurs religieux, qui ont introduit les grains eux-mêmes (Nickell, Shafersman).
 
Danin et son collègue, Uri Baruch, prétendent également avoir découvert des impressions de fleurs sur le suaire, des fleurs qui ne peuvent provenir que d'Israël. Cependant, les images florales qu'ils ont repérées sont dissimulées dans des taches, un peu comme cette image de Jésus, cachée dans une tortilla, ou celle de Marie, dissimulée dans l'écorce d'un arbre. D'ailleurs, la première personne à avoir vu les fleurs était un psychiatre, probablement expert dans le déchiffrement de traits de personnalité à partir de tâches d'encre (Nickell, 1994).
 
Danin fait remarquer que sur le sudarium d'Oviedo, en Espagne, pièce de tissu censée avoir enveloppé le visage de Jésus, on retrouve les mêmes deux types de pollen que sur le suaire, et qu'il est également taché de sang de type AB. Comme on croit que le sudarium existait déjà avant le huitième siècle, Danin pense «qu'il s'agit là d'une preuve claire que l'existence du suaire remonte avant cette époque». En effet, le sudarium est censé avoir été retrouvé dans un coffre contenant des reliques datant au moins du temps de l'invasion de l'Espagne par les Maures. Apparemment, le tissu s'y trouvait quand on a ouvert le coffre en 1075. Mais comme il n'y a pas de sang sur le suaire de Turin, et qu'il n'y a aucune raison valable de penser, comme le fait Danin, que les grains de pollen se trouvaient sur le suaire depuis l'origine, cet argument est fallacieux.
 
De toutes manières, le fait que du pollen de plantes poussant près de la mer Morte ou Jérusalem soit présent sur le suaire n'est pas très révélateur. Même si on laisse de côté l'hypothèse de la fraude, il demeure possible que le pollen ait été déposé accidentellement par l'une des très nombreuses personnes ayant touché le tissu, et les grains de pollen aurait pu transiter de la Palestine à n'importe quelle époque, avant ou après l'arrivée du suaire en Italie. En fin de compte, il ne s'agit pas là d'un élément de preuve bien déterminant.
 
En outre, qu'il y ait deux pièces de tissu ayant servi à l'inhumation de Jésus ne permet pas davantage d'affirmer que le suaire est authentique, bien au contraire. Combien reste-t-il de ces tissus, dont on n'a pas encore entendu parler? Les a-t-on produits en série, comme les reliques de la Vraie Croix, les brins de paille de l'étable ayant abrité le Christ nouveau-né, et les crânes de saint Jean Baptiste? Qu'on retrouve sur deux tissus, dont l'un vient d'Espagne et l'autre d'Italie, des grains de pollen et des taches de sang identiques est loin de constituer des preuves claires qu'ils remontent à la même époque lointaine, surtout s'il est évident que ce qu'on dit à propos du pollen et du sang est faux. Mais même si ces affirmations étaient vraies, elle ne montreraient en rien que ces pièces de tissu ont effectivement enveloppé le corps de Jésus.
 
Un tissu de faussetés
 
Le suaire est apparemment un tissu de qualité. À l'époque de Jésus, seuls les juifs les plus fortunés auraient été en mesure de se payer quelque chose du genre, ce qui semble aller à l'encontre de ce que nous savons des milieux que le Christ est censé avoir fréquenté. Un lecteur du Dictionnaire sceptique, Hal Nelson, a cependant fait valoir l'argument suivant: «Le suaire a été offert par Joseph d'Arimathie, que l'Évangile selon saint Matthieu décrit comme un riche disciple de Jésus». (Le suaire de Turin présente une armure à chevrons; le Sudarium d'Oviedo est un taffetas. La chose prouve sans doute que Jésus comptait des disciples dans toutes les couches de la société, et que certains d'entre eux avaient même du sang de groupe AB.)
 
L'image qui figure sur le suaire est celle d'une homme d'environ 1m90, et la longueur du tissu a même convaincu un chercheur et croyant que le suaire a pu servir de nappe lors de la dernière Cène. On peut lui supposer une myriade d'autres usages, sans doute...
 
Pour les croyants, toutefois, ce ne sont pas les preuves scientifiques de l'authenticité du suaire qui comptent, mais plutôt leur foi en l'origine miraculeuse de l'image qui s'y trouve. Pour eux, il s'agit d'une preuve de la résurrection du Christ et sa nature divine.
 
Rien qu'une autre relique?the Sudarium of Oviedo
L'aspect le plus fascinant de la controverse entourant le suaire de Turin est sans doute la façon dont les croyants ont sans cesse recours à des faux-semblants et dont les sceptiques n'arrêtent pas de mordre à l'hameçon. Danin a présenté son argument à propos des plantes et du pollen en 1998, après avoir annoncé la découverte d'images de plantes sur le suaire en 1997. Dans un article datant de 1998, il a prétendu avoir trouvé des preuves que «le Suaire ne peut être venu que du Proche Orient». Dans un article de Traci Angel diffusé par l'American Press (8 mars 1999), Danin affirme que les preuves indiquent «un groupe floral venant des environs de Jérusalem». Sans aucun doute, un nouveau débat va faire rage sur l'origine des plantes et du pollen. Mais la chose a-t-elle la moindre importance? Même si l'on parvient à établir au-delà de tout doute raisonnable que le suaire vient de Jérusalem, et qu'il a servi à l'inhumation de Jésus, qu'est-ce que cela peut bien faire? Prouverait-on ainsi que Jésus est revenu d'entre les morts? Pas du tout. La résurrection étant physiquement impossible, on ne peut en apporter de preuves physiques. Seule la foi religieuse peut soutenir une telle croyance. Que quelqu'un s'est élevé vers le ciel avant d'y disparaître (autrement dit, que cette personne est montée au Paradis) ne saurait être confirmé ni infirmé par un débat à propos du suaire. Enfin, rien mais absolument rien n'arrivera jamais à prouver qu'un homme était de nature divine, qu'il était son propre père et qu'il a été conçu sans que sa mère n'ait jamais connu d'activité sexuelle. Ainsi, peu importent les brillants arguments avancés par de non moins brillants scientifiques à propos de cordes, d'éponges, d'épines, de fleurs, d'amarantacées et de taches de sang: rien de tout cela ne sera jamais en mesure de prouver un article de foi.
 
Voir également Foi et Miracles.
 
Lectures recommandées
 
McCrone, W.; Judgment Day for the Shroud of Turin (Buffalo, N.Y.: Prometheus Books, 1999).
Nickell, J.; Inquest On The Shroud Of Turin (Buffalo, N.Y.: Prometheus Books, 1987).
Nickell, J.; "Pollens on the 'Shroud': A study in deception," Skeptical Inquirer, été 1994.
Nickell, J.; Looking For A Miracle: Weeping Icons, Relics, Stigmata, Visions and Healing Cures (Buffalo, N.Y.: Prometheus Books, 1993).
Broch, H.; Le paranormal – Ses documents, ses hommes, ses méthodes; Éditions du Seuil; 1989





Etude Contre - Le Suaire de Turin

 
 
LE SUAIRE DE TURIN
Mais aucun miracle ne leur sera donné
si ce n'est celui de Jonas.

Mattieu 12,39-40

"Suaire" : Linge dans lequel on ensevelit un mort. Saint-Suaire : Linceul qui servit lors de l'ensevelissement du Christ. Ces défénitions se trouvent dans n'importe quel bon dictionnaire. Le Saint-Suaire conservé dans la cathédrale de Turin (d'où son nom) est certainement la plus célèbre des reliques du monde chrétien. Il est devenu à travers les siècles un objet de vénération pour plusieurs générations de chrétiens catholiques convaincus de son authenticité. il n'est d'ailleurs pas rare de nos jours encore de rencontrer dans certaines églises ou chapelles des icônes représentant le visage de l'homme du Suaire.
Cette pièce de lin longue d'environ 4 mètres 30 sur 1 mètre 10 possède il est vrai d'étranges propriétés. On peut y déceler l'image à peine visible d'un homme barbu qui semble avoir subi l'atroce supplice de la crucifixion, très prisée durant l'Antiquité par les Romains. Pour les catholiques (ou du moins une certaine partie d'entre-eux), cette image ne peut être que celle de Jésus-Christ, le Messie, le fils de Dieu. En examinant de plus près le Saint-Suaire, on remarque en effet certains détails qui rappellent immanquablement la mise à mort de Jésus vers l'an 33 de notre ère à Jérusalem : blessures à la tête provoquées par la couronne d'épines, coup de lance au flanc droit, trace de clous aux pieds et aux mains...
Toutes sortes de recherches furent effectuées sur ce morceau de tissu. Les nombreux partisans de son authenticité créérent même une nouvelle discipline scientifique pour l'étudier : la sindonologie (de l'italien sindone, linceul). Un spécialiste de cette spécialité (un sindonologue), jésuite de son état, calcula même qu'il n'y avait qu'une chance sur 225 milliards pour que le Suaire de Turin ne soit pas celui du Christ... (1)
Histoire du Saint-Suaire

La toute première apparition historiquement prouvée du Saint-Suaire a eu lieu dans le royaume de France au XIVième siècle et plus précisément en 1357 à Lirey près de Troyes. Sa première exposition publique y eut lieu à l'initiative d'une riche veuve, Jeanne de Vergny, appuyée par le clergé local. Très vite, ces expositions attirèrent des foules considérables venues admirer le "véritable linceul de Jésus". Ces méthodes déplurent grandement à l'évêque des lieux, Henri de Poitiers, qui fit interdire purement et simplement ces ostentions qu'il dénonça comme une supercherie. Pendant plusieurs dizaines d'années, le linceul sacré resta à l'abri des yeux des fidèles jusqu'au jour où le pape autorisa à nouveau qu'il soit exposé. Pourtant, le pape Clément VII ne semblait guère croire à l'authenticité de la relique. En 1390, il déclara même que "ce n'était pas le vrai linceul de Notre seigneur mais une peinture faite à la ressemblance du Seigneur".
Le journaliste Ian Wilson a tenté de démontré que le Suaire était connu depuis fort longtemps avant cette date. Il parle d'une image du Christ imprimée sur un tissu : le Mandylion, connu en Turquie dès le IVième siècle. L'auteur a tenté de prouver que le Mandylion et le Suaire était le même objet. Mais le Mandylion (dont on garde des reproductions) ne représente que le visage du Christ alors que l'image du Suaire est celle d'un corps entier. (2)
A partir des expositions de Lirney, il est facile de reconstituer grâce aux archives l'itinéraire du Suaire jusqu'à nos jours. il voyagera un peu partout en France (Paris, Nice,...). La relique fera même un bref séjour en belgique à Chimay en 1449. L'évêque de Liège le considéra d'ailleurs comme un faux. (3). Vers 1453, le suaire est cédé au duc de Savoie contre monnaie sonnante et trébuchante. En 1532, le linge fut fortement endommagé lors de l'incendie de la chapelle de Chambéry. La Maison de Savoie gardera le linceul jusqu'en 1983 où elle sera confiée à la garde de l'Eglise. Depuis le XVIième siècle, le Suaire est conservé dans la cathédrale de Turin.
Le Suaire de Turin et la Science
En mai 1898, à l'occasion du 50ième anniversaire du Royaume d'Italie, le Suaire fut exposé aux yeux de tous dans la cathédrale San Giovanni à Turin. le Suaire fut photographié par un avocat, Seconda Pia. Le négatif photographique obtenu révélera de manière beaucoup plus nette l'image de l'homme du Suaire. La Science va dès lors prendre la relève de la foi dans la recherche de la vérité.
Deux ans après cette ostentation restée célèbre, un religieux, le chanoine Ulysse Chevalier, écrivit un livre très critique sur l'authenticité du Suaire (4). Un chrétien donc niait que le Suaire fut le véritable linceul du Christ. Il ne sera pas le seul.
Au XXième siècle, toutes sortes de travaux scientifiques plus ou moins sérieux furent consacrés au Suaire. On tenta d'expliquer la formation de l'image par divers procédés plus discutables les uns que les autres : phénomène électrique, action de rayons X, excès de vapeur,... En 1950, un médecin, le docteur Barbier, publia un livre fort intéressant : La Passion de Jésus-Christ selon le chirurgien.Il arriva à la conclusion que les blessures constatées sur l'image de l'homme du Suaire étaient identiques à celles subies par le Christ selon les Evangiles. Troublant. La même année se tint à Rome le premier congrès international de sindonologie.
En 1973, des tissus furent prélevés sur les zones de du linceul qui semblaient être tâchés de sang. Les chercheurs étaient membres du STURP (Shround of Turin Research Project-Projet de recherche sur le Suaire de Turin). Leurs analyses ne furent guèrent concluantes mais ils pensèrent avoir trouver des traces de sang humain sur le linceul.
Les années 70 furent dès plus agitée. Tout d'abord, deux chercheurs indépendants (et qui ne travaillaient pas pour la NASA comme on l'a trop vite dit) obtinrent par ordinateur une spectaculaire reconstitution en trois dimensions du visage de l'homme du Suaire. ils développèrent alors une audacieuse théorie qui frappa beaucoup les imaginations : l'image de Jésus aurait été imprimée sur le lin lors de la résurrection. Un flash d'origine surnaturelle (radioactive?) aurait marqué le tissu. Certains se souvinrent alors que lors de l'épisode biblique de la Transfiguration où Jésus fut entouré d'une éblouissante lumière blanche. Etait-ce le même phénomène qui eut lieu lors de la résurrection? D'autres chercheurs firent alors le lien avec l'effet Kirlian, un pseudo-procédé de photographie du corps énergétique de l'homme inventé par un scientifique russe. Le mariage entre parapsychologie et Suaire de Turin devenait officiel...
Mais la découverte la plus importante fut effectuée par le criminologue suisse Max Fréi qui avait effectué des prélévements sur le linge. Il y découvrit, selon ses dires, des traces de pollens provenant de Turquie, d'Italie, de France et de Palestine. La découverte de Monsieur Fréi fut brandie comme une preuve irréfutable de l'authenticité du Suaire. Cependant, il semblerait que Max Fréi ne possédait pas le matériel nécessaire ni les compétences adéquates pour arriver à ces conclusions. Des botanistes reprirent ses expériences et n'arrivèrent pas aux mêmes résultats. (5) C'est d'ailleurs le même Max Fréi qui se présentait comme expert en graphologie qui se porta garant des fameux carnets d'Hitler dont on sait aujourd'hui avec certitude qu'ils étaient faux.
En 1978, une trentaine de membres du STURP arrivèrent à Turin avec pluiseurs tonnes de matériel. Pendant plusieurs jours, avec l'accord de l'évêque de Turin, ils passèrent le précieux linge au crible et furent autorisés à prélever des échantillons pour analyses. La plupart des chercheurs conclurent à l'authenticité du Suaire. Un seul arriva à des conclusions contraires. Walter Mc Crone, micro-analyste spécialisé dans la détection de fausses oeuvres d'art déclara sans doute un peu à contre-coeur que "l'image entière était l'oeuvre d'un artiste". Le STURP refusa de publier les recherches de Mc Crone qui fut prié poliment de quitter l'organisation (6).
Le STURP organisà dès 1979 une impressionnante série de conférences de presse dont le but était de faire connaître leurs conclusions positives. Un livre événement sera également publié deux ans plus tard (7). L'un de ses auteurs se présentait comme le porte-parole officiel du STURP. Or, cet organisme n'avait d'aucune façon autorisé et approuvé cette publication. Les auteurs du livre furent même poursuivis en Justice par le STURP. Ambiance, ambiance...
La datation au carbone 14
La méthode de datation d'objets archéologiques la plus couramment utilisées par les spécialistes est celle dite du carbone 14. le principe de cette méthode s'appuie sur le fait que chaque matière organique contient une certaine quantité de carbone radioactif, le carbone 14. Quand la matière organique (animal, plante,...) cesse de vivre, sa teneur en carbone 14 décroît progressivement avec le temps. On peut alors dater les objets avec une précision assez grande.
On songeait depuis longtemps à effectuer sur le Suaire cette analyse capitale. L'Eglise la refusa toujours de manière compréhensible car il aurait fallu un morceau trop important de la relique (environ 400 cm²). De nouvelles techniques ont cependant permis de n'utiliser qu'un seul fil de quelques centimètres. En 1988, trois laboratoires neutres furent désignés pour effectuer ces analyses : l'Université d'Oxford, l'Institut Polytechnique de Zurich et l'Université d'Arizona à Tucson (Etats-Unis). Des échantillons de lin furent prélevés sur le Suaire. Ils furent purifiés et soumis au test du carbone 14. Les trois laboratoires rendirent un verdict identique : le linceul fut fabriqué entre 1260 et 1390. Le doute n'était plus possible : le Saint-Suaire était un faux fabriqué au Moyen-Age. Il n'avait donc jamais pu servir à conserver le corps de Jésus. Les résultats furent rendus publics par l'archévêque de Turin qui s'inclina devant le verdict sans appel de la Science. Un des plus chauds partisans de 'authenticité du Suaire, Jacques Evin, directeur du laboratoire de radiocarbone de l'Université de Lyon et membre de l'association pro-suaire Montre-nous ton Visage, fut on ne peut plus formel : "On ne peut pas discuter la datation au carbone 14, le Suaire est un faux".
On croyait dès lors que le débat sur le Suaire de Turin était définitivement clos. C'était mal connaître la pugnacité de certains sindonologues qui ne s'avouèrent pas si facilement vaincus. deux chercheurs italiens avancèrent l'hypotèse audacieuse que la chaleur à laquelle fut exposé le Suaire durant l'incendie de 1532 aurait pu modifier considérablement la teneur en carbone 14 du lin. Le problème est que ces deux chercheurs n'essayèrent même pas d'étayer leur théorie par des expériences scientifiques rigoureuses. (8)D'autres chercheur remettront en cause l'infaillibilité même de la méthode du carbone 14. il est vrai que cette méthode n'est pas fiable à 100% mais sa marge d'erreur ne peut pas dépasser quelques dizaines d'années sur une période aussi courte (mille ou deux mille ans). Une erreur de plus de 1200 ans semblenttout à fait impossible surtout que les tests ont été réalisés par trois laboratoires différents. Le débat était brièvement relancé mais le coup fut dur pour le STURP qui attendait monts et merveilles de la datation au carbone 14. Le STURP se fit alors beaucoup plus discret. mais d'autres prirent la relève de manière plus énergique. On laissa entendre ici et là que les expertises au carbone 14 aurait été truquées de manière délibérées et certaines personnes évoquèrent même un complot judéo-maçonnique destiné à destabiliser le catholicisme.
A la tête de de ce nouveau mouvement "suairiste" se trouve un organisme basé à Paris, le CIELT (Centre international d'Etude sur le Linceul de Turin), proche de certains milieux traditionalistes catholiques. Le but de cet organisme est très clair : faire connaître le linceul au public et prouver son authenticité. Ses membres encouragent dès lors toutes les recherches sur le Suaire, organisent des conférences de presse et des expositions (comme j'ai pu le constater dans une célèbre abbaye provencale durant l'été 2001), publient des livres (9). Le CIELT est même parvenu à retourner l'opinion publique en intoxiquant des journaux sérieux (Le Soir, Le Figaro,...) et même des revues prestigieuses (Science et Avenir, Historia,...).
Le Suaire de Turin est-il le véritable linceul du Christ?
Devant le Saint-Suaire, on ne peut qu'adopter deux positions : ou bien le Suaire est l'oeuvre d'un artiste génial du Moyen Age ou bien il s'agit de l'empreinte miraculeuse d'un homme crucifié qui ne peut être que Jésus-Christ. Ces deux positions sont évidemment complètement antagonistes et il ne semble pas avoir de voie médiane. Il semble cependant difficile à croire malgré les recherches du STURP et du CIELT que cette relique soit authentique. C'est une possibilité troublante mais les recherches historiques, archéologiques, bibliques et chimico-physiques semblent, pour l'instant, démontrer que le Suaire est une oeuvre d'art du Moyen Age. Voici pourquoi :
1. Les Evangiles (pas plus que les Actes des Apôtres) ne mentionnent l'existence d'un linceul sur lequel aurait été imprimé l'empreinte du Christ.
2. Il n'existe absolument aucune trace écrite valable prouvant l'existence du Suaire avant le XIVième siècle.
3. Aucun pape, aucun évêque, aucun haut dignitaire de l'Eglise n'a jamais fait mention du Suaire avant cette date.
4. Devant cette évidence, les sindonologues ont lancé "l'hypothèse iconographique". Ils ont recherché depuis le début de l'ère chrétienne les diverses représentations du Christ (icônes, peintures,...). Ils ont remarqué que certaines de ces représentations ressemblaient au Suaire, preuve que les artistes auraient copié l'image du Suaire. Mais il était commun de représenter le Christ de la même façon : barbu et majestueux. Qui donc était le premier : l'oeuf ou la poule?
5. Le visage de l'homme du Suaire n'est pas du tout sémitique. C'est un icône de type slavo-byzantine marqué.
6. Les sindonologues affirment encore que l'impression de l'image sur le lin ne peut être l'oeuvre d'un humain. Or, des chercheurs sceptiques tels le physicien Henri Broch (10) sont parvenus à reproduire des Saint-Suaires en utilisant une technique de frottement sur bas-relief. D'ailleurs, on a retrouvé des traces d'oxyde de fer et de pigments sur le Suaire de Turin.
7. Les datations au carbone 14 sont inattaquables. Prétendre le contraire est faire preuve d'une grande mauvaise foi.
8. Les recherches scientifiques des sindonologues sur le Suaire (analyse de pollens, de sang, traces écrites sur le Suaire,...) ne sont pas crédibles car trop orientées dès le départ par des à-prioris favorables à l'authenticité.
9. Le Vatican, pourtant toujours prompt à reconnaître certains miracles tels les apparitions de la Vierge à Fatima ou à Lourdes, n'a jamais reconnu le Saint-Suaire comme le véritable linceul de Jésus. Un tel silence est éloquent.

Ceux qui désireraient obtenir plus d'informations critiques sur le Suaire peuvent toujours consulter le seul livre critique récent en français sur le Suaire de Turin. (11)
Ces arguments feront certainement bondir les partisans du Suaire. Mais qui donc ces saintsThomas de la sindonologie? Les chrétiens (et je suis de ceux-là, étonnez-vous!) n'ont absolument pas besoin de preuves et de Suaire de Turin pour avoir la foi. L'intérêt que l'on peut lui porter est légitime mais il finit par ressembler à une détestable forme de superstition.
Heureux ceux qui ont cru sans avoir vu!


(1) Carnac Pierre : Le Suaire de Turin, Alain Lefeuvre, Nice, 1979
(2) Wilson Iann, le Suaire de Turin, Albin Michel, Paris 1978
(3) Nouvelles Brèves, numéro 62, décembre 1996
(4) Chevalier Ulysse, Etude critique sur l'origine du Saint-Suaire de Lireu-Chambéry-Turin, Paris, 1900
(5) Science et Vie, n°886, juillet 1991
(6) Science et Vie, n°783, décembre 1982
(7) Stevensson Ken et Habermas Gary, La Vérité sur le Suaire de Turin, Fayard, Paris, 1981
(8) Petrosillo et Marinelli, Le SuaireUne énigme à l'épreuve de la Science, Fayard, Paris, 1991
(9) Raffard de Brienne Daniel, Enquête sur le Saint-Suaire, Editions Claire-Vigne, Paris, 1996
(10) Broch Henri, Le paranormal, Seuil, Paris 1985
(11) Blanrue Paul-Eric, Miracle ou Imposture? L'Histoire interdite du Suaire de Turin, Golias-EPO, 1999

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