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Blog VOM : Géopolitique - Mondialisation - Société- Religions - Spiritualité - Actualité...
12 juin 2015

Etude détaillée (2)

 

Etude détaillée - Nicolas Marchand/Radiodatation

 
http://linceuldeturin.free.fr/radiodat.htm
Radiodatation
Les méthodes de datation au carbone 14 furent mises au point dans les années 1950-60. Cependant, il fallut attendre 1978 pour que la possibilité d’appliquer la méthode AMS [Accelerator Mass Spectrometry]  à la datation du Linceul soit évoquée. Le protocole proposé au cardinal Ballestrero en 1984 par le STURP [Shroud of TUrin Research Project], est finalement délaissé. En 1987, trois laboratoires Oxford, Tucson et Zurich déterminent sur le Linceul un endroit favorable pour réaliser un prélèvement. Chacun obtient un échantillon d’environ 50 mg du Suaire à dater ainsi que trois autres échantillons afin de réaliser des “datations témoins”. En  octobre de l’année 1988, le docteur Tite, responsable du laboratoire d’Oxford, affirme que le Suaire de Turin est daté entre 1260 et 1390, avec 95% de certitude, ce compte rendu est publié l’année suivante dans Nature. L’annonce provoque un scandale dans la communauté des croyants. Dès la parution des résultats, un débat concernant la rigueur de la méthode a éclaté et sévit toujours, les uns montrant du doigt les soi-disant irrégularités de protocole, les autres, comme Jacques Evin, démontrant point par point la justesse de la procédure menée. Enfin, d’autres scientifiques proposent une révision de la méthode de datation au C-14, qu’ils jugent souvent polluée par les rayonnements externes. Jean-Baptiste Rinaudo  présente une hypothèse séduisante qui expliquerait à la fois la formation de l’image et les problèmes de datation au C-14 : un bombardement de protons de haute énergie.



Etude détaillée - Nicolas Marchand/Anthropométrie

 
http://linceuldeturin.free.fr/anthropo.htm
Anthropométrie
Proportions
La taille de l’Homme du Linceul : 1,78 mètres environ, n’a rien d’étonnante même s’il s’agit de l’image d’un homme ayant vécu dans les premiers siècles. Des fouilles archéologiques menées sur un site des premiers siècles ont permis la découverte d’hommes de stature identique. Ainsi cette taille assez grande n’est pas incompatible avec celle d’un juif de l’époque du Christ.
L’étude des proportions de l’image montre pour certains un léger défaut de proportion tête/corps. Ce défaut apparent disparaît si l’on admet qu’un corps dans cette position a été enveloppé dans le Linceul.
 Le maintien du corps dans une telle posture est permis par la disposition autour du cou du mort d’un support. Selon certains archéologues l’utilisation d’une logette, sorte de cale en bois dont le but est de maintenir droite la tête du mort, est retrouvée dans la tradition juive. Cette logette aurait, selon le professeur Marion, été gravée d’un court texte à la gloire de Jésus dont certaines lettres seraient visibles sur le Linceul, encadrant la tête du mort en formant un U.
 
Traits du visage
Le visage de l’Homme du Linceul montre, selon certains anthropologues, des traits caractéristiques des populations sémites, comme la proximité des yeux par rapport au nez. Pour Paul Vignon, puis Ian Wilson, l’Homme présenterait de nombreux points de convergence avec les représentations byzantines classiques du Christ, appelées Christ Pantocrator. Ainsi, l’iconographie byzantine montre en moyenne 80% des quinze traits caractéristiques retenus par Wilson.
 
Les 15 points de convergences : 1- raie transversale sur le front ; 2- espace délimité sur trois côtés sur le front ; 3- forme en V sur l’arrête du nez ; 4- forme en V à l’intérieur de 2 ; 5- sourcil droit plus haut que le gauche ; 6- pommette gauche très accentuée ; 7- base de la pommette droite accentuée ; 8- narine gauche plus large ; 9- ligne accentuée entre le nez et la lèvre supérieure ; 10- ligne très marquée sous la lèvre inférieure ; 11- espace dégarni  de poils entre lèvre inférieure et barbe ; 12- barbe bifide ; 13- ligne transversale sur la gorge ; 14- yeux accentués, rappelant ceux d’une chouette ; 15- deux mèches de cheveux retombant du sommet au front.
 
 



Etude détaillée - Nicolas Marchand/Autopsie

 
http://linceuldeturin.free.fr/medleg1.htm
 
Autopsie de l'Inconnu du Linceul 
Les coulées sanguines
Deux types de tache sanguine
Lorsqu’on dépose une goutte de liquide sur un tissu, il diffuse par capillarité dans toutes les directions en donnant une image dont le bord est étoilé ; ceci est vrai pour une goutte de sang frais. Or les taches rosées présentent un bord net, non étoilé ; elles ne peuvent donc pas avoir été formées par du sang liquide ayant imprégné le tissu mais résultent plutôt de la reproduction -de type décalquage- de caillots sanguins incomplètement secs. Les traces rosées ne correspondent donc pas à un écoulement de sang frais. Deux taches seulement sont constitués de sang frais non coagulé : au niveau du thorax, et sous le pied droit, la trace issue de la plaie de la voûte plantaire en direction du  talon; à ces niveaux, les taches sanguines présentent des bords non nets et semblent avoir pénétré la fibre.
 
Sang non coagulé, au niveau du thorax. La tache est partiellement manquante, puisque l'incendie de Chambéry est à l'origine d'une trouée à cet endroit.
 
 
Plaie post-mortem au niveau du pied
 
 
 
Une blessure post-mortem reste béante et laisse ainsi libre cours à l’hémorragie. En effet, une plaie sur un organisme vivant entraîne un phénomène réflexe de contracture des muscles qui l’entourent aboutissant à une tentative de fermeture ; au contraire une plaie faite sur un cadavre reste béante : les muscles ne se contractent plus et le sang, toujours liquide dans les vaisseaux même après la mort, continue de couler. C’est ce qui est observé sur ces deux blessures : elles sont les seules à avoir saigné de manière abondante après la mort.
 
Une couleur rouge surprenante
On a pu démontrer que la couleur rouge, étonnante pour du sang ancien, s’expliquait par la présence en concentration anormalement élevée de bilirubine. Une concentration élevée en bilirubine dans le sang est fortement liée à des signes de souffrance ; par exemple, l’excès de bilirubine est un indicateur de souffrance fœtale et périnatale. Dans le cas de l’Homme du Linceul, on pourrait penser que l’excès de bilirubine s’explique par des souffrances atroces et épuisantes avant la mort.
 
Durée de séjour dans le Linceul
 
1. Données médico-légales
La connaissance des processus de coagulation et d’hémostase secondaire -associée  à l’étude des décalques sanguins- permet aux experts légistes d’évaluer assez finement la durée de séjour du corps dans le linceul. A partir de 40 heures de séjour du corps dans le linceul, on aurait observé sur ce dernier des taches diffuses -et également des traces de décomposition, de putréfaction des chairs- qui n’ont pas été relevées sur le tissu. Ainsi, les experts affirment que le corps a été déposé dans le linceul moins de 2 heures 30 minutes après la mort et qu’il y est resté entre 36 et 40 heures.
 
2. Lecture des Evangiles
On retrouve de nombreuses indications temporelles concernant le récit de la Passion, et ceci dans les quatre Evangiles.
L’Evangile selon Matthieu présente des repères chronologiques intéressants, retrouvés également chez Marc :
Mt 27, 45-50 « A partir de la sixième heure, l’obscurité se fit sur toute la terre, jusqu’à la neuvième heure. […] Jésus poussant un grand cri, rendit l’âme. »
[sixième heure et neuvième heure : Les traducteurs français de l’Ecole Biblique de Jérusalem situent cette période entre midi et trois heures de l’après midi.]
Mt 27, 57-60 « Le soir venu, un homme riche d’Arimathie […] prit donc le corps, le roula dans un linceul propre… »
On voit ici que le temps séparant la mort et la mise dans le linceul, minimum trois heures plus tard, dépasse largement les 2 heures 30 et ne s’accorde donc pas avec les données des légistes concernant l’hémostase et la formation des décalques sanguins.
L’Evangile de Jean donne encore des précisions quant à la durée de séjour dans le Linceul. Il est précisé que le tombeau est retrouvé vide « le premier jour de la semaine » (Jn 20, 1), soit le dimanche . Les historiens considèrent que la mort sur la croix est survenue un vendredi vers 15 heures. La durée maximale de séjour du Christ dans le Linceul est 48 heures. On ne peut raisonner qu’en durée maximale de séjour puisque, évidemment, aucune indication temporelle n’est donnée sur l’instant précis auquel le Christ a “disparu” du tombeau. Ces données ne sont pas en désaccord avec les réalités médicolégales. Malgré tout, elles ne constituent pas une preuve évidente
Plaies du visage et du cuir chevelu
Tuméfactions au visage
1. Observations
Une observation attentive de l’image du visage de l’Homme du Linceul montre de nombreuses tuméfactions:
 
·Excoriation et tuméfaction de la base du nez laissant supposer une fracture du cartilage dorsal, tout près de l’os nasal
·Tuméfaction des arcades sourcilières
·Tuméfaction de la joue gauche
·Déchirure de la paupière droite
· Enflure de la pommette droite, sous l’œil
·  Blessure dans la région sous-orbitaire droite, en forme de triangle (dont la base fait deux centimètres) orienté vers le nez
·Les excoriations sont plus nombreuses du côté droit du visage.
· Avec beaucoup d’attention, on remarque aussi qu’il manque l’extrémité droite de la moustache et une partie de la barbe, du côté droit également. On peut penser qu’elles ont été arrachées.
L’ensemble de ces marques oblige à conclure que l’homme du Suaire a reçu plusieurs coups violents portés au visage. Les lésions du côté droit auraient été produites, selon Giovanni Judica - Cordiglia, par un bâton d’un diamètre  de 4 à 5 cm. Des coups vigoureux auraient été donnés par un agresseur situé à droite de l’homme battu.
 
2. Lecture des Evangiles
Les récits des Evangiles relatent les nombreux outrages dont le Christ a été victime. Des indications temporelles sont portées : chez Matthieu et Marc, les outrages ont lieu après la séance du Sanhédrin, au Prétoire.
Marc précise que Jésus est battu à coups de roseau : on pourrait y voir la confirmation de l’hypothèse de Giovanni Judica – Cordiglia :
Mc 15, 19 « Et ils lui frappaient la tête avec un roseau. ».
Luc situe les premiers outrages durant l’attente de la nuit, avant la séance du Sanhédrin. Le Christ, visage voilé, est roué de coups sans préciser si ceux-ci sont portés au visage :
Lc 22, 63-65 « Les hommes qui le gardaient le bafouaient et le battaient ; ils lui voilaient le visage l’interrogeaient  […] : Qui est-ce qui t’a frappé ? »
Pour Jean enfin, les premiers coups au visage sont portés juste après l’arrestation de Jésus, par un garde.
Contrairement à ce que présente la tradition populaire du “Chemin de Croix”, il n’est pas précisé dans les Evangiles si le Christ est frappé à nouveau avant sa crucifixion
 
Coulées sanguines au niveau de la tête
 
1. Observations
On observe sur toute la hauteur du crâne des coulées de sang –ou plus exactement les caillots qu’elles ont laissés et qui se sont décalquée sur le linceul- qui semblent se perdre dans la masse des cheveux. Cependant, vers le bas du front, on distingue nettement deux à trois coulées qui suivent des trajets irréguliers, comme si le sang avait suivi les rides du front. Elles paraissent toutes provenir de “piqûres” s’apparentant à des perforations du cuir chevelu. On sait qu’une plaie au cuir chevelu saigne abondamment en raison des nombreux vaisseaux superficiels qu’il contient.
 
Sur la face antérieure de la tête, on distingue un gros caillot (dans la partie colorée en vert sur la figure) prenant naissance à la limite des cheveux et descendant vers l’arcade sourcilière gauche où il s’arrête avant de suivre l’arcade. Il s’agirait d’un écoulement de sang veineux, lent, provenant de l’effraction d’une veine frontale. A droite, un autre caillot (dans la partie colorée en bleu sur la figure), prenant lui aussi naissance à la limite des cheveux et descendant sur les cheveux en deux coulées distinctes, fines, tendues. Il s’agirait de sang provenant d’une effraction de l’artère frontale superficielle droite avec son écoulement fin, pulsatile, envoyant un petit jet de sang à quelque distance.
Sur l’image postérieure, on observe des coulées identiques, sinueuses et provenant de perforations, mais en plus grand nombre.
 
2. Lecture des Evangiles
De telles observations font évidemment penser au couronnement d’épine, épisode de la Passion que l’on retrouve décrit brièvement chez Jean mais l’évènement fait l’objet de plusieurs versets chez Marc et Matthieu. Toutefois il est à noter que Luc ne parle pas de ce couronnement.
Mt 27, 29 « puis, ayant tressé une couronne avec des épines, ils [les soldats du gouverneur] lui placèrent sur la tête… »
Il est étonnant de remarquer que la peinture byzantine et ses Christ pantocrator ainsi que les primitifs italiens comme Giotto, Lorenzetti ignoraient toute couronne ; il faut attendre le XVème siècle pour qu’une couronne ou un bandeau d’épine soit posé sur la tête du Christ.
 
3. Casque ou couronne d'épines?
Deux hypothèses principales, qui rejoignent les Evangiles, voudraient expliquer les saignements abondants observés. La première propose que la tête du Christ ait été enserrée d’un casque (métallique) d’épines.
Pour étayer cette hypothèse Pierre Barbet se fonde sur les affirmations de Saint Vincent de Lérins mais aussi sur les nombreuses peintures du Christ couronné (Barbet, 1965) :
Saint Vincent de Lérins ( ?- ~450) écrit dans Sermo in Parasceve « Ils imposèrent sur sa tête une couronne d’épines ; elle était, en effet, en forme de pileus… »
Le pileus était chez les Romains une coiffe en feutre semi-ovale répandue, utilisée surtout par les esclaves pour le travail. Pierre Barbet émet l’idée qu’une telle coiffe aurait pu être utilisée comme calotte pour fixer autour de la tête des branches tressées d’un épineux de type jujubier qui présente des épines acérées. Les branches épineuses sont ainsi enserrées autour de la tête par le pileus, lui-même maintenu par une couronne de jonc. Ceci expliquerait les perforations nombreuses du cuir chevelu. Pierre Barbet trouve également dans l’étude du trajet des coulées sanguines un argument de plus à sa thèse. Il remarque, sur l’image postérieure, que tous les caillots sanguins semblent s’être arrêtés au niveau d’une ligne concave en haut. Cette ligne marque selon Barbet le passage du bandeau de jonc serré sur la nuque. Enfin, le chirurgien explique les très nombreuses coulées sanguines au niveau postérieur par l’appui de la tête du Christ contre la croix ce qui provoque une exacerbation des plaies.
Blessures en éventail
Observations
Sur l’ensemble du dos, des épaules à la région lombaire, on trouve des marques d’environ 3 cm de longueur dont la forme générale évoque celle d’un haltère. Groupées généralement par deux, les marques sont formées de deux petites plaies parallèles de 10 à 12 mm de diamètre, séparées de 1,3 cm environ. Elles sont  disposées en éventail au niveau de chaque flanc de l’Homme du Linceul. Le même type de marque est aussi retrouvé sur la poitrine et les membres inférieurs : jambe droite et gauche, face postérieure. Leur direction varie selon leur situation : elles sont obliques dirigées vers le haut sur le thorax, horizontales sur les reins et obliques dirigées en bas sur les membres inférieurs. Leur nombre total est évalué entre 100 pour Barbet et 180 pour Giulio Ricci.
Text Box: Agrandissement d’une plaie en éventail au niveau du dos.
Text Box: Schéma indiquant l’ensemble des blessures en éventail.
L'Inconnu du Linceul a-t-il subi la flagellation ?
De telles excoriations font penser à des coups portés à l’aide d’un fouet qui serait muni, aux extrémités de ses lanières, de balles faites en matière suffisamment rigide pour pénétrer les chairs et occasionner des blessures en forme d’haltère.
Les directions relevées semblent indiquer que les marques se répartissent en deux séries. Une première série en éventail sur le côté gauche, dirigé comme il a été constaté avant c’est-à-dire vers le haut sur le tronc, horizontalement au niveau des hanches et obliquement vers le bas sur les jambes. L’ensemble de ces marques aurait pour origine le fouet d’un premier bourreau à la gauche du supplicié. Une seconde série en éventail sur le côté droit, presque symétriquement opposée à la première par rapport à  une ligne imaginaire passant par la colonne vertébrale. Elle serait l’œuvre d’un second bourreau, situé à la droite de la victime.
Les bourreaux, remarque Pierre Barbet, ne doivent pas être de même taille, car « l’oblicité des coups n’est pas la même des deux côtés ». Chacun d’eux a donné 50 coups de fouet au minimum, répartis des épaules aux membres inférieurs.
La plupart des marques est située sur la face postérieure du corps, le visage ne porte aucune trace de flagellation. Il n’y a pas de trace non plus sur les avant-bras, preuve qu’ils étaient certainement écartés du corps.  Il est fort probable que le condamné était attaché face à une colonne et que les deux bras étaient attachés en hauteur, mais à deux points distincts séparés du corps, un peu dans la position de la crucifixion. Enfin, Pierre Barbet fait remarquer que l’on observe les plaies en haltère jusqu’à la région fessière, preuve que l’Homme du Linceul a été fouetté entièrement nu.
 
Historique de la flagellation
La flagellation était chez les romains une pratique courante avant la crucifixion. Le nombre de coups de fouet était strictement limité à 40 par la loi hébraïque mais pour les  romains, il n’existait pas de limite, hormis le fait que le condamné devait encore être capable de porter sa croix jusqu’au lieu du supplice. On utilisait alors le flagrum, fouet à manche court portant plusieurs lanières épaisses et larges, généralement deux parfois trois. Chaque lanière était munie à son extrémité de balles de plomb ou d’os de mouton. Le supplice était sans nul doute difficilement supportable : les lanières coupaient la peau alors que les balles ou les osselets imprimaient de profondes plaies contuses. Il en résultait une hémorragie et un affaiblissement considérable de la résistance vitale du condamné. Un tel instrument de torture pourrait avoir occasionné les plaies observées sur l’Homme du Linceul.
 
 Que disent les Evangiles ?
L’Homme du Linceul a clairement enduré la flagellation et les récits des Evangiles sont tout aussi clairs quant aux supplices éprouvés par le Christ. Cependant, il existe une nette opposition entre les récits de Matthieu et Marc et ceux de Luc et Jean. Ce désaccord réside non pas dans le déroulement de la flagellation, qui n’est pas décrit, mais dans le but même de ce supplice.
Chez Matthieu, Marc la flagellation aurait été ordonnée par Pilate lui-même comme prélude à la crucifixion.
Pour Luc et Jean, la flagellation apparaît comme « un châtiment préventif, antérieur à la sentence et ayant pour but de l’éviter » selon les notes de l’Ecole Biblique de Jérusalem. On relève à cet effet différents termes montrant la différence des points de vue :
Mt (27, 26)  « […] quant à Jésus, après l’avoir fait flageller, il le livra pour être crucifié »
Lc (23) « Pilate, qui voulait relâcher Jésus […] dit [sous l’insistance de la foule] : je le relâcherai donc, après l’avoir châtié. […] Il livra Jésus à leur bon plaisir [de la foule]. »
Pour le premier, les autorités romaines sont à l’origine de la condamnation ; pour les seconds, Pilate n’a fait que subir les injonctions de la foule. Sans vouloir donner raison aux uns ou aux autres, on peut se demander pourquoi, dans l’hypothèse où Pilate a subi la foule, tant de coups de fouet ont été assénés alors que le but était d’éviter tout supplice au Christ.
Plaie sur l'épaule droite
Observations
Une ombre rectangulaire couvre la région de l’omoplate droite. Cette blessure se poursuit en avant, sur l’épaule droite et la clavicule. Une ombre, cependant moins visible, serait retrouvée au niveau de l’épaule gauche.
Lecture des Evangiles
Ces meurtrissures pourraient être interprétées comme étant le résultat du frottement d’un objet lourd sur la peau. Cela fait écho à l’épisode du portement de croix, décrit dans les l’Evangile de Jean (Jn 19, 17). Pourtant, les synoptiques décrivent la présence d’un autre personnage, Simon de Cyrène, chargé de porter la croix du Christ ; chez Marc, Luc et Mathieu il n’est dit nulle part que Jésus porte sa croix lui-même.
Lc 23, 26-27 « ils mirent la main sur un certain Simon de Cyrène […] et le chargèrent de la croix pour la porter derrière Jésus. »
Les textes se contredisent-ils ou est-ce simplement une nuance historique ? En effet, les condamnés ne portaient pas l’ensemble de la croix mais seulement le patibulum, la partie horizontale. Si tel a été le cas, la blessure de l’homme du Linceul ne concorde pas avec le porté classique de la croix : sur la face postérieure de l’épaule et sur le haut du dos, car la plaie est dirigée nettement vers l’avant de l’épaule. C’est pourquoi André Marion émet l’hypothèse que la croix aurait été complète. En suivant cette hypothèse, Simon aurait soulagé le Christ en portant l’extrémité du stipes crucis.
Plaie du flanc droit
Observations, analyses
Il s’agit de l’une des deux plaies ouvertes observées sur le Linceul, comme en témoigne les saignements post-mortem s’en écoulant. L’image de la plaie a été partiellement détruite par l’incendie de Chambéry : il manque une partie de la coulée sanguine. Cette lacune permet toutefois une étude détaillée.
Sous le pectoral droit, il apparaît une tache rosée très colorée. Il s’agit d’une blessure de forme ovalaire, oblique en dedans, qui mesure 4,5 sur 1,5 cm. On observe en lisière de la lacune une large marque de sang de 6 cm de hauteur. En bas, la coulée sanguine semble se mélanger à des coulées plus claires dont les analyses réalisées par le STURP ont mis en évidence une composition s’apparentant au sérum. 
 
Etude des Evangiles
Seul l’Evangile selon Saint Jean rapporte  le coup de lance donné par un légionnaire à Jésus et on peut s’étonner de ce fait. Il est en revanche précisé que ce coup fut porté après la mort du Christ, il s’agit bien d’une blessure post-mortem. L’Evangile de Saint Jean, le plus précis des quatre concernant le Passion, nous apporte d’autres détails intéressants : le coup a été porté « au côté » à l’aide de la lance d’un soldat (fig. 32), de la plaie sortit « du sang et de l’eau » (Jn 19, 34) .
 
Un problème : les modalités d’impression de la plaie sur le Linceul
La position du corps dans le Linceul, bras croisés,  interdit un contact entre les flancs du cadavre et le Linceul. Il est donc probable que l’empreinte sanglante s’est formée avant la mise au tombeau lors du transport du mort vers le sépulcre.
 
Interprétation clinique des coulées 
Si l’hémorragie ne pose pas de question -on sait que le sang reste liquide dans les vaisseaux après la mort- l’écoulement du liquide clair interroge quant à sa provenance.
 
1. Un épanchement péricardique?
C’est Pierre Barbet qui, le premier, fut interloqué par les coulées claires s’étant échappées de la plaie (Barbet, 1965). Son hypothèse, “le sang et l’eau” énoncée après expérimentations et radiographies de vérification, propose qu’il s’agisse d’un épanchement péricardique. Il suppose que des souffrances importantes pourraient provoquer un épanchement abondant ; autrement dit une péricardite séreuse post-traumatique. Pourtant, suite à de nouvelles expérimentations menées sur l’animal en 1965 par Donnet, physiopathologiste marseillais, les conclusions de Pierre Barbet paraissent moins évidentes (Guillaud-Vallée, 1998). Les résultats obtenus par Donnet montrent qu’aucun cas ne présente d’écoulement distinct de sang et d’eau et, plus encore, huit cas seulement montrent un écoulement liquidien par la plaie pratiquée (fig. 31). Le physiopathologiste marseillais propose une explication aux phénomènes qu’il a observé expérimentalement.
1°/ Absence d’écoulement de quelque nature qu’il soit : l’invagination physiologique du poumon lors de sa perforation tend à stopper tout écoulement.
2°/ Absence d’écoulement sanguin : selon les lois de la pesanteur, un corps suspendu verticalement voit son retour veineux diminuer. Il cesse en période post-mortem. Les cavités cardiaques sont alors pour ainsi dire vides. Il faudrait donc comprimer l’hémicorps inférieur pour assister à un remplissage des cavités cardiaques et obtenir un écoulement sanguin conséquent lors de la perforation.
Cependant, des publications récentes vont dans le sens des hypothèses de Pierre Barbet : l’hydropéricarde traumatique pourrait même être à l’origine de la mort du supplicié, par étouffement (Stevenson, 1990).
 
2. Un épanchement pleural hématique qui  a sédimenté ?
Anthony Sava, chirurgien et collaborateur du STRUP, propose une autre explication à ce double épanchement. Il dit avoir observé à plusieurs reprises des épanchements pleuraux faisant suite à un traumatisme thoracique “fermé ”, qui, lorsqu’ils sédimentent peuvent présenter deux phases –aqueuse et sanglante- séparées. Il considère que la flagellation à l’aide du flagrum pourrait être à l’origine d’un épanchement de ce type (Guillaud-Vallée, 1998).
 
3. Un écoulement sanguin d’origine extra cardiaque ?
Cette hypothèse évoquée par Olivier Guillaud-Vallée est envisageable si l’on considère :
·        qu’un hématome superficiel s’est formé suite à un traumatisme, comme par exemple la flagellation 
ou
·        que l’estomac ou la veine cave inférieure a été lésé.
 
Interprétation clinique de la blessure
La blessure est localisée précisément et correspond à une perforation de forme ovalaire et oblique en dedans. Elle se situe au niveau du muscle grand dentelé ce qui explique sa forme déchiquetée. La plaie est située du côté droit du thorax, ce qui signifie que le coup porté à l’aide d’un objet perforant à l’origine de l’entaille a été asséné sur le côté droit de la poitrine. Le cœur étant situé à gauche (ou plus précisément médiolatéral gauche) il est nécessaire, pour que l’objet perforant touche le péricarde comme le suggère la thèse de Pierre Barbet (Barbet, 1965), de porter un coup en oblique de l’extérieur vers l’intérieur (fig. 33). Selon les mêmes expérimentations, la blessure se situerait au niveau du cinquième espace intercostal (fig. 34).
 
Conclusion
Quelle que soit l’origine du double écoulement observé sur le Linceul, il est indéniable que cette plaie ouverte du flanc droit présente les caractéristiques d’une plaie post mortem ; en d’autres termes, le coup a été porté au flanc après la mort. Cette indication est de premier intérêt concernant les circonstances de la mort du supplicié du Linceul : elle nous permet d’affirmer que la victime est décédée avant la mise au tombeau, dans une position verticale.
 
 
L’étude de chacune des plaies, évidentes ou suggérées, présentes sur l’empreinte du supplicié du Linceul, nous apporte des éléments d’étude qui, mis en relation les uns avec les autres, permettent une reconstitution des dernières heures de l’Homme du Linceul. Par exemple, il est incontestable que ce dernier a subit de nombreux outrages avant et après une fort probable crucifixion. Ces renseignements précieux vont peut être permettre de percer le mystère de son identité.
 


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