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11 juin 2015

Datation de 1988 ( 5)


La datation de 1988 - 4-Thibault Heimburger

 
 
CARBONE 14 (4) : L'HYPOTHESE DU PATCH MEDIEVAL
 
Nous venons de montrer que la zone datée en 1988 par le radiocarbone n’était probablement pas représentative du reste du suaire et qu’il existait une possibilité qu’elle ait subi des réparations importantes, probablement au Moyen-Age.
Deux auteurs, Joseph G. Marino et M. Sue Benford se sont attachés à en faire la démonstration dans 3 publications.
Leur théorie se résume ainsi : « (…), le suaire a été littéralement « patché » avec du matériel médiéval du 16ème siècle, dans l’échantillon C14 lui-même, expliquant ainsi les résultats médiévaux de la datation au C14. » (Pour mémoire : années 1260-1390)
 
DONNEES ET HYPOTHESE :
 
 
 
1) Hypothèse :
 
Un patch du 16ème siècle aurait été adroitement tissé en continuité avec le tissu original du 1er siècle à des fins de réparation d'une zone endommagée et la datation au carbone 14 aurait mesuré le mélange des 2 : le patch et le tissu original.
 
2) Données à l’appui de cette hypothèse :
 
Il existerait une relation étroite entre la localisation des échantillons et l’âge radiocarbone :
 
reprenant un article de Walsh, ils notent que celui-ci avait trouvé une relation linéaire entre la distance, par rapport au coin du tissu, de chacun des échantillons des 3 laboratoires et leurs résultats respectifs.
 
anomalies sur les microphotographies :
 
Les auteurs signalent ensuite quelques anomalies dans la zone des prélèvements C14 illustrées par des photos. La plus notable de ces anomalies est l’existence d’une discrète couture adjacente à la zone supposée être le patch du 16èmesiècle.
 
anomalies trouvées par des experts en textiles :
 
Les auteurs ont fait procéder à 3 examens « en aveugle » à 3 experts différents :
 
- Sur une photographie de l’échantillon Zurich, l’expert observe : « nous pouvons voir clairement le modèle de sergé des 2 côtés, mais il y a quelque chose de différent à gauche par rapport à la droite ».
- Sur 2 photographies de l’échantillon Zurich et de l’échantillon C14 non coupé, l’expert « reconnu immédiatement une disparité dans le modèle de tissage et des différences dans la taille des fils ». Selon l’expert : « il est évident qu’il y a du matériel différent de chaque côté. C’est définitivement un patch ».
- Enfin, sur une analyse de l’échantillon Zurich, le 3ème expert remarqua que « sur la partie droite le modèle était du type épais/fin, fin/épais, tandis que la partie gauche était beaucoup plus homogène ».
 
Les travaux de Rogers (Voir chapitre précédent) qui démontrent le caractère atypique de l’échantillon adjacent étudié par Raës en 1973 et les anomalies spectroscopiques sur les photographies prises en 1978 de la zone qui sera retirée pour la datation de 1988 au radiocarbone. Selon les auteurs le patch du 16ème siècle inclurait aussi l’échantillon Raës.
 
Les calculs de la quantité nécessaire de patch :
 
Sur la base des estimations visuelles des experts en textile (à partir des modifications dans la trame et la taille des fils), les auteurs font l'hypothèse que l'échantillon C14 était formé d'environ 60 % de fibres du 16 ème siècle (le "patch") et 40% de fibres supposées du 1er siècle.
 
Ils demandent alors à un expert de Beta-Analytic (la société produisant le plus grand nombre de dates radiocarbone au monde) de calculer les quantités respectives (en masse) de radiocarbone du 1er siècle et du 16ème siècle pour parvenir à une date moyenne de 1210 (moyenne d’Oxford).
 
Les résultats obtenus sont de : environ 67% de radiocarbone daté 1500 et 33% de radiocarbone daté de 75 après J.C, pour obtenir un âge moyen de 1210 après J.C.
Ceci est proche des 60/40 prévus d’après les estimations visuelles des experts cités plus haut.
 
Possibilité d’un patch « invisible » au 16 ème siècle :
 
Enfin et surtout, les auteurs ont pu démontrer la faisabilité de la mise en place d’un « patch » au sein d’un autre tissu de façon telle que cette réparation soit quasi-invisible. De l’avis de plusieurs experts en histoire de la tapisserie, ces techniques, utilisées encore de nos jours, étaient connues et utilisées au 16ème siècle pour réparer des tapisseries de grande valeur. Les cours royales avaient des maîtres-tapissiers chargés de cette tâche. Les deux techniques utilisées étaient le « French Weave » et l’ « Inweaving ».
 
Dans le French Weave, utilisé pour des réparations de petite taille, des fils individuels étaient extraits de partie cachée du tissu, le motif du tissu à réparer était reproduit tout en refermant le trou.
L’Inweaving, utilisé pour des réparations de plus grande taille consistait à prendre un « patch » d’une partie invisible, à le placer sur la partie à réparer, et à mêler étroitement les fibres frangées du pourtour du patch aux fibres du tissu originel.
 
Dans les 2 cas les réparations, lorsqu’elles sont de qualité, sont invisibles.
Les auteurs citent de nombreux experts qui confirment l’utilisation au XVI ème siècle de ces techniques.
Conclusion des auteurs: « Une théorie acceptable expliquant la datation 1260-1390 doit expliquer la différence précise, angulaire, statistiquement déterminée des dates des 3 laboratoires en fonction de la localisation des échantillons. Les théories traditionnelles de radiation ionisante générale, d'effets thermiques ou de couche de matériel biologique sont incapables d'expliquer ces pré requis, puisqu'ils supposent que le suaire est tout entier médiéval. Notre théorie, qu'une portion significative de l'échantillon C14 est constituée d'un patch du 16ème siècle répond à ces pré requis pour expliquer les résultats obtenus par les laboratoires. »


DISCUSSION :


 

Des critiques ont été émises envers cette théorie mais il n’a pas été possible de remonter directement à leur source.


Cependant Benson et Marino reprennent eux-mêmes une partie de ces critiques dans leur 2ème article.


 

Les principales critiques sont :


 

- l’hypothèse présentée est essentiellement « subjective », non mesurable et indémontrable.


- l’hypothèse présentée suppose que les échantillons ont été combinés, homogénéisés pour les mesures radiocarbone alors qu’au contraire ils ont été découpés en sous-échantillon, chacun daté indépendamment.

- le prélèvement de 1988 a été fait sous contrôle d’experts en textile qui ont enlevé les parties douteuses et affirment que l’échantillon daté avait les mêmes caractéristiques que le reste du linceul.

De fait la théorie du patch, telle qu’elle est présentée par les auteurs n’emporte pas totalement la conviction :

 1) la courbe présentée par Walsh montrant une relation entre la datation radiocarbone et la localisation de l’échantillon de chaque laboratoire est, de l’avis-même de Walsh, seulement indicative mais pas formelle : il aurait fallu beaucoup plus de données pour qu’elle soit une preuve irréfutable.
 
2)  L’hypothèse présentée d'une relation entre la localisation d'un échantillon et son âge radiocarbone ne se comprendrait que s’il y avait eu homogénéisation des sous-échantillons de chaque échantillon des laboratoires, or ceci est faux : chaque laboratoire a reçu un échantillon qu’il a découpé en 3 ou 4 sous-échantillons, chacun daté séparément à plusieurs reprises.
 En l’absence d’information sur la façon dont ont été découpés les sous-échantillons et leur localisation il est effectivement impossible d’en tirer une quelconque conclusion.
A cette critique les auteurs répondent que les techniques de réparation « invisible » utilisées impliquent un mélange des fibres du tissu originel supposé du 1er siècle et du patch supposé du 16ème siècle : le radiocarbone aurait alors mesuré ce mélange. 
En voulant à tout prix voir une corrélation étroite entre l'angle de la courbe de Walsh et l'angle formé par la limite entre le tissu originel et ce qu'ils pensent être le patch du 15ème siècle, Benford et Marino fragilisent leur point de vue.
Si patch il y a, il semble beaucoup plus logique de considérer qu'il s'agit plutôt de réparations voire d'un re-tissage (reweaving) par insertion, fil à fil, de fils du 16ème siècle au sein des fils du tissu originel du linceul, supposé du 1er siècle dans cette hypothèse.
Maria Grazia Siliato, dans son livre cité dans les sources, explique : « Outre les réparations, de larges zones furent renforcées ou même reconstruites à l'aide d'une technique exigeant de la patience et une grande délicatesse, celle du " raccommodage à perte, invisible ", qui consiste en des fils que l'on insère entre ceux de la trame et de la chaîne, coupés à chaque extrémité, sans noeud, et qui se " perdent " dans le tissu existant. »
Si la proportion de chaque type de fil dans chaque échantillon est en gros la même, le résultat est homogène et correspond à la date donnée par le radiocarbone, quelle que soit la façon dont ont été découpés les sous-échantillons par les laboratoires.
Ceci n'interdit pas une légère différence statistiquement significative entre les laboratoires comme on l'a vu dans le chapitre 2, traduisant une légère différence entre les proportions des fils des deux origines.
3) En revanche il apparaît indéniable, au vu des affirmations présentées par les experts interrogés par les auteurs que des techniques de réparation « invisible » étaient connues et utilisées au 16ème siècle et qu’elles sont réellement invisibles, parfois même pour les experts en question. De telles réparations auraient-elles pu passer inaperçu des experts ayant supervisé le prélèvement de 1988 ?  Cela n’est pas impossible. 
CONCLUSION :
La théorie du patch médiéval, telle qu'elle est présentée et argumentée par Benford et Marino se heurte à des difficultés.
Ceci ne remet pas du tout en cause la possibilité d’une réparation dans la zone C14, compte tenu des nombreux autres arguments développés dans le chapitre précédent et qui la rendent très probable.
Dans ce cas, la réparation aurait plus probablement pris la forme d’un ajout invisible de fils du
16 ème siècle au sein du tissu originel abîmé, aboutissant à un vrai mélange plutôt qu’un patch médiéval au sens de Benford et Marino.
Plus intéressantes et convaincantes sont les données techniques et historiques montrant la faisabilité de réparations « invisibles » au 16ème siècle, qui auraient alors pu échapper aux experts présents lors des prélèvements pour la datation radiocarbone de 1988.
En effet, selon les auteurs,  Jacques Evin, expert en radiocarbone ayant participé au prélèvement en 88 reconnaissait en 1989 : « je reconnais que les laboratoires n’ont pas pris en compte les techniques de tissage … ».





La datation de 1988 - 5-Thibault Heimburger

 
 
 
CONCLUSION DU CHAPITRE CARBONE 14 :
 
La datation par le carbone 14 attribuant en 1988 un âge médiéval au suaire de Turin (1260-1390) apparaît de plus en plus comme sujette à caution, non pas dans sa technique ou sa validité, mais simplement parce que l’échantillon daté n’est pas représentatif de l’ensemble du suaire.
Ceci ressort très clairement des données de Rogers (voir chapitre précédent).
De plus ces mêmes données apportent des indices convergents en faveur de l'existence de réparations tardives dans cette même zone.
 
Si des études préalables (spectrométriques, chimiques, textiles etc.) avaient été effectuées avant de décider quel partie du suaire serait prélevée, nul doute que l’on n’aurait pas choisi ce site, connu pour avoir été manipulé au cours des siècles.
 
 
MISE A JOUR AU 26/01/2005 :
 
La preuve définitive de la validité de la conclusion ci-dessus vient d'être apportée par Rogers sur des fibres provenant du centre-même de l'échantillon radiocarbone : sa publication (voir : Dernières Nouvelles) confirme que la zone carbone 14 ne fait pas partie du suaire originel et est beaucoup plus récente.
 
A partir des données suivantes maintenant irréfutables :
 
- L'échantillon Raes et l'échantillon découpé pour la radiodatation de 1988 ont les mêmes propriétés et la même provenance (nous l'appellerons la zone radiocarbone par commodité).
- L'âge moyen de cette zone est celui de la datation radiocarbone : 1260-1390.
- Elle contient (et elle seule sur le suaire) du coton introduit en Europe en 1350 environ.
- Elle est recouverte (et elle seule sur le suaire) d'une couche de teinture utilisée en Europe après 1290 seulement.
 
Deux hypothèses simples sont compatibles avec ces faits :
 
- soit il s'agit d'un patch c'est à dire une pièce de tissu unique adroitement cousue au linceul, fabriquée entre 1350 et 1390 environ (présence de coton), puis recouverte de teinture pour homogénéiser sa couleur avec celle du suaire.
 
- soit il s'agit d'une zone du suaire très abimée dans laquelle on a introduit au 16ème siècle (époque où les techniques de réparation invisible étaient parfaitement maîtrisées) des fils de lin et de coton, probablement par la technique du raccommodage à perte ou invisible, pour aboutir à un mélange à peu près homogène, avant de recouvrir la zone de la teinture.
Dans cette hypothèse, si le suaire date du 1er siècle, alors une proportion de 2/3 de fils du 16 ème siècle et 1/3 de fils du suaire donnerait effectivement la date radiocarbone.
 
A ce jour, nous ne pouvons trancher mais la 2 ème hypothèse semble la plus probable.
Bien entendu, d'autres scénarios plus complexes (plusieurs réparations etc.) ne sont pas exclus.
 
Quoi qu'il en soit le carbone 14 de 1988 a daté un échantillon qui est étranger au suaire originel et n'a donc définitivement aucune valeur pour dater le suaire.






La datation de 1988 - L'Affaire du C14

 
http://www.vexilla-regis.com/textevr/Saint-Suaire.htm
 
Saint-Suaire
L'AFFAIRE DU CARBONE 14
 
L'affaire des essais de datation du linceul par le carbone 14 ou C 14 effectués en 1988 a eu un tel retentissement que nous ne pouvons nous dispenser de donner en introduction à ce chapitre quelques explications sur la méthode utilisée.
On a pu, pour établir la chronologie préhistorique et protohistorique, mettre au point des méthodes de datation fondées sur le rythme de dégradation des éléments radioactifs.  Ainsi dispose-t-on, entre autres, de la datation au plutonium-argon pour les périodes de plus d'un million d'années d'ancienneté, et de la méthode au radiocarbone (C 14) pour les objets de composition organique âgés de moins de 50 000 ans.  Tous ces procédés reposent sur le fait que chaque élément radioactif se dégrade à un rythme constant qui lui est particulier.
Pour employer un langage imagé, nous dirons que les éléments radioactifs possèdent dans leurs atomes des particules surnuméraires et que ces particules ,mal accrochées » s'enfuient en créant le rayonnement qui justifie le mot « radioactif ». Les éléments radioactifs tendent ainsi à perdre leur radioactivité pour devenir des éléments stables.
Le carbone comporte deux formes stables, le C 12 et le C 13, et une forme radioactive, le C 14.  Le carbone 14 se forme dans les régions hautes de l'atmosphère qui sont bombardées par des neutrons provenant des fameux rayons cosmiques.  L'air que nous respirons et qui constitue l'atmosphère est composé de 4/5 d'azote et 1/5 d'oxygène.  Les neutrons venus de l'espace frappent ci et là des atomes d'azote et les transforment en atomes de C 14.
Ce C 14, concurremment aux carbones stables, forme comme eux avec l'oxygène du gaz carbonique ou dioxyde de carbone, C02.  Les plantes absorbent ce C02 et, par photosynthèse, en rejettent l'oxygène, ce qui nous permet de respirer, et utilisent le carbone pour construire leur molécules.  Le carbone sert, si l'on peut dire, d'ossature à toutes les molécules organiques, aussi bien chez l'homme et les animaux que chez les végétaux.  L'homme et les animaux prennent leur carbone dans un alimentation qui vient toujours, directement ou non, des végétaux qui, seuls, sont capables d'assimiler des éléments minéraux.
Tout ce processus d'échanges a pour conséquence que tous les êtres vivants, animaux et végétaux, ont dans leurs molécules la même proportion de C 14 par rapport au carbone total que celle de l'atmosphère.  Et ceci de manière à peu près constante au cours des siècles.  Un certain nombre de facteurs interviennent bien sur la formation et donc la proportion de C 14, mais les variations qui en découlent sont faibles.  On a pu le vérifier en étudiant les coupes d'arbres très âgés.  On sait que la croissance en épaisseur des troncs varie selon les saisons et se traduit chaque année par la production de cercles concentriques : la dendrochronologie consiste à dater ces cercles en les comptant.  On peut analyser les cercles datés pour connaître la teneur en C 14 de l'atmosphère d'époques anciennes.
Chez l'être vivant, la teneur en C 14 reste constante puisque le carbone est sans cesse renouvelé.  Mais lorsque le tissu organique est mort, son carbone stable demeure tandis que le C 14 continue à se dégrader par rayonnement sans être remplacé.  Plus la mort du tissu remonte loin, plus la proportion de C 14 subsistant est faible.
La dégradation du C 14 s'opère selon un rythme constant -. on estime qu'il faut environ 5 730 ans pour que le taux de C 14 diminue de moitié, 50 %. On peut donc calculer de manière approximative l'ancienneté de la mort d'un tissu en connaissant le taux résiduel de C 14.  C'est ainsi qu'entre un lin récolté au début de l'ère chrétienne et un lin récolté au XIVième siècle, il y a une différence de 17 % de teneur en C 14.
On comprendra que la mesure de la teneur en C 14 est particulièrement délicate quand on saura qu'il n'y a dans l'atmosphère, et donc dans les tissus vivants, qu'un seul atome de C 14 pour mille milliards d'atomes de C 12 et 13 ! La mesure s'opère au moyen de deux procédés fondés l'un sur des compteurs d'électrons, l'autre sur la spectrographie de masse.  Nous n'en dirons pas plus.
 
Les erreurs ne sont pas rares.  On a daté un cor viking du ... XXIième siècle et, lors des essais préliminaires à la datation du suaire, le laboratoire de Zurich s'est trompé de mille ans dans l'âge d'un linge égyptien.  Des erreurs viennent de ce que certaines matières, comme la corne, sont d'étude délicate ; d'autres peuvent être imputées à une purification insuffisante des échantillons.
 
Mais ces erreurs ne doivent pas occulter le sérieux et la fiabilité de la méthode de datation au carbone 14.
 
Les préliminaires de l'essai
 
À peine la méthode de datation par le carbone 14 fut-elle inventée par l'Américain W. Libby que, dès 1955, on proposa de l'appliquer au linceul de Turin.  L'idée paraissait d'autant plus séduisante que, d'une part, la relique se prêtait au mieux à la nouvelle méthode par sa substance et par son ancienneté et que, d'autre part, elle n'avait fait encore l'objet d'aucune investigation matérielle.  Il est bien évident que, depuis les travaux de 1973 et 1978, la datation du linceul par le radiocarbone n'offre plus qu'un intérêt secondaire.
 
On ne put donner suite au projet en 1955 car la méthode, encore relativement rudimentaire, exigeait la destruction d'un morceau du précieux tissu de 870 CM2, l'équivalent d'un mouchoir de poche.  On reprit le projet en 1975, mais il fallait encore détruire 500 CM2 du linge.  Puis l'adoption de nouvelles techniques permit de réduire la destruction à 10 CM2 vers 1977, à 4 en 1984 et à 1 ou 2 en 1988 ; des chiffres à multiplier, bien entendu, par le nombre de laboratoires participant à l'essai.
0.Petrosillo et E.Marinelli ont établi la chronologie des discussions et manoeuvres parfois surprenantes qui se multiplièrent à mesure que l'essai paraissait de plus en plus réalisable.  Il n'est pas nécessaire de reprendre ici le détail de cette affaire où interviennent le fameux Sox, qui devait soutenir, on l'a vu, les fantaisies de Mc Crone, le STURP, le British Museum, l'Académie pontificale des sciences, bien d'autres dont six laboratoires qui se livrèrent en 1983 à des essais préliminaires.  Le STUR-P établit en 1984 un programme très complet de recherches où la radiodatation occupe sa place.  Mais les spécialistes du C14 s'efforcent d'écarter le STURP du projet.
Finalement on aboutit à un accord et un protocole d'essai est adopté en 1986 à Turin.  Il est prévu qu'une spécialiste des tissus anciens prélèvera sur le linceul sept échantillons de 40 milligrammes qui, accompagnés de faux échantillons, seront remis à sept laboratoires.  La remise des échantillons sera faite de sorte que les laboratoires ne puissent identifier les vrais, sous le contrôle de l'Académie pontificale des sciences, du British Museum et de l'archevêché de Turin.
Les laboratoires travailleront simultanément mais à l'insu les uns des autres.  Leurs résultats conservés sous pli cacheté seront ouverts et analysés par les trois organismes contrôleurs, l'archevêché étant représenté par l'institut Colonnetti.  Entre le prélèvement et le test au C 14, des institutions comme le STURP pourront étudier les échantillons.
En 1987, le protocole d'expérimentation se trouve profondément modifié par le cardinal Casaroli.  Quatre laboratoires sont exclus : il ne reste que ceux d'Oxford, de Tucson en Arizona et de Zurich.  La spécialiste en tissus anciens qui devait faire le prélèvement est éliminée.  Les différents organismes de contrôle sont écartés à l'exception du British Museum qui devient le seul garant de toute l'opération.  Ni le STURP ni personne d'autre ne pourra examiner les échantillons prélevés. Autrement dit, toutes les garanties de sérieux sont supprimées.
 
 

Le prélèvement des échantillons à tester

 
Le 21 avril 1988, le prélèvement des échantillons fut opéré par G. Riggi assisté du professeur Testore qui pesait au fur et à mesure les morceaux de tissu sur une balance ultra-précise.  Les échantillons étaient enfermés dans des tubes métalliques numérotés pour pouvoir être identifiés à la fin de l'essai.  Un tube métallique devait être remis à chaque laboratoire avec deux autres tubes semblables renfermant des échantillons provenant d'autres tissus anciens.  Tout était donc organisé pour que l'essai se fasse « à l'aveugle » sans possibilité de tricherie ni influence de subjectivité.
 
En réalité, quand on y regarde de plus près, on relève des faits bien étranges.  D'abord, si l'on braqua volontiers l'oeil (sélectif !) des caméras, on ne fit pas de procès-verbal.  Ensuite, les représentants des laboratoires étaient présents, ce qui rendait aléatoire le secret de l'essai à l'aveugle.  Il fut d'ailleurs dit que l'apparence d'essai à l'aveugle n'était conservée qu'à l'usage de l'opinion publique.  Et pour être sûr que les laboratoires ne commettraient pas d'erreur, on leur communiqua, contre tous les usages, les âges des échantillons de contrôle.
À propos de ces échantillons, il se produisit d'ailleurs une affaire bizarre.  Le docteur Tite, directeur du British Museum, l'homme-clef de l'essai à toutes les étapes, avait demandé à J. Evin de lui procurer des fragments d'un tissu qui ressemblât précisément à celui du linceul mais datant du XIIIième siècle ou, mieux, du XVième.  Cette date était précisément celle qu'attendaient Sox, Mc Crone et d'autres.  Que voulait faire Tite ? Evin trouva le sosie textile demandé dans une chape provençale des années 1296-1297.  Mais il l'apporta trop tard et on dut se contenter d'ajouter aux trois tubes de chaque laboratoire une petite enveloppe contenant un fragment de ce tissu.
De curieuses anomalies devaient se révéler plus tard, à l'occasion du Symposium de Paris en 1989.  Riggi di Numana y expliqua qu'il avait prélevé un morceau de tissu qui, après ébarbage, pesait 300 mg, soit 40 mg au cm², alors que le poids du linceul n'est que 23 mg au cm² ! D'après lui, ce morceau fut coupé en deux parties d’environ 150 mg.  On morcela ensuite l'une de ces moitiés en trois fragments pratiquement égaux destinés aux trois laboratoires.  Riggi déclara : «Le hasard veut que chacune de ces trois parties soit identique aux autres parce que le poids des trois fragments pesés sur une balance électronique variait d'un millième de gramme environ pour chaque pièce et fut équivalent à presque 0,053 g en moyenne pour chaque échantillon. »
Testore se montra plus précis.  Selon lui, le prélèvement ébarbé de 300 mg fut coupé en deux morceaux, le premier de 154,9 mg, et le second de 144,8 mg «avec une perte d'environ 0,3 mg » due à la coupe.  Il précisa : « Le premier échantillon fut partagé en trois parties, qui furent presque toutes identiques : l'une pesait 52,0 mg, la seconde 52,8 et la troisième 53,7. » Or, un peu plus tard, le frère Bonnet-Eymard remarqua que l'addition de ces trois poids donnait 158,5 mg et excédait de 3,6 mg le poids du morceau dont ils étaient tirés !
On s'en étonna.  Conscients qu'il leur était difficile d'invoquer une erreur de pesée, les deux hommes revinrent sur leurs déclarations.  Riggi dit que le troisième fragment ne pesant en réalité que 50,1 mg on avait dû le compléter par un quatrième de 3,6 mg (moins de 10 MM2) prélevé sur le morceau de 144,8 mg. Contrairement à ce qu'il avait dit, les trois fragments étaient donc quatre et ils n'étaient pas identiques.  De plus son explication parut absurde puisque
le morceau de 50,1 mg excédait le poids requis (40 mg portés par précaution à 50) et n'avait pas besoin d'être complété. Aussi le professeur Testore crut-il devoir opérer une conversion totale, tout en conservant la thèse du quatrième fragment.  Il remplaça le texte que nous donnions plus haut (le partage du premier morceau) par celui-ci -. « Le deuxième morceau, le plus petit, fut partagé en trois parties, l'une pesant 52,0 mg, la seconde 52,8 et la troisième 39,6.  Pour atteindre le poids minimum requis aussi pour le troisième échantillon, il fut découpé du premier morceau une mince bande qui pesait 14,1 mg ».
Nous voici donc en face de trois versions officielles et contradictoires au sujet du simple découpage des échantillons !
Pour couronner le tout, la partie du prélèvement (la grande ou la petite ?) qui ne fut pas répartie entre les laboratoires disparut dans une poche et nul ne la revit...
Ajoutons que dans ce bref exposé nous n'avons pas fait état d'autres anomalies et contradictions que Petrosillo et Marinelli ont relevées à propos des mesures, des poids et des procédures...
 
Le déroulement de l'essai
 
On voit donc que le sérieux de la datation se trouvait dès le départ irrémédiablement compromis par ces diverses irrégularités et ces étranges contradictions-. L'essai à l'aveugle ne serait pas à l'aveugle et il porterait sur des échantillons d'identité suspectes.
 
Munis de ces échantillons, les laboratoires se mirent au travail.  On en avait réduit le nombre à trois pour diminuer la surface de tissu détruite, mais on avait prélevé de quoi alimenter six et même sept laboratoires et laissé inutilisé la moitié du prélèvement.
Nous renvoyons au livre de Petrosillo et Marinelli pour y apprendre ce qu'il a été possible de savoir des étapes des travaux à l'intérieur des trois laboratoires.  Mais nous pouvons dire que de l'aveu du maitre d'oeuvre, le docteur Tite les trois laboratoires, loin de respecter le secret qui leur était imposé, communiquaient entre eux.
Ils refusèrent toute collaboration et tout contrôle des scientifiques d'autres disciplines, mais le laboratoire de Tucson s'ouvrit à Gove, un partisan de la thèse du faux médiéval.  Le laboratoire de Zurich, lui, accueillit un autre adversaire de l'authenticité, ce Sox que nous avons déjà rencontré.  Il accepta même les caméras de la BBC.  Quant à Oxford, dirigé par le professeur Hall sous l'oeil du docteur Tite, nous verrons son rôle dans l'affaire.
La simultanéité ne fut pas plus respectée que le secret.  Tucson fit son essai en mai 1988, Zurich en juin, et Oxford en août à un moment où l'on annonçait déjà que la date médiévale était acquise.
On pourrait ajouter bien d'autres détails étranges.  Donnons-en un seul : l'échantillon analysé par Tucson pesait 52,36 mg, ce qui ne correspond exactement au poids d'aucun des fragments pesés par Testore.
 
La publication des résultats
 
En dépit du secret officiellement imposé aux participants de l'essai de datation, la conclusion globale de ce test était connue depuis plusieurs mois lorsque le cardinal Ballestrero, archevêque de Turin, réunit une conférence de presse le 13 octobre 1988.  Le cardinal, avec une sérénité souriante, expliqua aux journalistes que la foi devait accepter les verdicts de la science et annonça qu'en conséquence on ne pouvait voir dans le saint suaire rien de plus qu'une « vénérable icône » confectionnée au XIVième siècle.  Il reviendra plus tard, nous le verrons, sur la confiance qu'il avait ainsi trop facilement accordée aux résultats du test.
Le lendemain, 14 octobre, le docteur Tite, directeur du British Museum et coordonnateur du test, assisté du professeur Hall, responsable du laboratoire d'Oxford, tint une autre conférence de presse où il confirma l'information donnée la veille par le cardinal.  Un tableau noir, dressé derrière Tite, portait la fourchette des dates fournies par le test : 1260-1390, suivies d'un point d'exclamation qui traduisait l'évidente jubilation du conférencier.
Ce fut le signal d'une étonnante campagne de presse.  Nous y reviendrons.  Le 15 février 1989, le professeur Hall donna au British Museum une causerie où il se plut à ridiculiser le linceul.
Les résultats du test n'avaient été publiés que la veille, 14 février, dans un article de la revue britannique Nature.  Cet article, unique acte officiel clôturant l'essai, S'il avait recueilli plus de vingt signatures, ne comportait que quatre modestes pages.  Il ne donnait succinctement que les résultats finals.
Cet article, unique répétons-le, manquait à toutes les règles de l'expertise scientifique.  On aurait dû pouvoir y lire les rapports des trois laboratoires avec le détail des méthodes et du matériel utilisés, des circonstances des essais, des résultats bruts obtenus à chaque étape, bref avec tout ce qui aurait permis de contrôler le sérieux des travaux exécutés.  Rien de cela n'y figurait.  Faute d'obéir aux lois du genre et à défaut de publication complémentaire, cet article n'a aucune autorité scientifique et donc les résultats dont il fait état, quels qu'ils soient, ne peuvent être retenus.
Si succinct qu'il fût, cet article révélait cependant involontairement une grave anomalie.  On y voyait en effet que la fameuse fourchette de dates, 1260-1390, venait de l'amalgame arbitraire de deux fourchettes différentes.
Les deux premiers résultats' obtenus en mai etjuin 1988 par les laboratoires de Tucson et de Zurich, donnaient des dates s'échelonnant entre 1353 et 1384, avec une moyenne se situant aux environs de 1370.  Or le saint suaire ne peut être postérieur à 1353, date de son apparition à Lirey.  Les dates données par les premiers essais étaient donc globalement trop récentes.
Lorsque ces résultats furent connus à Londres, le laboratoire d'Oxford se mit à son tour au travail, en août, et fort opportunément, trouva des dates nettement plus anciennes réparties de 1262 à 1312.
 
C'est en amalgamant ces dates avec celles données par les deux autres laboratoires qu'on obtint le fameux éventail 1260-1390, avec une moyenne tombant avec bonheur vers 1325.  Personne ne se préoccupa de ce qu'entre les fourchettes de 1262 à 1312 et de 1353 à 1384, il y avait un « trou »  de plus de quarante ans que l'on intégrait bravement aux dates démontrées.
Les mathématiciens possèdent un test, le test de Pearson fondé sur une variable Khi 2, qui leur permet de vérifier l'homogénéité des échantillons par rapport à la variable étudiée.  Ils appliquèrent ce test à l'écart des dates annoncées et conclurent qu'il y avait plus de 957 chances sur mille que les échantillons confiés aux trois laboratoires fussent hétérogènes.  En clair : ou bien Oxford avait reçu un échantillon pris sur un autre tissu, les échantillons des autres laboratoires ne venant d'ailleurs probablement pas du linceul, vu leur âge.  Ou bien Oxford s'était trompé au cours de ses essais.  Ou bien Oxford avait menti...
 
 
  S.de B. ajouta : je ne puis que vous recommander le livre ABSOLUMENT DEFINITIF d'Arnaud Aaron-Upinsky : "la science à l'épreuve du linceul".
Il y est démontré par les seuls moyens de la logique et de l'intelligence que le Saint suaire ne peut être que le linceul qui enveloppa le corps de Noter Seigneur.
Je vous supplie de lire ce livre qui est réellement un document prodigieux avant de vous lancer dans des "disputations" sur le carbone 14 et autres "accidents" (au sens théologique du mot)
Bonne lecture
  Frank Gérardin précisa : L'argument de fond d'Upinsky est remarquable de simplicité & d'intelligence contre tous les sceptiques : comment veut-on qu'un faussaire, si génial & retors qu'il fût, eût pris au XIIe ou au XIIIe siècle, des moyens chimiques ou biologiques propres à contrer sur leur terrain des grilles d'analyses établies par des scientifiques postérieurs de plusieurs siècles ?
  Un petit complément bibliographique de Paul Turbier :
       Outre  Le suaire de Turin de Ian Wilson déjà cité (chez Albin Michel) qui est interressant pour entrer dans le sujet, je vous propose :
        Enquête sur le St-Suaire par John H. Heller édité en france par Club France Loisir (éh oui!) , edition américaine chez Houghton Muffin à Boston. Ce livre très utile fait l'historique et la synthèse des travaux d'une équipe de scientifiques américains (Sturp) qui ont travaillé bénévolement à l'étude plurisisciplinaire du Suaire. A lire par des technico-chimico-physicos. L'auteur, non catholique, y fait état d'une série de coincidence qui sent l'intervention providentielle.
        Le Suaire par Orazio Petrosillo et Emanuella Marinelli chez Fayard.  L'imbroglio du C14. En toute logique, les promoteurs du test auraient pu citer les auteurs en justice.
  Je ne crois pas avoir lu le bouquin de mr Upinsky. Comme toujours dans ce genre de polémique (celle de l'authenticité ou non) les partisans campent sur leurs positions... Mais un signe est révélateur: le camp qui rassemble les  plus hargneux haineux, les cracheurs d'injures et d'obcènités, les vomisseurs de fiel et de pus est celui des négateurs .Je n'y suis pour rien, c'est ainsi.
  Dans les situations de ce genre, j'ai un comportement instinctif : je vais là où sont les poëtes. Quand les insulteurs vont à l'est, je file à l'ouest. Cherchez à Claudel sur votre fouineur favori et vous trouverez une page que vous garderez sans doute.
  Ceci dit , le Saint-Suaire est un sujet d'étude pluridisciplinaire et le carbone 14 n'est qu'un des éléments du dossier, élément pour lequel dans le genre amer baveur, l'anglais Tite, à fait un fameux numéro.
  Que Dieu nous garde la Sainte Image de son Fils. Paul.




La datation de 1988 - Irrégularités/Rigueur ?

 
http://gira.cadouarn.pagesperso-orange.fr/france/annexes/carbone_fr.htm
 
Le carbone 14
 
 
L’annonce, par le professeur Tite, en octobre 1988, que le Suaire de Turin était un faux daté entre 1260 et 1390 a semé un grand émoi chez les tenants pour l’authenticité du Suaire. Essayons, sans passion ni a priori, de nous faire une opinion.
                    Cette annonce ne s’embarrassait pas de détails et ne cherchait nullement à savoir si elle était en contradiction totale avec tous les autres résultats scientifiques démontrés alors. Certains ont crié au scandale en mettant en cause l’honnêteté et/ou la compétence des savants ayant procédé à cette datation ; d’autres ont essayé de trouver par quel biais la datation au carbone 14 pourrait donner de faux résultats. Peut-être y a-t-il du vrai dans chacune de ces affirmations, mais, comme nous l’avons fait depuis le début, essayons de nous en tenir aux faits, uniquement aux faits.
                    Nous avons vu et amplement démontré que le Suaire ne pouvait pas être l’œuvre d’un faussaire médiéval. C’est complètement impossible et ce n’est pas parce que la datation au carbone 14 voudrait conclure à un objet fabriqué entre 1260 et 1390 que cela devient possible. Il serait fastidieux de reprendre tous les arguments énumérés au cours de cette étude, mais l’hypothèse qu’il puisse s’agir d’un faux, fabriqué de main d'homme, est absolument et définitivement écartée. Il ne suffit donc pas de dire qu’il s’agit d’un faux, encore faut-il démonter un à un les arguments apportés en faveur de l’authenticité ; or cela n’a pas été fait – et pour cause - . Si un résultat d’expérience est en contradiction avec tous les autres résultats connus et rigoureusement démontrés, c’est ce résultat-là qui est faux et non tous les autres. Il semble d’ailleurs que ce soit dans cette direction que l’on s’oriente car on discute déjà des modalités d’une nouvelle datation au carbone 14, mais cette fois dans des conditions telles que les résultats ne seraient pas sujets à discussion.
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